FantomasFilm Complet Streaming Français Gratuit Bluray #1080px, #720px, #BrRip, #DvdRip. Sortie: 1964 DurĂ©e: 1h 34m Genre: ComĂ©die, Crime, Aventure, Fantastique Etoiles: Jean Marais, Louis de FunĂšs, MylĂšne Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, Marie-HĂ©lĂšne Arnaud, Anne-Marie Peysson, Christian Toma Overview : Un personnage mystĂ©rieux commet des vols et des Retrouveztout le casting du film FantĂŽmas se dĂ©chaĂźne rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Hunebelle avec Jean Marais, Louis de FunĂšs, MylĂšne Demongeot Dossier: : http://lemondedesavengers.fr/forum/viewforum.php?f=19Facebook : http FilmComĂ©die, France, Italie, 1964, 1h44. Un mystĂ©rieux criminel, FantĂŽmas, tient le tout-Paris en haleine. Fandor, un journaliste, et HĂ©lĂšne, sa jeune fiancĂ©e, considĂšrent l'impudent prince des monte-en-l'air comme une mystification et le font savoir dans la presse. Irascible et rancunier, FantĂŽmas s'en offusque et enlĂšve le Vouspouvez regarder Scooby-Doo 2 – Les Monstres se dĂ©chaĂźnent films complets en ligne gratuitement sur 123movies et Reddit. Il eScooby-Doo 2 – Les Monstres se dĂ©chaĂźnentiste Ă©galement quelques autres sites Web avec tout le film disponible gratuitement. Vous pouvez Ă©galement regarder Scooby-Doo 2 – Les Monstres se dĂ©chaĂźnent sur Disney Plus, LeComte de Monte Cristo, un film de – Vodkaster. La Belle et la BĂȘte de J. Le Bossu de A. Le Journal d’une femme de chambre de L. DrĂŽle de drame de M. Le Comte de Monte-Cristo – Film – SensCritique. FantĂŽmas contre Scotland Yard de A. FantĂŽmas se dĂ©chaĂźne de A. Aux yeux du souvenir de J. . - TĂ©lĂ©chargez ou Ă©coutez des citations et phrases cultes de films en mp3 qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme site contient des courts extraits sonores de film en mp3, wav ou autres formats audio populaires. 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FunĂšs Classement des films avec Louis de FunĂšs du meilleur au pire 1 Oscar Aucun temps mort dans ce classique des classiques de Louis de FunĂšs, avec une accumulation de gags et de situations burlesques comme on en voit rarement. De trĂšs bons acteurs entourent Fufu, au premier rang desquels un Claude Rich ironique Ă  souhait en arriviste cynique, mais aussi Mario David parfait en kinĂ©sithĂ©rapeute ahuri et le toujours excellent Paul PrĂ©boist. 2 Hibernatus MĂȘme si ses relations avec De FunĂšs furent parfois tendues, Edouard Molinaro apporta beaucoup Ă  la filmographie du comique puisque ses deux rĂ©alisations sont en tĂȘte de ce classement. Louis est au sommet de son art, mariant avec son talent habituel les scĂšnes cultes, telles la femme qui a Ă©clatĂ© » et la rĂ©vĂ©lation de la vĂ©ritĂ© Ă  l'hibernĂ©, basĂ©es sur des mimiques et expressions hĂ©ritĂ©es du cinĂ©ma muet, et de multiples scĂšnes comiques de facture plus traditionnelle. 3 Pouic-Pouic Encore une adaptation de piĂšce de théùtre au rythme endiablĂ©, avec un Louis de FunĂšs Ă  son top niveau dans ce petit chef-d'oeuvre de comique oĂč les acteurs sont tous excellents, de Jacqueline Maillan en Ă©pouse farfelue Ă  Philippe Nicaud en arriviste sĂ©ducteur, en passant par Mireille Darc, Roger Dumas, Christian Marin, Guy TrĂ©jean et Yana Chouri. 4 FantĂŽmas se dĂ©chaĂźne Des situations comiques Ă  mourir de rire, Ă  l'image du commissaire Juve enfermĂ© dans un asile psychiatrique, et une avalanche de gadgets jambe de bois-mitraillette, cigares-pistolet, troisiĂšme main » font de ce deuxiĂšme volet le meilleur de la fameuse saga des FantĂŽmas », incontestablement plus rĂ©ussie que celle des Gendarme ». 5 Le Grand Restaurant Une premiĂšre demi-heure absolument Ă©poustouflante, avec entre autres la caricature d'Hitler et Septime dĂ©guisĂ© en client maniĂ©rĂ© pour espionner son personnel. La prĂ©sence de Bernard Blier en commissaire divisionnaire qui ne perd pas une occasion de rabrouer De FunĂšs est Ă©videmment trĂšs apprĂ©ciĂ©e, et seule la derniĂšre partie plus quelconque dans la montagne empĂȘche le film d'intĂ©grer le trio de tĂȘte. 6 Jo Le mĂȘme genre de films que ceux du tiercĂ© gagnant, cependant un ton au-dessous, mais que de scĂšnes hilarantes ! De FunĂšs est bien secondĂ© par Bernard Blier, toujours Ă©gal Ă  lui-mĂȘme en inspecteur de police peu efficace, par Claude Gensac qui renforce son cĂŽtĂ© tornade » et par nombre de ses comparses habituels, Guy TrĂ©jan, Michel Galabru, Paul PrĂ©boist... 7 FantĂŽmas contre Scotland-Yard Encore une belle rĂ©ussite que ce troisiĂšme et dernier FantĂŽmas » oĂč Louis de FunĂšs a totalement pris l'ascendant sur Jean Marais. L'impĂŽt sur le droit de vivre, les fantĂŽmes, les pendus, le cheval qui parle, le secrĂ©taire fĂ©lon, l'Ă©pouse infidĂšle incarnĂ©e par Françoise Christophe, De FunĂšs et Jacques Dynam en kilt sont autant d'Ă©lĂ©ments qui ont contribuĂ© au succĂšs mĂ©ritĂ© de ce film. 8 L'aile ou la cuisse Retour gagnant pour Louis aprĂšs son infarctus. Cette fois-ci, il fait Ă©quipe avec Coluche, ce qui ne semblait pas Ă©vident au dĂ©part tellement les deux comiques semblent appartenir Ă  deux mondes diffĂ©rents. Le courant passe entre les deux hommes, le rĂŽle de ce critique gastronomique est taillĂ© sur mesure pour Fufu, et l'adversaire est de premier ordre sous les traits du toujours excellent Julien Guiomar. Ne pas manquer la visite Ă  L'auberge de la Truite » et l'affrontement entre Duchemin et le restaurateur interprĂ©tĂ© par Vittorio Caprioli. 9 La Zizanie Un film que j'ai longtemps mĂ©sestimĂ© et que j'ai redĂ©couvert ces derniĂšres annĂ©es. Une formidable Mme De FunĂšs » en la personne d'Annie Girardot, une accumulation de gags et de scĂšnes comiques sans aucun temps mort, qui Ă©gale presque les fameuses adaptations de piĂšces de théùtre, Guiomar et Maurice Risch en parfaits complĂ©ments, et Louis qui fait passer mine de rien son message de protecteur de l'environnement en interprĂ©tant un pollueur. 10 Les Grandes vacances Ce film trĂšs reprĂ©sentatif du style De FunĂšs se revoit toujours avec grand plaisir. En plus des partenaires traditionnels de Louis que sont Claude Gensac, Mario David, Max Montavon et bien d'autres, de jeunes acteurs viennent pimenter la distribution Daniel Bellus en fils d'aristocrate cancre MĂšre, le direlo dans les cageots »... et surtout la ravissante Martine Kelly en Ă©tudiante anglaise affolant les mĂąles de l'institution Bosquier avec ses mini-jupes, au grand dam de M. le directeur. Seule la partie finale en Ecosse se situe un ton en dessous. 11 La Folie des grandeurs Mon film prĂ©fĂ©rĂ© de GĂ©rard Oury, oĂč Louis de FunĂšs se surpasse dans le genre ignoble malgrĂ© tout sympathique ». Qui ne se souvient de Blaze, vous ĂȘtes mon valet, vous ĂȘtes trop grand ! » ou de Ne vous excusez pas, ce sont les pauvres qui s'excusent, quand on est riche, on est dĂ©sagrĂ©able ! » ? Si Montand ne fait pas oublier Bourvil, dĂ©cĂ©dĂ© peu avant le tournage, il s'en sort trĂšs honorablement. 12 Le Petit Baigneur Retrouvailles de Louis avec Robert DhĂ©ry et Colette Brosset, interprĂštes avec Pierre Tornade et Jacques Legras des Castagnier, une famille de rouquins en butte avec la tyrannie de Louis-Philippe Fourchaume, directeur des chantiers navals du mĂȘme nom et employeur irascible d'AndrĂ© Castagnier. Une scĂšne de colĂšre absolument mĂ©morable en dĂ©but de film, des gags originaux Ă  l'image de la voiture qui s'allonge, si bien que l'on pardonnera la seconde partie qui s'enlise parfois lors de la poursuite en bateau derriĂšre Michel Galabru. 13 FaĂźtes sauter la banque Un film injustement mĂ©connu car sorti avant que Louis de FunĂšs ne devienne une grande vedette. Dommage, car tout le Fufu de la grande Ă©poque s'exprime Ă  merveille dans cette comĂ©die trĂšs plaisante oĂč Yvonne Clech campe une Mme De FunĂšs fort convaincante. Parmi les multiples scĂšnes trĂšs drĂŽles, mention pour les grimaces de Louis lorsqu'il doit ingurgiter la piquette de Jean Lefebvre, ainsi que pour la visite des cousins belges. 14 Les aventures de Rabbi Jacob La richesse de la filmographie de Louis de FunĂšs est telle qu'un film aussi excellent que celui-ci se retrouve classĂ© seulement Ă  la quatorziĂšme place. Oury sait placer son sujet, la dĂ©nonciation du racisme, sans ĂȘtre donneur de leçons, et de FunĂšs s'en donne Ă  cƓur joie en PDG irascible contraint de se dĂ©guiser en rabbin pour Ă©chapper Ă  la police et Ă  des tueurs arabes. Claude Giraud, et plus encore Henry Guybet, constituent des partenaires de choix et ne sont pas rĂ©duits Ă  la portion congrue. 15 Les bons vivants Louis de FunĂšs tient la vedette du troisiĂšme sketch, celui rĂ©alisĂ© par Georges Lautner, le plus long et le plus rĂ©ussi. Un rĂŽle Ă  double sens particuliĂšrement subtil, M. LĂ©on » Ă©tant au fond beaucoup moins naĂŻf qu'on pourrait le penser, et une nouvelle performance gĂ©niale, entourĂ© de comĂ©diens de grand talent tels Jean Richard et les ravissantes Mireille Darc et Bernadette Lafont dans des rĂŽles de jeunes prostituĂ©es malicieuses. 16 Le gendarme en balade Finalement, Le Gendarme en balade » est mon prĂ©fĂ©rĂ© de la sĂ©rie, car ce film est enfin expurgĂ© des scĂšnes avec les jeunes oisifs de la CĂŽte d'Azur familiers de Nicole, qui elle-mĂȘme ne vit plus avec son pĂšre et est donc dĂ©sormais absente. On est enfin dĂ©barrassĂ©s des Do You, Do You Saint-Tropez », et l'expĂ©dition endiablĂ©e de Cruchot et de ses hommes en vue de rendre la mĂ©moire Ă  Fougasse recĂšle suffisamment d'excellents moments pour faire oublier la baisse de rĂ©gime finale, avec un dĂ©samorçage de bombe nuclĂ©aire assez pesant. 17 Le gendarme de Saint-Tropez De trĂšs grand moments dans ce premier film de la saga, en particulier lorsque Cruchot accepte de mauvaise grĂące de se dĂ©guiser en Archibald Ferguson », un milliardaire amĂ©ricain, pour ne pas trahir Nicole, et fait le ravissement de Claude PiĂ©plu et de sa bande de snobs. Dommage qu'une part trop importante soit accordĂ©e Ă  Nicole et Ă  ses godelureaux, et que le final sur le bateau soit passablement ridicule. 18 Le Corniaud De FunĂšs est excellent Ă  chaque fois qu'il peut exister face Ă  Bourvil qui se taille la part du lion. La musique est terriblement dĂ©suĂšte, et il est dommage que GĂ©rard Oury ait trop insistĂ© sur les amours malheureuses de Bourvil, sous-employant ainsi le talent de cet immense comĂ©dien. Le Corniaud » n'en reste pas moins un trĂšs bon divertissement, dotĂ© de scĂšnes d'anthologie, comme celle de la deux-chevaux brisĂ©e en deux en ouverture, et de bons seconds rĂŽles, Venantino Venantini La Souris » en tĂȘte. 19 L'homme-orchestre Finalement, ce film souvent considĂ©rĂ© comme mineur dans la carriĂšre de Louis de FunĂšs s'avĂšre trĂšs, trĂšs agrĂ©able. Louis a voulu rajeunir son image en interprĂ©tant Evan Evans, un maĂźtre de ballet vĂȘtu de rouge Ă©clatant, au sein d'une comĂ©die musicale bien servie par la musique du gĂ©nial François de Roubaix. Le talent de Fufu, maĂźtre de la grimace et capable de raconter Le loup et l'agneau » sans prononcer une parole, la fĂ©erie des ballets et de leurs couleurs vives produisent un film atypique mais sympathique. 20 FantĂŽmas La part belle est faĂźte Ă  Jean Marais, alors que De FunĂšs n'a que le second rĂŽle du commissaire Juve, dans lequel il excelle. Le film a un aspect poĂ©tique, alternant des passages comiques de haute tenue mais trop peu dĂ©veloppĂ©s, lorsque Juve se dĂ©chaĂźne, et les scĂšnes plus banales de cascades avec Jean Marais. La poursuite finale, pauvre en scĂšnes comiques, s'avĂšre bien trop longue. Incontestablement le moins rĂ©ussi des FantĂŽmas ». 21 La soupe aux choux La rĂ©putation Ă©pouvantable de ce film me paraĂźt injustifiĂ©e. Bien sĂ»r, ce n'est plus le De FunĂšs de la grande Ă©poque, mais son duo avec Jean Carmet pour interprĂ©ter deux paysans truculents du Bourbonnais ne manque pas de charme. Le langage typiquement local fait mouche et Jacques Villeret dĂ©tonne en extraterrestre farfelu. Seul le retour de l'Ă©pouse ressuscitĂ©e déçoit en raison du jeu mĂ©diocre de Christine Dejoux. 22 La Grande vadrouille Le plus gros succĂšs commercial de Louis, mais Ă  longue quelques dĂ©fauts apparaissent, s'ajoutant Ă  celui, Ă©vident, constituĂ© par la musique trop vieillotte. Il reste des scĂšnes gĂ©niales, dont De FunĂšs en chef d'orchestre autoritaire, les ronflements du major allemand et Bourvil contraint de porter Fufu sur son dos, mais les amourettes entre le mĂȘme Bourvil et Marie Dubois, on aurait pu s'en passer, tout comme le cĂŽtĂ© grotesque exagĂ©rĂ© des Allemands. Le film est trop long, cela devient patent dans le final, l'Ă©vasion s'avĂšre interminable et peu comique. 23 Le gendarme Ă  New-York Un film inĂ©gal, Ă©cartelĂ© entre quelques scĂšnes comiques irrĂ©sistibles, Ă  l'image de l'intrusion de Cruchot dans le foyer de jeunes filles et des cours d'anglais qu'il dispense Ă  ses collĂšgues fort peu douĂ©s pour la langue de Shakespeare My flowers are beautiful »..., et les sĂ©quences casse-pieds avec Nicole, qui vient nous enquiquiner jusqu'aux USA avec ses Ă©tats d'Ăąme et ses Do You, Do You Saint-Tropez ». 24 Le gendarme se marie Assez semblable au Gendarme Ă  New-York » de trĂšs bonnes scĂšnes notamment entre De FunĂšs et Claude Gensac les baisers Ă©lectriques!, et lorsque Cruchot, poussĂ© par JosĂ©pha, devient le supĂ©rieur de l'adjudant Gerber, et bien Ă©videmment abuse de la situation. Mais l'on sait que cela ne peut pas durer, et je n'aime guĂšre lorsque le malentendu se dissipe et que Cruchot doit faire amende honorable face Ă  un Galabru revanchard. En grand fan de Louis, je n'aime pas voir son personnage, fĂ»t-il antipathique, en difficultĂ©s. 25 Le gendarme et les extraterrestres Encore de trĂšs bons moments Soeur Marie Cruchotte »..., mĂȘme si le grand succĂšs au box-office est tout de mĂȘme Ă©tonnant. Le remplacement de Claude Gensac est Ă©videmment prĂ©judiciable, de mĂȘme que celui, dĂ©finitif, de Jean Lefebvre et Christian Marin. Le film est plus drĂŽle au dĂ©but qu'Ă  la fin, il est clair que la grande Ă©poque est bel et bien rĂ©volue. 26 Le gendarme et les gendarmettes Dans la lignĂ©e du prĂ©cĂ©dent, un comique de bon aloi pour un De FunĂšs qui reste drĂŽle malgrĂ© le poids des ans et les problĂšmes de santĂ©. Des femmes gendarmes sympathiques et le retour de Claude Gensac, qui nous permet de retrouver notre JosĂ©pha habituelle. 27 Le TatouĂ© Un intrus dans la carriĂšre de Louis de FunĂšs. On aurait compris qu'il accepte de jouer les faire-valoir des cabotinages de Gabin quelques annĂ©es auparavant, mais cela devient incomprĂ©hensible dĂšs lors qu'il est lui-mĂȘme devenu une immense vedette. Le film dĂ©marre bien avec un festival de Fufu, bien secondĂ© par une Dominique Davray Ă©patante en Mme De FunĂšs, mais s'enlise et déçoit dans sa seconde partie, lorsque Gabin prend l'ascendant sur Louis, alors beaucoup moins prĂ©sent. 28 L'Avare Cette adaptation de MoliĂšre est trop fidĂšle Ă  l'original pour ĂȘtre drĂŽle. Le comique de Louis de FunĂšs ne pouvait s'Ă©panouir avec ce langage de l'ancien temps, et les jeunes acteurs qui entourent De FunĂšs et Galabru n'ont pas l'envergure des seconds rĂŽles habituels des films de Louis. A l'arrivĂ©e, trĂšs peu de scĂšnes font rire, ni mĂȘme sourire, ce qui est la marque de l'Ă©chec irrĂ©mĂ©diable pour une comĂ©die. 29 Sur un arbre perchĂ© AprĂšs un encourageant L'Homme-orchestre », cette seconde collaboration entre Louis de FunĂšs et Serge Korber s'avĂšre ĂȘtre un Ă©chec total. Quelques scĂšnes assez rĂ©ussies en dĂ©but de film, puis on sombre dans la pantalonnade de trĂšs mauvais goĂ»t et l'ennui total. La partie finale devient grotesque, De FunĂšs n'y a mĂȘme plus le premier rĂŽle. Il est Ă©vident que le scĂ©nario a Ă©tĂ© bĂąclĂ©, Ă  un point tel que mĂȘme l'immense talent de l'interprĂšte principal n'a pu rattraper le coup. Retour Ă  l'index Saga Louis de FunĂšs 4 - Le retour au sommet 1975/1982 PrĂ©sentation 4Ăšme Ă©poque 1. L'aile ou la cuisse - 1976 2. La zizanie – 1978 3. Le gendarme et les extraterrestres – 1979 4. L'avare – 1980 5. La soupe aux choux – 1981 6. Le gendarme et les gendarmettes – 1982 PRÉSENTATION 4ÈME ÉPOQUE AprĂšs deux ans d’interruption pendant lesquels le milieu cinĂ©matographique et le public ont pu croire sa carriĂšre terminĂ©e, Louis de FunĂšs rĂ©ussit non sans mal Ă  reprendre le chemin des plateaux. C’est un Fufu vieilli et trĂšs amaigri que l’on retrouve dĂ©sormais. La double attaque cardiaque a laissĂ© des traces. Louis ne peut plus mener le mĂȘme train de vie qu’auparavant, et si les mĂ©decins l’ont autorisĂ© Ă  reprendre ses activitĂ©s au cinĂ©ma le théùtre, trop Ă©prouvant, lui est interdit, il va adopter un jeu d’acteur diffĂ©rent, beaucoup moins nerveux. La base des effets comiques demeure, mais l’effet tornade » est largement attĂ©nuĂ©. Question box-office, c’est incontestablement un retour au sommet puisque les six films tournĂ©s sur cette derniĂšre pĂ©riode vont tous dĂ©passer les deux millions d’entrĂ©es, et atteindre jusqu’à sept millions de spectateurs. Du cĂŽtĂ© de la qualitĂ© des films, c’est un peu moins convaincant. AprĂšs l’excellent L’aile ou la cuisse, on trouvera du bon et du moins bon. Louis de FunĂšs reste un trĂšs bon acteur comique, mais cette pĂ©riode n’aurait pas, Ă  elle seule, suffi Ă  faire de lui un acteur culte ». Les bons scĂ©narios se font rares, Ă  tel point qu’il dĂ©cide de reprendre la sĂ©rie des Gendarme pour deux opus supplĂ©mentaires. SĂ©rie agrĂ©able et gage de rĂ©ussite commerciale, mais ce n’est quand mĂȘme pas ce que le comique a rĂ©ussi de meilleur. On ne retrouve donc pas la qualitĂ© exceptionnelle des annĂ©es 64-68. Affaibli par la maladie, De FunĂšs tient dĂ©sormais Ă  tourner uniquement avec un entourage d’amis proches, notamment au niveau des metteurs en scĂšne. AprĂšs deux films avec l’équipe Fechner-Zidi qui a su le relancer efficacement, il ne tournera plus qu’avec Jean Girault, le fidĂšle parmi les fidĂšles. Et c’est encore un film produit par Fechner auquel il devait participer lorsque la mort l’en a empĂȘchĂ© Papy fait de la RĂ©sistance lui sera dĂ©diĂ©. Retour Ă  l'index 1. L'AILE OU LA CUISSE Production Christian FECHNERScĂ©nario Claude ZIDIRĂ©alisation Claude ZIDIMusique Vladimir COSMA Les mĂ©saventures d’un gastronome et critique culinaire, auteur d’un cĂ©lĂšbre guide annuel, aux prises avec un fils plus intĂ©ressĂ© par une carriĂšre de saltimbanque que par sa succession Ă  la tĂȘte de l’entreprise, des restaurateurs rois de la malbouffe ou simplement dĂ©chus et revanchards, et surtout un adversaire redoutable en la personne d’un entrepreneur spĂ©cialisĂ© dans la restauration industrielle de piĂštre qualitĂ©. GENÈSE Le 21 mars 1975, Louis de FunĂšs est victime d’une attaque cardiaque alors qu’il se prĂ©pare Ă  entamer le tournage de son cinquiĂšme film avec GĂ©rard Oury, intitulĂ© Le crocodile, et oĂč il doit interprĂ©ter un dictateur particuliĂšrement autoritaire. AprĂšs quelques mois de repos forcĂ©, les mĂ©decins donnent leur accord pour une reprise de son activitĂ© uniquement au cinĂ©ma, car le théùtre lui est dĂ©sormais interdit. Mais les propositions se font rares. FĂąchĂ© avec Oury depuis le tournage avortĂ© du Crocodile, on prĂ©tend que De FunĂšs est fini, qu’il ne pourra plus jamais tourner. Plus grave, aucune compagnie ne veut prendre le risque de l’assurer. C’est alors qu’un jeune producteur va saisir l’opportunitĂ© de faire un film avec une de ses idoles, ce dont il rĂȘve depuis des annĂ©es. Christian Fechner a fait fortune en produisant le chanteur Antoine, dont les Élucubrations ont connu un grand succĂšs, avant de se lancer dans le cinĂ©ma oĂč il a essentiellement produit des films de comique troupier avec les Charlots ainsi que quelques comĂ©dies plus ambitieuses comme La moutarde me monte au nez et son film jumeau La course Ă  l’échalote avec Pierre Richard et Jane Birkin. Au dĂ©part, les Charlots Ă©taient les musiciens d’Antoine, puis ils ont entamĂ© leur propre carriĂšre sous l’égide de Christian Fechner, dont le propre frĂšre Jean-Guy est un des membres. Ils ont rencontrĂ© un certain succĂšs avec des chansons humoristiques comme Paulette, Merci Patron, ou Berry blues, et des films pour la plupart mĂ©diocres parmi lesquels on peut ressortir le plutĂŽt bon Le grand bazar avec Michel Galabru, amusante satire de la lutte des petits commerçants contre les abus de la grande distribution naissante. Inutile de prĂ©ciser qu’à l’époque, Fechner, tout comme son metteur en scĂšne fĂ©tiche Claude Zidi, ont une rĂ©putation Ă©pouvantable dans les milieux du cinĂ©ma. Le septiĂšme art est alors, peut-ĂȘtre plus encore que de nos jours, dominĂ© par les critiques intellectuels fĂ©rus de cinĂ©ma d’auteur, et les producteurs de films comiques de sĂ©rie B voire Z... ne trouvent pas grĂące Ă  leurs yeux. Christian Fechner va s’armer de culot et aller trouver les assureurs. Il leur assĂšne de but en blanc qu’ils ne peuvent dĂ©cider qu’un acteur comme de FunĂšs ne pourra plus jamais tourner, et finit Ă  force d’insistance par obtenir deux semaines d’assurance, ce qui va suffire pour mettre le film en route. Les deux semaines seront prolongĂ©es au fur et Ă  mesure du tournage avec un cardiologue et une ambulance Ă  proximitĂ©, au cas oĂč
 La production adaptera le rythme du tournage aux capacitĂ©s de l’acteur principal qui ne peut plus mener la vie trĂ©pidante d’autrefois. Compte tenu de la rĂ©putation de Fechner et de son passĂ© de producteur, on pouvait craindre le pire pour de FunĂšs, dans le genre des piteux films de Serge Korber. Eh bien, pas du tout ! Christian Fechner ne s’est pas moquĂ© de Louis de FunĂšs, et L’aile ou la cuisse sera un excellent film Ă  tous points de vue qui relancera brillamment la carriĂšre de notre Fufu, tout comme le suivant La zizanie, produit aussi par Fechner, pas exceptionnel mais encore trĂšs bon. Ces deux films seront finalement les meilleurs de sa carriĂšre aprĂšs maladie, la suite se rĂ©vĂ©lant plus inĂ©gale. Christian Fechner, dĂ©cĂ©dĂ© en 2008 des suites d’un cancer, continuera aprĂšs sa collaboration avec de FunĂšs sa brillante carriĂšre de producteur, notamment avec l’équipe du cafĂ©-théùtre Le Splendid que Louis de FunĂšs apprĂ©cie Ă  sa juste valeur. En 1982, il a beaucoup aimĂ© Viens chez moi, j’habite chez une copine avec Michel Blanc. Du coup, Fechner a prĂ©vu de lui attribuer le rĂŽle du grand-pĂšre dans le prochain film de la troupe, Papy fait de la RĂ©sistance. La mort de de FunĂšs mettra fin Ă  ce projet. Michel Galabru le remplacera dans le rĂŽle du papy, mais le film lui sera dĂ©diĂ©. RÉALISATEUR Christian Fechner confie la rĂ©alisation Ă  Claude Zidi avec qui il a l’habitude de travailler. A l’époque, Zidi n’est pas plus populaire que lui au sein de la profession. Il s’est surtout signalĂ© comme le rĂ©alisateur des films des Charlots ou de Pierre Richard, et on le considĂšre comme un metteur en scĂšne de seconde zone tout juste bon Ă  diriger des films commerciaux de piĂštre qualitĂ©. Il faudra attendre la dĂ©cennie suivante avec la sortie des Ripoux avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret pour que les critiques reconnaissent son talent, alors que le public lui faisait un triomphe depuis le dĂ©but des annĂ©es 70. Ici, il a su s’adapter Ă  Louis de FunĂšs avec qui il n’avait jamais travaillĂ©, laissant l’acteur jouer Ă  sa guise et sachant mĂ©nager ses forces. Sa tĂąche est facilitĂ©e par l’entente immĂ©diate entre les deux acteurs principaux. DÉCORS Le tournage se dĂ©roule en plusieurs endroits de la rĂ©gion parisienne. Il dĂ©bute mĂȘme dans un hangar, aucun studio n’étant disponible pour les premiĂšres prises de vue. L’hĂŽtel particulier de Duchemin est situĂ© dans une cour du 5 place d’Iena dans le seiziĂšme arrondissement de Paris. Par la suite, il servira de dĂ©cor Ă  l’épisode Le Lion et la Licorne » des New Avengers. Charles Duchemin roule dans une superbe Mercedes 230, tĂ©moignage Ă©clatant de ce que fut la grande Ă©poque des voitures au cours des annĂ©es 70 par contraste avec la dĂ©ception engendrĂ©e par la plupart des modĂšles actuels. GÉNÉRIQUE Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but prĂ©sente des vues animĂ©es de diffĂ©rents ustensiles de cuisine au son d’une musique de Vladimir Cosma, entraĂźnante et se laissant facilement retenir, bien que sans gĂ©nie. Cosma a tellement composĂ© pour le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision qu’il n’a pu Ă  tous les coups produire d’inoubliables chefs-d’Ɠuvre. La mĂȘme musique est reprise en fin de film pour un gĂ©nĂ©rique de fin trĂšs classique sur fond d’arrĂȘt sur image sur la derniĂšre scĂšne, suivi du traditionnel dĂ©filĂ© des noms des acteurs secondaires et des techniciens. La sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique se rĂ©sume Ă  une prĂ©sentation en voix off du fameux guide Duchemin que l’on dĂ©couvre Ă  la devanture des magasins du monde entier, Ă©crit en plusieurs langues Ă©trangĂšres courantes, et mĂȘme en russe ! Elle se conclut par une habile transition vers le scĂ©nario en gĂ©nĂ©ral et la premiĂšre scĂšne en particulier, affirmant que tous les restaurateurs apprĂ©hendent la venue d’un inspecteur du guide de rĂ©fĂ©rence qui fait et dĂ©fait les rĂ©putations et les fortunes. SCÉNARIO Tournant amorcĂ© avec Les aventures de Rabbi Jacob, les films de Louis de FunĂšs vont dĂ©sormais, en plus de leur aspect comique, aborder des sujets de sociĂ©tĂ© qui lui tiennent Ă  cƓur, le plus souvent de maniĂšre satirique. De FunĂšs est l’une des premiĂšres personnalitĂ©s sensibilisĂ©es Ă  la dĂ©fense de l’environnement Ă  l’époque oĂč ce n’était pas encore Ă  la mode de se montrer Ă©cologiste. Le scĂ©nario de L’Aile ou la Cuisse, qui tourne en dĂ©rision la malbouffe gĂ©nĂ©rĂ©e par la restauration industrielle en plein essor, se trouve en adĂ©quation avec les thĂšmes chers Ă  l’acteur principal. En effet, le lien entre la dĂ©fense de l’environnement et la dĂ©fense de la nourriture naturelle est Ă©vident. Evidemment, le script donne dans l’exagĂ©ration, effets comiques obligent, mais le fond de vĂ©ritĂ© est incontestable sous couvert des dĂ©mĂȘlĂ©s du critique et gastronome Charles Duchemin avec le NapolĂ©on » de la nourriture industrielle Jacques Tricatel. La premiĂšre partie montre la vie des Duchemin, la lutte sans merci du pĂšre contre les mauvais restaurateurs, sa dĂ©fense sans concessions de la cuisine de qualitĂ©, pendant que son fils est plus prĂ©occupĂ© par les dĂ©buts difficiles du cirque qu’il vient de fonder avec quelques amis grĂące Ă  l’argent gagnĂ© chez son pĂšre. La deuxiĂšme partie dĂ©peint la tournĂ©e en province entreprise dans le but de collecter des informations contre Tricatel que Duchemin a dĂ©cidĂ© d’affronter dans une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision animĂ©e par Philippe Bouvard. C’est la tentative de Tricatel de se procurer la maquette du guide Ă  paraĂźtre afin de racheter Ă  bon prix les restaurants qui vont obtenir les meilleures notes, qui va dĂ©cider Charles Duchemin Ă  entreprendre ce combat. L’opĂ©ration s’est dĂ©roulĂ©e sous la forme d’un cambriolage avortĂ© dans l’hĂŽtel particulier de Duchemin, effectuĂ© par un faux-plombier payĂ© par l’adjoint de Tricatel, caricature Ă©vidente de l’affaire des faux plombiers » du Canard enchaĂźnĂ© qui avait dĂ©frayĂ© la chronique en fin d’annĂ©e 1973. Duchemin dĂ©ploie des trĂ©sors d’imagination et de dĂ©guisements pour prĂ©server son anonymat sur cette tournĂ©e, mais les coups perfides de Tricatel permettent Ă  un restaurateur naguĂšre dĂ©chu de ses deux Ă©toiles par le critique de le dĂ©masquer. Le malheureux Duchemin se retrouve victime de la vengeance du gargotier sous la menace d’un fusil, il est contraint de manger les restes du jour, tous pur produits Tricatel ! La troisiĂšme partie dĂ©bute avec l’hospitalisation de Charles Duchemin, due Ă  l’orgie forcĂ©e de nourriture frelatĂ©e. Elle relate les efforts dĂ©sespĂ©rĂ©s des Duchemin pĂšre et fils pour tenter de trouver des preuves contre Tricatel avant l’affrontement tĂ©lĂ©visĂ© car l’industriel dispose d’un angle d’attaque solide contre Charles, qui a perdu le goĂ»t suite Ă  son "gavage". L’émission de tĂ©lĂ©vision constitue la vĂ©ritable conclusion, la scĂšne finale de rĂ©ception Ă  l’AcadĂ©mie Française n’étant qu’un Ă©pilogue anecdotique. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs se voit confier un rĂŽle taillĂ© sur mesure avec Charles Duchemin, ce gastronome et critique culinaire qui n’est pas sans rappeler Monsieur Septime et les bons souvenirs de l’excellent Grand restaurant. La ressemblance du guide Duchemin avec le cĂ©lĂšbre guide Michelin est Ă©vidente tant dans l’analogie entre les noms que dans le graphisme et la couleur rouge de l’ouvrage. Fechner et Zidi ont prĂ©vu d’attribuer le rĂŽle de son fils GĂ©rard, qui doit ĂȘtre son partenaire principal, Ă  Pierre Richard. Ce dernier va revenir sur son accord aprĂšs avoir lu le scĂ©nario. Il expliquera par la suite que son rĂŽle ne lui plaisait pas et que le scĂ©nario dans son ensemble ne l’avait pas convaincu. S’il ne doutait pas que de FunĂšs puisse s’en sortir honorablement grĂące Ă  son talent pur, il ne se pensait pas capable d’en faire autant et avait donc prĂ©fĂ©rĂ© renoncer malgrĂ© son envie de jouer avec Louis de FunĂšs. Ces arguments ne me paraissent pas convaincants. En effet, Richard tournera Ă  la place On aura tout vu de Georges Lautner, comĂ©die sympathique dans laquelle il incarne un photographe las de travailler dans la publicitĂ© qui accepte de rĂ©aliser un film pornographique pour dĂ©buter dans le cinĂ©ma. Plus que les interminables dĂ©mĂȘlĂ©s sentimentaux de Pierre Richard avec Miou-Miou, vite lassants, le principal intĂ©rĂȘt de ce film est l’extraordinaire numĂ©ro de Jean-Pierre Marielle en producteur de porno dĂ©bordant de cynisme jovial. Franchement, on ne voit pas en quoi le script de L’aile ou la cuisse est infĂ©rieur Ă  celui de On aura tout vu. Au fond, peut-ĂȘtre Pierre Richard a-t-il eu peur de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur de son prestigieux partenaire, et prĂ©fĂ©rĂ© ĂȘtre la vedette principale dans un autre film mĂȘme moins attrayant. Le choix de son remplaçant s’avĂšre dĂ©licat. Fechner se rend spĂ©cialement au chĂąteau de Clermont pour en discuter avec la famille de FunĂšs et avance le nom de Coluche. Silence gĂȘnĂ© de Louis et de son Ă©pouse. Jeanne trouve Coluche trop vulgaire pour jouer avec son mari. C’est alors que leur fils Olivier intervient Coluche, mais c’est gĂ©nial ! Et puis, il est plus drĂŽle que toi, papa ! » Bien que ce choix fut risquĂ© - le style comique des deux acteurs Ă©tant on ne peut plus opposĂ©s - ni de FunĂšs, ni le public n’auront Ă  regretter ce choix tant l’entente entre les deux acteurs sera parfaite et transparaĂźtra Ă  l’écran. De FunĂšs ressort de sa convalescence plus bienveillant avec ses partenaires et prend Coluche sous son aile mais pas sous sa cuisse !. Les deux complices s’amusent Ă  se faire rire mutuellement et font des blagues qui dĂ©tendent l’atmosphĂšre sur le plateau. Louis insistera pour que le nom de Coluche figure sur l’affiche du film Ă  hauteur du sien et en aussi gros caractĂšres, ce qui prouve son Ă©lĂ©gance. En effet, Michel Colucci n’avait alors rien prouvĂ© au cinĂ©ma oĂč il n’avait tenu que des rĂŽles secondaires Ă  l’exception du rĂŽle principal dans le fort mĂ©diocre Bon Roi Dagobert. Ce choix risquĂ© sera un coup de maĂźtre puisqu’il composera un excellent GĂ©rard Duchemin, conservant l’aspect timide prĂ©vu pour Pierre Richard, et apportant un dynamisme dont l’interprĂšte du Grand Blond n’aurait pas forcĂ©ment fait preuve. Le nouveau partenaire de Fufu constitue une rĂ©volution par rapport aux acteurs qui l’entouraient jusqu’à prĂ©sent. Et ce n’est pas tout puisque la majeure partie de la distribution est constituĂ©e de comĂ©diens choisis par Fechner et Zidi parmi leurs habituĂ©s. Exit les traditionnels Christian Marin, Jean Lefebvre, Jacques Dynam, Jean Ozenne, ou Grosso et Modo ! De FunĂšs prouve ainsi qu’il est capable d’innover, lui le traditionnaliste. Fufu parvient quand mĂȘme Ă  imposer Claude Gensac contre l’avis de Claude Zidi qui trouvait l’actrice trop connotĂ©e comme la femme de de FunĂšs Ă  l’écran », comme sa biche ». Ici, elle incarne sa secrĂ©taire et, pour rompre avec son image d’épouse Ă©lĂ©gante, Zidi l’affuble d’une perruque grise et d’une robe au tissu imprimĂ© d’énormes marguerites absolument ridicule. OK, elle se prĂ©nomme Marguerite, mais on doit bien admettre que la malheureuse Claude Gensac n’a pas Ă©tĂ© mise en valeur dans ce film oĂč son rĂŽle est d’ailleurs singuliĂšrement rĂ©duit en raison de l’accident subi par Marguerite lors du cambriolage, ce point du scĂ©nario n’étant certainement pas innocent de la part de Zidi
 Elle se fait donc remplacer par une ravissante intĂ©rimaire hollandaise prĂ©nommĂ©e elle aussi Marguerite et dotĂ©e de l’accent batave adĂ©quat une vĂ©ritable Dave au fĂ©minin bien que son interprĂšte Ann Zacharias soit en rĂ©alitĂ© suĂ©doise et non hollandaise
 Les autres comĂ©diens amenĂ©s par de FunĂšs n’incarnent que des rĂŽles extrĂȘmement succincts Ă  l’image de Max Montavon, concepteur de l’épĂ©e d’acadĂ©micien Ă  pommeau reprĂ©sentant une aile sur une cuisse, ou de Dominique Davray en infirmiĂšre piqueuse » ; ou peu dĂ©veloppĂ©s comme celui tenu par Antoine Marin, un de ses collaborateurs, ou par Marcel Dalio, le tailleur. La majoritĂ© des comĂ©diens sont donc choisis par Fechner, Zidi, et Coluche qui amĂšne ses amis du cafĂ©-théùtre Le Splendid Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot ne font que des apparitions, mais Martin Lamotte obtient le rĂŽle consĂ©quent du directeur du cirque fondĂ© par GĂ©rard Duchemin. Parmi les habituĂ©s des films de Zidi, on reconnaĂźt Jean Martin en mĂ©decin diagnostiquant l’agueusie de Duchemin, Vittorio Caprioli en restaurateur vindicatif, et bien entendu Julien Guiomar. Car c’est bien lui, le fameux Julien Guiomar, qui est la troisiĂšme vedette du film, juste derriĂšre les deux interprĂštes principaux. Époustouflant comme Ă  son habitude en chef d’entreprise arriviste et cynique, sa part dans la rĂ©ussite du film est loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable. Le personnage de Tricatel est une mĂ©taphore de Jacques Borel, entrepreneur qui Ă  l’époque Ă©tait au sommet aprĂšs avoir fait fortune dans les restoroutes. Tricatel lui ressemble jusque dans ses maniĂšres abruptes de parvenu mal dĂ©grossi. Curieusement, et ce ne peut ĂȘtre qu’une coĂŻncidence puisque le personnage Ă©tait alors inconnu, Tricatel a beaucoup de points communs avec
 Bernard Tapie beau parleur, truculent, arriviste sans scrupules, maltraitant son adjoint tout comme Tapie n’était guĂšre tendre avec BernĂšs, populiste invĂ©tĂ©rĂ©, le NapolĂ©on du prĂȘt-Ă -manger » c’était aussi le surnom de Jacques Borel est vraiment une caricature anticipĂ©e et involontaire du futur patron de l’Olympique de Marseille. Son adjoint et souffre-douleur est interprĂ©tĂ© par Daniel Langlet, acteur au physique de faux-jeton adĂ©quat pour ce rĂŽle de second couteau servile, parfois tentĂ© de se rebeller, mais malgrĂ© tout fidĂšle serviteur de son sinistre patron, bien que ce dernier aille jusqu’à lui faire cirer ses chaussures
 Un dĂ©tail amusant est rĂ©vĂ©lateur de l’inculture de Tricatel. Lorsque Bouvard, stupĂ©fait du moyen dĂ©tournĂ© proposĂ© par Tricatel pour convaincre Duchemin d’ĂȘtre son adversaire dans son Ă©mission, lui confie qu’il lui paraĂźt ĂȘtre l’hĂ©ritier de Machiavel », son interlocuteur lui rĂ©plique instantanĂ©ment Alors lĂ , je vous arrĂȘte ! Je ne suis pas un fils Ă  papa, je me suis fait tout seul ! » Autre rĂŽle savoureux, celui du chauffeur de Duchemin, parfaitement interprĂ©tĂ© par le regrettĂ© Raymond BussiĂšres qui apparaĂźtra d'ailleurs dans Le lion et la licorne des TNA qui rappelons-le reprendra aussi l'hĂŽtel particulier de Duchemin, et ravi de jouer les fous du volant lorsque son patron le lui demande, au grand dam de GĂ©rard, peu amateur de vitesse. Robert Lombard est trĂšs bon Ă©galement en restaurateur inquiet de la visite d’un inspecteur du guide Duchemin dans la premiĂšre scĂšne du film. La seule fausse note vient de Philippe Bouvard qui joue pourtant son propre rĂŽle ! Pour rester courtois, disons qu’il a bien fait de ne pas tenter une carriĂšre d’acteur, tellement il est visible qu’il joue, ou plutĂŽt qu’il rĂ©cite
 Enfin, on reconnaĂźt la belle voix grave de l’humoriste Jean Amadou qui nous a quittĂ©s rĂ©cemment, et assurait ici les commentaires en voix off lors de la sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique. TEMPS FORTS Le film ne manque pas de trĂšs bons moments, et ce dĂšs la premiĂšre scĂšne, suscitant immĂ©diatement chez le spectateur un intĂ©rĂȘt qui ne faiblira pas. On y dĂ©couvre dĂšs la fin du gĂ©nĂ©rique Louis de FunĂšs dĂ©jeunant ou essayant de dĂ©jeuner
 dans un restaurant parisien grimĂ© en vieille dame. Un de ses inspecteurs est prĂ©sent, et l’astuce consiste Ă  faire prĂ©venir le restaurateur Ă  l’aide d’un coup de fil opportun afin d’observer son changement de comportement. Robert Lombard est parfait dans son exercice de sĂ©duction exagĂ©rĂ©e, multipliant les cadeaux pour satisfaire le Duchemin »  et nĂ©gligeant du mĂȘme coup les autres clients dont le vĂ©ritable Duchemin Ă©videmment incognito sous son dĂ©guisement de grand-mĂšre. Le restaurateur indĂ©licat va jusqu’à conclure en rĂ©torquant Ă  un maĂźtre d’hĂŽtel qui lui fait remarquer qu’ils s’en sont bien sortis » Moi, les Duchemin, je les repĂšre Ă  cent mĂštres, ils ne peuvent plus m’avoir ! » tout en adressant un sourire condescendant Ă  la vieille dame » qui lui fait face
 Quant Ă  de FunĂšs, ce rĂŽle de grand-mĂšre tout en mimiques est Ă©videmment idĂ©al pour lui permettre d’exprimer tout son potentiel comique. Il a souvent expliquĂ© que sa mĂšre, trĂšs expressive dans ses colĂšres, lui avait servi de modĂšle pour interprĂ©ter les dames ĂągĂ©es, un exercice qu’il affectionnait particuliĂšrement. Les scĂšnes suivantes dĂ©crivent la vie quotidienne harassante de Charles Duchemin, et sont toutes fort drĂŽles, depuis la visite du dentiste Ă  domicile, Ă©quipĂ© de ses appareils, avec Duchemin qui ouvre les yeux au lieu de la bouche tellement il a peur, et le courrier signĂ© avec la fraise du praticien au lieu du stylo, jusqu’au test des desserts pour enfants en passant par les commentaires acerbes sur les mauvais restaurants. Exemple Si vous voulez mourir d’un ulcĂšre Ă  l’estomac dans les semaines Ă  venir, risquer votre vie Ă  chaque coquillage et l’infarctus en lisant l’addition, allez aux DĂ©lices de l’OcĂ©an, un nouveau restaurant de la rĂ©gion parisienne. C’est absolument infect et avec une rĂ©gularitĂ© exemplaire, sauf le dimanche, jour de fermeture. » ! Mais la meilleure scĂšne, que je revoie toujours avec le plaisir le plus extrĂȘme tellement elle est irrĂ©sistible, est celle de l’Auberge de la Truite. Avec pour musique de fond un air de bal musette de banlieue populaire, Duchemin se dĂ©guise en touriste amĂ©ricain excentrique, parfaitement Ă  l’aise dans sa veste rose et sa chemise bariolĂ©e de type hawaĂŻen, sans oublier le traditionnel Stetson. L’auberge est dirigĂ©e par deux hommes trĂšs antipathiques dont l’adipeux Claude Villers, adjoint du patron, un vilain mal rasĂ©, ironique devant l’accent du Yankee » lorsqu’il passe sa commande - Salade of tomatoes
 entrecĂŽtes bordoulaises
- Avec du Coca-Cola ?- No ! With Beaujolais nouveau ! La veste de Duchemin est truffĂ©e de poches secrĂštes et de tubes Ă  essai oĂč la nourriture est stockĂ©e aux fins d’analyses en laboratoire. On tremble en pensant Ă  ce qu’ils vont trouver
 La visite de la cuisine est tout aussi jouissive. Le patron recommande Ă  Duchemin de suivre les mouches pour trouver le chemin des toilettes, mais notre gastronome en profite pour se tromper et observer la cuisine. Ce qu’il dĂ©couvre est Ă©difiant nourriture remise dans les plats aprĂšs ĂȘtre tombĂ©e par terre, chute de mĂ©gots dans la pĂąte Ă  tarte, huile utilisĂ©e pour plusieurs fritures successives. Victime d’un haut-le-cƓur, Duchemin prendra sa revanche en coupant l’électricitĂ© dans la cave au moment oĂč les aubergistes y descendent, provoquant de belles dĂ©gringolades. À partir de la deuxiĂšme partie et de l’affrontement avec Tricatel, l’intensitĂ© baisse lĂ©gĂšrement mais le film demeure trĂšs bon. Le talent de Julien Guiomar, magnifique en self-made-man fĂ©roce et amoral, s’ajoute Ă  celui de Coluche et de Louis de FunĂšs, dans un mĂ©lange dĂ©tonnant. Une des meilleures sĂ©quences est celle du repas forcĂ© de Charles Duchemin sous la menace du fusil d’un restaurateur dĂ©cidĂ© Ă  se venger de sa ruine consĂ©cutive Ă  la perte de ses deux Ă©toiles. Vittorio Caprioli Ă©tait bien l’acteur idĂ©al pour rĂ©torquer Ă  de FunĂšs qui lui fait remarquer que les huĂźtres ne sont pas fraĂźches Non
 mais il n’y en a que trois ! » Dans le final, la scĂšne oĂč Charles, qui a perdu le sens du goĂ»t, vient Ă  la rescousse de son fils en devinant la provenance d’un grand cru par simple observation de sa couleur, de sa pourriture noble en suspension » et de ses impuretĂ©s qui descendent lentement », pour outranciĂšre qu’elle soit, vaut quand mĂȘme le coup d’Ɠil. POINTS FAIBLES Peu de faiblesses dans ce film rĂ©ussi. Hormis les tenues grotesques de Claude Gensac et la prestation ratĂ©e de Philippe Bouvard, on note une scĂšne assez pesante d’échanges interminables de valises dans un hĂŽtel dont on aurait trĂšs bien pu se passer. Les principaux points faibles sont gĂ©nĂ©rĂ©s par le style premier degrĂ© habituel du Zidi de l’époque. Dans ce registre, on peut citer les scĂšnes de cirque avec le sempiternel vous vous ĂȘtes trompĂ©s, c’est le PrĂ©sident de la RĂ©publique » tellement clownesque que la perspective de dĂ©couvrir Giscard d’Estaing Ă  la place du spectateur volontaire ou non
 ne me fait pas rire. Il est vrai que les clowns en gĂ©nĂ©ral m’ont toujours paru grotesques, qui plus est pas drĂŽles. Les investigations de Duchemin pĂšre et fils au sein de l’usine de Tricatel, la laitue en plastique, le faux poisson, tout ceci m’avait beaucoup plu lorsque j’avais vu le film au cinĂ©ma Ă  l’ñge de dix ans, mais me font moins rire aujourd’hui, sans doute en raison de leur aspect enfantin. MĂȘme commentaire pour la fin ridicule de l’émission de Bouvard, avec Tricatel qui subit le sort semble-t-il rĂ©servĂ© aux vaincus englouti par des dents gigantesques sur ordre de boutons de tĂ©lĂ©commande actionnĂ©s par les spectateurs, il se retrouve en enfer au milieu de jets de fumĂ©e. Ceci ne correspond guĂšre au style de Philippe Bouvard, animateur d’émissions sĂ©rieuses et non de pantalonnades. ACCUEIL Ce retour de Louis de FunĂšs est accueilli triomphalement par le public. Avec prĂšs de six millions d’entrĂ©es, L’aile ou la Cuisse frĂŽle le score, excellent, des Aventures de Rabbi Jacob. Du cĂŽtĂ© de la critique, les commentaires sont toujours aussi rĂ©servĂ©s. De FunĂšs dĂ©plaĂźt aux intellectuels, qui semblent ne pas comprendre que ce cinĂ©ma est avant tout destinĂ© Ă  distraire le public, et pas Ă  sĂ©duire les critiques des Cahiers du cinĂ©ma. Il est cocasse de voir Ă  quel point les commentaires ont pu Ă©voluer au fur et Ă  mesure de la reconnaissance du talent de Louis de FunĂšs. Lors son premier passage Ă  la tĂ©lĂ©vision, le magazine TĂ©lĂ© 7 jours » n’avait attribuĂ© au film aucun 7 » sur trois possibles, le trouvant stupide ». Il en a obtenu un Ă  la deuxiĂšme diffusion, puis deux Ă  la suivante. Entretemps, la notoriĂ©tĂ© de Fufu Ă©tait montĂ©e en flĂšche, et son dĂ©but de reconnaissance mĂȘme au sein des critiques rĂ©putĂ©s sĂ©rieux » avait fini par convaincre le magazine de tĂ©lĂ©vision le plus lu de France que ce film n’était pas aussi mauvais qu’il le pensait lors de sa sortie
 SYNTHÈSE Un excellent retour pour Louis de FunĂšs avec ce film qui constitue son dernier grand classique. LES SÉQUENCES CULTES Wagner, c'est fait pour le gros gibier ! With Beaujolais nouveau ! C'est mĂȘme trĂšs mauvais. Piqueuse ! Pourquoi tout le temps moi ? Retour Ă  l'index 2. LA ZIZANIE Production Christian FECHNERScĂ©nario Claude ZIDIDialogues Pascal JARDINRĂ©alisation Claude ZIDIMusique Vladimir COSMA Un industriel productiviste, maire d'une petite ville de province et inventeur du CX22, une machine Ă  Ă©liminer la pollution, a reçu d'une entreprise japonaise une commande de trois mille appareils Ă  livrer le plus vite possible. Il se retrouve dans l'obligation d'agrandir son usine, mais aucun terrain avoisinant n'est disponible pour installer des locaux et machines supplĂ©mentaires. Restent le potager et le jardin d'hiver de son Ă©pouse, une Ă©cologiste fervente peu disposĂ©e Ă  sacrifier ses fleurs et ses lĂ©gumes pour les besoins de l'expansion Ă©conomique... GENÈSE A la suite du succĂšs de L'aile ou la cuisse, un second film est naturellement prĂ©vu avec le tandem Fechner-Zidi. La production en sera considĂ©rablement compliquĂ©e par une affaire juridique qui reste indissociable de cette Ɠuvre, en l'espĂšce le procĂšs pour plagiat intentĂ© par le rĂ©alisateur Jean-Pierre Mocky. Louis de FunĂšs, qui apprĂ©cie Mocky, le contacte en vue de tourner un film avec lui. TrĂšs enthousiasmĂ©, Mocky Ă©labore le scĂ©nario d'une comĂ©die intitulĂ©e Le Boucan, basĂ©e sur les dĂ©gĂąts du productivisme on reconnaĂźt bien la fibre militantiste qui caractĂ©rise le cinĂ©ma du franc-tireur Mocky. Il confie le scĂ©nario Ă  De FunĂšs qui le transmet Ă  Christian Fechner. Puis les choses traĂźnent, et, quelques mois plus tard, les Films Christian Fechner mettent en route le tournage de La Zizanie. Jean-Pierre Mocky estime que le scĂ©nario de La Zizanie est un plagiat de celui du Boucan et porte l'affaire devant les tribunaux. La bataille juridique tourne Ă  l'avantage de Mocky qui se voit indemnisĂ© par Fechner Ă  hauteur de 250 000 francs de dommages et intĂ©rĂȘts, 108 points communs ayant Ă©tĂ© relevĂ©s entre les deux scĂ©narios. De plus, le film est interdit de diffusion. Les avocats des productions Fechner font appel de cette dĂ©cision et obtiendront gain de cause concernant le second point aprĂšs avoir habilement fait remarquer que l'interdiction d'exploitation risquerait de porter un coup fatal au cinĂ©ma français, Ă  l'Ă©poque fort mal en point du fait de la concurrence de la tĂ©lĂ©vision. Cet imbroglio juridique retarde la sortie du film. PrĂ©vue pour l'annĂ©e 1977, elle sera repoussĂ©e au 22 mars 1978. Cette date n'est peut-ĂȘtre pas un hasard puisque le second tour des Ă©lections lĂ©gislatives avait eu lieu 3 jours auparavant. Or, le film tourne en dĂ©rision, via le personnage de Daubray-Lacaze, un industriel autoritaire et pollueur, maire sans Ă©tiquette que l'on qualifierait aujourd'hui de divers droite ». Les pouvoirs publics ont dĂ» estimer que ce spectacle serait malvenu au cours de la campagne Ă©lectorale lĂ©gislative alors mĂȘme que la bataille s'annonçait extrĂȘmement difficile pour la majoritĂ© de droite, finalement vainqueur sur le fil du rasoir... Il est donc possible que l'affaire judiciaire ne soit pas la seule responsable de la diffusion tardive sur le grand Ă©cran. La victoire de Jean-Pierre Mocky est obtenue Ă  la Pyrrhus. Cela va toutefois porter un coup terrible pour le rĂ©alisateur de La Grande Lessive puisque le milieu cinĂ©matographique, qui n'aime pas que l'on porte ses diffĂ©rends sur la place publique, et encore moins devant les tribunaux, va faire bloc avec Fechner et Zidi. Les portes vont se fermer une Ă  une. DĂ©sormais, Mocky aura Ă©normĂ©ment de mal Ă  produire et distribuer ses films, et sera contraint de contourner les circuits habituels, difficultĂ©s qui demeurent encore de nos jours. Que penser de cette affaire ? MĂȘme s'il y a eu plagiat, je ne suis pas sĂ»r que la version de Mocky aurait Ă©tĂ© aussi rĂ©ussie que celle de Claude Zidi. Le personnage de Mocky, assez grossier, et mĂȘme vulgaire, n'attire pas la sympathie, et peut ĂȘtre assimilĂ© Ă  un Autant-Lara sans talent question technique. Certes, il a rĂ©alisĂ© de bons films comme Un drĂŽle de paroissien avec Bourvil, ou plus tard Le MiraculĂ© avec Poiret, Serrault, et Jeanne Moreau, mais aussi de trĂšs mauvais, et a rencontrĂ© un certain nombre d'autres inimitiĂ©s au sein de la profession. Par exemple Michel Blanc, excellent comĂ©dien et grand professionnel, qui n'a tournĂ© qu'une seule fois avec lui, et a expliquĂ© avoir constatĂ© que Mocky cherchait avant tout Ă  faire des bĂ©nĂ©fices Ă  moindre frais... Au bout du compte, on peut estimer que le duo Fechner-Zidi a beaucoup plus apportĂ© au cinĂ©ma que le rĂ©alisateur Mocky, Ă  l'Ɠuvre trĂšs inĂ©gale. RÉALISATEUR Christian Fechner renouvelle sans surprise son association habituelle avec Claude Zidi. Louis de FunĂšs, satisfait des conditions de tournage sur L'aile ou la cuisse, n'Ă©mettra aucune objection. Le dispositif spĂ©cial santĂ© en faveur de l'acteur principal est reconduit prĂ©sence d'un service de rĂ©animation, tournage adaptĂ© au rythme de Fufu, sexagĂ©naire et contraint de se mĂ©nager depuis son attaque cardiaque. DÉCORS Maurice Risch a racontĂ© que, si l'ambiance Ă©tait trĂšs bonne sur le plateau du fait des liens d'amitiĂ© existant entre la plupart des comĂ©diens, elle Ă©tait tout de mĂȘme un peu bizarre avec les curieux dĂ©cors de l'usine et ses machines Ă©tranges qui produisaient un contexte surrĂ©aliste. La majeure partie du film se dĂ©roule dans ce dĂ©cor, il n'y a pratiquement aucune scĂšne tournĂ©e en dĂ©cors extĂ©rieurs. GÉNÉRIQUE Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but est une animation enfantine sans grand intĂ©rĂȘt, fort heureusement accompagnĂ©e de la musique de Vladimir Cosma. Plus inspirĂ© que sur L'aile ou la cuisse, Cosma a composĂ© un air entraĂźnant, ludique, et facile Ă  retenir, dans le style Ă©lectronique selon la mode de l'Ă©poque. La mĂȘme musique est reprise pour le gĂ©nĂ©rique final qui enchaĂźne Ă  la suite de l'Ă©pilogue diverses photographies de Louis de FunĂšs et Annie Girardot se querellant au sujet du projet d'exploitation de la machine Ă  tondre les moutons et Ă  tricoter. Pour Guillaume, c'est OUI et pour Bernadette c'est NON. Les OUI et NON se succĂšdent sur des tons alternativement amicaux, dĂ©cidĂ©s, et virulents. SCÉNARIO Le scĂ©nario de La Zizanie est encore plus directement axĂ© sur ses thĂšmes de fond, ici environnementaux, auxquels Louis de FunĂšs est trĂšs sensible, que celui de L'Aile ou la Cuisse. L'acteur est bien entendu l'exact opposĂ© dans la vie rĂ©elle du rĂŽle qu'il joue dans ce film. C'est une habitude chez De FunĂšs d'interprĂ©ter des rĂŽles de personnages fonciĂšrement antipathiques, trĂšs Ă©loignĂ©s de ce qu'il est dans la vraie » vie, mais ici elle est poussĂ©e Ă  son paroxysme. A contrario, Annie Girardot interprĂšte un personnage proche de ce qu'est son partenaire quand il n'est pas Ă  l'Ă©cran. Ce thĂšme de la dĂ©fense de l'environnement est en phase avec les aspirations d'une partie croissante de la population lors des annĂ©es 70. Les Trente Glorieuses » avaient Ă©tĂ© marquĂ©es par un productivisme Ă  tout crin qui faisait consensus entre le patronat conservateur et les communistes dominateurs Ă  gauche il fallait reconstruire aprĂšs la Guerre, le travail, et les heures supplĂ©mentaires Ă©taient Ă  l'honneur. Mais dans la foulĂ©e de mai 68, les jeunes et les couches moyennes Ă©mergentes ne se reconnaissent plus dans ce discours et aspirent Ă  une croissance maitrisĂ©e, plus respectueuse de l'environnement. Si ce mouvement reste alors inorganisĂ© en politique, il aboutira plus tard au parti des Verts et Ă  la façon de vivre dĂ©nommĂ©e bourgeois bohĂšme » ou plus simplement bobo ». La premiĂšre partie du film montre les tentatives dĂ©sespĂ©rĂ©es de Guillaume Daubray-Lacaze pour agrandir son usine Ă  la suite de la visite des industriels japonais Ă©chec de la dĂ©marche auprĂšs du PrĂ©fet, puis manigances pour s'emparer des domaines rĂ©servĂ©s de son Ă©pouse sans avoir l'air d'ĂȘtre responsable de ses malheurs. En attendant l'improbable local, l'improvisation rĂšgne. Les machines et les ouvriers sont installĂ©s au domicile des Daubray. La rupture entre Guillaume et Bernadette marque le dĂ©but de la seconde partie, probablement la plus intĂ©ressante, centrĂ©e sur les mĂ©saventures du maire lors de la soirĂ©e Ă  l'hĂŽtel et surtout sur le combat politique entre les Ă©poux Bernadette, Ă  la grande joie de son ami Ă©cologiste le docteur Landry, qui en est amoureux, prend la tĂȘte d'une liste concurrente de celle de Guillaume lors des Ă©lections municipales, alors que son mari s'attendait Ă  ĂȘtre réélu dans un fauteuil en tant que candidat unique. Les thĂšmes de campagne de Guillaume sont simples, comme l'atteste son programme PremiĂšrement, le plein emploi, deuxiĂšmement, le plein emploi, troisiĂšmement, le plein emploi ! » VoilĂ  qui coĂŻncide avec un autre sujet Ă©mergent Ă  l'Ă©poque le chĂŽmage est en train de refaire son apparition Ă  la suite du premier choc pĂ©trolier. Quant aux femmes, elles n'ont rien Ă  dire. » !. Le fĂ©minisme est Ă©galement en vogue au cƓur des annĂ©es 70. De son cĂŽtĂ©, Bernadette propose de concilier croissance Ă©conomique et bien-ĂȘtre de la population ». Évidemment, Guillaume va voter en secret pour Bernadette, et vice-versa. Comme dit le proverbe, ce que femme veut... », donc Bernadette obtiendra finalement gain de cause Ă  la suite de la dĂ©fection des Japonais, en faillite, et le couple quittera tout pour Ă©lever des moutons en Provence. Mais le dĂ©mon du productivisme ne tardera pas Ă  ressurgir chez l'incorrigible industriel... DISTRIBUTION Louis de FunĂšs est parfait dans le rĂŽle de l'industriel autoritaire et pollueur Guillaume Daubray-Lacaze. Il a l'habitude d'interprĂ©ter des chefs d'entreprise, mais la nouveautĂ© dans son personnage est l'irruption du thĂšme de l'environnement. L'Ă©pouse de Daubray-Lacaze joue un rĂŽle trĂšs important, plus important mĂȘme que celui de JosĂ©pha, la femme de Louis de FunĂšs dans la sĂ©rie des Gendarme puisque son interprĂšte sera la vedette numĂ©ro 2 du film, juste derriĂšre De FunĂšs. C'est la premiĂšre fois que l'Ă©pouse de Fufu Ă  l'Ă©cran est aussi sa partenaire principale. Le rĂŽle ne peut ĂȘtre attribuĂ© Ă  Claude Gensac. D'abord parce que Zidi, qui cherche Ă  briser l'image de ma biche », n'en veut pas. Ensuite, parce que le rĂŽle de Bernadette Daubray-Lacaze, une Ă©cologiste et une fĂ©ministe, pour tout dire une femme libĂ©rĂ©e », ne cadre pas avec le personnage habituel de Gensac, c'est-Ă -dire une Ă©pouse de caractĂšre, certes, mais respectant une vision plus patriarcale du rĂŽle de la femme au sein d'un couple. Claude Gensac est presque de type aristocratique, alors que le rĂŽle de Bernadette relĂšve plus du genre plĂ©bĂ©ien. C'est Annie Girardot qui est choisie pour ĂȘtre la partenaire de Louis de FunĂšs. AprĂšs un dĂ©but de carriĂšre remarquĂ© dans le cinĂ©ma dramatique et les films d'auteur Rocco et ses frĂšres..., Annie Girardot s'est reconvertie avec succĂšs dans les comĂ©dies plusieurs films d'Audiard dont le fameux Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas... mais elle cause et sa suite Elle cause plus, elle flingue l'ont propulsĂ©e au rang de comĂ©dienne populaire. Avant d'ĂȘtre retenue pour La Zizanie, elle a atteint le sommet de la carriĂšre avec Tendre poulet, une comĂ©die lĂ©gĂšre oĂč elle donne la rĂ©plique Ă  Philippe Noiret. C'est donc une des vedettes les plus connues et les plus apprĂ©ciĂ©es des annĂ©es 70 qui va se retrouver en face du numĂ©ro un du rire. Annie Girardot est ravie de tourner avec cet acteur qu'elle respecte et admire. L'entente est immĂ©diate entre ces deux grands du cinĂ©ma, et se ressent Ă  l'Ă©cran. Par la suite, la comĂ©dienne ne tarira pas d'Ă©loges sur Louis de FunĂšs, le talent, la classe », un homme charmant qui [lui] manque Ă©normĂ©ment ». Claude Zidi ne pourra que se fĂ©liciter de ce duo parfait tellement Girardot sera Ă  la hauteur de son illustre partenaire, composant une Bernadette Daubray-Lacaze Ă  la fois tendre, corrosive, drĂŽle, et naturelle. On ne recense que deux seconds rĂŽles, le reste de la distribution ne jouant que des personnages de troisiĂšme plan. Julien Guiomar, dĂ©jĂ  prĂ©sent sur L'aile ou la cuisse, change de registre. D'entrepreneur sans scrupules, le voici transformĂ© en mĂ©decin Ă©cologiste, ouvertement amoureux de sa patiente Bernadette, Ă  qui il rend visite tous les matins pour lui faire une piqĂ»re et... lui apporter le crottin de son cheval engrais parfaitement naturel »... Sa bien-aimĂ©e lui cĂ©dera volontiers le fauteuil de maire une fois Ă©lue. Guiomar fait son numĂ©ro habituel, toujours excellent. On se demande pourquoi un tel acteur n'a pas fait une plus grande carriĂšre au cinĂ©ma. Maurice Risch, apprĂ©ciĂ© par De FunĂšs depuis sa participation au film Les Grandes Vacances, c'est l'ImbĂ©cile », le bon Ă  tout faire et souffre-douleur de Guillaume Daubray-Lacaze. Ce grand timide est aussi extrĂȘmement maladroit. Parmi les multiples petits rĂŽles, signalons la prĂ©sence de Jacques François dans un rĂŽle de prĂ©fet conforme Ă  ses habitudes de comĂ©dien au cinĂ©ma, de Philippe Brigaud, un de ses partenaires de billard, et de GeneviĂšve Fontanel en animatrice de tĂ©lĂ©vision dĂ©sireuse d'organiser un dĂ©bat entre les Ă©poux candidats rivaux. Louis de FunĂšs a pu caser certains de ses amis ou partenaires rĂ©currents, Ă  l'image de Mario David le camionneur ou AndrĂ© Badin l'ouvrier de petite taille. Le directeur de la banque est interprĂ©tĂ© par un trĂšs bon Daniel Boulanger, le syndicaliste par Georges Staquet, acteur idoine pour un tel rĂŽle, et c'est Jean-Jacques Moreau qui incarne un homme-clĂ© du systĂšme Daubray-Lacaze, contremaitre dans son usine et adjoint Ă  la mairie. Saluons la prĂ©sence sympathique et talentueuse de Hubert Deschamps en rĂ©ceptionniste de l'hĂŽtel et le numĂ©ro de duettistes de Tanya Lopert vue notamment dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca oĂč elle joue la conquĂȘte dĂ©sabusĂ©e du playboy de pacotille Jean-Pierre Marielle et Jacqueline Jefford, les amies de Bernadette. Le dramaturge Pierre-Olivier Scotto interprĂšte un imitateur singeant Daubray-Lacaze dans le concours de l'hĂŽtel, excellente prestation sur une des scĂšnes les plus rĂ©ussies du film, alors que Marcel Azzola est Ă©videmment trĂšs Ă  l'aise en accordĂ©oniste. ComplĂštent la distribution Van Duong le PrĂ©sident de l'entreprise japonaise, Ibrahim Seck l'ouvrier hilare, JosĂ©phine Fresson la secrĂ©taire de Daubray-Lacaze, Nicole Chollet la servante, Eric Desmaretz le chef du personnel, et une multitude de figurants. Le personnage interprĂ©tĂ© par Ibrahim Seck est rĂ©vĂ©lateur des rĂŽles attribuĂ©s aux acteurs de couleur dans les annĂ©es 70 Ă  cette Ă©poque, mĂȘme au cinĂ©ma, un Noir ne peut ĂȘtre qu'un grand enfant qui passe son temps Ă  rigoler... TEMPS FORTS Contrairement Ă  la majoritĂ© des films avec De FunĂšs, la seconde moitiĂ© est meilleure que la premiĂšre. Les trois premiers quarts-d'heure sont intĂ©ressants, mais souffrent d'un rythme sans doute trop lent. Les meilleurs moments apparaissent de maniĂšre sporadique sous la forme de gags typiques du comique FunĂ©sien ». On peut citer la visite des Japonais. Perdus dans le brouillard de pollution provoquĂ© trop tĂŽt par Daubray-Lacaze Ă  la suite d'une erreur d'un de ses ouvriers, leur voiture Ă©choue dans une mare en voulant Ă©viter celle de leur hĂŽte venu Ă  leur recherche. Guillaume tend la main Ă  celui qu'il prend pour le prĂ©sident pour l'extirper de la mare, mais l'interprĂšte le prĂ©vient de son erreur. Bien entendu, il laisse aussitĂŽt retomber le subalterne parmi les grenouilles et les nĂ©nuphars... Les appareils sortis de l'imagination fertile de Daubray-Lacaze intĂ©ressent fortement les Japonais qui veulent tout acheter jusqu'Ă  la premiĂšre invention de leur hĂŽte, lorsqu'il Ă©tait tout petit, et s'arrivait lĂ  » ! Sentimental, Guillaume refuse, mais leur cĂšde volontiers les inventions rĂ©centes, comme l'Ă©olienne Ă  accumulation, capable de faire cuire un Ɠuf Ă  partir de l'Ă©nergie accumulĂ©e en soufflant dessus. Bernadette se dĂ©guise en geisha pour plaire aux Japonais au grand Ă©tonnement de son Ă©poux. Alors qu'elle s'est ingĂ©niĂ©e Ă  prĂ©parer de la cuisine japonaise, le chef des Nippons dĂ©clare Exquise, cette cuisine française ! ». PressĂ© d'en terminer, Daubray fait boire plusieurs verres de Calvados Ă  ses invitĂ©s alors que lui-mĂȘme dĂ©tourne l'attention pour jeter le contenu de son verre. Il prĂ©sente la chose comme le Trou Normand », une vieille coutume française comme le Hara-Kiri est une vieille coutume japonaise, ce que le traducteur explicite par Trou Normand, it's French Hara-Kiri ! ». Rappelons d'ailleurs que le terme "Hara-Kiri" est trĂšs familier et est normalement inconvenant devant de riches industriels jamais, le terme courant est en fait seppuku L'interprĂšte rend les Japonais hilares en traduisant Ă  la lettre le Cul sec ! » scandĂ© par Bernadette. La multiplication de pauses Trou Normand » qui normalement se limite Ă  UN verre entre deux plats oĂč Daubray-Lacaze jette d'ailleurs son verre... Ă  la russe ! produit l'effet escomptĂ© le PrĂ©sident, complĂštement ivre, devient tout joyeux et redemande en riant Trou Normand, Trou Normand ! ». Daubray-Lacaze en profite pour lui faire signer un gros chĂšque d'acompte pour les trois mille CX22 commandĂ©s. DĂšs que le chĂšque est signĂ©, il met ses invitĂ©s Ă  la porte sous prĂ©texte qu'ils risquent de rater leur avion TerminĂ©, Trou Normand ! ». AprĂšs ce repas sino-franco-russe, cette entame rĂ©ussie, le rythme faiblit, seulement entrecoupĂ© par quelques bons gags le directeur de la banque est contraint par Daubray-Lacaze de se retourner et de se boucher les oreilles lorsqu'il ouvre son coffre-fort. Notre irascible P-DG utilise une moitiĂ© de parapluie que l'ImbĂ©cile » tient pour lui afin que son subalterne ne soit pas protĂ©gĂ© forcĂ©ment, les esclaves peuvent bien se mouiller.... Lorsque l'ImbĂ©cile » se retrouve seul et fait pivoter le parapluie afin de s'abriter, Daubray le rappelle sĂ©vĂšrement Ă  l'ordre. M. le Maire utilise des mĂ©thodes assez particuliĂšres puisqu'il demande aux futurs jeunes mariĂ©s Acceptez-vous de prendre X pour Ă©pouxse et de voter pour moi ? » Une jeune femme hĂ©site, mais finit par rĂ©pondre Oui ! ». Et c'est au moment oĂč l'Ă©dile vient de conseiller aux nouveaux mariĂ©s de prendre soin de leurs Ă©pouses, ces ĂȘtres dĂ©licats qui cachent en elles un jardin secret » que surgit Bernadette en furie, munie des salades de son jardin pas secret mais dĂ©truit, inondĂ©es de pĂ©trole Ă  cause des ordres donnĂ©s par son Ă©poux ! Le dĂźner d'anniversaire de mariage a lieu au domicile des Daubray, envahi de machines et d'ouvriers, qui vont finalement se rĂ©vĂ©ler utiles au couple un chalumeau allume la cigarette de Bernadette, et le gĂąteau d'anniversaire est dĂ©posĂ© sur la table par une machine ! L'Ă©pisode des chĂšques est Ă©galement fort rĂ©ussi. Guillaume est excĂ©dĂ© parce que tous les mois, c'est la fin du mois, et dans un mois, ce sera encore la fin du mois ! » De mauvaise grĂące, il accepte de signer les chĂšques. Pour AndrĂ© Badin, qui est tout petit, il utilise un chĂ©quier minuscule. Vient ensuite un gĂ©ant, qui refuse un chĂšque de taille normale, puis un autre plus grand, et contraint son patron Ă  sortir un carnet de chĂšques aussi large que le bureau ! La scĂšne de la soirĂ©e Ă  l'hĂŽtel marque un tournant. ParticuliĂšrement drĂŽle, elle relance l'action qui ne faiblira plus jusqu'au dĂ©nouement. EntamĂ©e avec un second rĂŽle d'envergure puisque c'est Hubert Deschamps qui interprĂšte le rĂ©ceptionniste Ă©mĂ©chĂ©, elle se dĂ©roule pendant un bal masquĂ©. Toujours Ă©cologiste, Bernadette se dissimule derriĂšre un visage surmontĂ© d'une carotte et se retrouve par hasard cavaliĂšre du docteur Landry ; le mĂ©decin porte quant Ă  lui une tĂȘte de bƓuf. Daubray-Lacaze, Ă  la recherche de son Ă©pouse, se fait conduire Ă  l'hĂŽtel par un routier rĂ©cemment quittĂ© par sa femme, et qui lui conseille de se montrer ferme. Le rĂ©ceptionniste Ă©tant trop ivre pour le renseigner, il s'introduit dans des chambres au hasard et tombe sur un des couples qu'il a mariĂ©s le jour mĂȘme en pleine nuit de noces. Puis il se masque Ă  son tour pour continuer ses recherches parmi les danseurs. Daubray a pris le premier masque qui lui est passĂ© sous la main sans l'avoir examinĂ© et il s'agit d'un masque Ă  son effigie, trĂšs drĂŽle avec son aspect souriant. Un concours d'imitation se dĂ©roule, et justement un des candidats imite les mimiques de Guillaume ! C'est Daubray-Lacaze ! » lui souffle une jeune femme en s'esclaffant. Daubray lui demande comment elle le sait, et il reconnaĂźt alors derriĂšre son masque une de ses ouvriĂšres, qui plus est en congĂ© de maladie. Mais, comme elle le dit elle-mĂȘme, ça ne l'empĂȘche pas de danser ! Notre mari dĂ©pitĂ© finit par retrouver sa Bernadette au bras du docteur Landry, ce qui occasionne une bagarre gĂ©nĂ©rale. Au moment oĂč les policiers veulent l'arrĂȘter, le maire brandit son Ă©charpe tricolore et leur donne l'ordre d'embarquer son ennemi le docteur. La campagne Ă©lectorale qui suit est excitante et drĂŽle, depuis la dĂ©claration de candidature en mairie oĂč Guillaume se gausse de l'aspect plĂ©bĂ©ien des colistiers de Bernadette et Landry, jusqu'au dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© qui ne peut avoir lieu puisqu'il a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© jusqu'au vaudeville avant mĂȘme le dĂ©but de l'Ă©mission, en passant par la sĂ©quence oĂč Bernadette se fait engager Ă  l'usine pour gagner de l'argent afin de financer sa campagne, et surtout de convaincre son Ă©poux de participer au dĂ©bat. Il est vrai que Guillaume voulait bien dĂ©battre, mais... tout seul, avec lui partout sur l'Ă©cran ! D'ailleurs, il considĂšre que Bernadette est comme toutes les femmes, elle n'a rien Ă  dire ». À ne pas manquer la rĂ©action de l'ImbĂ©cile » et celles de Guillaume et de la servante lorsqu'ils dĂ©couvrent Madame » vĂȘtue en ouvriĂšre, travaillant sur une machine. Notre chef d'entreprise suit sa femme Ă  la cantine et dĂ©jeune avec ses ouvriers qui d'aprĂšs lui sont tous ses potes » ! Le jour du vote, Guillaume ne prend mĂȘme pas de bulletin au nom de son adversaire, devant lequel il fait ouvertement un geste mĂ©prisant, mais une fois entrĂ© dans l'isoloir, sort de sa poche un bulletin prĂ©parĂ© Ă  l'avance et vote pour Bernadette non sans avoir embrassĂ© le bout de papier. Bien entendu, Bernadette fait la mĂȘme chose, et Daubray remarque qu'ils ont donc votĂ© pour rien aprĂšs qu'elle et lui se soient rĂ©vĂ©lĂ©s la vĂ©ritĂ©. TrĂšs drĂŽle aussi la façon dont les invitĂ©s quittent Daubray-Lacaze dĂšs qu'ils apprennent sa ruine avant mĂȘme de savoir le rĂ©sultat des Ă©lections. Et quel est-il, le rĂ©sultat ? Bernadette est Ă©lue avec une voix d'avance... celle de son mari ! Elle cĂšde sa place au docteur Landry, ce qui le rend fou de joie, et part avec Guillaume Ă©lever des moutons sous le soleil de la Provence. Lors de la scĂšne du baroud d'honneur, Louis de FunĂšs a tenu Ă  faire lui-mĂȘme la cascade. On le voit suspendu dans les airs, et il est doublĂ© seulement dans la partie finale, pour la chute dans la machine. Quant Ă  l'Ă©pilogue en forme de clin d'Ɠil, il est assez sympathique avec la machine qui tond les moutons et tricote des pulls colorĂ©s en rouge et bleu, derniĂšre invention de l'ami Daubray, fermement dĂ©cidĂ© Ă  refaire surface et envahir le marchĂ©. POINTS FAIBLES Un certain flottement demeure dans la partie centrale de la premiĂšre moitiĂ© du film, qui fait craindre l'enlisement avec une bienvenue relance dans la seconde moitiĂ©. L'aspect toujours un peu comique enfantin, limite ringard », et trop premier degrĂ©, de certains gags, tradition dans les films de Zidi Ă  l'Ă©poque, mais nĂ©anmoins attĂ©nuĂ© par le talent des principaux interprĂštes. ACCUEIL Le film a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un demi-Ă©chec commercial puisque, par rapport Ă  L'aile ou la cuisse, le nombre d'entrĂ©es a Ă©tĂ© divisĂ© par 2. À sa sortie, La Zizanie a attirĂ© 2 790 000 spectateurs, ce qui est un net recul par rapport aux habitudes de Louis de FunĂšs. Il faut relativiser car prĂšs de 3 millions d'entrĂ©es, c'est encore beaucoup, un score que beaucoup peuvent envier. Jusqu'Ă  prĂ©sent, les critiques nĂ©gatives avaient Ă©tĂ© sans effet sur le public. Il est possible que le De FunĂšs nouvelle mouture plaise moins que l'ancien, ce qui est somme toute logique car il a perdu son effet tornade, tout en restant certes trĂšs drĂŽle. Les aspects trop premier degrĂ© des films de Claude Zidi ont pu Ă©galement dĂ©cevoir. Toujours est-il que c'est le dĂ©but de la fin des audiences gigantesques pour les films de Louis de FunĂšs, qui vont continuer Ă  voir les audiences s'effriter avec la baisse de qualitĂ© des derniĂšres productions. SYNTHÈSE Moins rĂ©ussie que L'aile ou la cuisse, La Zizanie reste nĂ©anmoins une trĂšs bonne comĂ©die populaire et un excellent divertissement, Ă  revoir toujours avec plaisir. LES SÉQUENCES CULTES Trou normand ! Toujours non ? Je ne pourrai pas. Et de voter pour moi ? Je t'achĂšterai un potager gĂ©ant en ArdĂšche ! Retour Ă  l'index 3. LE GENDARME ET LES EXTRA-TERRESTRES Production GĂ©rard BEYTOUTScĂ©nario Jacques VILFRIDAdaptation Jacques VILFRID, Jean GIRAULT, Louis de FUNÈS, et GĂ©rard BEYTOUTDialogues Jacques VILFRIDRĂ©alisation Jean GIRAULTMusique Raymond LEFÈVRE Le MarĂ©chal-des-Logis-Chef Cruchot dĂ©couvre, sur une route solitaire de campagne, que des ĂȘtres venus d'une autre planĂšte ont envahi la Terre en prenant l'apparence des humains. On peut reconnaĂźtre ces extra-terrestres non pas grĂące Ă  leur petit doigt, mais parce qu'ils boivent de l'huile et sonnent creux. Le brave gendarme, pris pour un fou par ses supĂ©rieurs, va tenter de prouver qu'il n'a pas rĂȘvĂ©. Il lui faut capturer un envahisseur, mais l'opĂ©ration prĂ©sente quelques difficultĂ©s... GENÈSE En cette fin de dĂ©cennie 70, les propositions de scĂ©nario se font peu nombreuses pour Louis de FunĂšs. Il ne lui est plus possible de tourner avec certains metteurs en scĂšne, soit parce qu'il n'aime pas leurs mĂ©thodes Édouard Molinaro, soit parce qu'il est fĂąchĂ© avec GĂ©rard Oury. AprĂšs avoir atteint le sommet de sa carriĂšre et des records de popularitĂ©, De FunĂšs n'est plus disposĂ© Ă  tourner n'importe quoi, mais dĂ©sire poursuivre son mĂ©tier, parce que c'est sa passion, mais aussi parce que l'entretien du chĂąteau de Clermont requiert des sommes de plus en plus importantes. Notre comique prĂ©fĂ©rĂ© va se tourner vers son rĂ©alisateur fĂ©tiche Jean Girault qui a toute sa confiance et avec lequel il s'entend Ă  merveille. Il dĂ©cide de reprendre son rĂŽle de gendarme dans la brigade de Saint-Tropez dont la popularitĂ© est demeurĂ©e au sommet. La nouvelle constitue un Ă©vĂ©nement car, aprĂšs 4 films assez rapprochĂ©s, aucun Gendarme n'avait Ă©tĂ© tournĂ© depuis 9 ans, et la sĂ©rie semblait ĂȘtre dĂ©finitivement terminĂ©e. Michel Modo, proche de De FunĂšs, a tĂ©moignĂ© de la responsabilitĂ© dont Ă©tait investi le comique sur ses films, avec une anecdote rĂ©vĂ©latrice lorsqu'ils ont appris qu'un nouvel opus de la sĂ©rie des Gendarme Ă©tait en prĂ©paration, des distributeurs allemands ont signĂ© un chĂšque d'un milliard d'anciens francs soit 10 millions de francs, ce qui Ă  l'Ă©poque devait reprĂ©senter approximativement 6 millions d'euros actuels en tant qu'Ă -valoir sur les recettes Ă  venir. Aucune surprise pour le tournage qui va bien sĂ»r se dĂ©rouler en Ă©tĂ© dans les dĂ©cors naturels de Saint-Tropez et ses environs. En revanche, des difficultĂ©s surgissent pour rĂ©unir la distribution, plusieurs actrices et acteurs rĂ©currents de la sĂ©rie n'Ă©tant pas disponibles pour les dates prĂ©vues. La plupart des remplaçants n'auront pas l'envergure de leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Autre difficultĂ©, celle de trouver un scĂ©nario original. Avec un film qui doit ĂȘtre le cinquiĂšme d'une sĂ©rie, le risque de faire du rĂ©chauffĂ© » est Ă©videmment important. On a dĂ©jĂ  vu les gendarmes aux prises avec des nudistes, un voleur de tableau et des garnements utilisant un engin nuclĂ©aire, ou en reprĂ©sentation Ă  New-York. Ensuite, ce fut le mariage de Cruchot, et plus tard la retraite et un jeu de guĂ©rilleros dans la campagne provençale. En optant pour une rencontre avec des extra-terrestres, De FunĂšs crĂ©e une rupture en adĂ©quation avec les thĂšmes Ă  la mode. Dans les annĂ©es 70, les tĂ©moignages sur les soucoupes volantes deviennent frĂ©quents mĂȘme le PrĂ©sident des Etats-Unis Jimmy Carter prĂ©tend en avoir vu... et, dans la foulĂ©e des Envahisseurs dĂ©busquĂ©s par David Vincent, les histoires d'aliens ont envahi petit et grand Ă©crans. La science-fiction est en vogue depuis les annĂ©es 50 au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision, et son succĂšs ne se dĂ©ment pas. Ce thĂšme sera d'ailleurs repris par Louis de FunĂšs sur La soupe aux choux, dans un registre diffĂ©rent. On se rend compte Ă  quel point Les Envahisseurs ont marquĂ© les esprits puisque, ici encore, les extra-terrestres prennent l'apparence des humains quoique bien d'oeuvres antĂ©rieures Ă  la crĂ©ation de Larry Cohen avaient utilisĂ© cette idĂ©e. Évidemment, le film de Fufu n'a pas du tout l'aspect angoissant des aventures de David Vincent, les envahisseurs y sont traitĂ©s de maniĂšre extrĂȘmement bon enfant. De fait, l'amateur de SF, genre dont l'efficacitĂ© n'est optimale qu'en tant qu'analyse critique et/ou mĂ©taphysique de la condition humaine et de questionnements Ă©thiques, ou Ă  la rigueur par une flamboyante odyssĂ©e spatiale Star Wars vient de casser la baraque il y a Ă  peine 2 ans, ne doit pas s'attendre Ă  trouver son compte, le film s'adressant avant tout aux fans de Louis. RÉALISATEUR Jean Girault est le metteur en scĂšne avec lequel Louis de FunĂšs a travaillĂ© le plus souvent. C'est lui qui a rĂ©alisĂ© les six films de la sĂ©rie des Gendarme, et bien d'autres comme Jo ou La Soupe aux Choux. Et ce sera lui qui conseillera Fufu sur le tournage de L'Avare que Louis a voulu rĂ©aliser lui-mĂȘme sans connaĂźtre le b-a-ba de la technique cinĂ©matographique. DÉCORS Les magnifiques dĂ©cors de la CĂŽte d'Azur, Ă  Saint-Tropez et dans les environs, vont une nouvelle fois produire de belles images. Pour les intĂ©rieurs, les dĂ©cors de la gendarmerie ont Ă©tĂ© modernisĂ©s dans un style empreint de couleurs vives, trĂšs seventies ». Les gendarmes portent leur uniforme habituel, mais sont Ă©quipĂ©s de MĂ©haris de couleur verte que l'on montre gĂ©nĂ©reusement, notamment dans la premiĂšre partie du film. Lors du tournage, une cascadeuse a renversĂ© un groupe de piĂ©tons, accident heureusement sans gravitĂ©. La scĂšne a Ă©videmment Ă©tĂ© coupĂ©e au montage. GÉNÉRIQUE Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but montre des vues aĂ©riennes de la rĂ©gion de Saint-Tropez, prises depuis un hĂ©licoptĂšre. Sans surprise, la musique est de Raymond LefĂšvre, comme dans tous les Gendarme dĂ©jĂ  tournĂ©s. Elle est certes bien adaptĂ©e au film, mais peut-ĂȘtre un peu trop classique, et ne manque pas de faire regretter Vladimir Cosma, aux commandes sur les deux films prĂ©cĂ©dents de Louis de FunĂšs. Le gĂ©nĂ©rique final dĂ©bute comme d'habitude par le traditionnel dĂ©filĂ© des gendarmes sur la rue principale de Saint-Tropez, simplement interrompu par le coup de théùtre de retour de la soucoupe avec les vrais gendarmes, aprĂšs que les faux se soient Ă©croulĂ©s en plein cƓur du dĂ©filĂ©, victimes de la rouille. SCÉNARIO Au contraire des deux films prĂ©cĂ©dents, aucun thĂšme de sociĂ©tĂ© n'a vĂ©ritablement Ă©tĂ© abordĂ©, le scĂ©nario est purement orientĂ© vers la distraction. Tout juste peut-on noter une satire gentille de l'envahissement de la sphĂšre publique par la publicitĂ©, dont les gendarmes, et mĂȘme le Colonel, se retrouvent victimes. Il s'agit d'un des films de Fufu les plus pauvres de point de vue script. L'essentiel du film est constituĂ© par des gags, plus ou moins rĂ©ussis. On ne peut donc qu'ĂȘtre déçus, surtout aprĂšs les efforts dĂ©ployĂ©s par Fechner et Zidi en ce domaine. À noter cependant que 10 ans aprĂšs Hibernatus, De FunĂšs ajoute en plus Ă  celle d'acteur la casquette de co-auteur de l'adaptation du scĂ©nario, cela pour la quatriĂšme fois. Le gendarme Beaupied assiste Ă  un envol de soucoupe volante pendant que Cruchot rĂ©pare une MĂ©hari, vraisemblablement en panne du fait de la prĂ©sence des extraterrestres. Bien entendu, Cruchot refuse de croire Ă  son rĂ©cit jusqu'au jour oĂč il assiste lui-mĂȘme Ă  une envolĂ©e de soucoupe pendant que l'adjudant Gerber remet en route la MĂ©hari. Gerber prend Cruchot pour un hallucinĂ© d'autant plus que ce dernier va se rendre coupable d'une agression sur le Colonel Ă  la suite de sa rencontre avec un extraterrestre qui avait pris l'identitĂ© et l'apparence du haut-fonctionnaire. Malheureusement, Ludovic tombe ensuite sur le vrai Colonel Ă  qui il plante un couteau bien aiguisĂ© dans la partie charnue de son anatomie afin de dĂ©montrer qu'il est insensible Ă  la douleur... Contraint de s'enfuir, il se rĂ©fugie dans le couvent de la MĂšre SupĂ©rieure Clotilde, puis entreprend une sĂ©rie de pĂ©rĂ©grinations destinĂ©es Ă  s'emparer d'un envahisseur afin de prouver ses dires Ă  ses supĂ©rieurs. Victime de malencontreux quiproquos, il parvient nĂ©anmoins Ă  convaincre l'adjudant Gerber et ses collĂšgues, et Gerber en fait autant avec le Colonel. Il ne reste plus qu'Ă  trouver un moyen de dĂ©fendre la Terre contre les extraterrestres. Heureusement, Cruchot dĂ©couvre que les envahisseurs ont un point faible, et de taille ils rouillent ! Par consĂ©quent, il suffit d’arroser les passants dans les rues de Saint-Tropez pour les dĂ©masquer. Mais les aliens n'entendent pas abandonner la partie aussi facilement... DISTRIBUTION Louis de FunĂšs reprend sans difficultĂ©s son rĂŽle de gendarme aussi autoritaire avec ses subordonnĂ©s que servile avec ses supĂ©rieurs. NĂ©anmoins, il est visible qu'il a beaucoup vieilli et ne fait plus preuve du mĂȘme entrain qu'autrefois, mĂȘme s'il reste fort drĂŽle. Claude Gensac, indisponible, est remplacĂ©e par Maria Mauban. Ce changement est Ă©videmment prĂ©judiciable tellement Gensac est ancrĂ©e dans nos tĂȘtes comme l'Ă©pouse parfaite de Fufu. Bien sĂ»r, Louis de FunĂšs a eu d'autres partenaires incarnant sa biche ». Dans son film prĂ©cĂ©dent La Zizanie, Annie Girardot lui a donnĂ© la rĂ©plique avec bonheur, mais il s'agissait d'un rĂŽle trĂšs diffĂ©rent de celui traditionnellement dĂ©volu Ă  son Ă©pouse. Sur ce film, on retrouve une Ă©pouse dĂ©jĂ  connue puisque JosĂ©pha a participĂ© aux 2 prĂ©cĂ©dents Gendarme, mais sous les traits de Claude Gensac. Le changement d'actrice ne peut donc que dĂ©cevoir, quelle que soit sa remplaçante, dont les qualitĂ©s d'actrice ne sont Ă©videmment pas en cause. Fort heureusement, JosĂ©pha Cruchot ne joue qu'un rĂŽle mineur. Elle part en vacances en Bretagne dĂšs le dĂ©but du film et ne participe ensuite qu'Ă  une seule scĂšne importante oĂč elle incarne une extraterrestre ayant pris l'apparence de JosĂ©pha afin d'attirer Cruchot sans mĂ©fiance dans une soucoupe volante. Il est probable que cette relative discrĂ©tion a Ă©tĂ© sciemment programmĂ©e afin de ne pas trop dĂ©concerter le spectateur. Michel Galabru, vieux complice de Louis de FunĂšs, est au rendez-vous pour incarner son supĂ©rieur l'adjudant Gerber, de mĂȘme que Guy Grosso et Michel Modo dans les rĂŽles respectifs de Tricart et Berlicot. On peut regretter que leurs personnages n'aient pas des rĂŽles plus dĂ©veloppĂ©s, dans le genre de celui attribuĂ© Ă  Maurice Risch. La production a dĂ» pourvoir au remplacement de Christian Marin, retenu ailleurs puisqu’il jouait alors dans La Culotte, une piĂšce de Jean Anouilh, au Théùtre de l’Atelier. Christian Marin a menĂ© une grande partie de sa carriĂšre au théùtre oĂč il a encore jouĂ© en 2010, ĂągĂ© de plus de 80 ans, dans Le Gang des SĂ©niors de Bruno Druart. Le théùtre fut son activitĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e, d’oĂč son absence dans les 2 derniers films de la sĂ©rie. En 2011, il est devenu le parrain du site Internet Autour de Louis de FunĂšs, Ă  qui il a donnĂ© plusieurs interviews. Remplacement aussi de Jean LefĂšbvre, banni Ă  jamais de l'entourage de Louis de FunĂšs quelques annĂ©es auparavant, Jean LefĂšbvre avait affirmĂ© dans une interview que De FunĂšs avaient fait couper certaines de ses scĂšnes au montage car il ne supportait pas qu'il y ait un second comique dans ses films... Exeunt donc Fougasse et Merlot, et bonjour gendarmes Beaupied et Taupin ! Maurice Risch, acteur vu plusieurs fois avec Louis de FunĂšs, et dĂ©jĂ  prĂ©sent sur La Zizanie, va hĂ©riter du personnage de Beaupied. Ce comĂ©dien, qui a toujours souffert de sa ressemblance avec Jacques Villeret, Ă©tait trĂšs apprĂ©ciĂ© par De FunĂšs pour ses compositions de gros maladroit, et le rĂŽle de Beaupied sera incontestablement le plus dĂ©veloppĂ© de celui des 4 gendarmes subalternes ; c'est lui qui assiste le premier Ă  un atterrissage d'OVNI, et encore lui qui est choisi par le jeune extraterrestre pour faire passer le message des envahisseurs. Jean-Pierre Rambal est un acteur que l'on verra beaucoup dans l'entourage de Fufu lors de ses derniers films. Il interprĂšte ici le gendarme Taupin, pour un rĂŽle rĂ©duit Ă  de la quasi figuration. Ces deux acteurs ont beau avoir du talent, et notamment les compositions de Maurice Risch s'avĂ©rer sans reproche, ils n'ont pas l'envergure de leurs prĂ©dĂ©cesseurs Jean LefĂšbvre et Christian Marin, dont la prĂ©sence sera Ă©videmment regrettĂ©e. Le seul changement de comĂ©dien qui ne produit pas de perte de qualitĂ© est celui du Colonel. Non que l'ancien titulaire Yves Vincent soit mĂ©diocre, ni mĂȘme moyen - il Ă©tait au contraire trĂšs bon - mais parce qu'un acteur de grande envergure lui a succĂ©dĂ© en la personne de Jacques François. ApprĂ©ciĂ© par De FunĂšs depuis sa participation aux Aventures de Rabbi Jacob, on le retrouvera ensuite plusieurs fois auprĂšs de lui pour jouer des personnages de militaire de grade Ă©levĂ© ou de hauts fonctionnaires dans lesquels il excelle. Son jeu empreint d'autoritĂ© et d'ironie mordante apporte un plus incontestable. AprĂšs cette ribambelle de changements, on est heureux de trouver un Ă©lĂ©ment de stabilitĂ© avec l'excellente France Rumilly, toujours fidĂšle au poste dans le rĂŽle de SƓur Clotilde, devenue la MĂšre-SupĂ©rieure du couvent depuis l'opus prĂ©cĂ©dent, mais toujours aussi peu prudente lorsqu'elle est au volant de sa deux-chevaux. C'est Jean-Roger Caussimon qui lui donne la rĂ©plique en tant que Monseigneur » en visite chez les religieuses, attirĂ© par la qualitĂ© de leur chorale. Ce film nous permet d'assister aux dĂ©buts de Lambert Wilson au cinĂ©ma dans le personnage de l'extraterrestre chargĂ© de prĂ©venir les gendarmes du but pacifique » de la mission d'observation de ses semblables. Le maire de Saint-Tropez est jouĂ© par Marco Perrin qui ne participe qu'Ă  une seule scĂšne. On arrive donc aux petits rĂŽles parmi lesquels on distingue quelques vieux complices de Fufu Henri GenĂšs, le malheureux propriĂ©taire du Cabanon, le restaurant volĂ© », Antoine Marin, le conducteur verbalisĂ©, et Mario David, le voleur du bidon d'huile, sont des participants rĂ©guliers Ă  ses films. Sont Ă©galement prĂ©sents Pierre Repp le pompiste, Micheline Bourday Madame Gerber, Jacqueline Jefford une religieuse, RenĂ© Berthier l'adjoint du Colonel, et Carlo Nell le journaliste. TEMPS FORTS AprĂšs une entame sans saveur, c'est dans la premiĂšre partie du film que l'on va trouver les meilleures scĂšnes. À commencer par les flatteries de Beaupied envers Cruchot lorsqu'ils se retrouvent seuls sur une MĂ©hari. Cruchot demande Ă  son subordonnĂ© de l'appeler mon lieutenant », mais Beaupied passe directement Ă  mon capitaine », ce qui comble de joie son chef, puis il embraye sur mon colonel » et mĂȘme mon gĂ©nĂ©ral » ! Ensuite, il rĂ©cite un extrait d'une fable de La Fontaine bien connue Sans mentir, si votre plumage se rapporte Ă  votre ramage, vous ĂȘtes le phƓnix des hĂŽtes de ces bois ». Cruchot essaie de flatter l'adjudant Gerber de pareille maniĂšre lorsqu'il se retrouve seul avec lui dans la MĂ©hari, mais se trompe lors de la rĂ©citation, et son chef croit qu'il se moque de lui. La sĂ©quence du faux Gerber est une des plus rĂ©ussies. AprĂšs que Cruchot ait refusĂ© de croire Ă  la visite de l'extraterrestre relatĂ©e par Beaupied, un envahisseur qui a pris l'apparence de Gerber vient frapper Ă  sa porte et lui dĂ©bite son discours sur l'Ă©tude des ĂȘtres humains. Cruchot croit qu'il s'agit de Gerber, et que ce dernier lui fait une blague, jusqu'Ă  ce que le visiteur fasse une dĂ©monstration de ses pouvoirs. Convaincu autant qu'effrayĂ©, Cruchot dĂ©cide de rĂ©agir, mais lorsqu'il voit son chef rentrer chez lui, il ne sait pas qu'il s'agit en rĂ©alitĂ© du vrai Gerber. La scĂšne oĂč il fait boire de l'huile Ă  l'adjudant, le frappe pour montrer qu'il ne sent pas la douleur et cogne dans son dos pour entendre la rĂ©sonance, sous l'Ɠil Ă©bahi d'une Madame Gerber convaincue du dĂ©rĂšglement de sa santĂ© mentale, est vraiment trĂšs drĂŽle, digne des premiers films de la sĂ©rie. Les scĂšnes suivantes avec la MĂšre SupĂ©rieure continuent sur le mĂȘme chemin de la qualitĂ©. Elles dĂ©butent par la rencontre fortuite avec la religieuse. SƓur Clotilde a l'habitude de se trouver sur le chemin de Cruchot lorsqu'il se trouve en situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, Ă  croire que c'est le Seigneur qui l'envoie... AprĂšs les cascades sur le chemin du couvent, autre tradition toujours aussi drĂŽle et spectaculaire, Cruchot croit se retrouver en sĂ©curitĂ© au sein du couvent, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e impromptue de l'adjudant Gerber, qui est Ă  sa recherche. Afin de lui Ă©chapper, il se dĂ©guise en SƓur Marie Cruchote » !, et lorsqu'on connaĂźt les talents de De FunĂšs pour singer les mimiques des vieilles dames, on se doute que l'on atteint alors le sommet du film. Sur le point d'ĂȘtre dĂ©masquĂ©e, la SƓur » est obligĂ©e de se masquer Ă  moitiĂ© le visage avec sa main tout en faisant une grimace de trĂšs vieille grand-mĂšre ! Pour se justifier, elle n'hĂ©site pas Ă  prĂ©tendre qu'elle a Ă©tĂ© blessĂ©e par la MĂšre SupĂ©rieure d'un terrible coup de poing, joignant le geste Ă  la parole ! "DĂ©barrassĂ©e" de Gerber qu'elle a immobilisĂ© avec d'Ă©normes pinces Ă  linge, notre religieuse improvisĂ©e se retrouve membre de la chorale que Monseigneur a demandĂ© Ă  Ă©couter. Sa voix va intriguer le prĂ©lat et la MĂšre SupĂ©rieure va prĂ©tendre que SƓur Marie Cruchote », qui revient du PĂŽle Nord oĂč elle a Ă©vangĂ©lisĂ© les Esquimaux, a attrapĂ© un coup de froid ! HĂ©las ! La suite du film sera beaucoup moins drĂŽle, et aucun gag n'atteindra le niveau de ces scĂšnes de couvent. POINTS FAIBLES Le premier des points faibles est bien entendu l'absence des comĂ©diens habituels Ă  la sĂ©rie, en particulier de Claude Gensac, mais aussi de Jean LefĂšbvre et de Christian Marin. Le deuxiĂšme est celui de la plupart des films de De FunĂšs aprĂšs sa maladie, c'est-Ă -dire une perte d'enthousiasme et de dynamisme de l'acteur principal, d'ailleurs bien comprĂ©hensible du fait de son vieillissement et de sa maladie. Le troisiĂšme est l'aspect bĂąclĂ© de certains gags pendant la majeure partie du film. Hormis les quelques scĂšnes trĂšs drĂŽles dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©es, le niveau n'atteint jamais les sommets du comique. DĂ©jĂ , la premiĂšre scĂšne ne met pas dans de bonnes dispositions avec cette JosĂ©pha au visage inconnu. Qui plus est, les gendarmes embarquĂ©s dans le coffre par mĂ©garde, la poursuite qui en rĂ©sulte, et l'astuce Ă©culĂ©e de la banderole Perros-Guirec » ne sont pas spĂ©cialement hilarants. Les gendarmes, puis leur chef Gerber, puis le Colonel, qui se mettent Ă  parler en citant des marques, en raison de l'influence lancinante de la publicitĂ©, voilĂ  qui Ă©tait une bonne idĂ©e, mais elle s'avĂšre dĂ©cevante dans son dĂ©veloppement. Les Ă©numĂ©rations sont rapidement lassantes, et l'on se dit alors que si les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, ces sĂ©quences Ă -demi ratĂ©es auraient gagnĂ© Ă  ĂȘtre Ă©courtĂ©es. La seconde partie du film, constituĂ©e des recherches de Cruchot pour capturer un envahisseur et de la contre-attaque finale, comporte quelques gags qui font parfois mouche, comme l'erreur de Cruchot qui croit avoir attrapĂ© une extraterrestre parce qu'il l'a vue en train de boire le contenu d'une bouteille d'huile solaire. En fait, la malheureuse, sous l'emprise de l'alcool, n'avait trouvĂ© que cet endroit pour dissimuler du Cognac et le dĂ©guster Ă  l'insu de son mari. Mais dans l'ensemble, on reste loin du De FunĂšs de la grande Ă©poque. On passe un agrĂ©able moment, certes, donc le film n'est pas un Ă©chec complet, mais agrĂ©able moment » ne signifie pas trĂšs grand moment », ce Ă  quoi Louis de FunĂšs nous avait habituĂ©s. ACCUEIL DopĂ© par la rĂ©putation de la sĂ©rie, le nombre d'entrĂ©es va dĂ©passer les 6 millions. Il s’agira du film le plus vu en France en 1979. Belle rĂ©ponse du berger Ă  la bergĂšre pour ceux qui avaient dĂ©jĂ  enterrĂ© notre Fufu
 C'est la troisiĂšme fois qu'un film de la sĂ©rie des Gendarme est numĂ©ro 1 des entrĂ©es sur un an, aprĂšs Le Gendarme de Saint-Tropez et Le Gendarme se marie. Preuve que Louis de FunĂšs, mĂȘme sur le dĂ©clin, fatiguĂ© et malade, continue Ă  plaire au public. Du cĂŽtĂ© des fans, Le Gendarme et les extraterrestres est gĂ©nĂ©ralement le film de moins apprĂ©ciĂ© de la sĂ©rie. On ne peut blĂąmer les admirateurs de De FunĂšs, car il est vrai que l'on a probablement affaire au moins intĂ©ressant des 6 films, Ă  peu prĂšs Ă  Ă©galitĂ© avec Le Gendarme et les Gendarmettes. En 2006, le chanteur BĂ©nabar a eu des paroles controversĂ©es, que l'on peut trouver ironiques, au sujet de ce film dans la chanson Le dĂźner. S'il s'agissait d'un clin d'Ɠil amical, le moins qu'on puisse Ă©crire est qu'il est trĂšs maladroit. Donc, mĂȘme si Le Gendarme et les extraterrestres est loin d'ĂȘtre un chef-d'Ɠuvre, ce pseudo-artiste sans voix et grand pourvoyeur de daubes a perdu une bonne occasion de se taire... SYNTHÈSE Un film loin de la qualitĂ© de la grande Ă©poque, mais demeurant assez divertissant, et que l'on peut revoir de temps Ă  autre sans se forcer. LES SÉQUENCES CULTES T'as pas vu ? Avalez, c'est une surprise ! Vous souffrez ? Salve Regina Mais y en a lĂ  dedans ! Retour Ă  l'index 4. L'AVARE Production Les Films Christian FECHNERScĂ©nario Jean GIRAULT et Louis de FUNÈS, d'aprĂšs L'Avare de MoliĂšreAdaptation Jean GIRAULT et Louis de FUNÈSDialogues MOLIÈRERĂ©alisation Jean GIRAULT et Louis de FUNÈSMusique Jean BIZET Les mĂ©saventures d'un bourgeois particuliĂšrement avare, depuis ses inquiĂ©tudes pour la cassette de piĂšces d'or enterrĂ©e dans le jardin jusqu'aux ennuis avec ses enfants son fils Ă©pris de la jeune fille pauvre qu'il comptait Ă©pouser lui-mĂȘme, et sa fille amoureuse de son intendant dĂ©sargentĂ©. GENÈSE Grand admirateur de MoliĂšre, Louis de FunĂšs a rĂȘvĂ© pendant des annĂ©es de jouer L'Avare au théùtre. Le rĂŽle d'Harpagon lui avait parfois Ă©tĂ© proposĂ© mais il l’avait toujours refusĂ©, ne se sentant pas prĂȘt Ă  s'attaquer Ă  ce qu'il considĂ©rait comme un monument. AprĂšs sa crise cardiaque, les mĂ©decins lui ont interdit de remonter sur les planches, et lorsqu'Ă  l'aube des annĂ©es 80 il se sent enfin prĂȘt, la seule solution est de transformer la piĂšce en film. ProblĂšme le crĂ©neau n'est guĂšre porteur. NĂ©anmoins, Christian Fechner, le producteur qui a permis Ă  Louis de faire Ă  nouveau du cinĂ©ma aprĂšs sa convalescence, accepte de produire le film, misant sur la popularitĂ© de l'acteur principal, roi du box-office contre vents et marĂ©es, pour annihiler les possibles effets rĂ©pulsifs de l'Ɠuvre de MoliĂšre sur le grand public. Il faut reconnaĂźtre que L'Avare souffre d'ĂȘtre une copie plus pĂąle encore de L'Aulularia, une des piĂšces les moins enthousiasmantes de Plaute, et de ce fait, une des oeuvres les moins rĂ©ussies de MoliĂšre le cruel manque d'action de la piĂšce diluant des thĂšmes pourtant intĂ©ressants Ă©mancipation fĂ©minine, excĂšs du patriarcat, aviditĂ© dĂ©shumanisante... Louis de FunĂšs va enfin pouvoir concrĂ©tiser un de ses rĂȘves, incarner Harpagon. Il est vrai que ce personnage est tout Ă  fait dans les cordes de l'acteur. Dans La folie des grandeurs, le rĂŽle de Don Salluste ressemblait Ă©trangement Ă  celui d'Harpagon. RÉALISATEUR On avait pris l'habitude de voir Claude Zidi rĂ©aliser les comĂ©dies produites par Fechner, mais sur ce tournage De FunĂšs obtient carte blanche et tient Ă  assurer lui-mĂȘme la mise en scĂšne. Comme il ne connaĂźt rien Ă  la technique du cinĂ©ma, il fait appel Ă  son vieil ami Jean Girault pour le seconder. De fait, Girault sera le vĂ©ritable rĂ©alisateur. Michel Galabru a racontĂ© comment Jean Girault se montrait en toute amitiĂ© caustique avec De FunĂšs. Avant le dĂ©but de chaque scĂšne, il lui demandait Bon ! Louis, comment je te prends sur cette scĂšne ? Je fais un travelling ? Ou une contreplongĂ©e ? »... Et le malheureux Fufu, qui ne comprenait rien Ă  ce langage technique, tirait alors la langue dans le dos de Girault ! DÉCORS Le tournage a lieu au cours de l'annĂ©e 1979, essentiellement en studio. ForcĂ©ment, l'adaptation d'une piĂšce de théùtre peut se dispenser de dĂ©cors naturels, limitĂ©s ici Ă  quelques vieilles rues pavĂ©es. VoilĂ  qui ne coĂ»te pas cher, alors que la rĂ©ussite commerciale du film est loin d'ĂȘtre Ă©vidente. On constate un travail intĂ©ressant des dĂ©corateurs, notamment sur la premiĂšre scĂšne avec des reprĂ©sentations de couvertures du livre L'Avare, une piĂšce de MoliĂšre... en guise de murs, aprĂšs une courte introduction sous forme de gros plan sur le texte du dĂ©but de la piĂšce, histoire de montrer que le film le respecte Ă  la lettre. L'ensemble dĂ©note d'une certaine originalitĂ©. Bonne performance Ă©galement de Rosine Delamare sur les costumes d'Ă©poque. La tenue sobre d'Harpagon contraste avec la fantaisie des costumes de ses domestiques. Les autres adultes, et notamment son fils ClĂ©ante, sont vĂȘtus de maniĂšre trĂšs classique. GÉNÉRIQUE On constate l'absence de sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique, fait inhabituel chez les productions Fechner. Il est probable que ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© jugĂ© trop moderne pour l’adaptation d'une piĂšce du théùtre classique. Le film dĂ©bute d'emblĂ©e par le gĂ©nĂ©rique, constituĂ© d'un plan serrĂ© sur Harpagon on ne voit mĂȘme pas son visage, en train d'enterrer sa prĂ©cieuse cassette dans un jardin. Pour plus de sĂ©curitĂ©, il camoufle sous un tas de feuilles un piĂšge Ă  loups, juste au-dessus de la cachette ! CĂŽtĂ© musique, on ne retrouve pas les compositeurs habituels des films de Louis de FunĂšs. Exit les Georges Delerue, Vladimir Cosma ou Raymond LefĂšvre, et bonjour le parfait inconnu Jean Bizet ! Le thĂšme principal ressemble Ă©trangement Ă  la musique majestueuse, style royautĂ©-chĂąteau de Versailles, que l'on entend dans certaines scĂšnes de L'aile ou la cuisse, Ă  croire que Jean Bizet a copiĂ© sur Vladimir Cosma... SCÉNARIO On parlera d'adaptation plutĂŽt que de scĂ©nario, et cette adaptation est tout ce qu'il y a de plus fidĂšle. Louis de FunĂšs a tenu Ă  respecter la piĂšce Ă  la virgule prĂšs, jusque dans les dialogues. Le riche et avare Harpagon a deux enfants. Élise aime ValĂšre, l'intendant de son pĂšre ; ClĂ©ante veut Ă©pouser Marianne, une jeune orpheline pauvre, et ne peut admettre que l'avarice de son pĂšre contrarie ce projet qu'il ignore encore. Harpagon a cachĂ© dans son jardin une cassette remplie d'Ă©cus en or et craint par-dessus tout qu'on la vole. Il se mĂ©fie mĂȘme de ses enfants ! Il veut Ă©pouser Marianne, a promis Élise Ă  Anselme, un riche vieillard qui accepte de l'Ă©pouser sans dot c'est toujours ça de gagnĂ©..., et compte marier ClĂ©ante Ă  une veuve. ValĂšre et Élise, consternĂ©s, songent Ă  fuir ensemble. ClĂ©ante, qui ne peut compter sur Harpagon, veut emprunter de l'argent Ă  un usurier qui impose des conditions inacceptables. Il dĂ©couvre que le prĂȘteur n'est autre que son pĂšre ! Frosine, une entremetteuse manipulatrice, persuade Harpagon, qui hĂ©site Ă  Ă©pouser Marianne en raison du dĂ©nuement de cette derniĂšre, qu'une Ă©pouse sans fortune n'exigera aucune dĂ©pense. Harpagon invite Marianne Ă  dĂźner et se dispute avec MaĂźtre Jacques qui se montre rĂ©ticent face aux Ă©conomies exigĂ©es par son patron concernant le repas. HumiliĂ©, MaĂźtre Jacques ne songe qu'Ă  se venger. Marianne arrive en compagnie de Frosine. Evidemment, elle n'a pas le coup de foudre pour Harpagon... ClĂ©ante arrive Ă  son tour et avoue ses sentiments Ă  Marianne. Les amoureux souhaitent que Frosine raisonne Harpagon mais ce dernier, qui a des soupçons, emploie la ruse pour savoir la vĂ©ritĂ©. Une terrible dispute Ă©clate entre le pĂšre et le fils, et ne cesse que lorsque La FlĂšche, valet du premier, annonce une catastrophe Ă  Harpagon le vol de sa cassette d'Ă©cus - dont il est d'ailleurs l'auteur... pour le compte de ClĂ©ante. Harpagon va trouver la police. SoupçonnĂ©, ValĂšre croit qu'on l'accuse d'avoir sĂ©duit Élise et admet qu'elle est sa fiancĂ©e, ce qui provoque une nouvelle colĂšre de l'Avare. Anselme dĂ©couvre que ValĂšre et Marianne sont en fait ses enfants. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes puisque les jeunes amoureux finissent satisfaits ClĂ©ante va Ă©pouser Marianne et ValĂšre convoler avec Elise. Harpagon finit tout seul... avec sa prĂ©cieuse cassette. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs se glisse dans la peau d'Harpagon, personnage de MoliĂšre cĂ©lĂšbre s'il en est puisque son nom est devenu synonyme d'avarice. Il n'y a pas de reproche particulier Ă  faire Ă  son jeu, trĂšs bon comme Ă  l'accoutumĂ©e. Pour cette aventure inĂ©dite, trĂšs diffĂ©rente de tout ce qu'il avait fait auparavant au cinĂ©ma, Louis a voulu compenser sa mĂ©connaissance de ce genre cinĂ©matographique par une sĂ©curitĂ© Ă  toute Ă©preuve au niveau du rĂ©alisateur avec son complice Jean Girault, mais aussi au niveau des comĂ©diens. Nombre de fidĂšles parmi les fidĂšles se retrouvent au gĂ©nĂ©rique. À commencer par Claude Gensac, interprĂšte de l'entremetteuse Frosine. Michel Galabru tient le rĂŽle de MaĂźtre Jacques, le cuisiner et cocher d'Harpagon. Les autres serviteurs de notre avare sont Brindavoine, incarnĂ© par Guy Grosso, et La Merluche, qu'on retrouve sous les traits de Michel Modo. Ainsi, trois acteurs habituĂ©s des rĂŽles de subordonnĂ©s de De FunĂšs dans son personnage rĂ©current du chef Cruchot se retrouvent en serviteurs d'Harpagon... Autres fidĂšles particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©s par Fufu, Henri GenĂšs dans le rĂŽle du commissaire, lui qui a si souvent jouĂ© les gendarmes Ă  ses cĂŽtĂ©s, et Max Montavon en MaĂźtre Simon. De FunĂšs a toujours trouvĂ© une petite place dans ses films pour cet acteur discret qui n'Ă©tait pas forcĂ©ment trĂšs demandĂ©. C'Ă©tait la grandeur d'Ăąme de Louis que de faire travailler des acteurs peu connus en manque de cachets. Si les domestiques et les personnages hauts-en-couleur sont jouĂ©s par des proches de Louis de FunĂšs, ses enfants et leurs fiancĂ©s ou fiancĂ©es, donc les personnages de jeunes gens sont interprĂ©tĂ©s par des comĂ©diens peu connus que l'on n'a pas souvent vus au cinĂ©ma. La plupart d'entre eux ne se sont pas montrĂ©s particuliĂšrement marquants, simplement ni bons ni trĂšs mauvais. Franck David, c'est ClĂ©ante, le fils d'Harpagon, et HervĂ© Bellon son intendant, dont sa fille est Ă©prise. Sa fille Élise, justement, est interprĂ©tĂ©e par Claire Dupuy, alors que sa fiancĂ©e Marianne, dont ClĂ©ante est amoureux, est jouĂ©e par Anne Caudry. Christian Fechner a amenĂ© quelques-uns des acteurs habituĂ©s de ses tournages Bernard Menez qui interprĂšte La FlĂšche, le valet de ClĂ©ante, et Madeleine BarbulĂ©e, la mĂšre de Marianne rĂŽle qui n'existe pas dans la piĂšce originale. ComplĂštent la distribution Georges Adoubert qui donne vie Ă  Anselme, Micheline Bourday en Dame Claude, une servante, et plusieurs trĂšs petits rĂŽles. TEMPS FORTS Exercice difficile que de trouver quelques points positifs dans ce film indigeste, et mĂȘme carrĂ©ment ratĂ©. Harpagon qui fait semblant de se concentrer sur sa priĂšre, puis quitte l'Ă©glise pour Ă©viter de donner de l'argent Ă  la quĂȘte, et un peu plus tard un tiroir un peu long, arrachent quelques sourires. L'originalitĂ© des dĂ©cors en dĂ©but de film est plombĂ©e par l'ennui indescriptible gĂ©nĂ©rĂ© par la scĂšne jouĂ©e. À part ça, on ne voit pas. Hormis lorsque le film se termine, justement parce que c'est la fin... POINTS FAIBLES C'est tout le film qui est faible, trĂšs faible. Dans ces conditions, on ne recherchera pas de points faibles particuliers car les points sont trop Ă©normes pour ĂȘtre de simples points. L'analyse Ă  mener va consister Ă  dĂ©terminer les causes de l'Ă©chec. On sait que Louis de FunĂšs, par son immense talent, a pu sauver Ă  lui seul certains films Ă  scĂ©narios peu travaillĂ©s. Or, ce n'est pas le cas ici. En fait, la cause principale de l'Ă©chec est la volontĂ© de Louis de FunĂšs de rester trop fidĂšle Ă  une piĂšce Ă  la loquacitĂ© excessive qu'elle paralyse systĂ©matiquement toute action, et en particulier de ne pas modifier les dialogues. En effet, hormis une seule petite coupe, il faut se farcir l'intĂ©gralitĂ© des dialogues originaux. Et ces dialogues sont lourds, trĂšs lourds pour tout spectateur non familier du Français d'antan... La plupart des spectateurs gardent un mauvais souvenir de MoliĂšre Ă  cause des cours de Français au collĂšge et au lycĂ©e, lorsque sa lecture leur est imposĂ©e plus souvent qu'Ă  son tour. Non que l'auteur devenu le symbole de la langue française soit mauvais, il Ă©tait mĂȘme probablement trĂšs bon. On sait que les ressorts du rire varient considĂ©rablement d'une Ă©poque Ă  l'autre, et mĂȘme sur des pĂ©riodes de quelques dĂ©cennies. Dans ces conditions, que de nos jours certaines piĂšces de MoliĂšre arrivent encore Ă  nous faire sourire est rĂ©vĂ©lateur du talent de leur auteur, par ailleurs d'une triste pertinence quant Ă  certains sujets si terriblement d'actualitĂ© de nos jours la sociĂ©tĂ© des apparences dĂ©noncĂ©e dans Le Misanthrope paraĂźt mĂȘme encore plus forte qu'Ă  son Ă©poque. Le problĂšme, c'est que les tournures de l'ancien français, les phrases au passĂ© simple, sans mĂȘme parler des noms dĂ©suets et ridicules comme ClĂ©ante, tuent totalement tous les effets comiques tellement ils introduisent une distanciation avec notre imaginaire d'hommes et de femmes du 21Ăšme siĂšcle, et en particulier notre imaginaire du registre comique. S'il est comprĂ©hensible que Louis de FunĂšs ait voulu adapter la piĂšce telle qu'elle, et si ce fait lui a rapportĂ© des critiques favorables de la part de cinĂ©philes intellectuels qui ne l'avaient point mĂ©nagĂ© auparavant, on ne peut que regretter cet excĂšs de fidĂ©litĂ© du point de vue potentiel comique. Une comĂ©die est faite pour ĂȘtre drĂŽle. Si l'on ne rit pas, elle n'atteint pas son but et c'est donc un Ă©chec. Et ici, il faut ĂȘtre particuliĂšrement bon public pour rire. Le public traditionnel de Fufu attend autre chose que des dialogues alambiquĂ©s Ă  la limite du comprĂ©hensible, qui crĂ©ent un salmigondis indigeste incapable de susciter la moindre hilaritĂ©. Tout commence dĂšs la premiĂšre scĂšne, avec ces dialogues interminables entre jeunes comĂ©diens pas spĂ©cialement talentueux, sans charisme et mĂȘme transparents. Partant de lĂ , le spectateur n'est pas mis dans de bonnes dispositions, et la suite ne va pas l'en faire changer. Le film est donc atteint d'une tare irrĂ©mĂ©diable, celle d'absence de drĂŽlerie, alors que plusieurs scĂšnes auraient pu l'ĂȘtre en les allĂ©geant des phrases emberlificotĂ©es et des tournures en ancien français concoctĂ©es par le sieur Jean-Baptiste Poquelin. Que De FunĂšs n'a-t-il pas fait parler ses personnages Ă  la sauce des annĂ©es contemporaines ! On aurait assistĂ© Ă  un tout autre film, largement Ă  la hauteur des derniers Gendarme, le potentiel comique de certaines scĂšnes Ă©tant Ă©vident. A dĂ©faut, L'Avare n'Ă©chappera au titre de pire film de De FunĂšs devenu vedette qu'en raison de l’existence du calamiteux Sur un arbre perchĂ©. ACCUEIL Le travail d'adaptation de MoliĂšre est saluĂ© par certains critiques intellectuels ou par des comĂ©diens amis de De FunĂšs comme Daniel GĂ©lin. Mais du cĂŽtĂ© du grand public, c'est-Ă -dire la base des fans de Fufu, l'accueil est moins enthousiaste. Le film n'arrive qu'Ă  la douziĂšme place du box-office de l'annĂ©e 1980 avec 2 425 000 entrĂ©es. Il s'agit de la plus faible performance d'un film de Louis depuis qu'il est devenu une tĂȘte d'affiche. Ce n'est pas une catastrophe sur le plan commercial, mais il est clair que l'essentiel des entrĂ©es sont dues Ă  la rĂ©putation de l'acteur principal, nanti d'une base d'admirateurs qui viennent en salles les yeux fermĂ©s dĂšs lors qu'il est Ă  l'affiche. Le bouche-Ă -oreille, lui, n'a pas dĂ» attirer grand-monde, en raison des dĂ©fauts Ă©voquĂ©s, d'oĂč le rĂ©sultat mi-figue, mi-raisin. SYNTHÈSE De FunĂšs-MoliĂšre, l'association a fait flop, pour une pochade dont on aurait pu largement se passer dans la filmographie du gĂ©nial comique. LES SÉQUENCES CULTES La quĂȘte Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ! C'est me faire plaisir ! Elle est encore toute surprise Cent mille Ă©cus en argent comptant. Retour Ă  l'index 5. LA SOUPE AUX CHOUX ScĂ©nario Jean HALAIN, d'aprĂšs le roman de RenĂ© FALLETAdaptation Jean HALAIN, Louis de FUNÈSDialogues Jean HALAINRĂ©alisation Jean GIRAULTMusique Raymond LEFÈVRE Claude Ratinier, dit Le Glaude », sabotier Ă  la retraite, mĂšne une vie tranquille dans le hameau des Gourdiflots au cƓur du Bourbonnais, jusqu'au jour oĂč il reçoit la visite d'un extraterrestre tout droit sorti de sa soucoupe volante. À l'insu de son voisin et ami Francis ChĂ©rasse, dit Le BombĂ© », il initie son Ă©trange visiteur aux dĂ©lices de la soupe aux choux. EnthousiasmĂ©, celui que Ratinier a baptisĂ© La DenrĂ©e » propose Ă  son hĂŽte de l'emmener sur sa planĂšte oĂč il pourra vivre jusqu'Ă  deux cents ans. Mais le Glaude » ne l'entend pas de cette oreille... GENÈSE Lorsque Louis de FunĂšs, aidĂ© de Jean Halain qui se charge de l'adaptation, dĂ©cide de transposer Ă  l'Ă©cran le roman de RenĂ© Fallet appelĂ© La Soupe aux choux, le milieu du cinĂ©ma se montre sceptique, et plusieurs de ses reprĂ©sentants prĂ©viennent De FunĂšs et Halain. Selon eux, Fallet n'est pas adaptable, en particulier Ă  cause de la fameuse sĂ©ance de pĂ©tomanie » qui va engendrer l'arrivĂ©e du visiteur venu de l'espace. Mais De FunĂšs persiste car il a dĂ©celĂ© tout le potentiel qu'il pourrait tirer du personnage du Glaude » et mĂȘme si la critique dite sĂ©rieuse se dĂ©chaĂźnera contre le film, les faits lui donneront raison. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents Auvergnats, certes, mais quand on a passĂ© la plupart de ses vacances d'enfant aux confins du Bourbonnais, on est sans doute plus prĂ©disposĂ© Ă  apprĂ©cier le film que d'autres personnes. La Soupe aux choux n'est pas seulement une histoire gentillette d'amitiĂ© entre un paysan et un extraterrestre, c'est aussi un film presque documentaire sur le mode de vie des paysans du Bourbonnais tels qu'il en restait encore beaucoup dans les annĂ©es 1980, une ode Ă  la simplicitĂ© de la vie dans nos campagnes profondes. Le port des sabots a peu Ă  peu disparu, mais les bĂ©rets, la baguette sous le bras, les litrons de vin rouge afin de boire des canons » restent vivaces. Il est vrai que l'alcool fait des ravages dans cette rĂ©gion comme dans d'autres... Le film est truffĂ© d'expressions typiques de l'Allier et de ses environs, Ă  commencer par la façon de faire prĂ©cĂ©der les noms et prĂ©noms par un le » ou un la ». Cette habitude est assez frĂ©quente dans les campagnes de plusieurs rĂ©gions de France, mais particuliĂšrement prĂ©gnante dans le Bourbonnais. A l'heure oĂč la mondialisation tente d'Ă©craser implacablement tous les particularismes locaux, n'est-il pas plaisant de se plonger dans la dĂ©licieuse ambiance campagnarde tellement française, de dĂ©couvrir ou redĂ©couvrir des mots tels que canon », outil » dans un sens diffĂ©rent de leur signification habituelle..., la pleue », brelot » et tant d'autres ? On peut mĂȘme trouver une interprĂ©tation symbolique au film alors que le roman de Fallet narrait la fin de vie de deux vieillards, la DenrĂ©e apparaĂźt comme une version moderne de la "Grande Faucheuse". Et il est vrai que la planĂšte Oxo semble devoir ĂȘtre un futur Paradis pour nos deux compĂšres... RÉALISATEUR AprĂšs les deux films rĂ©alisĂ©s par Claude Zidi, Louis de FunĂšs termine sa carriĂšre entourĂ© de ses fidĂšles. Ses quatre derniers films sont mis en scĂšne par son vieux complice Jean Girault, ou par lui-mĂȘme aidĂ© par Girault comme sur l'Avare. Le film n'a pas pour but de mettre en valeur le talent particulier de Jean Girault derriĂšre la camĂ©ra. Sur un De FunĂšs, il s'agit avant tout de laisser l'acteur principal s'exprimer Ă  sa guise, le film Ă©tant systĂ©matiquement bĂąti autour de lui. Fufu est parfaitement Ă  l'aise avec Jean Girault qui le laisse diriger les opĂ©rations et s'adapte Ă  son rythme de travail allĂ©gĂ©, Ăąge et antĂ©cĂ©dents cardiaques obligent. DÉCORS Le film est censĂ© se dĂ©rouler Ă  Jaligny-sur-Besbre, chef-lieu de canton de l'Allier. En fait, le tournage s'est dĂ©roulĂ© en Seine-et-Marne. Le village de Champeaux a servi de cadre aux prises de vues des scĂšnes situĂ©es Ă  Jaligny ». Concernant le hameau des Gourdiflots, la maison du Glaude » et celle du BombĂ© » ont Ă©tĂ© construites spĂ©cialement dans un champ situĂ© Ă  l'extĂ©rieur du village de Bombon, non loin de la maison de retraite du chĂąteau de Montjay. Elles ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©es aprĂšs le tournage. La reconstitution de l'univers de nos deux paysans s'avĂšre trĂšs satisfaisante le puits, les remises, les tables en bois, la photo de la femme de Ratinier et la mĂšche de cheveux qu'il a conservĂ©e aprĂšs sa mort, le bonnet de nuit, les casseroles de soupe, la soupe au vin mangĂ©e de bon matin, tout ceci fleure bon la campagne bourbonnaise. La crĂ©ation de la soucoupe volante de La DenrĂ©e » a nĂ©cessitĂ© quatre mois de travail. C’est Guy DelĂ©cluse, qui avait créé le dĂ©cor de la planĂšte Krypton dans Superman, l’auteur de cet engin sympathique et bon enfant. GÉNÉRIQUE Si une certaine facilitĂ© est observable concernant la mise en scĂšne, trĂšs critiquable, il faut souligner le trĂšs bon travail rĂ©alisĂ© pour les gĂ©nĂ©riques tant au niveau du graphisme qu'au niveau musical. Autant les musiques entendues dans la sĂ©rie des Gendarme prĂ©sentent des insuffisances, autant Raymond LefĂšvre a trouvĂ© une Ă©lĂ©gante solution pour dĂ©livrer un excellent thĂšme dans un registre oĂč on ne l'attendait pas. En effet, qui dit science-fiction - et c'en est bien ici quoique on puisse penser, relevant plus d'un traitement français plus poĂ©tique que le sĂ©rieux anglo-saxon plus oppressant - dit musique Ă©lectronique. ProblĂšme on ne voit pas bien le rapport entre le traditionaliste Raymond LefĂšvre et la musique Ă©lectronique, qui relĂšve d'une certaine modernitĂ©. Pourtant, LefĂšvre va avoir l'idĂ©e gĂ©niale de composer un thĂšme dont la mĂ©lodie Ă©voque les thĂšmes populaires auvergnats, et de l'orchestrer aux synthĂ©tiseurs. Effet immĂ©diat c'est un thĂšme qui, encore aujourd'hui, reste irrĂ©mĂ©diablement un marqueur puissant du film. Et quand une musique reste ainsi dans les mĂ©moires, c'est qu'elle est rĂ©ussie. L'on remarque l'adresse de la solution de LefĂšvre qui expose la thĂ©matique du film le thĂšme populaire reprĂ©sente le cĂŽtĂ© campagnard du film, l'orchestration, la "modernitĂ©" apportĂ©e par l'extra-terrestre. Satisfaction aussi avec les thĂšmes intermĂ©diaires, pour partie recyclĂ©s du Gendarme et les extraterrestres, ce qui Ă©tait Ă©videmment fort tentant... Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but montre Ratinier se dĂ©plaçant entre le hameau des Gourdiflots et Jaligny, alors que la peur d'ĂȘtre atteint par le diabĂšte le pousse Ă  aller consulter un mĂ©decin. Le gĂ©nĂ©rique de fin ne donne pas envie d'interrompre la diffusion avec la vue sur la soucoupe emmenant ChĂ©rasse, Ratinier, et La DenrĂ©e » sur la planĂšte Oxo, au son de la marche brune des chevaliers de la Lune », puis de la reprise du gĂ©nĂ©rique de dĂ©but. SCÉNARIO L'adaptation de Jean Halain et Louis de FunĂšs est fidĂšle au roman, jusque dans les dialogues souvent conservĂ©s tels quels, mĂȘme si, durĂ©e du film oblige, certaines scĂšnes n'ont pu ĂȘtre adaptĂ©es ou ont Ă©tĂ© coupĂ©es au montage. La bande-annonce du film elle-mĂȘme comporte des scĂšnes non retenues, ou diffĂ©rentes de la version dĂ©finitive. C'est la sixiĂšme et ultime fois que De FunĂšs participe Ă  l'adaptation d'un scĂ©nario. Jaligny-sur-Besbre est un chef-lieu de canton de l'Allier, peuplĂ© de moins de mille habitants. Le hameau des Gourdiflots est quant Ă  lui imaginaire. Il serait situĂ© assez loin du village, et abandonnĂ© de tous. De tous ? Non, car une poignĂ©e d'habitants le font encore vivre, parmi lesquels deux retraitĂ©s, voisins, cousins, et amis. Claude Ratinier, Le Glaude », est un sabotier Ă  la retraite. Veuf, il vit chichement, sans mĂȘme utiliser l'eau courante installĂ©e autrefois sur demande de sa femme, car il est attachĂ© Ă  l'eau fraĂźche de son puits. A vrai dire, cette eau lui sert avant tout Ă  accompagner son pastis quotidien car Le Glaude » aime surtout le vin rouge, dont il boit cinq Ă  six litres par jour. Comme tout bon paysan du Bourbonnais, il mange de la soupe au pain et aux choux. Son compĂšre Francis ChĂ©rasse, surnommĂ© Cicisse », ou Le BombĂ© » parce qu'il est bossu, est un puisatier cĂ©libataire, lui aussi retraitĂ©. Tout comme Le Glaude », il porte des sabots, aime le pastis et les canons », c'est-Ă -dire les coups de vin rouge dont il fait une consommation aussi importante que son acolyte. Il n'a pas l'eau courante car il n'a jamais eu de femme pour la lui demander... Un article lu dans La Montagne, le quotidien local, persuade Ratinier qu'il est atteint par le diabĂšte, et qu'en raison de facteurs hĂ©rĂ©ditaires, il risque de perdre ses deux yeux. Il va consulter un mĂ©decin qui se rĂ©vĂšle effarĂ© par sa consommation quotidienne d'alcool et ne lui autorise qu'une chopine par jour. L'influence du BombĂ© » le pousse Ă  abandonner sur le champ ce rĂ©gime bien trop draconien. Un soir, alors que les deux amis prennent le frais devant chez eux, Ratinier se plaint de la disparition de son Ă©pouse qu'il va voir tous les jours au cimetiĂšre et lui manque Ă©normĂ©ment. Pour le consoler, le BombĂ© » lui propose de se livrer Ă  un concours de pets tous plus bruyants et malodorants... les uns que les autres. Rien de plus facile lorsqu'on se nourrit surtout de soupe aux choux... Peu aprĂšs, nos paysans vont se coucher, et c'est alors que surgit une soucoupe volante dont l'unique occupant se prĂ©sente devant la maison du Glaude ». AlertĂ©, le BombĂ© » sort de chez lui, mais l'extraterrestre le neutralise avec un appareil qui l'endort profondĂ©ment. AprĂšs avoir cru son meilleur ami mort, Ratinier est rassurĂ© par ses ronflements et invite l'envahisseur Ă  entrer chez lui. La conversation n'est pas facile car le nouveau venu ne s'exprime que par gestes et par des espĂšces de gloussements. Le Glaude » finit par comprendre que l'extraterrestre a Ă©tĂ© attirĂ© par les bruits du concours de gaz intestinaux qu'il a enregistrĂ©s et lui fait Ă©couter. Il a cru qu'il s'agissait d'un appel. EffarĂ©, Ratinier propose un canon » au visiteur, mais celui-ci refuse. Visiblement affamĂ©, il accepte en revanche de manger de la soupe aux choux et semble se rĂ©galer. Il demande Ă  en emporter sur sa planĂšte, et son hĂŽte ne se fait pas prier pour lui en donner une bonne ration. AprĂšs son dĂ©part, Le BombĂ© » se rĂ©veille et affirme avoir vu une soucoupe volante, mais son ami, de fort mauvaise foi, lui cache la vĂ©ritĂ© et prĂ©tend qu'il a fait un cauchemar en raison d'une indigestion de pied de cochon. Le lendemain, Cicisse » devient la risĂ©e de tout Jaligny en racontant son histoire de soucoupe, Ă©videmment mise sur le compte d'un excĂšs de vin rouge. Les gendarmes ne croient pas non plus Ă  son histoire pourtant confirmĂ©e par une voisine, hĂ©las ! arriĂ©rĂ©e mentale. Les autoritĂ©s pensent que les soucoupes volantes ne sont que des divagations de bredins » dĂ©biles mentaux dans le langage bourbonnais et d'alcooliques. De retour chez lui, Le BombĂ© », mortifiĂ©, manifeste l'intention de se pendre. Inquiet, Le Glaude » sabote la corde pour faire Ă©chouer la tentative, et ChĂ©rasse, qui s'est fait mal en retombant sur la partie charnue de son anatomie, prĂ©fĂšre abandonner ses idĂ©es morbides pour aller se coucher. Quelques nuits plus tard, l'extraterrestre est de retour, et c'est une surprise pour Ratinier puisque, dĂ©sormais, il parle ! Il a appris le langage terrien en Ă©coutant parler les gens de Jaligny, et s'exprime donc Ă  leur maniĂšre, avec les mĂȘmes expressions et le mĂȘme accent paysan. Il explique qu'il vient de la planĂšte Oxo, une toute petite planĂšte inconnue des Terriens et qui ne compte que deux mille habitants qui vivent tous jusqu'Ă  l'Ăąge de deux cents ans sans quasiment changer d'apparence du dĂ©but Ă  la fin, car ça ne sert Ă  rien de changer d'apparence ». Les habitants d'Oxo ont dĂ©clarĂ© la soupe aux choux dangereuse » ce qui provoque la fureur du Glaude », mais l'extraterrestre, dĂ©sormais appelĂ© La DenrĂ©e », le rassure en lui expliquant que c'est parce qu'elle est bonne qu'elle est dangereuse. Les Oxiens forment une civilisation parfaite, qui ignore ce qu'est le plaisir, et se nourrissent d'extraits minĂ©raux. Ils veulent s'assurer que la soupe ne prĂ©sente aucun risque de dĂ©cadence » et de ramollissement des esprits ». Avant de repartir avec sa ration de soupe, La DenrĂ©e » est intriguĂ© par la photo de mariage du Glaude » et par la Francine, la dĂ©funte Ă©pouse de son hĂŽte. Il demande Ă  Ratinier si ça lui ferait plaisir de revoir la Francine, mais ce dernier se fĂąche et lui assĂšne que les morts doivent ĂȘtre respectĂ©s. Au cours de la nuit, un astronef dĂ©pose non loin des Gourdiflots une jeune femme de vingt ans il s'agit de la Francine, telle qu'elle Ă©tait lors de son mariage avec Le Glaude » ! Elle rentre aussitĂŽt chez elle et son mari est stupĂ©fait de ce retour pour le moins inattendu. La diffĂ©rence d'Ăąge ne facilite pas les rapports entre les deux Ă©poux. Ravie de se voir offrir une seconde vie, la Francine ne veut pas la passer Ă  laver le linge dans la riviĂšre, ni Ă  faire le mĂ©nage et Ă  prĂ©parer les repas. Elle souhaite avant tout s'amuser. De plus, Le Glaude » n'est mĂȘme plus autorisĂ© Ă  la voir nue, ni Ă  l'arranger » ! InitiĂ©e Ă  la vie moderne par une fille de son Ăąge, voilĂ  la Francine habillĂ©e Ă  la derniĂšre mode au grand dam de Ratinier. Elle manifeste l'intention de prendre un bain de soleil et passe Ă  l'acte, ce qui scandalise son mari. Une dispute Ă©clate et la Francine assĂšne alors Ă  son Glaude » qu'elle l'a trompĂ© avec Le BombĂ© » pendant qu'il Ă©tait prisonnier de guerre. La Francine part au bal, et Le Glaude » empoigne une carabine, bien dĂ©cidĂ© Ă  rĂ©gler ses comptes avec l'infĂąme Cicisse ». AprĂšs avoir niĂ©, Le BombĂ© » finit par avouer sa liaison avec la Francine sous la menace du fusil. Se jugeant indigne de son pardon, il invite Le Glaude » Ă  lui tirer dessus, mais ce dernier, un peu calmĂ© par ses aveux, dĂ©clare qu'on n'est pas cocu des quarante ans aprĂšs », et les deux amis se rĂ©concilient en buvant un canon ». Le dĂ©part de la Francine pour Paris avec un bellĂątre soulage Ratinier qui n'avait plus du tout les mĂȘmes idĂ©es que sa femme, mĂȘme s'il lui reste trĂšs attachĂ© et lui souhaite beaucoup de bonheur. La troisiĂšme visite de La DenrĂ©e » provoque la colĂšre du Glaude » il apprend que les Oxiens ont dĂ©couvert que la soupe aux choux Ă©tait une soupe nommĂ©e plaisir », qu'il vont mettre le sourire Ă  l'essai, que c'est une rĂ©volution, et qu'ils invitent Le Glaude » Ă  s'installer sur leur planĂšte, oĂč il pourra faire pousser les choux et les lĂ©gumes pour la soupe, et vivra jusqu'Ă  deux cents ans ! Ratinier refuse d'abandonner ChĂ©rasse et son chat. Pour le convaincre, La DenrĂ©e » lui propose de les emmener eux aussi afin qu'ils vivent jusqu'Ă  deux cents ans, et accepte de boire un canon », ce qu'il avait toujours refusĂ© auparavant. L'alcool lui monte Ă  la tĂȘte et il Ă©met des projets grandiloquents. Le Glaude » le renvoie dans sa soucoupe sans accepter sa proposition. NĂ©anmoins, La DenrĂ©e » laisse un Ă©metteur-rĂ©cepteur Ă  sa disposition afin de pouvoir entrer en contact avec lui Ă  tout moment, au cas oĂč il changerait d'avis. Peu de temps aprĂšs, ChĂ©rasse et Ratinier reçoivent la visite du maire. Passablement mĂ©galomane, l'Ă©dile leur annonce que l'heure de l'expansion Ă©conomique gĂ©nĂ©ratrice d'emplois » est arrivĂ©e, et qu'on va construire Ă  Jaligny, non seulement un lotissement, mais un parc d'attractions installĂ© au hameau des Gourdiflots ! Il souhaite reloger les deux vieillards ailleurs et remplacer leurs maisons et terrains par un parking et par le Rocher aux singes » ! Nos amis refusent et renvoient le maire qui se fĂąche et les prĂ©vient qu'Ă  dĂ©faut de pouvoir les expulser en raison de leur Ăąge et de leur Ă©tat de santĂ©, le parc sera construit tout autour de chez eux, que le bruit et les visiteurs seront insupportables et qu'il leur mĂšnera la vie dure afin de les faire crever le plus vite possible » ! En effet, l'ouverture du parc d'attractions rend la vie de nos paysans impossible. ProtĂ©gĂ©s par des grilles, les visiteurs les prennent pour une attraction et leur lancent des cacahuĂštes. ExaspĂ©rĂ©, Le Glaude » dĂ©cide d'accepter la proposition de La DenrĂ©e ». Il reprend contact avec lui grĂące Ă  l'Ă©metteur-rĂ©cepteur, le prĂ©sente au BombĂ© » et, dĂšs la nuit suivante, les deux amis partent pour de bon dans la soucoupe de l'extraterrestre, en direction de la planĂšte Oxo. Une escadrille d'astronefs s'empare de leurs maisons et des terrains environnants afin de les emmener eux aussi sur Oxo. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs, bien qu'en fin de carriĂšre et fatiguĂ©, montre l'Ă©tendue de son talent dans ce rĂŽle de petit paysan arriĂ©rĂ© Ă  l'opposĂ© total des personnages qu'il a l'habitude d'incarner. La coutume pour Fufu, du moins depuis qu'il est devenu une vedette de premier plan, ce sont les rĂŽles de chefs d'entreprise, de personnages importants, ou de reprĂ©sentants de l'ordre, gĂ©nĂ©ralement citadins. Il parvient Ă  se montrer convaincant dans l'interprĂ©tation du Glaude », ce qui est mĂ©ritoire. Évidemment, il ne sait pas marcher avec des sabots, mais il ne faut pas trop en demander... En tous cas, on n'a aucune peine Ă  le prendre pour un vrai paysan. A noter que ce rĂŽle est une sorte de retour aux sources pour Louis de FunĂšs, car lorsqu'il n'Ă©tait encore qu'un acteur sans notoriĂ©tĂ©, il interprĂ©tait parfois des rĂŽles de petits paysans, de braconniers, dans des films du style Ni vu, ni connu. Avec Jean Carmet, Fufu a trouvĂ© le partenaire idĂ©al pour le rĂŽle du BombĂ© ». Il est vrai que ce type de personnages est dĂ©jĂ  beaucoup plus dans le registre assez terroir » de Carmet que dans les classiques de De FunĂšs, mais la qualitĂ© de l'interprĂ©tation de ce trĂšs bon acteur est Ă  mettre en relief. Pour le personnage de La DenrĂ©e », on s'attendait Ă  retrouver Maurice Risch qui semblait ĂȘtre l’acteur idoine pour le rĂŽle et avec qui Louis de FunĂšs avait l'habitude de travailler. Mais c'est finalement Jacques Villeret qui hĂ©rite de ce personnage farfelu, vĂȘtu d'une combinaison rouge et jaune. HabituĂ© aux rĂŽles de benĂȘts, Villeret, de son vrai nom Mohammed Boufroura, n'a aucun mal Ă  endosser le costume de cet extraterrestre naĂŻf et iconoclaste. Son talent Ă©clate au grand jour dans cette comĂ©die oĂč il se montre parfait en tous points. Le film est donc servi par un trio d'acteurs principaux vraiment excellents. Jacques Villeret a racontĂ© que Louis de FunĂšs dirigeait tout sur le tournage du film. Il savait ce qu'il voulait et quand il n'Ă©tait pas satisfait, il avait tendance Ă  taper du pied. Avant le dĂ©but du tournage, De FunĂšs l'avait prĂ©venu du risque qu'il prenait sur ce film, en ces termes Cela peut ĂȘtre trĂšs bien pour vous, mais ça peut aussi ĂȘtre la fin de votre carriĂšre. » Dans la vraie vie », De FunĂšs et Villeret Ă©taient Ă  l'inverse de leurs personnages. Alcoolique dans le film, Louis n'avait pas droit Ă  l'alcool en raison de son rĂ©gime, alors que Jacques Villeret, trĂšs sobre dans le rĂŽle de La DenrĂ©e » Ă  l'exception d'une scĂšne..., Ă©tait alcoolique depuis des annĂ©es, ce qui fĂ»t probablement la cause de son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă  l'Ăąge de 55 ans. La distribution fĂ©minine produit un cruel contraste tellement elle souffre de la comparaison par rapport aux acteurs masculins principaux. Christine Dejoux n'est pas naturelle dans le rĂŽle de la Francine. On voit que ce n'est pas une vraie paysanne, et elle a du mal Ă  parler Ă  la maniĂšre bourbonnaise. On n'en apprĂ©cie que plus le jeu des trois acteurs majeurs... Sa collĂšgue GaĂ«lle Legrand, dĂ©jĂ  beaucoup plus jolie, est nettement plus Ă  l'aise dans la peau de Catherine Lamouette, la chtite » Lamouette, comme dit Ratinier. Dommage que son rĂŽle ne soit pas plus dĂ©veloppĂ©, et surtout qu'elle n'ait pas Ă©tĂ© choisie Ă  la place de Christine Dejoux pour incarner la Francine. Ces deux actrices, qui n'ont jamais acquis une grande notoriĂ©tĂ©, ont Ă©galement Ă©tĂ© vues ensemble dans Viens chez moi, j'habite chez une copine avec Michel Blanc, un film que Louis de FunĂšs avait beaucoup apprĂ©ciĂ©. Que dire de la prestation de Claude Gensac en arriĂ©rĂ©e mentale ? Pas franchement mauvaise, mais elle en fait trop, et sa tenue de paysanne innocente est vraiment exagĂ©rĂ©e. Quand on a connu Gensac en femme Ă©lĂ©gante et distinguĂ©e de Louis de FunĂšs, ce rĂŽle a du mal Ă  passer. AprĂšs le personnage caricatural de Marguerite dans L'aile ou la cuisse, la malheureuse n'est vraiment pas mise en valeur dans les ultimes films de Fufu... AbonnĂ© aux films de De FunĂšs, l'excellent Henri GĂ©nĂšs interprĂšte avec talent le brigadier de gendarmerie comme dans Le Corniaud. On a toujours plaisir Ă  le retrouver mĂȘme si son accent mĂ©ridional Ă©tait plus adaptĂ© pour la brigade de Carcassonne du Corniaud que pour celle de Jaligny-sur-Besbre dans l'Allier. Marco Perrin est trĂšs bon en maire expansif et mĂ©galomane, particuliĂšrement cruel avec ChĂ©rasse et Ratinier qu'il considĂšre comme des poids morts ». NĂ© Jean Marco Markovitch, cet acteur d’origine serbe a vu sa carriĂšre s’interrompre peu de temps aprĂšs ce film, lorsqu’en 1983, alors ĂągĂ© de 56 ans, il fut frappĂ© d’hĂ©miplĂ©gie. On arrive ensuite aux trĂšs petits rĂŽles. Le fidĂšle Max Montavon laisse tomber les compositions de maniĂ©rĂ©s pour incarner un paysan, frĂšre d'AmĂ©lie Poulangeard, la voisine simple d'esprit mais pas aveugle puisqu'elle s'est trĂšs bien rendu compte du manĂšge menĂ© par Le Glaude » et La DenrĂ©e ». La patronne de L'HĂŽtel de France a pour interprĂšte Perrette Souplex, et l'inattendu Philippe Brizard compose en Guillaume, le chti Guillaume » que Ratinier a connu tout bĂ©bĂ©, un facteur paysan trĂšs rĂ©aliste, toujours prĂȘt Ă  boire un canon » avec les destinataires de ses lettres. Philippe Ruggieri ne joue qu'un rĂŽle mineur, celui du nouveau fiancĂ© de la Francine. Ce godelureau suscite la mĂ©fiance du Glaude » qui conseille Ă  sa chĂšre Francine de se mĂ©fier. Absent Ă  l'Ă©cran, Jean-Pierre Rambal se contente de jouer le narrateur en dĂ©but du film, histoire de situer le contexte. TEMPS FORTS La premiĂšre moitiĂ© du film, avant le retour de la Francine, est la meilleure. C'est la pĂ©riode des dĂ©couvertes dĂ©couverte du mode de vie de ChĂ©rasse et Ratinier, dĂ©couverte de La DenrĂ©e » et des fondamentaux de la planĂšte Oxo. La premiĂšre scĂšne, celle du diabĂšte et du rĂ©gime, est non seulement trĂšs rĂ©ussie, mais constitue aussi un parfait avant-goĂ»t de la tonalitĂ© du film, du moins lors de sa premiĂšre partie. De FunĂšs peut s'en donner Ă  cƓur joie dans le registre grimacier avec le passage oĂč il mime les membres de sa famille atteints par le diabĂšte et contraints de se faire enlever un Ɠil. Au retour de chez le mĂ©decin, Ratinier, pĂ©tri de bonnes intentions, refuse l'invitation de ChĂ©rasse, dĂ©sireux de boire un pastis avec lui. AprĂšs plusieurs gestes de mĂ©pris explicites, Le Glaude » n'en peut plus et cĂšde brusquement aux provocations du BombĂ© ». Il se rattrape en buvant plusieurs verres de perniflard » d'affilĂ©e ! La mauvaise foi du Glaude » lorsque Le BombĂ© » affirme avoir vu une soucoupe permet Ă  De FunĂšs d'exprimer tout son potentiel, immense en ce domaine, et de renouer avec son personnage de dominant persĂ©cuteur. La dĂ©couverte du mode de vie des habitants d'Oxo est un autre trĂšs bon moment grĂące Ă  l'air effarĂ© du Glaude » face Ă  certains aspects des habitudes oxiennes ». Lorsque La DenrĂ©e » affirme qu'il a soixante-dix ans, tout comme son hĂŽte, Ratinier a du mal Ă  le croire, mais l'Ă©trange visiteur lui explique que, sur sa planĂšte, les habitants restent jeunes pendant toute leur vie - Ça ne sert Ă  rien de changer d'apparence...- Ah ! Ben, c'est sĂ»r que ça ne sert Ă  rien... Mais nous, on ne nous demande pas notre avis, il faut qu'on y passe. Tiens, regarde !... »Et Le Glaude » de montrer son crĂąne dĂ©garni, puis de miner le visage grimaçant d'une grand-mĂšre, avec une moue irrĂ©sistible ! Trouvaille intĂ©ressante, l'espĂšce de mannequin Ă  l'effigie du brigadier de gendarmerie que ce dernier utilise pour Ă©viter d'Ă©couter pendant de longues minutes les divagations de l'innocente. Une impulsion sur la tĂȘte et il se met Ă  osciller de haut en bas comme si le gendarme Ă©coutait attentivement en faisant oui » de la tĂȘte, et l'arriĂ©rĂ©e mentale qui ne se rend compte de rien ! La sĂ©quence la plus intĂ©ressante de la deuxiĂšme partie, celle du retour de la Francine, est l'explication mouvementĂ©e entre ChĂ©rasse et Ratinier au sujet de la liaison entre la Francine et Le BombĂ© » pendant que Le Glaude » Ă©tait prisonnier de guerre. Le BombĂ© » n'est pas au courant du retour de la Francine et ne comprend pas comment son acolyte a pu apprendre la chose. Il dĂ©cide dans un premier temps de nier en bloc. Furieux, Ratinier charge son fusil avec une cartouche pour le sanglier et un autre pour l'Ă©lĂ©phant. ChĂ©rasse avoue alors, non sans s'ĂȘtre renversĂ© son bol de soupe au vin sur la tĂȘte en levant les mains en l'air. On constate qu'il mange de la soupe au vin dĂšs son petit-dĂ©jeuner, pris au lit. Autre dialogue intĂ©ressant, cette fois entre la Francine et son mari - Il est oĂč, mon vĂ©lo ?- Vendu !- Vendu ?- Il est rare qu'on pĂ©dale dans les cercueils...- DorĂ©navant, tu ne m'arrangeras plus. Et tu passeras un coup par terre pendant que je serai absente !- T'as pas le droit de me parler comme ça ! Quand mĂȘme, je t'ai portĂ© des pĂ©tunias au cimetiĂšre, de beaux gĂ©raniums... Il faut quand mĂȘme que tu saches que si t'es en vie, c'est grĂące Ă  moi. Si j'avais pas pĂ©tĂ©, tu serais pas lĂ  ! Parce que quand je pĂšte, La DenrĂ©e » rĂ©chappe tout de suite dans sa soucoupe volante !- Eh ben... T'as dĂ» en vider des tonneaux de vin rouge pendant que j'Ă©tais pas lĂ ...- J'avais pas bu, j'ty jure ! Depuis que t'es morte, j'ai pas un bu un seul canon... ! » La troisiĂšme partie, constituĂ©e de la proposition de dĂ©part de La DenrĂ©e », refusĂ©e et finalement acceptĂ©e du fait de la construction du parc de loisirs, comporte Ă©galement son lot de bons moments avec un Marco Perrin parfait dans le rĂŽle du maire. VexĂ© par le refus de ChĂ©rasse et Ratinier de quitter les Gourdiflots, il part en les abreuvant de menaces Si vous n'Ă©tiez pas vieux et malades, il y a longtemps que je vous aurais fait exproprier. Mais ne rigolez pas trop vite, ChĂ©rasse et Ratinier, on finira par y arriver. En attendant, les bulldozers et les pelleteuses, ça va vous ronfler aux oreilles ! Je vous ferai crever, moi ! Vieux fossiles... » Et plus tard, lorsque Le Glaude » et Le BombĂ© » sont persĂ©cutĂ©s par les touristes Je vous l'avais bien dit que je vous ferais crever, vieux fossiles ! Et quand vous serez au cimetiĂšre, la commune, dĂ©barrassĂ©e de ses poids morts, pourra enfin ouvrir les ailes de l'expansion Ă©conomique ! Vieux dĂ©bris !... » POINTS FAIBLES MalgrĂ© quelques passages intĂ©ressants, le gros point faible du film est la seconde partie, celle du retour de la Francine. La prestation ratĂ©e de Christine Dejoux, absolument pas crĂ©dible en paysanne, et qui ne semble pas avoir suffisamment travaillĂ© le rĂŽle, est pour beaucoup dans cet Ă©chec qui, heureusement, ne dure qu'une vingtaine de minutes. On note de nombreuses insuffisances dans la mise en scĂšne. Par exemple, lorsque Ratinier se rend chez le mĂ©decin, la plaque apposĂ©e Ă  l'entrĂ©e du cabinet ne comporte que la seule inscription Docteur » !. Il n'a pas de nom, le docteur ? Concernant la scĂšne la plus emblĂ©matique, celle de la sĂ©ance de pĂ©tomanie », c'est aussi la plus contestĂ©e, celle qui a fait se dĂ©clencher les foudres des critiques. Pourtant, elle n’a pas Ă©tĂ© traitĂ©e de façon vulgaire, et la classe de Fufu fait beaucoup pour la rendre drĂŽle. Si elle ne mĂ©rite pas la curĂ©e qu'elle a subie, elle ne constitue pas non plus le sommet du film, ni mĂȘme un de ses points forts. NĂ©anmoins, il serait dommage de ne retenir de La Soupe aux choux que cette scĂšne, certes marquante mais pas essentielle. ACCUEIL L'ensemble des critiques vont assassiner le film, essentiellement en raison de la sĂ©ance de pĂ©tomanie », jugĂ©e vulgaire », mais aussi parce qu'ils n'ont pas compris, ni apprĂ©ciĂ© son aspect comĂ©die paysanne ». L'originalitĂ© du thĂšme de la rencontre entre un extraterrestre, symbole de la science, de l'avenir, de la modernitĂ©, et un paysan traditionaliste vivant dans un des coins les plus reculĂ©s de France n'a pas suffi Ă  susciter l'intĂ©rĂȘt de la poignĂ©e de prĂ©tendus spĂ©cialistes du cinĂ©ma qui en fait ne reprĂ©sentent qu'eux-mĂȘmes. En revanche, le public a Ă©tĂ© au rendez-vous. Certes, l'impact des critiques dĂ©favorables, et du dĂ©sastreux L'Avare qui a prĂ©cĂ©dĂ©, ont abaissĂ© les entrĂ©es Ă  trois millions de personnes. Pour un film de Louis de FunĂšs, on peut trouver que c'est faible, mais compte tenu du contexte gĂ©nĂ©ral trĂšs dĂ©favorable au film et de la baisse globale de qualitĂ© des films de Fufu depuis sa maladie, qui finit forcĂ©ment par avoir des rĂ©percussions, ce rĂ©sultat est globalement trĂšs satisfaisant. SYNTHÈSE De FunĂšs-Fallet, De FunĂšs-Villeret, l'extraterrestre et le paysan autant de rencontres improbables qui ont abouti Ă  un film agrĂ©able, imprĂ©gnĂ© de l'authenticitĂ© des campagnes françaises. LES SÉQUENCES CULTES Les bonnes femmes, il leur faut tout le confort moderne maintenant. Écoute donc voir... Gamin, on attaque ! On voit tes deux nichons, comme si tu avais le cul Ă  l'air. Elle a jamais fait crever personne ma soupe ! Retour Ă  l'index 6. LE GENDARME ET LES GENDARMETTES Production SociĂ©tĂ© Nouvelle de CinĂ©matographieScĂ©nario Jacques VILFRIDAdaptation Jacques VILFRID, Jean GIRAULT, GĂ©rard BEYTOUTDialogues Jacques VILFRIDRĂ©alisation Jean GIRAULT et Tony ABOYANTZMusique Raymond LEFÈVRE La cĂ©lĂšbre brigade de gendarmerie de Saint-Tropez, qui vient d'emmĂ©nager dans de nouveaux locaux, reçoit le renfort de quatre stagiaires fĂ©minines dont elle devra assurer la formation. Les jeunes femmes sont enlevĂ©es tour Ă  tour par un espion dĂ©sireux de s'emparer de leurs bracelets sur lesquels se trouve le code d'accĂšs au nouveau super-ordinateur de la brigade, dĂ©tenteur de secrets militaires que le malfaiteur espĂšre vendre au plus offrant. GENÈSE Le Gendarme et les Extraterrestres a Ă©tĂ© un tel succĂšs commercial que plusieurs projets de nouveaux films avec les personnages créés par Richard Balducci voient le jour, sans qu'aucun ne se concrĂ©tise rapidement. Il est mĂȘme envisagĂ© une suite Ă  l'opus prĂ©cĂ©dent, intitulĂ©e Le Gendarme et le retour des extraterrestres. Louis de FunĂšs voudrait tourner cette suite sous forme de film muet, un genre auquel on sait qu'il s'intĂ©resse particuliĂšrement. Il est curieux qu'aucun projet de suite n'ait abouti compte tenu de rĂ©el succĂšs de la derniĂšre aventure des gendarmes. Finalement, le sixiĂšme et dernier film de la sĂ©rie ne sera tournĂ© que trois ans aprĂšs le prĂ©cĂ©dent, et sera trĂšs diffĂ©rent puisqu'il donnera Ă  nos reprĂ©sentants de la Loi des collĂšgues fĂ©minines. Il n'Ă©tait pas Ă©vident de trouver une histoire originale aprĂšs avoir mis nos gendarmes aux prises avec des envahisseurs venus de l'espace. Cette fois-ci, on redescend sur Terre avec un scĂ©nario qui surfe sur les tendances du moment. Nous sommes en 1982 et l'heure est au changement ». Hormis l'exploitation du thĂšme de l'Ă©mergence des femmes dans diverses activitĂ©s professionnelles - toutefois trĂšs imparfaitement traitĂ© dans le film - le scĂ©nario fait une allusion discrĂšte, mais Ă©vidente, au changement » qui s'est produit l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente avec l'arrirvĂ©e de la gauche au pouvoir lorsque Cruchot envisage des sanctions sĂ©vĂšres Ă  l'encontre d'un de ses hommes qui a utilisĂ© l'ordinateur de la brigade Ă  des fins personnelles afin d'obtenir les coordonnĂ©es d'une belle SuĂ©doise, le colonel l'en dissuade aussitĂŽt. Il constate d'un air rĂ©signĂ© que chouchouter le petit personnel est peut-ĂȘtre un des signes du changement »... Louis de FunĂšs reprend aussi le thĂšme du racisme abordĂ© dans Les aventures de Rabbi Jacob. Ainsi, Cruchot n'admet pas la prĂ©sence au sein de la brigade de femmes gendarmes, dont une Noire, par-dessus le marchĂ© ! » A posteriori, le fait marquant de ce dernier film de la sĂ©rie est, bien entendu, qu'il fut aussi le dernier film de Louis de FunĂšs. Une comĂ©die placĂ©e sous le signe du drame dĂ©cĂšs du rĂ©alisateur au cours du tournage, de l'acteur principal, et d'un acteur secondaire Max Montavon au cours de l'annĂ©e suivante. RÉALISATEUR Comme dans tous les films de la sĂ©rie, le vieux complice de De FunĂšs qu'est Jean Girault est chargĂ© de la rĂ©alisation. Malheureusement, il va dĂ©cĂ©der au cours du tournage, victime de la tuberculose. Il meurt Ă  Paris le 20 juillet 1982 Ă  l'Ăąge de 58 ans. Je garde un souvenir particulier de ce triste Ă©vĂ©nement. Les photos des obsĂšques, publiĂ©es dans la presse du genre Ici Paris, montrĂšrent un De FunĂšs Ă©videmment grave, effondrĂ© par la perte d'un de ses meilleurs amis. Pour la premiĂšre fois, j'avais vu mon acteur favori triste, accablĂ© dans la vraie vie », et le contraste avec l'image lĂ©gĂšre donnĂ©e dans ses films m'avait fait prendre pleinement conscience que l'acteur n'est pas l'homme. Tony Aboyantz, l'assistant de Jean Girault, prend en charge la rĂ©alisation de la fin du film. C'est la premiĂšre et derniĂšre fois qu'il dirige les opĂ©rations, habituĂ© aux rĂŽles de second. Ainsi, il fut assistant de nombreux metteurs en scĂšne connus parmi lesquels on peut citer Max OphĂŒls, Robert Hossein, et Bernard Borderie, avec qui il a travaillĂ© sur la sĂ©rie des AngĂ©lique. DÉCORS Le tournage a lieu au cours de l'Ă©tĂ© 1982 Ă  Saint-Tropez et dans les environs. Paysages azurĂ©ens et ciel bleu sont au programme comme dans les cinq films prĂ©cĂ©dents, ou plutĂŽt quatre des cinq puisque le deuxiĂšme de la saga se dĂ©roule Ă  New-York. On ne peut rien reprocher aux dĂ©cors naturels, magnifiques, si ce n'est d'accrĂ©diter l'idĂ©e qu'il fait toujours beau sur la CĂŽte d'Azur, ce qui est loin d'ĂȘtre le cas. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu une seule scĂšne sous la pluie dans cette sĂ©rie de films, ni mĂȘme un lĂ©ger temps nuageux... Les nouveaux locaux de la gendarmerie ressemblent fort aux anciens. On ne voit pas l'intĂ©rĂȘt de ce prĂ©tendu changement puisque les locaux avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© modernisĂ©s sur le film prĂ©cĂ©dent avec les extraterrestres. Le seul apport de l'ordinateur surpuissant aurait Ă©tĂ© bien suffisant. Les gendarmes sont toujours Ă©quipĂ©s de MĂ©haris vertes, et le Colonel roule en Renault 20, voiture assez typique du dĂ©but des annĂ©es 80. Un Ɠil attentif remarquera que deux vĂ©hicules diffĂ©rents ont Ă©tĂ© utilisĂ©s en tant que Deux-chevaux de SƓur Clotilde. GÉNÉRIQUE Aucune innovation concernant les gĂ©nĂ©riques. Le dĂ©but prĂ©sente les vues habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hĂ©licoptĂšre, au son de la musique de Raymond LefĂšvre dĂ©jĂ  entendue dans Le Gendarme et les extraterrestres. Le gĂ©nĂ©rique de fin est d'un classique presque caricatural. Ne pas conclure un Gendarme par le traditionnel dĂ©filĂ© de la brigade sur la rue principale de Saint-Tropez aurait sans doute Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une hĂ©rĂ©sie, tout comme le renouvellement de la musique de Raymond LefĂšvre. Tradition incontournable ou solution de facilitĂ© ? À moins qu'il ne s'agisse des deux Ă  la fois... On ne constate pas plus d'innovation dans les musiques complĂ©mentaires, qui ressemblent beaucoup Ă  celles entendues dans Le Gendarme et les extraterrestres et La soupe aux choux. SCÉNARIO Le scĂ©nario se situe dans la lignĂ©e des Gendarme prĂ©cĂ©dents une suite de gags plus ou moins drĂŽles pendant la premiĂšre partie, puis une intrigue policiĂšre Ă  trois sous oĂč, comme toujours, Cruchot va devoir faire front seul contre tous. Alors qu'elle vient d'emmĂ©nager dans de nouveaux locaux et qu'elle bĂ©nĂ©ficie d'un ordinateur surpuissant capable de rĂ©soudre n'importe quel problĂšme en peu de temps, la brigade de Saint-Tropez est chargĂ©e d'assurer la formation de quatre femmes gendarmes dĂ©butantes. La nouvelle rĂ©jouit les hommes, mais laisse nĂ©anmoins Cruchot circonspect des femmes dans la gendarmerie, c'est tout un monde qui s'Ă©croule pour le malheureux MarĂ©chal-des-Logis-Chef. Une des nouvelles venues est africaine, ce qui accroĂźt encore la perplexitĂ© de Cruchot et avive des fantasmes Ă  rĂ©miniscence raciste. AllĂ©chĂ© par la jeunesse des recrues, qu'il imagine sĂ©duisantes, l'adjudant Gerber va les chercher en voiture Ă  la gare d’HyĂšres, accompagnĂ© par Cruchot. La dĂ©ception est au programme avec la descente du train d'un quatuor de femmes Ă©normes que notre duo prend pour les femmes gendarmes avant que les arrivantes ne dissipent le quiproquo. Gerber et Cruchot rentrent bredouilles et ont la surprise de trouver les jeunes femmes Ă  la brigade dĂšs leur retour les recrues ont manquĂ© leur train et sont venues en avion. Gerber et ses hommes rivalisent de zĂšle pour servir une collation aux nouvelles venues qui sont ravissantes. Ce manĂšge dĂ©sespĂšre JosĂ©pha et Madame Gerber. Heureusement pour elles, les gendarmettes sont logĂ©es chez les religieuses amies de Cruchot... Et ce n'est que le dĂ©but puisque une jeune femme va recevoir une proposition Ă©quivoque par l'intermĂ©diaire d'un billet doux anonyme. À la suite d'une mĂ©prise, JosĂ©pha croit son mari coupable. Ludovic va donc mener une enquĂȘte et dĂ©couvrir le vrai coupable qui n'est autre que l'adjudant Gerber. Tout se dĂ©roule pour le mieux pour les petites stagiaires jusqu'au jour oĂč deux d'entre elles sont enlevĂ©es coup sur coup ! Le Colonel choisit ce jour pour venir demander leurs impressions aux gendarmettes. Panique de Gerber et Cruchot qui veulent cacher la vĂ©ritĂ© Ă  tout prix. Pour tromper le Colonel, Cruchot ne va pas hĂ©siter Ă  faire habiller en gendarmettes un couple d'automobilistes pris en flagrant dĂ©lit d'infraction ! MalgrĂ© la surveillance accrue de nos gendarmes, les deux stagiaires restantes sont enlevĂ©es Ă  leur tour. Gerber demande Ă  JosĂ©pha de s'habiller en gendarmette et de sillonner les rues de Saint-Tropez en pleine nuit afin de servir d'appĂąt, histoire de mettre la main sur le ravisseur. Inquiet des risques encourus par son Ă©pouse, Cruchot s'habille en femme et prend sa place Ă  l'insu de son supĂ©rieur. RĂ©sultat il est enlevĂ© Ă  la place de JosĂ©pha. Ludovic se retrouve prisonnier avec les quatre gendarmettes sur l'Albacora, un yacht appartenant Ă  un espion dĂ©sireux de s'emparer du bracelet des femmes gendarmes les quatre bracelets vont lui permettre de reconstituer la combinaison du code nĂ©cessaire pour accĂ©der aux donnĂ©es secrĂštes stockĂ©es sur l'ordinateur de la brigade, des secrets militaires importants qu'il pourra vendre au pays le plus offrant. AprĂšs s'ĂȘtre emparĂ© du dernier bracelet, qui Ă©tait en fait portĂ© par Cruchot dĂ©guisĂ©, il demande Ă  ce dernier de lui ouvrir l'accĂšs aux locaux de la gendarmerie afin d'interroger l'ordinateur en Ă©change de sa libĂ©ration et de celle des jeunes femmes. Cruchot accepte et se dĂ©barrasse de ses collĂšgues et des visiteurs afin que l'espion, dĂ©nommĂ© Le Cerveau, puisse agir en tout tranquillitĂ©. Le Cerveau n'a aucune parole aprĂšs avoir obtenu les renseignements, il s'apprĂȘte Ă  jeter Cruchot et les gendarmettes Ă  la mer afin d'Ă©liminer ces tĂ©moins gĂȘnants. Mais les jeunes femmes ont pu envoyer un message radio, captĂ© par SƓur Clotilde, qui s'empresse de prĂ©venir la brigade. Les gendarmes interviennent Ă  bord du yacht et dĂ©couvrent les bandits prisonniers des femmes gendarmes, qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es plus coriaces que prĂ©vu. Gerber et Cruchot informent le ministre en visite de ce qui s'est passĂ© et lui remettent les plans secrets, mais ce dernier les dĂ©chire avec un bon sourire. PrĂ©venus des agissements du Cerveau, de fausses donnĂ©es avaient Ă©tĂ© sciemment insĂ©rĂ©es dans l'ordinateur. Nos gendarmes sont furieux d'avoir Ă©tĂ© manipulĂ©s ainsi par le ministre qui ne se cache pas d'avoir voulu utiliser leurs qualitĂ©s exceptionnelles. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs reprend pour la sixiĂšme et derniĂšre fois l'uniforme et le kĂ©pi du MarĂ©chal-des-Logis-Chef Ludovic Cruchot. MarquĂ© par le poids des ans, il manque parfois un peu d'enthousiasme, mais son talent est toujours lĂ . Il est dommage que les scĂ©naristes aient abandonnĂ© certains des aspects habituels de son personnage. La duretĂ© envers ses hommes, source de moments comiques importants, n'est guĂšre prĂ©sente, et ses relations avec JosĂ©pha ne sont plus ce qu'elles Ă©taient terminĂ©s, les Ma biche » de lĂ©gende. On retrouve l'incontournable Michel Galabru dans le rĂŽle de l'adjudant Gerber. La gent fĂ©minine exerce toujours un attrait indĂ©niable sur sa personne, ce qui lui vaudra quelques dĂ©boires dans la premiĂšre partie du film. Les inamovibles Guy Grosso et Michel Modo endossent les costumes des gendarmes Gaston Tricard et Jules Berlicot. Piliers de la sĂ©rie, ils sont plus souvent mis Ă  contribution que leurs collĂšgues. Maurice Risch Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent dans le volet prĂ©cĂ©dent dans le rĂŽle de Beaupied, et joue cette fois-ci un rĂŽle beaucoup plus secondaire. Le transparent Jean-Pierre Rambal, qui n'avait guĂšre convaincu face aux envahisseurs, est remplacĂ© par Patrick PrĂ©jean alias le gendarme Perlin, un personnage pas plus en vue que celui de Beaupied. Christian Marin et Jean LefĂšbvre n'ont jamais Ă©tĂ© remplacĂ©s, d'oĂč l'arrivĂ©e de Grosso et Modo dans les rĂŽles de gendarmes principaux derriĂšre le duo majeur, en raison des insuffisances de leurs successeurs. Le retour de Claude Gensac dans le rĂŽle de JosĂ©pha laisse un sentiment mitigĂ©. À premiĂšre vue, il ne peut qu'ĂȘtre satisfaisant puisque Gensac est l'Ă©pouse traditionnelle de Fufu Ă  l'Ă©cran, la vraie » Madame Cruchot. HĂ©las ! Claude Gensac a terriblement vieilli. Elle ne ressemble plus guĂšre Ă  la JosĂ©pha d'autrefois, et sa nouvelle coiffure avec cheveux courts ne lui va pas du tout. Cette coupe a probablement Ă©tĂ© rendue nĂ©cessaire par la scĂšne oĂč Cruchot prend sa place, afin de ne pas affubler De FunĂšs d'une perruque trop longue, mais le rĂ©sultat n'est pas fameux. De plus, les traits de caractĂšre de JosĂ©pha ont Ă©tĂ© totalement modifiĂ©s, et pas dans le bon sens elle est devenue un personnage grotesque et outrancier, digne d'une pantalonnade, une femme aigrie et mesquine, fĂ©rocement jalouse de son mari. Navrant ! Par ricochet, on n'en apprĂ©cie que plus Madame Gerber incarnĂ©e par Micheline Bourday. Bien qu'il ne s'agisse que de sa seconde participation Ă  la sĂ©rie, on a l'impression de l'avoir toujours vue dans ce rĂŽle. Jacques François est Ă  nouveau prĂ©sent dans le rĂŽle du Colonel. Cette fois-ci affublĂ© d'une moustache, il est toujours aussi excellent en officier sĂ©vĂšre et caustique, mais prĂȘt Ă  se montrer bienveillant avec les gendarmettes Ă  qui il fait des propositions tout aussi discrĂštes que peu Ă©quivoques... Les femmes gendarmes sont interprĂ©tĂ©es par la jolie brune Catherine Serre Christine Recourt, la blonde Sophie Michaud Isabelle Leroy, la Black » Jean-Louis Nicaise qui incarne Yo Macumba, fille d'un chef d'Ă©tat africain, et la brune Babeth Etienne, bien connue Ă  l'Ă©poque pour avoir Ă©tĂ© l'Ă©phĂ©mĂšre seconde Ă©pouse de Johnny Hallyday, et la premiĂšre de la longue sĂ©rie de conquĂȘtes de l'idole des jeunes » aprĂšs son divorce d'avec Sylvie Vartan. On retrouve avec grand plaisir France Rumilly, notre sympathique SƓur Clotilde, et sa maniĂšre particuliĂšre de conduire sa Deux-chevaux. Autre vieille connaissance, Max Montavon, un des acteurs favoris de Louis de FunĂšs, dans le rĂŽle du pharmacien. Le malheureux fait peine Ă  voir tellement il a vieilli. Visiblement affaibli et malade, il dĂ©cĂ©dera le 22 septembre 1983 Ă  l'Ăąge de 57 ans. Et les gangsters ? À leur tĂȘte, Le Cerveau est interprĂ©tĂ© par Jean-Louis Richard, acteur qu'il est permis de trouver peu convaincant. Tel n'est pas le cas de StĂ©phane Bouy, parfait en homme de main, marin sur l'Albacora ; cet acteur possĂšde le physique de l'emploi pour les rĂŽles de malfrats, qu'il a tenus avec succĂšs notamment dans plusieurs Ă©pisodes des Brigades du Tigre. Franck Olivier Bonnet joue le rĂŽle de son acolyte, marin lui aussi sur le yacht de l'espion en chef. Parmi les multiples tout petits rĂŽles, signalons la prĂ©sence de Pierre Repp, le plaignant Ă©conduit, dans son rĂŽle habituel de bĂ©gayeur. Jean Turlier, c'est le ministre, et RenĂ© Berthier, l'adjoint du Colonel. TEMPS FORTS Peu de raison de s'enthousiasmer pour ce film globalement dĂ©cevant. On peut se demander pourquoi il n'est pas considĂ©rĂ© comme le plus mauvais de la sĂ©rie, titre gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© au Gendarme et les Extraterrestres. Sans doute parce que les scĂšnes les plus rĂ©ussies des dĂ©mĂȘlĂ©s avec les envahisseurs se trouvaient surtout dans la premiĂšre partie du film, ce qui a pu entraĂźner une dĂ©ception finale, due aux espoirs suscitĂ©s et non concrĂ©tisĂ©s. Au contraire, les aventures avec les gendarmettes ont du mal Ă  dĂ©marrer, mais s'amĂ©liorent dans la seconde partie du film, sans toutefois atteindre, ni frĂŽler, les sommets de la grande Ă©poque De FunĂšs. Une des rĂ©ussites est la prĂ©sence des jeunes femmes gendarmes, qui apportent une fraĂźcheur, un dynamisme que le vieillissement des acteurs principaux a tendance Ă  rendre vacillant. Malheureusement, leur participation Ă  l'action est voisine de zĂ©ro, et le regard trĂšs cavalier du scĂ©nario sur elles plombent le film d'un regard paternaliste condescendant. Rien d'excitant Ă  signaler au cours de la premiĂšre demi-heure, hormis les Ă©loges que Gerber est forcĂ© de dĂ©biter tous les matins Ă  Cruchot en Ă©change du silence de ce dernier au sujet de l'escapade nocturne de son chef dans les parages des chambres des gendarmettes. Ce genre de situations est dans la lignĂ©e du comique historique de la saga. Le film s'anime rĂ©ellement Ă  partir de la visite du Colonel, dĂ©sireux de faire la connaissance des quatre demoiselles alors mĂȘme que deux d'entre elles ont Ă©tĂ© enlevĂ©es. L'ensemble de cette sĂ©quence est assez rĂ©ussi ; Cruchot ordonne aux deux gendarmettes dĂ©jĂ  vues par le Colonel de se dĂ©shabiller afin de rĂ©cupĂ©rer leurs uniformes en vue de la supercherie destinĂ©e Ă  berner l'officier supĂ©rieur. La prĂ©sence des deux jeunes femmes Ă  moitiĂ© nues dans l'appartement de Gerber, puis dans celui de Cruchot, occasionne des scĂšnes de jalousie de la part des deux Ă©pouses. Gerber emmĂšne le Colonel Ă  la recherche des deux manquantes et le fait tourner en rond en attendant que Cruchot trouve une solution. Jamais Ă  court d'idĂ©es, Ludovic arrĂȘte un couple d'automobilistes dont le mari est un peu effĂ©minĂ© et leur propose de laisser tomber le procĂšs-verbal qu'il s'apprĂȘte Ă  leur faire pour avoir franchi un panneau stop » sans s'arrĂȘter panneau devant lequel il s'est lui-mĂȘme placĂ© pour provoquer l'infraction... en Ă©change de jouer la comĂ©die des deux gendarmettes en uniforme devant le Colonel. L'opĂ©ration, bien que compliquĂ©e par la prĂ©sence du nourrisson du jeune couple, rĂ©ussit pleinement, au point que l'Ă©talage de complicitĂ© entre les deux gendarmettes » fait soupçonner au Colonel qu'elles seraient de mƓurs spĂ©ciales le dernier reprĂ©sentant d'un running gag parcourant la filmographie de Louis... La scĂšne oĂč les espions tentent de faire peur Ă  Cruchot et Gerber est courte, mais hilarante un couteau frĂŽle l'adjudant avant de se planter dans une porte, et Ludovic manque de recevoir un pot de fleurs sur la tĂȘte. Une des meilleures sĂ©quences du film est bien sĂ»r le travestissement de Louis de FunĂšs qui prend la place de JosĂ©pha en tant que gendarmette » en uniforme afin de servir d'appĂąt aux malfaiteurs. Étonnant comme notre Fufu peut se montrer fĂ©minin. Peut-ĂȘtre son habitude d’interprĂ©ter des vieilles femmes ? Enfin, toutes les scĂšnes avec SƓur Clotilde et ses religieuses sont trĂšs drĂŽles, depuis les airs indignĂ©s de notre MĂšre supĂ©rieure Ă  chaque fois que la malchance met Cruchot en situation Ă©quivoque devant elle, jusqu'Ă  la course de la Deux-chevaux en fin de film aprĂšs que SƓur Clotilde ait captĂ© un message radio de dĂ©tresse des femmes gendarmes. Afin d'apporter un peu d'originalitĂ© Ă  une sĂ©quence dĂ©jĂ  vue quatre fois sous des formes diverses, les scĂ©naristes ont amplifiĂ© les cascades, et la voiture perd peu Ă  peu la plupart de ses Ă©lĂ©ments pour arriver devant la gendarmerie dans un Ă©tat extrĂȘmement rĂ©duit... A signaler aussi que le livre de chevet des religieuses semble ĂȘtre Le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx !. POINTS FAIBLES L'ensemble du film est dĂ©jĂ  un point faible, tellement les acteurs manquent d'enthousiasme et la plupart des gags sont Ă©culĂ©s. Les acteurs, mĂȘme parmi les plus anciens sur la sĂ©rie, n'ont plus l'allant d'autrefois. L'exemple le plus frappant est celui de Claude Gensac, mĂ©connaissable. Jean LefĂšbvre et Christian Marin manquent dans l'Ă©quipe des gendarmes, Maurice Risch et Patrick PrĂ©jean ne pouvant les remplacer rĂ©ellement. Jean-Louis Richard ne fait pas trĂšs sĂ©rieux en bandit. Heureusement que la distribution comporte Jacques François, France Rumilly, et les Ă©ternels Grosso et Modo... Quant aux gendarmettes du titre, certes bien interprĂ©tĂ©es, elles servent davantage de prĂ©textes passifs Ă  une intrigue mollassonne que de valeur ajoutĂ©e, et il est permis de dire que le film a de persistants relents de machisme. La premiĂšre demi-heure est accablante d'ennui il ne se passe rien et les gags font figure de pĂ©tards mouillĂ©s. La poursuite Ă  moto est longue, trĂšs longue, et les cascades Ă  un carrefour guĂšre enthousiasmantes c'est du dĂ©jĂ -vu. Michel Galabru n'est pas drĂŽle lorsqu'il compose un Gerber brĂ»lĂ© par le thĂ© renversĂ© par une gendarmette. Par la suite, le niveau du film s'amĂ©liore, ce qui lui permettra d'Ă©chapper Ă  la note minimum. Mais ce dernier film de Louis de FunĂšs est Ă  rĂ©server pour une soirĂ©e oĂč l'on se sent bon public, et ne doit surtout pas ĂȘtre vu aprĂšs un De FunĂšs de la grande Ă©poque... ACCUEIL Le Gendarme et les extraterrestres avait fait illusion et obtenu un succĂšs commercial peu en rapport avec sa qualitĂ©, moyenne. Ce dernier film de la sĂ©rie ne fait pas aussi bien, mais confirme l’attachement du public Ă  Fufu et aux histoires de gendarmes puisqu’il a rĂ©alisĂ© tout de mĂȘme 4 200 000 entrĂ©es, soit un regain par rapport Ă  La Soupe aux choux et la quatriĂšme performance de l’annĂ©e. VoilĂ  une performance absolument remarquable pour un film gĂ©nĂ©ralement dĂ©moli par les critiques et considĂ©rĂ© comme un navet de premiĂšre classe. MalgrĂ© ses 68 ans, sa maladie et son vieillissement, Louis de FunĂšs continue Ă  attirer des millions de spectateurs Ă  chaque sortie d’un de ses films. À titre de comparaison, Belmondo, un autre Roi du box-office, tombera Ă  100 fois moins d’entrĂ©es au mĂȘme Ăąge, sur la fin de sa carriĂšre. Merci pour tout, M. De FunĂšs, le public vous a toujours suivi et il a eu bien raison. SYNTHÈSE Un ultime film loin d’égaler ceux des annĂ©es soixante, mais Ă  revoir pour Fufu, et avec un pincement au cƓur, justement parce que c’est le dernier. Fin de sĂ©rie pour Louis de FunĂšs, parti peu de temps aprĂšs au Paradis des artistes. LES SÉQUENCES CULTES Tout sera faux ! Je revois l'image... Oh, ma biche! Vous vous foutez de moi ? Mais qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? Retour Ă  l'index Captures et sĂ©quences cultes rĂ©alisĂ©es par Steed3003. Saga Louis de FunĂšs 3 - La confirmation 1966/1973 - 3Ăšme partie PRÉSENTATION 3ÈME ÉPOQUE - 3ÈME ET 4ÈME PARTIE En ce dĂ©but des annĂ©es 70, Louis de FunĂšs voit curieusement les propositions intĂ©ressantes se rarĂ©fier. Il tente de moderniser son image en tournant avec Serge Korber, un jeune rĂ©alisateur prometteur, mais cette stratĂ©gie se solde par un Ă©chec commercial. NĂ©anmoins, notre Fufu va confirmer son statut de numĂ©ro un par un retour aux sources salvateur deux nouveaux films avec GĂ©rard Oury lui feront sans problĂšme retrouver le succĂšs colossal auquel il est habituĂ© depuis plus de cinq ans. Entre les deux films d’Oury, il avait rĂ©ussi un retour au théùtre en reprenant son rĂŽle fĂ©tiche dans Oscar. Retour sur les planches et retour de GĂ©rard Oury on voit que les bonnes vieilles recettes fonctionnent toujours
 Et c’est au sommet de sa gloire que Louis va ĂȘtre terrassĂ© par un double infarctus. Est-ce la fin de sa carriĂšre ?... Retour Ă  l'index 1. L'HOMME-ORCHESTRE Production GAUMONT, RIZZOLI FILMS ItalieScĂ©nario Jean HALAIN, Serge KORBER, d'aprĂšs une histoire originale de Geza VON RADVANYIDialogues Jean HALAINRĂ©alisation Serge KORBERMusique François de ROUBAIX Les mĂ©saventures d'un maĂźtre de ballet paternaliste en prise avec un neveu volage et avec des danseuses trop intĂ©ressĂ©es par la gent masculine. GENÈSE Le scĂ©nario est inspirĂ© d'une histoire de Geza Von Radvanyi, un scĂ©nariste et rĂ©alisateur hongrois inconnu en France, mais de premier plan dans son pays. Serge Korber est persuadĂ© que le rĂŽle de ce maĂźtre de ballet ne vivant que pour son mĂ©tier est idĂ©al pour Louis de FunĂšs dont il connaĂźt le passĂ© de pianiste et le don pour la danse, dĂ©jĂ  mis en exergue dans un film comme Le Grand Restaurant. Ces qualitĂ©s sont Ă©videmment essentielles dans un film Ă  la limite de la comĂ©die musicale. De FunĂšs, alors au sommet de sa popularitĂ©, accepte de tourner avec ce jeune metteur en scĂšne peu connu, mais Ă  qui l'on promet un brillant avenir. Korber espĂšre moderniser l'image de Louis de FunĂšs, et l'on sait que Louis ne rechigne pas innover. On va donc voir Fufu dans un rĂŽle inhabituel de saltimbanque affublĂ© de vĂȘtements tous plus excentriques les uns que les autres ! RÉALISATEUR Serge Korber a dĂ©butĂ© dans la rĂ©alisation en 1965, rĂ©unissant Jean-Louis Trintignant et Marie Dubois pour Le dix-septiĂšme ciel, film qui recueille des critiques positives. Dans la foulĂ©e, le producteur Alain PoirĂ© lui confie la rĂ©alisation de la nouvelle histoire de Michel Audiard, Un idiot Ă  Paris, une comĂ©die sans prĂ©tention avec Jean Lefebvre. L'ascension de ce metteur en scĂšne prometteur est fulgurante puisque seulement quatre ans aprĂšs ses dĂ©buts, le voilĂ  aux commandes d'un film avec Louis de FunĂšs, l'acteur comique le plus populaire du moment et roi du box-office. Korber travaille avec Jean Halain qui signe la majeure partie du scĂ©nario et les dialogues, mais aussi les paroles des chansons. Halain est bien connu de Louis de FunĂšs depuis la sĂ©rie des FantĂŽmas oĂč il avait Ă©galement Ă©crit le scĂ©nario et les dialogues, et rĂ©alisĂ© l'adaptation. DÉCORS Les producteurs savent qu'un film avec Louis de FunĂšs est un investissement qui a toutes les chances d'ĂȘtre trĂšs rentable et bĂ©nĂ©ficient de surcroĂźt du renfort de producteurs romains. Korber dispose donc d'un budget consĂ©quent qui lui permet de nombreux tournages en extĂ©rieur. La premiĂšre partie du film est tournĂ©e Ă  Nice et dans ses environs. Peille, le village traversĂ© lors de la premiĂšre scĂšne, est situĂ© sur les hauteurs de la ville. La seconde partie est tournĂ©e Ă  Rome et se rĂ©vĂšle tout aussi agrĂ©able que la premiĂšre du point de vue des dĂ©cors naturels, ce qui ne surprendra nullement de la part de la capitale italienne. Les intĂ©rieurs ont Ă©tĂ© tournĂ©s dans les studios de Billancourt. GÉNÉRIQUE Il est Ă©tonnant qu'un film se voulant rĂ©solument moderne ne comporte pas de sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique. NĂ©anmoins, l'action dĂ©marre dĂšs les derniĂšres images du gĂ©nĂ©rique, constituĂ© de vues aĂ©riennes de deux voitures lancĂ©es dans une poursuite sur une route sinueuse de l'arriĂšre-pays niçois nimbĂ© de soleil la rouge est pilotĂ©e par Evan Evans et la jaune par un jeune homme qui entend bien faire la course avec le maĂźtre de ballet. Cependant, on ne dĂ©couvrira l'identitĂ© des pilotes qu'une fois le gĂ©nĂ©rique terminĂ©, Ă  l'entrĂ©e dans Monaco. La musique est signĂ©e François de Roubaix. Il s'agit lĂ  aussi d'une modernisation pour Louis de FunĂšs De Roubaix est, tout comme Korber, une Ă©toile montante dans son domaine. SpĂ©cialisĂ© dans les musiques de films, ce fou de jazz a dĂ©jĂ  travaillĂ© avec Robert Enrico, JosĂ© Giovanni, Jean-Pierre Melville, Jean Herman, et Jean-Pierre Mocky. Par la suite, il deviendra un pionnier en matiĂšre de musique Ă©lectronique et composera aussi pour des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es La mer est grande, Commissaire Moulin... et mĂȘme pour l'Ă©mission destinĂ©e aux enfants Chapi Chapo. Le destin sera cruel pour François de Roubaix puisqu'il trouvera la mort en 1975 Ă  l'Ăąge de 36 ans, suite Ă  un accident de plongĂ©e sous-marine. Le CĂ©sar de la meilleure musique de film lui sera dĂ©cernĂ© Ă  titre posthume lors de la premiĂšre cĂ©rĂ©monie organisĂ©e en 1976. Sur L'Homme-orchestre, son travail est particuliĂšrement important puisqu'il s'agit d'un film Ă  demi musical. Ses compositions sont un rĂ©gal, et on peut le constater dĂšs le gĂ©nĂ©rique qui mĂȘle plusieurs styles musicaux la partie jazz, notamment, est excellente. SCÉNARIO Le film est assez court une heure vingt minutes et les sĂ©quences musicales tiennent une part importante, laissant peu de place pour un scĂ©nario trĂšs dĂ©veloppĂ©, quoiqu'ici rĂ©duit Ă  une suite de sketches au lieu d'une histoire plus construite comme les Jacques Demy, sans parler des films amĂ©ricains. Un homme d'Ăąge moyen, qui aime ĂȘtre le premier partout y compris en voiture, se livre Ă  une course sans merci avec un automobiliste qui a les mĂȘmes prĂ©tentions. Il finit par proposer Ă  son jeune adversaire d'aller avec son bolide dans sa propre rue afin que tous les deux puissent ĂȘtre les premiers dans leurs quartiers respectifs. Le monsieur n'est autre qu'Evan Evans, un compositeur et maĂźtre de ballet d'une troupe de danseuses basĂ©e Ă  Monaco, et de style musical rĂ©solument orientĂ© vers la pop. Une inspiration subite le pousse Ă  rĂ©volutionner son spectacle, et il enchaĂźne une rĂ©pĂ©tition sur la nouvelle musique, aidĂ© de son neveu Philippe qui tient la batterie de son orchestre pop. Une des danseuses annonce qu'elle va quitter la troupe pour se marier ; il faut donc lui trouver une remplaçante, et une audition est organisĂ©e afin de dĂ©nicher la perle rare. AprĂšs avoir vu plusieurs candidates qui lui dĂ©plaisent, le maĂźtre engage la jolie Endrika mais la prĂ©vient, ainsi que ses consƓurs, qu'il ne tolĂ©rera plus d'aventures masculines. Chat Ă©chaudĂ© craint l'eau froide... Evans enseigne le judo Ă  ses protĂ©gĂ©es afin qu'elles puissent se dĂ©barrasser des mĂąles trop entreprenants. Les jeunes femmes expĂ©rimentent leur nouvelle technique sur Philippe qui finit la sĂ©ance Ă  terre. Sans doute inspirĂ© par les pratiques en vigueur dans certains cabarets parisiens, Evans a Ă©galement imposĂ© la pesĂ©e quotidienne celles qui dĂ©passent cinquante kilogrammes sont mises au rĂ©gime et doivent pĂ©daler sur des vĂ©los d'entraĂźnement alors que les autres sont condamnĂ©es Ă  manger de la salade et des lĂ©gumes pour rester minces, seules les plus mĂ©ritantes ayant droit Ă  un supplĂ©ment de riz. Une surveillance nocturne est mise en place, ce qui permet Ă  Evans de dĂ©couvrir une escapade de Françoise, la capitaine des danseuses. Philippe et lui se vĂȘtissent d'impermĂ©ables de flics pour mener leur enquĂȘte qui les conduit sur un yacht. Françoise est amoureuse d'un bel Italien, mais hĂ©site Ă  quitter la troupe pour se marier ; elle annonce Ă  son prĂ©tendant qu'elle lui communiquera sa dĂ©cision par tĂ©lĂ©phone dans les deux jours suivants. AprĂšs avoir dĂ©jĂ  perdu une danseuse pour raison de mariage, la dĂ©fection de Françoise n'est pas envisageable pour Evan Evans. Donc, il Ă©chafaude une machination, basĂ©e sur l'amour de son neveu pour la belle Françoise, ceci pour rompre l'idylle de la demoiselle avec le yachtman. MalgrĂ© quelques ratĂ©s techniques, la machination s'achĂšve sur une rĂ©ussite totale, et la tournĂ©e mondiale de la troupe peut commencer sous les meilleurs auspices. Evans ignore que la charmante Endrika a eu un enfant qu'elle a placĂ© en nourrice Ă  Rome. Lors du passage de la tournĂ©e dans la ville Ă©ternelle, elle rend visite Ă  son bĂ©bĂ©, et la nounou lui apprend qu'elle ne peut plus garder le petit garçon. Endrika se confie Ă  Françoise ; jamais Ă  court de ressources, la capitaine des danseuses a l'idĂ©e de dĂ©poser le nourrisson dans la chambre d'hĂŽtel d'Evan Evans, accompagnĂ© d'une lettre manuscrite le prĂ©sentant comme le fils de Philippe ! Justement, ledit Philippe avait eu une aventure avec une jolie Sicilienne lors de passage prĂ©cĂ©dent de la troupe Ă  Rome, il pense donc que l'enfant est nĂ© de cette liaison. ArrivĂ©s chez les Siciliens, Evan et son neveu dĂ©couvrent que l'ex de Philippe est en fait la mĂšre d'une petite fille ! Les Siciliens ne se gĂȘnent pas pour jouer du couteau et somment les Evans de rĂ©parer leur faute. Et voilĂ  l'oncle et le neveu nantis de deux bĂ©bĂ©s au lieu d'un seul, ce qui ne manque pas de stupĂ©fier les danseuses lorsqu'elles profitent de l'absence du maĂźtre pour aller voir le garçonnet de leur camarade ! Philippe suppose que l'enfant inconnu est le fils de la bonne d'un marquis avec qui il a eu une autre liaison. Mais le marquis vient de se marier avec sa servante et affirme qu'elle n'a jamais eu d'enfant. Heureusement, Endrika finit par avouer la vĂ©ritĂ© aux Evans alors que Philippe dĂ©cide d'Ă©pouser la mĂšre de son enfant. Toujours passionnĂ© par son mĂ©tier, Evans pense dĂ©jĂ  Ă  initier les deux enfants Ă  la danse... DISTRIBUTION Louis de FunĂšs passe sans problĂšme de ses habituels rĂŽles de bourgeois conformistes Ă  un personnage plus flamboyant de maĂźtre de ballets pop ancrĂ© dans les annĂ©es soixante-dix naissantes et tout leur dĂ©corum bien connu. Il parvient Ă  mener Ă  bien sa composition habituelle d'homme nerveux et autoritaire. On peut admirer son sens innĂ© de la musique et ses qualitĂ©s remarquables de danseur. Son fils Olivier de FunĂšs obtient un des rĂŽles les plus consistants de sa courte carriĂšre. S'il n'est plus le prĂ©-adolescent de ses dĂ©buts, mais presque un adulte avec ses multiples aventures fĂ©minines, il a gardĂ© le caractĂšre un peu gamin de ses compositions habituelles. Amoureux de la belle Françoise, une femme plus ĂągĂ©e et surtout plus mature que lui, il reste suffisamment peste pour que cette derniĂšre se venge de ses assauts rĂ©pĂ©tĂ©s en faisant passer le bĂ©bĂ© d'Endrika pour le sien. La ravissante Françoise, justement, est interprĂ©tĂ©e par NoĂ«lle Adam, choisie car elle est Ă  la fois actrice et danseuse. En apparence soumise Ă  son patron, Françoise mĂšne en rĂ©alitĂ© sa barque comme bon lui semble, et n'est pas la derniĂšre Ă  entraĂźner les danseuses sur la voie de la rĂ©bellion. AprĂšs avoir Ă©tĂ© l'Ă©pouse de Sydney Chaplin, NoĂ«lle Adam fut pendant plus de trente ans la compagne de Serge Reggiani. Autres danseuses marquantes, la derniĂšre venue Endrika, interprĂ©tĂ©e par Puck Adams, a pris la place de celle qui s'est mariĂ©e, dont les traits ont dĂ» rappeler des souvenirs aux fans de Louis de FunĂšs Martine Kelly a Ă©tĂ© vue dans Les Grandes Vacances et Hibernatus. Sans doute la ravissante Martine est-elle une piĂštre danseuse puisqu'elle est bel et bien absente de toutes les scĂšnes de danse prĂ©cĂ©dant sa seule apparition pour l’affrontement verbal avec Louis de FunĂšs. Il est bien dommage qu'elle n'ait pas obtenu un rĂŽle plus dĂ©veloppĂ©. Parmi les autres danseuses, seule Danielle Minazzoli dispose d'une carriĂšre cinĂ©matographique un rien consistante. Citer les noms des autres actrices serait vain tant elles sont toutes aussi inconnues que jolies et bonnes danseuses. Il est probable qu'il s'agit en fait de danseuses et non d'actrices, ce qui paraĂźt logique puisqu'elles font avant tout de la figuration dans les scĂšnes de ballet. Du cĂŽtĂ© français, on retrouve quelques connaissances de Louis de FunĂšs avec Daniel Bellus dans le rĂŽle de l'automobiliste concurrent. Ce jeune acteur aux cheveux longs a jouĂ© aussi dans Les Grandes Vacances oĂč il interprĂ©tait le cancre aristocrate, celui-lĂ  mĂȘme qui disait MĂšre ! Le dirlo dans les cageots ! ». Mais aussi Christor Georgiadis, le majordome au fusil du Gendarme en balade, le film prĂ©cĂ©dent de Louis, reconverti ici en cuisinier et preneur de son de la troupe. Il a le don de calmer Evans lorsque ce dernier est Ă©nervĂ©, ce qui arrive Ă©videmment souvent. Comment ? En imitant le chant des oiseaux... Et surtout l'Ă©ternel Paul PrĂ©boist, un des rares acteurs secondaires français prĂ©sents sur la partie du film se dĂ©roulant Ă  Rome mais en fait dans les intĂ©rieurs tournĂ©s Ă  Boulogne..., oĂč il interprĂšte le directeur de l'hĂŽtel. Quant Ă  Micheline Luccioni, c'est la passagĂšre du yacht qui drague Philippe ; cette actrice de talent qui avait dĂ©jĂ  tournĂ© dans des films de Louis de FunĂšs Les Bons Vivants et Le TatouĂ© est dĂ©cĂ©dĂ©e en 1992 Ă  l'Ăąge de 62 ans. Max Desrau et Jacqueline Doyen ne tiennent que des tout petits rĂŽles d'automobilistes lors de la premiĂšre scĂšne des feux rouges, alors que l'inĂ©narrable Ibrahim Seck joue le personnage du chauffeur de car. La coproduction italienne a apportĂ© un certain nombre d'acteurs, Ă  commencer par Franco Fabrizzi, en quelque sorte l'inverse de Paul PrĂ©boist puisqu'il est prĂ©sent sur la partie française du film dans le rĂŽle du fiancĂ© de Françoise. Tout le monde aura reconnu en lui le concurrent malheureux de Louis de FunĂšs dans Le Petit Baigneur, toujours aussi sĂ©ducteur bien qu'ayant pris en seulement trois ans un sĂ©rieux coup de vieux. Tiberio Murgia, c'est le pĂšre de la fiancĂ©e sicilienne de Philippe, elle-mĂȘme incarnĂ©e par Paola Tedesco. Marco Tulli joue le rĂŽle du commissaire, et Franco Volpi celui du marquis. TEMPS FORTS La premiĂšre chose qui frappe dans ce film est sa modernitĂ© la tonalitĂ© est rĂ©solument seventies alors qu'il a Ă©tĂ© tournĂ© Ă  l'aube des annĂ©es 70. Korber voulait rajeunir l'image de De FunĂšs et a atteint cet objectif, de façon parfois exagĂ©rĂ©e. Louis de FunĂšs porte un complet rouge, sous lequel on dĂ©couvre une chemise Ă  damiers rouges et noirs ! Et les danseuses arborent systĂ©matiquement des tenues de couleurs chaudes jaune, rouge, orange, rose. VoilĂ  qui crĂ©e un ensemble Ă  mi-chemin entre la mode annĂ©es soixante-dix et les couleurs psychĂ©dĂ©liques de la fin des annĂ©es soixante. La seconde chose qui interpelle le spectateur, et qui est d'ailleurs une consĂ©quence directe de la premiĂšre, c'est une ressemblance certaine avec la sĂ©rie britannique... Amicalement vĂŽtre ! Et en particulier avec les Ă©pisodes tournĂ©s sur la CĂŽte d'Azur mĂȘme ambiance ensoleillĂ©e, mĂȘmes jolies filles, mĂȘmes tenues caricaturales de ce que furent ces annĂ©es 70. La similitude s'observe parfois jusque dans les dĂ©tails. Ainsi, la premiĂšre scĂšne, qui dĂ©bute dĂšs le gĂ©nĂ©rique, nous montre une course entre deux voitures sur les routes de montagne au-dessus de Nice. La voiture d'Evans est rouge et celle de son jeune concurrent jaune. VoilĂ  qui fait irrĂ©sistiblement penser au pilote des Persuaders. Pourtant, le film est antĂ©rieur Ă  la sĂ©rie, il ne s'agit sans doute que d'une coĂŻncidence. Jusqu'au cuisinier d'Evans qui prĂ©sente une ressemblance physique certaine avec Larry Storch, l'interprĂšte du camarade de jeunesse de Danny Wilde dans l'Ă©pisode Un ami d'enfance... MĂȘme les scĂšnes filmĂ©es Ă  Rome rappellent les aventures de l'autodidacte amĂ©ricain et du lord anglais. À tout moment, on s'attend presque Ă  voir surgir la camionnette de Sid vue dans l'Ă©pisode Minuit moins huit kilomĂštres. Le film compte deux parties bien dĂ©limitĂ©es, et c'est au sein de la premiĂšre, celle qui se dĂ©roule sur la CĂŽte d'Azur, que l'on trouve les scĂšnes les plus intĂ©ressantes les dĂ©mĂȘlĂ©s avec l'automobiliste impĂ©tueux, l'inspiration soudaine d'Evans, le dĂ©part de la danseuse et l'audition, puis les scĂšnes dĂ©crivant la façon de gĂ©rer sa troupe employĂ©e par le maĂźtre toutes ces sĂ©quences sont fort agrĂ©ables, avec un De FunĂšs irrĂ©sistible. On remarquera que ce sont finalement les scĂšnes les moins scĂ©narisĂ©es, celles qui sont basĂ©es sur de simples gags lors des rĂ©pĂ©titions de la troupe, qui sont les plus rĂ©ussies. Ce fait est assez frĂ©quent dans les films de Fufu. Autres trĂšs bons moments, la dĂ©monstration de comique visuel de Louis de FunĂšs qui raconte Le Loup et l'Agneau Ă  ses danseuses sans prononcer un mot mimes et cris d'animaux suffisent..., et l'enquĂȘte menĂ©e par Philippe et son oncle lors de l'escapade de Françoise. Le jeune homme est d'autant plus intĂ©ressĂ© qu'il est amoureux de la danseuse au point d'avoir menti lors de la sĂ©ance de pesĂ©e afin de lui Ă©viter les exercices d'amaigrissement. Il ne rechigne donc pas Ă  partir en pleine nuit, vĂȘtu comme son oncle d'un impermĂ©able clair, caricature du policier parfaitement assumĂ©e par le scĂ©nario et non clichĂ© involontaire et maladroit. Le plan Ă©laborĂ© par Evans pour retenir Françoise est bien conçu il s'agit de faire croire Ă  Philippe que sa bien-aimĂ©e est follement amoureuse de lui et de l'inciter Ă  la harceler de ses assiduitĂ©s au tĂ©lĂ©phone pendant la nuit jusqu'Ă  ce que la jeune femme finisse par l'envoyer sur les roses. Evan enregistre les conversations, puis appelle le fiancĂ© et diffuse la voix de Françoise selon un montage astucieux qui laisse Ă  penser que sa promise ne veut plus de lui. Bien jouĂ©, M. Evans ! La seconde partie Ă  Rome, heureusement plus courte, est assez inĂ©gale, avec un certain essoufflement du scĂ©nario. Cependant, le duo De FunĂšs pĂšre et fils sur la chanson incitant Philippe Ă  plus de prudence dans ses relations fĂ©minines ne manque pas d'attraits. Il s'agit probablement d'une des scĂšnes qui est le plus restĂ©e dans les mĂ©moires des spectateurs Quand tu fais la, la, la, pense aux consĂ©quences... Tout ça, c'est bien joli, mais c'est sĂ©rieux la vie ! La chanson Quand Evan Evans n'est pas lĂ , toutes les souris dansent » et les chorĂ©graphies associĂ©es sont trĂšs agrĂ©ables, agrĂ©mentĂ©es par un fameux passage final jazzy qui entraĂźne jusqu'aux clients de l'hĂŽtel dans des danses endiablĂ©es. On pourrait faire remarquer aux dites souris qu’elles dansent tout autant, et mĂȘme probablement plus, lorsqu'Evan Evans est prĂ©sent
 Entre un dĂ©but qui frise la note maximum et une fin quelconque qui ne vaut pas plus que deux bottes, la note de trois bottes apparaĂźt donc la seule logique pour ce film, globalement meilleur que je l'imaginais compte tenu de mes souvenirs. POINTS FAIBLES L'affaiblissement de la qualitĂ© au cours de la seconde partie est ennuyeux dans la mesure oĂč le spectateur reste souvent sur l'impression finale. Il est toujours prĂ©fĂ©rable que les sĂ©quences les plus intĂ©ressantes d'un film soient placĂ©es plus prĂšs de la fin que du dĂ©but car on garde alors une sensation de progression. Ici, la sensation est plutĂŽt un sentiment de dĂ©litement, qui n'atteint certes pas la dĂ©liquescence, mais reste nettement perceptible. Quelques passages musicaux sont moins rĂ©ussis que d'autres, en particulier la chanson entre Françoise et Philippe, en fin de premiĂšre partie, donne trop dans le genre comĂ©die musicale un peu niaise ». ACCUEIL Avec 2 400 000 entrĂ©es en France, on ne peut objectivement parler de bide, mais Louis de FunĂšs est devenu tellement habituĂ© Ă  des scores astronomiques que L'Homme-orchestre est alors considĂ©rĂ© comme un Ă©chec commercial. Le film rencontre un gros succĂšs en Allemagne et surtout dans les pays de l'Est oĂč il aurait dĂ©passĂ© les trente millions d'entrĂ©es. Louis de FunĂšs tenait beaucoup Ă  ce que ses films soient diffusĂ©s en URSS, quitte Ă  les vendre pour une bouchĂ©e de pain. Il pensait qu'Ă  force de voir le mode de vie capitaliste occidental, le luxe, et de belles voitures, les Russes Ă©volueraient peu Ă  peu et finiraient par se rallier Ă  l'Ă©conomie de marchĂ© et Ă  la dĂ©mocratie. On ne sait pas quelle part a pu reprĂ©senter la filmographie FunĂ©sienne, mais le fait est que le pronostic de l'acteur Ă©tait assez juste... SYNTHÈSE Cette premiĂšre collaboration entre Louis de FunĂšs et Serge Korber s'avĂšre sympathique, agrĂ©able, et fort drĂŽle, bien que loin de confiner au gĂ©nie. LES SÉQUENCES CULTES Je veux ĂȘtre le premier Elisabeth, la ferme ! Tout de suite, la riposte ! Oui, c'est Françoise. Je voudrais un pot de chambre Retour Ă  l'index 2. LE GENDARME EN BALADE Production SociĂ©tĂ© Nouvelle de CinĂ©matographie, GĂ©rard BEYTOUTScĂ©nario Jacques VILFRID, Jean GIRAULTAdaptation Jacques VILFRID, Jean GIRAULTDialogues Jacques VILFRIDRĂ©alisation Jean GIRAULT, Edmond SECHAN seconde Ă©quipeMusique Raymond LEFÈVRE La brigade de gendarmerie de Saint-Tropez est mise Ă  la retraite dans son ensemble afin de laisser la place Ă  de jeunes Ă©lĂ©ments aux mĂ©thodes modernes. AprĂšs six mois d'ennui, l'adjudant Gerber et ses hommes vont s'embarquer dans une folle Ă©quipĂ©e sous le prĂ©texte de raviver les souvenirs de Fougasse, devenu amnĂ©sique. Mais le zĂšle de Cruchot Ă  faire Ă©chouer le plan de ses successeurs pour capturer les nudistes va entraĂźner le groupe dans de gros ennuis. GENÈSE QuatriĂšme opus de la sĂ©rie des Gendarme et dernier tournĂ© avant la maladie de Louis de FunĂšs. La recette est connue et son succĂšs populaire ne s'est jamais dĂ©menti. Pour la derniĂšre fois, on va retrouver l'Ă©quipe idĂ©ale et historique des fameux gendarmes au grand complet. Le titre initial Ă©tait Le Gendarme Ă  la retraite. Les producteurs ont dĂ» trouver qu'il ne sonnait pas trĂšs bien, et il constituait par ailleurs une escroquerie dans la mesure oĂč les scĂšnes de vĂ©ritable retraite ne durent qu'un petit quart d'heure en dĂ©but de film. Le titre retenu est beaucoup plus Ă©vocateur de l'histoire puisque nos gendarmes passent effectivement la majeure partie du film Ă  vadrouiller d'un coin Ă  l'autre de la CĂŽte d'Azur. Il s'agit du premier film de la sĂ©rie oĂč Nicole est absente. Logique puisqu'elle s'Ă©tait mariĂ©e avec un bellĂątre blond le mĂȘme jour que son pĂšre dans l'Ă©pilogue du Gendarme se marie. RÉALISATEUR Jean Girault reste bien entendu aux commandes, assistĂ© comme Ă  son habitude par Tony Aboyantz, et bĂ©nĂ©ficie cette fois-ci du renfort d'une seconde Ă©quipe dirigĂ©e par Edmond SĂ©chan, qui n'est autre que l'oncle du chanteur Renaud. DÉCORS Le chĂąteau de Nandy, en Seine-et-Marne, a servi de cadre Ă  la retraite de Cruchot en dĂ©but de film. JosĂ©pha possĂšde un Modigliani accrochĂ© dans le salon ; le tableau rappelle des souvenirs aux amateurs de Louis puisque c'est le mĂȘme dessin qui Ă©tait gravĂ© sur le dos de Jean Gabin lors de sa derniĂšre rencontre avec Fufu sur Le TatouĂ©. Les autres extĂ©rieurs ont Ă©tĂ© tournĂ©s comme d'habitude dans le Var, Ă  Saint-Tropez, Gassin, ou La Croix-Valmer. Et aussi au ChĂąteau de Saint-AmĂ© situĂ© Ă  Ramatuelle pour les scĂšnes du couvent. La scĂšne des hippies se dĂ©roule sur le site de Cap Taillat sur la presqu'Ăźle de Saint-Tropez. GÉNÉRIQUE Les innovations hasardeuses du film prĂ©cĂ©dent ont heureusement Ă©tĂ© abandonnĂ©es. Ainsi, on retrouve une sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique, constituĂ©e de la mise Ă  la retraite forcĂ©e des gendarmes. Le gĂ©nĂ©rique prĂ©sente leur dĂ©part et leur remplacement par les jeunots au son d'une musique Ă  la fois solennelle et martiale, plus rĂ©ussie que celle du Gendarme se marie qui Ă©tait assez miĂšvre. Bien entendu, Raymond LefĂšvre reste aux commandes de toute la partie musicale. Pour le final, il est agrĂ©able de revenir au traditionnel dĂ©filĂ© sur le port de Saint-Tropez. Nos gendarmes sont devenus de telles vedettes que des admirateurs viennent leur demander des contredanses en guise d’autographes ! SCÉNARIO Finalement, ce Gendarme en balade est peut-ĂȘtre le film bĂ©nĂ©ficiant du scĂ©nario le plus Ă©laborĂ© de toute la sĂ©rie puisque l'action survient rapidement, dĂšs le dĂ©part des gendarmes pour La PinsonniĂšre. La structure habituelle Ă©tant plutĂŽt basĂ©e sur une longue sĂ©rie de gags peu scĂ©narisĂ©s suivie d'une intrigue de quatre sous n'intervenant qu'en fin de film. Le colonel de gendarmerie rend visite Ă  la cĂ©lĂšbre brigade de Saint-Tropez, il annonce qu'en raison du monde qui bouge », un certain renouvellement s'impose au sein des personnels. Comme on ne peut faire du neuf avec de... l'ancien, nos six compĂšres sont autorisĂ©s » Ă  faire valoir leurs droits Ă  la retraite. En fait d'autorisation, il s'agit plutĂŽt d'une obligation car, en dehors de Fougasse, trĂšs heureux d'obtenir enfin la quille », nos reprĂ©sentants de l'ordre se trouvaient trĂšs bien Ă  leur poste et sont catastrophĂ©s de devoir le quitter. Pourtant, en rĂ©compense de leurs bons services, l'État se montre particuliĂšrement gĂ©nĂ©reux puisqu'il va leur allouer Ă  titre exceptionnel, et chaque annĂ©e, en sus de leurs quatre cents francs mensuels de pension... un sac de cinquante kilos de charbon !. Six mois plus tard, Cruchot s'ennuie Ă  mourir dans le magnifique chĂąteau normand de son Ă©pouse. JosĂ©pha organise ses loisirs de maniĂšre systĂ©matique lorsqu'il pĂȘche, un homme-grenouille accroche des poissons Ă  son hameçon et cela devient trop facile. S'il monte Ă  cheval, un chariot Ă©lĂ©vateur le hisse sans effort sur le harnais, et un domestique lui raconte l'histoire du petit chaperon rouge ! pour le distraire. M. le curĂ©, dont la chapelle a Ă©tĂ© victime d'une mĂ©chante bourrasque » vient quĂ©mander son obole. L'occasion pour Ludovic de se distraire en se livrant Ă  l'insu de JosĂ©pha Ă  un concours de grimaces aprĂšs une sĂ©rie de gestes significatifs sur son intention de ne pas donner un sou Ă  son visiteur. Ce dernier a le tort de vouloir rĂ©pliquer et Mme Cruchot finit par se demander si cet Ă©trange curĂ© n'est pas un peu dĂ©rangĂ©. Elle l'invite Ă  revenir plus tard » ce qu'il interprĂšte comme demain matin ». Aux prises avec un braconnier, puis avec sa femme qui prĂ©tend l'empĂȘcher de laver la voiture, Cruchot prend une dĂ©charge de carabine de la part de son domestique anglais, ce qui n'est guĂšre agrĂ©able mĂȘme lorsque ce n'est que du gros sel », comme le fait remarquer JosĂ©pha. A cette occasion, Ludovic en profite pour rĂ©gler ses comptes et tabasse sans mĂ©nagement le valet de chambre au gros sel qui le hait » puisqu'il veut lui ĂŽter ses bottes de force aprĂšs lui avoir tirĂ© le coup de fusil, puis la bonne qui le hait encore plus » la pĂ©ronnelle a le culot de l'empĂȘcher de tourner les robinets de la baignoire. JosĂ©pha ne sait plus que faire pour amuser son mari. Elle lui offre un systĂšme radar couplĂ© avec des piĂšges pour qu'il puisse enfin attraper son braconnier. Manque de chance, c'est l'adjudant Gerber et son Ă©pouse, venus en visite, qui tombent dans la trappe du salon suite Ă  l'affolement de Mme Cruchot au sujet de ses bijoux et du Modigliani. Ravi de cette visite, Cruchot emmĂšne son ancien chef au grenier oĂč il a amĂ©nagĂ© un vĂ©ritable musĂ©e regroupant les souvenirs du bon vieux temps ainsi qu'une salle de projection. Les deux hommes se plongent avec dĂ©lices dans les photos de la brigade, les uniformes, les feuilles de vigne prises aux nudistes, et les pavĂ©s de mai 68 aux origines contestĂ©es ». Mais JosĂ©pha les rappelle en hĂąte, Merlot vient d'arriver avec une nouvelle Ă©tonnante le gendarme Fougasse a fait une chute en apportant son aide lors de la capture d'un malfaiteur et est devenu amnĂ©sique. Cruchot saute sur l'occasion pour proposer de reconstituer la brigade et de tenter de raviver les souvenirs de leur collĂšgue admis au centre de convalescence de la gendarmerie nationale Ă  Aix-en-Provence. Gerber et Merlot acceptent avec enthousiasme, alors que JosĂ©pha prĂ©vient son Ă©poux qu'il n'a plus le droit de porter l'uniforme sous peine de suppression de sa pension et autres sanctions. Tricart et Berlicot se joignent aux trois autres sur le chemin de la Provence, et la 504 de Cruchot se retrouve bien garnie. ProblĂšme Fougasse ne les reconnaĂźt pas ! Ses collĂšgues l'enlĂšvent et l'emmĂšnent Ă  Saint-Tropez. Le dĂ©clic ne se produit pas puisque l'amnĂ©sique appelle cette ville Saint-TrospĂšte ». Ses compĂšres ne rĂ©sistent pas Ă  l'envie de mettre de l'ordre sur la route lorsqu'ils constatent un accident, et ressortent leurs uniformes malgrĂ© l'interdiction. Merlot suggĂšre de conduire Fougasse vers des nudistes pour provoquer un choc psychologique. Lorsque Gerber ordonne de dĂ©shabiller le prĂ©tendu amnĂ©sique en souvenir de son action lors du premier opus de la sĂ©rie, Fougasse finit par craquer. Il admet n'avoir jamais Ă©tĂ© amnĂ©sique, mais avoir profitĂ© indĂ»ment de l'hospitalitĂ© du centre de convalescence de La PinsonniĂšre. C'est alors que les nouveaux gendarmes interviennent pour capturer les nudistes. OutrĂ© par la dĂ©bauche de moyens employĂ©s jusqu'Ă  un parachutiste, Cruchot dĂ©cide de leur faire rater leur coup et prĂ©vient les nudistes de l'arrivĂ©e de ses successeurs. Ces derniers s'enfuient, mais dans la hĂąte du dĂ©part, un petit groupe emprunte alors la voiture de nos amis qui se retrouvent fort dĂ©pourvus lorsque la plage vide fut venue leurs vĂȘtements civils Ă©taient restĂ©s dans le coffre... Nos aventuriers n'ont d'autre solution que de partir dans la voiture des nudistes, une belle dĂ©capotable peinte en vert avec une gigantesque marguerite. Ils empruntent aussi les vĂȘtements des propriĂ©taires du vĂ©hicule, un groupe de hippies, et se retrouvent avec des puces. GuidĂ©s par une participante au Grand rassemblement » qu'ils ont prise en autostop, ils s'insĂšrent parmi les hippies. Cruchot est Ă©bahi par l'attitude de ses compagnons qui se prennent au jeu et commencent Ă  se dire je t'aime » et Ă  fumer du cannabis. Il les extirpe de force et les emmĂšne Ă  la sortie juste au moment oĂč leurs voleurs arrivent avec la 504. S'ils ont retrouvĂ© leur voiture, les gendarmes en retraite et en vadrouille ne disposent plus de leurs uniformes que les hippies ont jetĂ©. Évidemment, les tenues de gendarme avaient peu de chance de leur plaire... Les jeunes gendarmes ne restent pas inactifs. Ils ont identifiĂ© leurs prĂ©dĂ©cesseurs et informent JosĂ©pha et Mme Gerber que leurs Ă©poux se sont transformĂ©s en guĂ©rilleros » et font du nudisme avec des filles !. OutrĂ©es, les deux femmes dĂ©cident de descendre sur le CĂŽte d'Azur et de s'amuser, elles aussi. L'Ă©tau se resserre sur les guĂ©rilleros », et au moment oĂč ils dĂ©cident de se rendre, ils sont sauvĂ©s par SƓur Clotilde. Devenue la mĂšre supĂ©rieure du couvent, elle les croit toujours en poste et les invite Ă  prendre une collation avant de leur demander un petit service. Le couvent fait office de colonie de vacances pendant l'Ă©tĂ©, et cinq des pensionnaires ont mystĂ©rieusement disparu. Les religieuses sont d'autant plus inquiĂštes qu'on raconte qu'une bande de faux gendarmes sĂ©vit actuellement dans la rĂ©gion » !. Nos hĂ©ros dĂ©couvrent que les disparus s'apprĂȘtent Ă  lancer dans l'espace une mini-fusĂ©e munie d'une tĂȘte nuclĂ©aire volĂ©e Ă  l'arsenal de Saint-Tropez. Cruchot et Gerber arrivent Ă  temps pour dĂ©samorcer l'engin qui a atterri sur la plage, puis dans un hĂŽtel de la CĂŽte, et c’est alors qu’ils surprennent leurs Ă©pouses en galante compagnie. Mais ce sont eux qui devront fournir des explications Ă  ces dames... Le courage dont ils ont fait preuve incite le colonel Ă  rĂ©intĂ©grer Gerber et ses hommes. Leur demande de mise Ă  la retraite » ! se transforme en requĂȘte refusĂ©e » ! DISTRIBUTION Louis de FunĂšs reste toujours aussi hilarant en Ludovic Cruchot. Cette fois-ci, on constate peu de bisbilles entre nos gendarmes, vite contraints de lutter ensemble contre l'adversitĂ©, mais cela ne nuit pas aux effets comiques, bien au contraire. Michel Galabru campe un adjudant Gerber sans doute plus sympathique que d'habitude, du fait de la quasi absence d'affrontements avec Cruchot. VoilĂ  qui crĂ©e un contraste Ă©vident avec Le gendarme se marie dans lequel les deux hommes ne cessent de s'affronter pour conquĂ©rir JosĂ©pha. Fougasse est fidĂšle Ă  sa rĂ©putation de paresseux puisqu'il est ravi d’ĂȘtre Ă  la retraite et qu’il n'hĂ©site pas Ă  se goberger » aux frais de l'Etat comme le lui reproche Gerber, en simulant une amnĂ©sie. On sait Ă  quel point Jean Lefebvre peut exceller dans ce type de compositions. Christian Marin reprend avec bonheur le costume de Merlot, toujours plus en vedette que les discrets mais nĂ©anmoins efficaces Guy Grosso et Michel Modo dans leurs rĂŽles respectifs des gendarmes Tricard et Berlicot. Puisque dĂ©sormais Ludovic est mariĂ©, Claude Gensac a Ă©tĂ© reconduite pour interprĂ©ter sa chĂšre JosĂ©pha. Tout comme Nicole Vervil Mme Gerber, elle est surtout prĂ©sente dans les scĂšnes de retraite au dĂ©but du film. France Rumilly retrouve ses habits de SƓur Clotilde, mais a pris du galon puisqu'elle est devenue la mĂšre supĂ©rieure du couvent. On peut s'Ă©tonner de cette promotion il semble que les fonctions de mĂšre supĂ©rieure soient habituellement dĂ©volues Ă  des religieuses beaucoup plus ĂągĂ©es que SƓur Clotilde... Dans l'aire du couvent, la sensation est Ă©videmment de rencontrer Dominique Davray en religieuse. Cette comĂ©dienne qui a si souvent incarnĂ© des prostituĂ©es ou des mĂšres maquerelles se montre trĂšs Ă  l'aise dans ce costume singulier, et prouve ainsi qu'elle est capable de tout jouer. La nouvelle folle du volant n'est autre que SƓur Marie-BĂ©nĂ©dicte, trĂšs bien interprĂ©tĂ©e par Sara Franchetti. Yves Vincent est excellent dans le rĂŽle du colonel, d'une rare mauvaise foi. Il est accompagnĂ© de RenĂ© Berthier qui joue son adjoint. Le personnel du chĂąteau normand est constituĂ© d'un palefrenier Paul PrĂ©boist, d'un majordome Chris Georgiadis, et d'une bonne. Le chĂąteau est Ă©galement frĂ©quentĂ© par des indĂ©sirables dont fait partie le curĂ© Paul Mercey pour Cruchot, ainsi que le braconnier interprĂ©tĂ© par Dominique Zardi. A Saint-Tropez, les conducteurs des voitures accidentĂ©es sont Yves Barsacq et Jean Valmence, alors que le ministre tarabustĂ© par Ludovic n'est autre que Robert Le BĂ©al, vu notamment dans Hibernatus. Pas trĂšs loin Ă  Aix, le compagnon de boules de Fougasse est incarnĂ© par Henri GuĂ©gan. TEMPS FORTS Bonne pioche que ce Gendarme en balade, le plus rĂ©ussi de la sĂ©rie hormis le premier. Cruchot Ă  New-York offrait quelques scĂšnes irrĂ©sistibles dans un ensemble plus quelconque, alors que Cruchot amoureux Ă©tait constant dans un comique de qualitĂ© mais sans scĂšnes exceptionnelles. Avec cette longue balade, nos gendarmes retrouvent un niveau de burlesque trĂšs Ă©levĂ© qui se maintient jusqu'Ă  l'orĂ©e du dĂ©nouement, seule la scĂšne de dĂ©samorçage de la bombe se situant trĂšs en retrait. Les mĂ©saventures de Ludovic Ă  la retraite sont hilarantes, tout comme son musĂ©e du grenier oĂč il s'enferme quelques heures tous les jours selon son Ă©pouse. Bon moment de comique visuel lorsque la photo de JosĂ©pha semble s'indigner du hold-up auquel se livre Cruchot dans la rĂ©serve d'argent. Le malheureux rĂ©ussit tout juste Ă  conserver un seul gros billet en vue de son expĂ©dition, et encore avec la bĂ©nĂ©diction condescendante de sa maĂźtresse-femme. J'aime bien la joyeuse ambiance des retrouvailles qui rĂšgne jusqu'Ă  l'Ă©pisode des hippies. Pour preuve, cette proposition de Gerber Et maintenant, messieurs, rien ne s'oppose Ă  ce que nous nous tapions une monstrueuse bouillabaisse ! » Autre sommet avec l'incursion dans le monde des hippies. Face Ă  Barbara, leur petite sƓur » venue de Rotterdam pour le Grand rassemblement », nos gendarmes sont rebaptisĂ©s Paul, George, et bien entendu Ringo... La tĂȘte de De FunĂšs lorsqu'il constate la pente sur laquelle ses collĂšgues, y compris et surtout Gerber, glissent sans s'en rendre compte ! Les Je t'aime » de ses camarades ne sont pas Ă  son goĂ»t comme en atteste la rĂ©plique suivante adressĂ©e Ă  Fougasse qui s'apprĂȘte Ă  lui en sortir un Si vous me le dites, je vous fous quatre jours ! » Le pauvre Cruchot a des excuses puisqu'il vient d'entendre trois Je t'aime » de la part de l'adjudant Gerber, qui plus est prononcĂ©s avec conviction et avec un air Ă©namourĂ© du plus bel effet. Les gendarmes dĂ©cident de se rendre lorsqu'ils se croient victimes d'hallucinations. Le fait se produit alors que Cruchot scrute la cĂŽte avec ses jumelles - Ah ! Mon adjudant ! J'ai cru, enfin il m'a semblĂ©, je ne sais pas... voir nos femmes avec des bonshommes !- Quoi ?- Regardez !- OĂč ça ?- LĂ  !- Ah !- Alors ?- Je ne sais pas...- Les bonshommes, ce sont eux !- Oui, les bonshommes, ce sont eux...- Les femmes, je ne sais pas. Ou alors ce ne sont pas des femmes ? Quelle joie de retrouver la Deux-Chevaux de SƓur Clotilde, tellement plus affriolante que le side-car du film prĂ©cĂ©dent ! Et nous avons droit Ă  un joli rattrapage deux trajets avec les religieuses, SƓur Marie-BĂ©nĂ©dicte tenant le volant avec autant de... talent que SƓur Clotilde. Merlot se rend vite compte qu'il a eu grand tort de faire preuve d'optimisme Ă  l'arrivĂ©e des religieuses avec son Cette fois, je crois qu'on est sauvĂ©s ! » Et ce dialogue entre Cruchot et la mĂšre supĂ©rieure Ă  l'arrivĂ©e au couvent - Vous ĂȘtes sĂ»re qu'elle sait conduire ?- C'est moi qui lui ai appris !- Vous avez créé un style... Et ce style, lui-mĂȘme et ses hommes vont l'adopter, et par deux fois, lorsqu'il faudra qu'ils se prĂ©cipitent pour Ă©viter la catastrophe avec la fusĂ©e des garnements et sa tĂȘte nuclĂ©aire. Peu aprĂšs, entre les mĂȘmes personnages ainsi que l'adjudant Gerber, ce dialogue dĂ©calĂ© bien sympathique brisant le 4e mur, un procĂ©dĂ© comique certes irrĂ©sistible, mais inĂ©dit sinon dans la panoplie comique de de FunĂšs Vous savez, ça me fait plaisir de vous revoir comme ça, de film en film ! » C'est Louis de FunĂšs qui a eu cette idĂ©e de religieuse-chauffard pour la sĂ©rie des Gendarme, et on ne peut que s'en rĂ©jouir tellement elle reste un marqueur puissant de la sĂ©rie dans l'inconscient collectif des amateurs de Fufu. On ne se livrera pas Ă  l'Ă©numĂ©ration des autres sĂ©quences Ă  haut potentiel comique qui serait trop longue et deviendrait fastidieuse, entre les multiples aventures Ă  l'arsenal de Saint-Tropez dont celle du gros Gerber coincĂ© entre deux barreaux, et l'interrogatoire surrĂ©aliste des garnements trop gĂątĂ©s par les religieuses et leur incroyable naĂŻvetĂ©. POINTS FAIBLES Le plus gros regret est la scĂšne finale de dĂ©samorçage de la bombe, trop outranciĂšre pour ĂȘtre rĂ©ellement drĂŽle. C'est Louis de FunĂšs lui-mĂȘme qui l'a rĂ©glĂ©e dans les moindres dĂ©tails, mais il fut Ă  cette occasion moins inspirĂ© que pour l'idĂ©e de SƓur Clotilde. On voit bien que Galabru et lui ont Ă©tĂ© arrosĂ©s d'eau pour simuler de la transpiration, tout ceci est excessif. Il est vrai que le film accusait dĂ©jĂ  une lĂ©gĂšre baisse de rĂ©gime depuis l'arrivĂ©e des gendarmes au couvent. Cependant, la trĂšs grande qualitĂ© de tout ce qui prĂ©cĂšde permet Ă  ce quatriĂšme Gendarme de demeurer un trĂšs bon cru. ACCUEIL Le film rĂ©alise la meilleure performance commerciale de l’annĂ©e 1970, confirmant l’affection du public pour le marĂ©chal des logis-chef Cruchot. Le score national lĂ©gĂšrement infĂ©rieur Ă  5 millions d’entrĂ©es 4 800 000 environ et en retrait de deux millions par rapport au Gendarme se marie, pourtant un peu moins intĂ©ressant, s’explique par la dĂ©saffection du public pour le cinĂ©ma en ce dĂ©but des annĂ©es 70 en raison de la concurrence fĂ©roce de la tĂ©lĂ©vision. SYNTHÈSE Un Gendarme fort rĂ©ussi qui se revoit toujours avec grand plaisir. LES SÉQUENCES CULTES Visite du curĂ© N'approche pas ou je te fous un marron! T'es bien installĂ©e petite soeur? Je t'aime ! Passez-moi une petite fourchette Ă  huĂźtres ! Retour Ă  l'index 3. SUR UN ARBRE PERCHÉ Production SNC, LIRA FILMSScĂ©nario Pierre ROUSTANGAdaptation Jean HALAIN, Serge KORBERDialogues Jean HALAINRĂ©alisation Serge KORBERMusique Alain GORAGUER À la suite d'un accident de voiture, un industriel et deux auto-stoppeurs se retrouvent immobilisĂ©s dans l'automobile, perchĂ©s sur un pin parasol, Ă  mi-hauteur d'une falaise donnant sur la MĂ©diterranĂ©e. ComplĂštement isolĂ©s, ils essaient d'attirer l'attention par tous les moyens pendant que leur disparition est signalĂ©e sans que les secours n'aient la moindre idĂ©e de l'endroit singulier oĂč ils se trouvent. GENÈSE Le scĂ©nario initial Ă©tait prĂ©vu pour Annie Girardot et Yves Montand pour un film qui devait s'intituler L'accident. Louis de FunĂšs tomba sur le scĂ©nario et jugea que c'Ă©tait un bon sujet pour lui-mĂȘme. L'anecdote dĂ©montre que mĂȘme les plus grands peuvent commettre des erreurs... Si le changement de titre fut judicieux, car le nouveau Ă©tait de toute Ă©vidence plus accrocheur et moins banal que l'ancien, le film fut un Ă©chec tant artistique que commercial, et une faute de goĂ»t dans la carriĂšre de Louis de FunĂšs. Cependant, l'idĂ©e de Roustang avait tout de la mise en abyme, tournant autour d'un axiome original un film dans une situation "immobile", en "surplace", une originalitĂ© qui a pu attirer Louis de FunĂšs. Il est possible qu'un traitement dramatique eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable, mais cela n'aurait pas Ă©tĂ© dans le registre habituel de Louis qui a sans doute surestimĂ© la teneur comique du film, pensant peut-ĂȘtre le transcender par son don pour la comĂ©die ironiquement le raisonnement des producteurs les plus paresseux ayant soutenu ses moins bons films ne s'appuyant que sur sa performance sans penser au scĂ©nario. MalgrĂ© le retour Ă  un rĂŽle de chef d'entreprise vĂ©reux tout Ă  fait dans sa lignĂ©e historique, une certaine modernisation de l'image de Louis se poursuit, comme le dĂ©montre le fait qu'il porte une perruque !. RÉALISATEUR DeuxiĂšme film de Louis de FunĂšs avec Serge Korber. Avec l'aide de Jean Halain, un habituĂ© des productions De FunĂšs, Korber avait toutes les conditions pour rĂ©ussir un bon film, et l'Ă©chec est difficilement explicable. Le rĂ©alisateur qui montait, qui montait, va commencer Ă  descendre avec ce film ratĂ© et ne se remettra pas de cet Ă©chec. AprĂšs deux films quelconques avec Annie Girardot, il finira, Ă  l'instar de nombre de metteurs en scĂšne de l'Ă©poque, par passer Ă  un tout autre genre de cinĂ©ma sous le pseudonyme de John Thomas, il rĂ©alisera plusieurs films pornographiques entre 1975 et 1977 dont l'un sera interdit, et rĂ©coltera de ce fait une amende pour outrages aux bonnes mƓurs ». DÉCORS Les extĂ©rieurs ont Ă©tĂ© filmĂ©s sur les falaises de Cassis, les plus Ă©levĂ©es d'Europe. Si le rĂ©sultat n'a pas Ă©tĂ© Ă  la hauteur, il faut admettre que Korber ait pu ĂȘtre fier d'avoir menĂ© Ă  bien ce tournage techniquement trĂšs complexe. Reconstitution d'un pin parasol, Ă©quipe de cascadeurs dans la voiture pour les vues de loin, groupe d'alpinistes pour les prises de vues depuis la falaise, hĂ©licoptĂšre pour vues aĂ©riennes... rien n'a Ă©tĂ© laissĂ© au hasard, et le travail accompli a Ă©tĂ© remarquable. Cependant, tout ceci a gonflĂ© le coĂ»t du film, et ne fut pas facile Ă  amortir compte tenu de l'Ă©chec commercial. Pour les intĂ©rieurs, les prises de vues ont eu lieu aux studios de Boulogne. Une partie de la falaise, ainsi que le pin parasol, ont Ă©tĂ© fidĂšlement reconstituĂ©s. Ce travail en studio fut Ă©galement complexe, avec l'emploi de machines pour simuler les oscillations de la voiture. Louis de FunĂšs, GĂ©raldine Chaplin, et Olivier de FunĂšs n'ont donc pas mis les pieds Ă  Cassis, mĂȘme si leur tĂąche ne fut pas forcĂ©ment facile lors du tournage en studio puisqu'ils furent obligĂ©s de calquer leurs mouvements sur ceux des cascadeurs prĂ©sents sur la vraie falaise. GÉNÉRIQUE Une des rares rĂ©ussites du film. La musique d'Alain Goraguer est de bonne qualitĂ©, mĂȘme si elle n'est pas restĂ©e ancrĂ©e dans les mĂ©moires comme celle de nombreux films de Louis. Alain Goraguer suivra la mĂȘme trajectoire que Serge Korber puisqu'il travaillera Ă©galement pour l'industrie pornographique en composant lors des annĂ©es 70 et 80 des musiques, d'ailleurs excellentes, sous le pseudonyme de Paul Vernon ; ceci au profit du rĂ©alisateur Claude Bernard-Aubert, reconverti dans l'industrie X sous le nom de Burd Tranbaree. Il travaillera Ă©galement sous son vrai nom comme arrangeur avec Alain Chamfort. SCÉNARIO Il est Ă©vident que le scĂ©nario n'a pas Ă©tĂ© assez travaillĂ©, ce qui a entraĂźnĂ© son rapide Ă©puisement et contraint Louis de FunĂšs Ă  en faire des tonnes pour essayer de compenser, ce qu'il n'a pu rĂ©ussir malgrĂ© tout son talent. On peut se demander si Korber n'a pas gaspillĂ© toute son Ă©nergie sur les aspects techniques compliquĂ©s du tournage au dĂ©triment de l'histoire. Henri Roubier est un entrepreneur cynique et totalement dĂ©nuĂ© de scrupules. Il n'hĂ©site pas Ă  signer un contrat secret pour le marchĂ© des autoroutes en Italie tout en prĂ©tendant publiquement qu'il n'est pas intĂ©ressĂ© par le marchĂ© transalpin. Ses concurrents français le croient sur parole et prĂ©parent leur dossier de bonne foi sans se douter qu'ils travaillent pour rien puisque tout est dĂ©jĂ  jouĂ©. À son retour d'Italie, sa voiture est bloquĂ©e par des grĂ©vistes et il se retrouve contraint d'accepter deux auto-stoppeurs Ă  son bord, un jeune homme et une jeune femme. ExaspĂ©rĂ© par l'agitation de ses passagers, il sort de la route alors qu'il traverse la Provence pendant la nuit et la voiture dĂ©gringole dans le vide. C'est la mort assurĂ©e qui est au rendez-vous pour les trois occupants de la dĂ©capotable, mais un miracle se produit alors la voiture s'immobilise, sans que ses passagers ne sachent oĂč et dans quelles conditions Ă  cause de l'obscuritĂ©. Le lendemain matin, les rescapĂ©s de la mort dĂ©couvrent que leur situation est fort prĂ©caire puisque la voiture a Ă©chouĂ© sur un pin parasol arc-boutĂ© Ă  mi-hauteur d'une falaise, et que ce poids supplĂ©mentaire menace de faire tomber l'arbre et ses Ă©tranges visiteurs Ă  la mer. Roubier et ses passagers vont tenter par tous les moyens d'attirer l'attention, mais ils ne peuvent ĂȘtre vus depuis le haut de la falaise. Seul un bateau ou un hĂ©licoptĂšre pourrait les repĂ©rer. HĂ©las ! Le seul plaisancier qui va les remarquer depuis son yacht va croire qu'il est victime de visions suite Ă  un abus d'alcool, et nos naufragĂ©s de l'espace vont le faire sauter en renvoyant la lumiĂšre du soleil avec un miroir... juste sur l'alimentation en carburant ! PrivĂ©s de nourriture et d'eau, Ă  la merci des hallucinations, le situation devient critique jusqu'Ă  ce que nos accidentĂ©s soient enfin localisĂ©s. Les opĂ©rations de sauvetage s'avĂšrent compliquĂ©es et sont retardĂ©es par l'ex-mari de l'autostoppeuse, un militaire au tempĂ©rament musclĂ© qui veut assouvir sa jalousie fĂ©roce en trucidant la jeune femme. Finalement, un hĂ©licoptĂšre parvient Ă  dĂ©tacher la voiture et ses occupants et les dĂ©pose... sur une Ăźle dĂ©serte. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs interprĂšte un personnage Ă©crit spĂ©cialement pour lui, et il est vrai que ce n'est pas la premiĂšre fois qu'il incarne un chef d'entreprise sans foi ni loi. MalgrĂ© une performance sans faille, il ne parvient pas Ă  rendre le film intĂ©ressant tellement le scĂ©nario est insipide. Son fils Olivier de FunĂšs lui donne la rĂ©plique pour la sixiĂšme et derniĂšre fois Ă  l'Ă©cran. Par la suite, ils se retrouveront au théùtre Ă  l'occasion de la reprise d'Oscar, puis Olivier s'orientera dĂ©finitivement vers l'aviation en devenant pilote de ligne. C'est un Ă©chec relatif pour Louis qui avait tentĂ© de l'insĂ©rer dans le cinĂ©ma pour qu'il ne cĂšde pas Ă  sa passion de l'aĂ©ronautique. Pour le personnage de l'ancienne Mme Muller, c'est GĂ©raldine Chaplin qui a Ă©tĂ© retenue. SoupçonnĂ© de bĂ©nĂ©ficier du piston puisque fille du grand Charlie, elle dĂ©bute au cinĂ©ma sous les regards circonspects de la critique mais s'avĂšre finalement bonne comĂ©dienne, et sa carriĂšre, qui continua fort bien, sera consistante. La majeure partie du film se dĂ©roulant en huis-clos avec ces trois acteurs, les autres comĂ©diens n'ont pour la plupart que des rĂŽles sommaires. Le plus prĂ©sent est encore le fidĂšle Paul PrĂ©boist, ici en journaliste qui commente les opĂ©rations de sauvetage pour la radio. Hans Meyer possĂšde le physique adĂ©quat pour interprĂ©ter le militaire jaloux, ex-mari de l'autostoppeuse. Alice Sapritch, c'est Lucienne, la femme de Roubier. Eh oui, parmi les nombreuses comĂ©diennes qui ont jouĂ© la femme de Fufu Ă  l'Ă©cran, on compte mĂȘme Alice Sapritch... Le frĂšre de Lucienne, un ecclĂ©siastique, est interprĂ©tĂ© par Roland Armontel. Franco Volpi, c'est l'entrepreneur italien, Fernand Sardou l'adjudant-chef, Daniel Bellus le sauveteur alpiniste, Danielle Durou la jeune fille du film d'Ă©pouvante, et Jean-Jacques Delbo le yachtman ivre. Le speaker de la tĂ©lĂ©vision est incarnĂ© par Pascal Mazotti, dĂ©jĂ  vu avec De FunĂšs sur Hibernatus. Le reporter de tĂ©lĂ©vision par Jean Hebey, le brigadier par Jean Panisse, M. Lejeune par Charles Bayard, et le cafetier par Fransined. Le rĂ©alisateur Serge Korber semble avoir voulu singer Hitchcock en faisant une apparition en camĂ©o dans la scĂšne de l'inauguration. TEMPS FORTS TrĂšs peu de bons moments dans cette piteuse production. Seul le dĂ©but du film, montrant le caractĂšre malhonnĂȘte et manipulateur de Roubier, pouvant faire illusion. Dans la partie la plus longue, le huis-clos dans la voiture, c'est encore le gag de Louis de FunĂšs essayant de boire l'eau du lave-glace qui semble le plus acceptable, seul susceptible d'arracher un sourire. Rien Ă  signaler dans la partie finale, celle du sauvetage, Ă  un moment oĂč mĂȘme les inconditionnels de Louis de FunĂšs auront selon toute vraisemblance dĂ©jĂ  dĂ©crochĂ©. POINTS FAIBLES Hormis les quelques rares passages citĂ©s dans les temps forts, les points faibles sont constituĂ©s par tout le reste, donc approximativement par l'ensemble du film. On peut toutefois nuancer car, non seulement le scĂ©nario est indigeste, mais de surcroĂźt sa courbe de mĂ©diocritĂ© suit une progression exponentielle pour atteindre dans la partie finale une nullitĂ©, certes plus exceptionnelle de nos jours, mais rare pour l'Ă©poque quoique.... Les sĂ©quences de dĂ©but, avant l'accident, sont acceptables, puis le dĂ©crochage a lieu lors de cet interminable huis-clos entre les trois personnages dans la dĂ©capotable. Les pseudos gags s'Ă©puisent rapidement, pour preuve cette scĂšne ridicule du film d'Ă©pouvante, pas drĂŽle du tout. On se dit que la dĂ©couverte des naufragĂ©s » est une bonne occasion de relancer l'action et le scĂ©nario, mais c'est le contraire qui se produit. La diversion du mari jaloux ne fait pas illusion longtemps et le film part complĂštement dans le n'importe quoi. En plus, Louis de FunĂšs est de moins en moins prĂ©sent ; on a l'impression que lors de cette partie finale, c'est Paul PrĂ©boist qui est devenu le principal acteur. Quant Ă  la conclusion, elle ne rehausse pas le niveau. Cet hĂ©licoptĂšre qui entraĂźne les rescapĂ©s jusque sur une Ăźle dĂ©serte, c'est Ă  la hauteur de ce qui prĂ©cĂšde, c'est-Ă -dire consternant. Le meilleur conseil que l'on peut donc donner Ă  quelqu'un qui ne connaĂźtrait pas le film est de ne pas le regarder. A quoi ça sert de perdre une heure et demie ? ACCUEIL Alors que les investissements ont Ă©tĂ© importants, le film rencontre un Ă©chec cuisant, d'ailleurs parfaitement mĂ©ritĂ©, avec seulement 1 600 000 spectateurs, score dĂ©risoire pour un film de Louis de FunĂšs. Ce dernier en tirera les conclusions logiques en se tournant Ă  nouveau vers la valeur sĂ»re GĂ©rard Oury pour la suite de sa carriĂšre. SYNTHÈSE Le pire des films sur la partie la plus connue de la carriĂšre de Fufu. A oublier bien vite. Retour Ă  l'index Captures et sĂ©quences cultes rĂ©alisĂ©es par Steed3003. Saga Louis de FunĂšs 2 - La consĂ©cration 1964/1966 1Ăšre partie PRÉSENTATION 2ÈME ÉPOQUE ConsĂ©quence logique des efforts de tant d’annĂ©es, la consĂ©cration arrive enfin en 1964 grĂące Ă  trois films qui, cumulĂ©s, enregistreront un total de vingt-trois millions de spectateurs, soit Ă  l'Ă©poque un Français sur deux ! Ces trois films sont chacun le dĂ©but de trois sĂ©ries les Gendarme, les FantĂŽmas, et la sĂ©rie de films avec GĂ©rard Oury. Pendant deux ans, Louis de FunĂšs va enchaĂźner un total de huit films tous de grande qualitĂ©, et s’installer au sommet du cinĂ©ma populaire français tant au niveau de la cĂŽte d’amour auprĂšs du public qu’au niveau du box-office, ce qui, il est vrai, va souvent de pair
 Le cas de Fufu est unique puisque mĂȘme Jean-Paul Belmondo, pourtant particuliĂšrement populaire dans les annĂ©es soixante, soixante-dix, et quatre-vingts, n’atteindra pas un nombre d’entrĂ©es Ă©quivalent sur l’ensemble de sa carriĂšre. En ces annĂ©es, De FunĂšs est alors au sommet de sa forme. Son talent a toujours Ă©tĂ© prĂ©sent, et demeurera, mais il a atteint alors une sorte de perfection grĂące Ă  des annĂ©es de travail acharnĂ© au cours desquelles il a peaufinĂ© son personnage. De plus, il se trouve alors en parfaite condition physique, ce qui, hĂ©las ! durera Ă  peine dix annĂ©es. Toujours est-il que Louis est au sommet, et on ne voit pas qui pourra l’en dĂ©loger. Et on a raison puisqu’il ne quittera plus les hautes sphĂšres de la popularitĂ© et que, comme on pouvait le prĂ©voir, il ne sera jamais remplacĂ©. Mais qui aurait pu remplacer un acteur aussi unique ? Que les milieux cinĂ©philes relativement intellectuels ne soient pas sĂ©duits ne constitue pas un inconvĂ©nient majeur sachant qu'Ă  l'Ă©poque rien de ce qui touche au cinĂ©ma populaire, en particulier lorsqu’il relĂšve du registre comique, ne trouve grĂące Ă  leurs yeux. Il faudra attendre plusieurs annĂ©es aprĂšs sa mort pour que Louis de FunĂšs soit reconnu Ă  la hauteur de son gĂ©nie, mais n’est-ce pas le lot de la plupart des grands artistes ? Combien de peintres exceptionnels ont Ă©tĂ© injustement boudĂ©s par les intellectuels » de leur vivant ? Il ne fallait pas espĂ©rer que certains milieux soient plus clairvoyants avec Fufu
 Retour Ă  l'index 1. LE GENDARME DE SAINT-TROPEZ Production SociĂ©tĂ© Nouvelle de CinĂ©matographie ScĂ©nario Jacques VILFRID, Richard BALDUCCI Adaptation Jacques VILFRID, Jean GIRAULT Dialogues Jacques VILFRID RĂ©alisation Jean GIRAULT Musique Raymond LEFEVRE Paroles AndrĂ© PASCAL Do you Saint-Tropez » Le gendarme Cruchot, veuf avec une jeune fille de dix-huit ans, exerce sa fonction avec zĂšle dans un village des Hautes-Alpes jusqu'au jour oĂč il est nommĂ© adjudant Ă  Saint-Tropez. Il fait la connaissance de son supĂ©rieur, l'adjudant-chef Gerber, et de ses hommes, avec qui il se montre intraitable. HabituĂ© Ă  arrĂȘter des braconniers et des voleurs de poules, le brave gendarme n'est pas au bout de ses surprises entre chasse aux nudistes et frasques de sa fille, devenue mythomane pour Ă©pater les jeunes snobs de la CĂŽte d'Azur. GENÈSE Le Gendarme de Saint-Tropez est le film qui, avant mĂȘme Le Corniaud et FantĂŽmas, va installer Louis de FunĂšs au rang d'immense vedette française du cinĂ©ma comique. Les personnages de la saga ont Ă©tĂ© créés par Richard Balducci qui a bien senti le potentiel de Fufu pour interprĂ©ter ce genre de petits chefs autoritaires, mielleux avec leurs supĂ©rieurs, et insupportables avec leurs subordonnĂ©s. L'adjudant Cruchot est tout Ă  fait dans la lignĂ©e du genre comique que Louis de FunĂšs connaissait par cƓur - voir par exemple son personnage de gendarme dans Ni vu, ni connu. La diffĂ©rence, c'est que le film dispose de plus gros moyens financiers, et les vues superbes de Saint-Tropez vont s'ajouter au talent de l'acteur parvenu au sommet de son art pour produire un succĂšs inĂ©galĂ© pour De FunĂšs, succĂšs populaire qui perdurera jusqu'Ă  sa mort. Les producteurs cherchent avant tout la rĂ©ussite commerciale Ă  moindre coĂ»t. S'ils ne vont pas lĂ©siner sur les moyens matĂ©riels, ils vont Ă©conomiser sur les acteurs, n'engageant aucune vedette Ă  gros cachet sachant que Louis n'Ă©tait pas encore trĂšs onĂ©reux comme acteur principal. Michel Galabru se souvient d'avoir surpris une conversation significative Sur ce film, vous mettez De FunĂšs, et puis vous engagez des ringards. Les autres acteurs, je ne veux pas les payer ! » Galabru eut une pensĂ©e Ă©mue pour les malheureux acteurs qui allaient ĂȘtre engagĂ©s sur le film en question, et dĂ©couvrit par la suite qu'il Ă©tait l'un d'entre eux, et mĂȘme le principal d'entre eux... RÉALISATEUR Jean Girault, cinĂ©aste honni par les partisans du cinĂ©ma d'auteur, va prendre les commandes du film, et rĂ©alisera d'ailleurs l'ensemble de la saga. À compter de cette Ă©poque, il devient le metteur en scĂšne favori de Louis de FunĂšs qui apprĂ©cie la libertĂ© quasi totale qu'il lui laisse dans l'interprĂ©tation de ses personnages. Girault n'est lĂ  que pour la partie technique de la rĂ©alisation et laisse les coudĂ©es libres Ă  son acteur principal concernant sa façon d'interprĂ©ter ou les petits changements de scĂ©nario de derniĂšre minute, coutumiers avec Fufu, toujours crĂ©atif lorsqu'il s'agit d'amĂ©liorer un script par l'ajout de nouveaux gags. DÉCORS La sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique censĂ©e se dĂ©rouler dans les Hautes-Alpes a Ă©tĂ© tournĂ©e en fait sur la petite commune de BelvĂ©dĂšre, dans les Alpes-Maritimes. Les autres scĂšnes d'extĂ©rieurs ont utilisĂ© Ă  merveille les dĂ©cors naturels de Saint-Tropez et de ses environs, le lieu le plus cĂ©lĂšbre Ă©tant Ă©videmment l'ancienne gendarmerie de Saint-Tropez, alors que les scĂšnes d'intĂ©rieurs ont Ă©tĂ© tournĂ©es dans les studios de la Victorine Ă  Nice. Ce film inaugure une recette gagnante qui sera renouvelĂ©e Ă  cinq reprises pendant prĂšs de vingt ans scĂšnes comiques de Louis et de ses acolytes se dĂ©roulant toujours par beau temps, en plein Ă©tĂ©, au sein des magnifiques paysages azurĂ©ens de Saint-Tropez et alentours. C'est bien connu, le ciel est toujours bleu Ă  Saint-Tropez, en tous cas c'est le sentiment que peuvent avoir les spectateurs aprĂšs avoir vu les six films de la sĂ©rie... CĂŽtĂ© voitures, la cĂ©lĂšbre Mustang de Ford joue un rĂŽle important, le modĂšle rouge prĂ©sentĂ© est magnifique. Mais ce qui reste le plus dans les mĂ©moires est bien entendu la Deux-Chevaux de SƓur Clotilde... GÉNÉRIQUE AprĂšs une assez longue sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique en noir-et-blanc, le gĂ©nĂ©rique provoque un choc tant par la tonalitĂ© presque agressive des premiĂšres notes de musique que par le contraste entre la grisaille qui prĂ©cĂšde et les couleurs de Saint-Tropez nimbĂ©e de lumiĂšre, avec son soleil et son ciel bleu immaculĂ©. Comme le remarque Nicole Cruchot en arrivant C'est magnifique ! ». Preuve du handicap constituĂ© par le noir-et-blanc, la sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique a purement et simplement Ă©tĂ© zappĂ©e lors d'une diffusion du film sur TF1 il y a quelques annĂ©es un dimanche soir. Le film a donc dĂ©butĂ© sur le gĂ©nĂ©rique et ses vues en couleur de Saint-Tropez. Il est vrai que l'on peut suivre le scĂ©nario sans avoir vu Cruchot dans les Hautes-Alpes, mais il est Ă©videmment trĂšs dommageable que, par peur que la mĂ©nagĂšre de cinquante ans ne change de chaĂźne Ă  la vue du noir-et-blanc, les responsables de la chaĂźne commerciale aient Ă©liminĂ© une sĂ©quence de cinq minutes loin d'ĂȘtre dĂ©nuĂ©e d'intĂ©rĂȘt. La musique trĂšs militaire composĂ©e par Raymond LefĂšvre sera rĂ©utilisĂ©e dans la plupart des films de la sĂ©rie. Bien adaptĂ©e aux aventures de Cruchot et Compagnie, elle n'a cependant rien d'exceptionnel et je la trouve infĂ©rieure aux compositions de Vladimir Cosma qu'on trouvera sur les films des annĂ©es soixante-dix. En pire, il faut se coltiner la chanson de Nicole Dou you, Dou you, Saint-Tropez » lors des scĂšnes avec les jeunes oisifs... À tout prendre, le meilleur moment musical est finalement la chanson d'Henri Salvador Zorro est arrivĂ© ! dont un extrait du refrain est diffusĂ© lors de la scĂšne des rĂȘves. Le gĂ©nĂ©rique final se dĂ©roule sur fond de dĂ©filĂ© de nos gendarmes entre deux groupes de majorettes sur la rue principale de Saint-Tropez, et inaugure une tradition incontournable au point qu'on pourrait croire que ce sont les mĂȘmes images qui ont conclu les six films si on ne constatait le vieillissement de Fufu lors des derniĂšres versions. SCÉNARIO Si j'Ă©cris que le scĂ©nario de ce film est particuliĂšrement bien agencĂ© et a rĂ©volutionnĂ© le cinĂ©ma, cela apparaĂźtra comme un trait d'humour. Qu'on se le dise, la saga des Gendarme n'aura jamais de scĂ©narios Ă©galant ceux des films de GĂ©rard Oury. On a affaire avant tout Ă  une succession de gags, le talent des acteurs assurant le spectacle et le succĂšs de la sĂ©rie. Le gendarme Ludovic Cruchot fait respecter la loi d'une main de fer dans la petite commune des Hautes-Alpes oĂč il vit en compagnie de sa fille Nicole. Son quotidien de reprĂ©sentant de l'ordre, veuf avec un enfant, est peuplĂ© d'arrestations de braconniers, de voleurs de poules et de pĂȘcheurs de poissons trop petits selon les rĂšglements. PassionnĂ© par son travail, Cruchot n'hĂ©site pas Ă  tendre des piĂšges Ă  ses adversaires, par exemple en imitant des caquĂštements de poule pour les prendre la main dans le sac. Nicole s'ennuie dans ce village perdu oĂč les loisirs ne sont pas lĂ©gion, la seule occupation de Cruchot semblant ĂȘtre de chanter dans une chorale... Un jour, la grande nouvelle arrive Cruchot est mutĂ© dans le Var avec un galon de plus ! Nicole dĂ©couvre avec ravissement les paysages de la CĂŽte d'Azur, et le Chef Cruchot fait la connaissance de son supĂ©rieur, l'adjudant JĂ©rĂŽme Gerber, et de ses hommes. Toujours zĂ©lĂ©, il a dressĂ© une demi-douzaine de contraventions entre sa sortie de l'autocar et son arrivĂ©e Ă  la gendarmerie, mais Gerber apprĂ©cie peu ce cadeau », surtout lorsqu'il dĂ©couvre que la voiture du maire de la ville se trouve parmi les victimes. Les premiĂšres journĂ©es de travail ne sont guĂšre Ă©prouvantes puisque les gendarmes passent leur temps Ă  pĂȘcher, jouer Ă  la pĂ©tanque, et faire la sieste. Alors que ses acolytes rĂȘvent de vahinĂ©s et de hĂ©ros de pĂ©plum ou de cinĂ©ma, les songes de Cruchot sont plus actifs il se voit Ă  la guerre, en train de faire des prisonniers. La tranquillitĂ© se termine lorsque des nudistes se rĂ©vĂšlent coriaces il s'avĂšre impossible de les prendre en flagrant dĂ©lit en raison d'un guetteur perchĂ© au sommet d'un arbre qui les prĂ©vient Ă  chaque tentative de Gerber et de ses hommes. RĂ©sultat les nudistes ont le temps de se rhabiller avant l'arrivĂ©e des forces de l'ordre. L'adjudant Gerber est dĂ©sespĂ©rĂ© par cette succession d'Ă©checs, et Cruchot dĂ©cide d'imposer Ă  ses hommes un entraĂźnement physique Ă©prouvant afin d'amĂ©liorer leurs performances. La stratĂ©gie est totalement revue car, fort de ses conclusions tirĂ©es de l'analyse de donnĂ©es contradictoires, entre le nudiste homme tout nu » et le gendarme homme tout habillĂ© avec un uniforme », Ludovic estime que la seule chance de rĂ©ussite est de placer un gendarme dĂ©nudĂ© parmi les vrais nudistes. Face Ă  l'absence de candidat pour se mettre nu au milieu des nudistes, Cruchot tire au sort le volontaire » qui s'avĂšre ĂȘtre le gendarme Fougasse, déçu par la tricherie de son chef que le vĂ©ritable tirage au sort avait dĂ©signĂ©. Fougasse dĂ©sire conserver un tout petit slip », mais Ludovic ne veut pas en entendre parler. L'opĂ©ration est un succĂšs total, et l'adjudant-chef Gerber, qui a laissĂ© Cruchot et ses subordonnĂ©s faire tout le travail, vient dĂ©filer devant les nudistes arrĂȘtĂ©s en scandant JE les ai eus ! » en signe de triomphe. Nicole rencontre plus de difficultĂ©s d'adaptation avec les jeunes fils Ă  papa de Saint-Tropez. Lasse des quolibets reçus en raison de sa tenue vestimentaire dĂ©suĂšte, elle s'achĂšte une robe Ă  la derniĂšre mode, mais son striptease improvisĂ© devant la gendarmerie sous les regards ravis des hommes de Cruchot scandalise son pĂšre. La robe qu'il choisit d'acheter Ă  la place provoque l'hilaritĂ© des jeunes de Saint-Tropez. Pour ĂȘtre adoptĂ©e par les jeunes, Nicole se fait passer pour la fille d'un milliardaire amĂ©ricain en vacances Ă  Saint-Tropez sur son magnifique yacht. Manque de chance, un des jeunes, amoureux de Nicole, croit que la voiture garĂ©e devant le yacht appartient au pĂšre de cette derniĂšre, et l'emprunte au cours de la nuit malgrĂ© l'opposition de Nicole. La voiture, une superbe Mustang dĂ©capotable, s'enlise dans un fossĂ© en pleine campagne. Nicole prĂ©vient son pĂšre. Furieux de risquer sa carriĂšre Ă  cause d'une bĂȘtise de sa fille, Cruchot rĂ©pare l'automobile et la ramĂšne sur le port, non sans avoir failli ĂȘtre surpris par deux de ses hommes. Il ignore que le coffre contient un Rembrandt volĂ© dans un musĂ©e. Le lendemain, Nicole rencontre un de ses camarades alors qu'elle fait les courses en compagnie de son pĂšre. Nicole supplie Ludovic de jouer le jeu, lui demandant de se faire passer pour Archibald Ferguson, un milliardaire amĂ©ricain propriĂ©taire d'un yacht. Cruchot, rĂ©ticent, est contraint d'accepter et compose un milliardaire en vacances qui fait sa popote sur son yacht ». Mais les parents du camarade de sa fille, un couple de snobs, l'invitent Ă  une rĂ©ception mondaine. Cruchot finit par cĂ©der Ă  sa fille et s'habille en milliardaire, costume blanc et chapeau assorti, pour se rendre Ă  la rĂ©ception. Un concours de circonstances le met en possession du tableau volĂ© que son hĂŽte dĂ©couvre sans surprise pensez donc, quoi de plus naturel qu'un amĂ©ricain excentrique ayant fait fortune dans le coton ait acquis un Rembrandt ? C'est alors que surgit l'adjudant Gerber, invitĂ© Ă  la rĂ©ception en tant que chef de la police locale. Cruchot rĂ©ussit Ă  lui Ă©chapper et Ă  s'enfuir, mais laisse le tableau dont Boiselier, son hĂŽte, parle Ă  Gerber. L'adjudant, qui enquĂȘte sur le vol du Rembrandt, est intriguĂ© et demande Ă  voir le tableau qu'il identifie immĂ©diatement. Gerber dĂ©couvre avec stupĂ©faction que Mademoiselle Ferguson » n'est autre que la fille de Cruchot. Face aux tĂ©moignages des gendarmes Merlot et Fougasse, qui ont identifiĂ© Cruchot au volant de la Mustang, sa conclusion est Ă©vidente le malheureux Cruchot, qui la veille encore Ă©tait pour lui le type mĂȘme du gendarme exemplaire, devient une vipĂšre, un vulgaire voleur de tableaux infiltrĂ© au sein de la gendarmerie. Et voilĂ  la brigade lancĂ©e aux trousses de Ludovic ! Que devient notre brave Cruchot pendant ce temps ? Il est fait prisonnier par le vĂ©ritable voleur, le propriĂ©taire du yacht. Nicole et ses amis, qui ont tout compris, interviennent au moment oĂč le malfaiteur s'apprĂȘtait Ă  faire disparaĂźtre ce tĂ©moin gĂȘnant. Les bandits sont arrĂȘtĂ©s, et c'est le jour de gloire pour Cruchot qui livre les coupables Ă  Gerber au moment oĂč celui-ci arrivait pour l'arrĂȘter. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs compose un Ludovic Cruchot Ă  la fois autoritaire et sympathique. Autoritaire et nerveux avec ses hommes, allant parfois jusqu'Ă  l'ignoble, il est servile envers son chef l'adjudant Gerber mĂȘme s'il ne va pas jusqu'Ă  employer les Mmmmmmh ! » de flatterie que l'acteur utilise souvent en face des puissants. Sympathique tout de mĂȘme par son courage face Ă  l'adversitĂ© et par sa vie familiale, l'affection qu'il Ă©prouve pour sa fille, illustrĂ©e par ce dialogue - Mais Papa, je veux juste m'habiller comme tout le monde...- Mais tu n'es pas tout le monde, tu es ma fille ! Il semble que Cruchot compense l'absence de sa femme en jouant au pĂšre poule ». Michel Galabru tient le rĂŽle de l'adjudant Gerber, et ne le lĂąchera pas jusqu'Ă  la fin de la saga. Il a hĂ©ritĂ© du rĂŽle aprĂšs le dĂ©sistement de Pierre Mondy, qui a renoncĂ© pour une piĂšce de théùtre. Son personnage est ambigu envers Cruchot il semble le tenir en sa plus haute estime, mais ne perd pas une occasion de le dĂ©nigrer au tournant, comme s'il y avait une rivalitĂ© entre eux. Que par la suite, Gerber soit jaloux de JosĂ©pha expliquera cette rivalitĂ©, mais ici Cruchot n'a pas d'Ă©pouse fortunĂ©e et attirante. La relation de mĂ©fiance envers les deux hommes est donc singuliĂšre, et probablement motivĂ©e par les effets comiques recherchĂ©s. Le fait est que Gerber conclut un peu vite et avec une satisfaction visible Ă  la culpabilitĂ© de Cruchot, il est vrai encouragĂ© par les persiflages de Fougasse et de Merlot. Justement, les deux hommes principaux de Gerber et Cruchot sont les gendarmes Fougasse et Merlot, respectivement interprĂ©tĂ©s par Jean Lefebvre et Christian Marin, deux excellents acteurs qui sont sous-employĂ©s sur ce film, mais moins cependant que les duettistes Guy Grosso et Michel Modo, interprĂštes des gendarmes Tricard et Berlicot et rĂ©duits Ă  de la quasi-figuration. Dans les films suivants, ces quatre acteurs jouent souvent des rĂŽles particuliers qui les distinguent des autres par exemple, l'un flatte Gerber pendant qu'un autre courtise Cruchot. Ici, hormis la scĂšne avec Jean Lefebvre en nudiste, le quatuor n'est vraiment pas Ă  la fĂȘte. GeneviĂšve Grad, c'est Nicole, la fille de Ludovic. Blonde et jolie, Nicole veut absolument sympathiser avec les jeunes de Saint-Tropez. Les premiers contacts sont difficiles, mais la nouvelle venue est dĂ©finitivement acceptĂ©e dĂšs lors qu'elle se fait passer pour la fille d'un milliardaire en provenance d'HawaĂŻ. Il n'empĂȘche que, une fois dĂ©masquĂ©e, un de ses camarades jugera que son vrai pĂšre est plutĂŽt sympa et qu'elle n'avait nullement besoin d'en inventer un autre. Sa prestation fort honnĂȘte n'a pas ouvert les voies du succĂšs Ă  GeneviĂšve Grad. Sentant peut-ĂȘtre qu'elle sera Ă©ternellement perçue comme la fille du Chef Cruchot » tout comme MichĂšle Mercier est toujours restĂ©e AngĂ©lique - et alors que Romy Schneider elle-mĂȘme a eu Ă©normĂ©ment de mal Ă  se dĂ©faire du personnage de Sissi - elle dĂ©cide de prendre de la distance avec le cinĂ©ma aprĂšs son troisiĂšme et dernier Gendarme. Par la suite, elle deviendra antiquaire puis employĂ©e de mairie. Le trĂšs mondain AndrĂ©-Hugues Boiselier est incarnĂ© par le formidable Claude PiĂ©plu, absolument sensationnel dans cette caricature de bourgeois snob et branchĂ©, amateur de rĂ©ceptions chics dans sa villa de Saint-Tropez. France Rumilly joue SƓur Clotilde, cette religieuse sympathique qui prend sa Deux-Chevaux pour un bolide de Formule 1. Ce personnage rencontre un franc succĂšs et deviendra un incontournable de la saga. Enfin, soyons sĂ©rieux peut-on imaginer un Gendarme sans SƓur Clotilde et sa Deux-Chevaux ? Les autres rĂŽles sont trĂšs peu dĂ©veloppĂ©s, confirmant les dĂ©sirs des producteurs. À signaler tout de mĂȘme la prĂ©sence de Maria PacĂŽme, dont le jeu caustique s'exprime Ă  plein rendement dans le rĂŽle d'Emilie Lareine-Leroy !, une veuve joyeuse de la bonne sociĂ©tĂ©, immĂ©diatement attirĂ©e par l'exotique et richissime Archibald Ferguson. Et bien sĂ»r celui qui deviendra un monument de la tĂ©lĂ©vision pour avoir prĂ©sentĂ© le jeu Ă©ternel d'Armand Jammot Des chiffres et des lettres, puis le non moins lĂ©gendaire Fort Boyard le sĂ©millant Patrice Laffont, ici en jeune sĂ©ducteur tropĂ©zien. CĂ©cilia, l'Ă©pouse de Gerber, est interprĂ©tĂ©e par Nicole Vervil, et le paysan au tracteur par Fernand Sardou, Ă  l'Ă©poque cĂ©lĂšbre comĂ©dien de théùtre, mais aujourd'hui devenu avant tout le pĂšre de Michel ». Sacha Briquet est un vendeur de vĂȘtements, et comme il se doit une folle » de premiĂšre catĂ©gorie, Jacques Famery le prince oriental lors de la rĂ©ception, et Paul Bisciglia son pourvoyeur en jeunes filles. Dans le secteur du yacht se trouvent les bandits et leur personnel M. Harpers, le chef, a une apparence trĂšs british », mais est en fait un Italien du nom de Giuseppe Porelli tout comme son principal homme de main interprĂ©tĂ© par Gabriele Tinti ; on retrouvera ce comĂ©dien dans plusieurs films français dont La folie des grandeurs encore avec De FunĂšs, ou Le passager de la pluie de RenĂ© ClĂ©ment avec Charles Bronson et MarlĂšne Jobert. Jean Droze est le matelot sentimental qui entend faire la leçon Ă  Harpers au sujet de sa fille abandonnĂ©e ». Dans la bande de jeunes, outre Patrice Laffont, on reconnaĂźt Daniel Cauchy dans le rĂŽle de Richard, Franck Vilcourt dans celui de Christophe Boiselier, et Pierre Gare dans celui de Daniel. Quant Ă  la brune et peu farouche Jessica, elle est interprĂ©tĂ©e par Sylvie BrĂ©al. TEMPS FORTS On trouve de trĂšs bons moments dĂšs la sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique, avec la scĂšne dans l'Ă©glise oĂč le voleur de poules grille la politesse Ă  Cruchot au sein de la chorale au grand ravissement du prĂȘtre, sĂ©duit par sa voix de tĂ©nor. L'arrivĂ©e Ă  Saint-Tropez est dominĂ©e par le premier contact entre Cruchot et le duo Merlot-Fougasse, vite convaincu du tort que va leur crĂ©er le nouveau chef, et surtout par les contraventions dressĂ©es par notre Ludovic contre un patron de bar qui n'a pas mis l'affiche rĂ©glementaire sur la rĂ©pression de l'ivresse publique, contre une marchande de poissons pour tentative de corruption de fonctionnaire », et mĂȘme contre la voiture de Monsieur le Maire, coupable d'ĂȘtre garĂ©e sur un passage pour piĂ©tons. Gerber se charge de calmer les ardeurs de son nouvel adjoint, affirmant que le maire a forcĂ©ment eu un moment d'inattention ». Les attitudes typiques du comique funĂ©sien » sont mises en exergue dans les sĂ©quences montrant les loisirs des gendarmes. MĂȘme si le fait n'est pas explicitement rĂ©vĂ©lĂ©, il semble que les siestes, les parties de pĂȘche ou de pĂ©tanque, se dĂ©roulent pendant les heures de travail. Quoi qu'il en soit, Cruchot fait preuve d'une dĂ©fĂ©rence rare envers Gerber il fait le mĂ©nage autour des boules de pĂ©tanque lorsque son chef va jouer, et n'hĂ©site pas Ă  tricher pour le faire gagner. Il nĂ©glige les jolies Ă©toiles de mer pĂȘchĂ©es par Fougasse, mais s'extasie devant les oursins de Gerber. Pour ne pas ĂȘtre en reste, il s'accapare d'un oursin pĂȘchĂ© par le mĂȘme Fougasse et le prĂ©sente comme le fruit de sa propre pĂȘche. Il charge Merlot d'ouvrir l'oursin Ă  sa place, et lorsque Gerber se plaint qu'il n'y ait pas grand-chose », il fait remarquer que c'est lui Merlot qui l'a ouvert ». ! Avec la scĂšne des rĂȘves, c'est le caractĂšre particulier de Cruchot qui est un peu plus dĂ©voilĂ©. MĂȘme en dormant, Ludovic reste toujours actif. Pendant que ses collĂšgues se voient en hĂ©ros de pĂ©plum ou en compagnie de jolies femmes, il rĂȘve d'une guerre oĂč il parvient Ă  faire des prisonniers alors que les balles sifflent autour de lui. La partie consacrĂ©e aux nudistes est sans doute celle qui a eu un des plus gros succĂšs. Il est vrai que l'air gĂȘnĂ© de Jean Lefebvre au milieu des naturistes, avec son journal pour cacher ce que la dĂ©cence interdit de voir, est un moment mĂ©morable. L'entraĂźnement imposĂ© par Gerber n'est pas mal non plus et se double d'un vĂ©ritable conditionnement psychologique. Les hommes doivent rĂ©pondre Oui, chef ! » Ă  tout ce que leur dit Cruchot, y compris Ă  des phrases comme Le prĂ©nom de ta mĂšre ? » ou Je suis le droit et la justice ! ». Autre sĂ©quence marquante, celle du trajet en voiture de Cruchot avec SƓur Clotilde. InsĂ©rĂ©e au sein de l'histoire du vol de la voiture Ă  un moment oĂč le film menace de s'enliser, elle vient relancer de maniĂšre Ă©clatante la mĂ©canique burlesque. Le soulagement de Ludovic, heureux d'en finir avec les kilomĂštres Ă  pied pour ramener de l'essence, fait vite place Ă  l'angoisse lorsqu'il constate la façon de conduire de la religieuse vitesse excessive, multiples dĂ©bordements sur la gauche de la chaussĂ©e, virages pris Ă  pleine vitesse, murs Ă©gratignĂ©s... rien n'est Ă©pargnĂ© au malheureux gendarme qui finit par rĂ©citer son acte de contrition. La scĂšne se conclut en beautĂ© lorsque Cruchot sort de la Deux-Chevaux - Merci ma sƓur ! Mais dĂźtes moi vous conduisez... Euh !... Vous n'avez jamais eu d'accident ?- Je ne conduis que depuis hier ! la tĂȘte que fait De FunĂšs ! Au revoir, mon fils !- Au revoir, Monsieur l'abbĂ© ! Mais le sommet du film est constituĂ© par la rencontre entre Cruchot et les Boiselier, et la rĂ©ception qui en dĂ©coule. Christophe Boiselier, accompagnĂ© de ses parents, rencontre Nicole et son pĂšre qui sortent d'une boulangerie. Le jeune homme dĂ©cide de prĂ©senter les prĂ©tendus Ferguson Ă  ses parents. - Mes respects, M. Ferguson ! Je vais chercher mes parents !- Mais pourquoi ce godelureau m'appelle-t-il Ferguson ?- Je ne sais pas, papa... Les Boiselier s'approchent Je t'en supplie, papa, joue le jeu, sinon je suis perdue !- Perdue ?- Tu as un yacht et nous sommes milliardaires ! Le trĂšs mondain AndrĂ©-Hugues Boiselier est immĂ©diatement sĂ©duit par ce milliardaire dĂ©contractĂ© qui s'est habillĂ© en paysan pour faire ses courses avec un petit cabas, et l'invite Ă  une rĂ©ception. - Je serais bien venu, mais je ne peux pas, Ă  cause de mon costume...- Papa veut dire le dernier, celui qu'il s'est fait faire Ă  Honolulu...- Pas de cĂ©rĂ©monie entre nous, venez comme vous voudrez !- Justement, c'est mon jour de repos. Enfin, je veux dire, je ne vais point au golf, je rĂ©cupĂšre !- Oh ! Mais c'est un cabas que vous avez lĂ  ! Comme c'est amusant !- Oui, j'aime bien faire les courses moi-mĂȘme, ma popote sur mon yacht, et aussi laver mes six voitures pour me dĂ©tendre !- Je devrais essayer ! À bientĂŽt, M. Ferguson !- Il est capable de le faire, l'imbĂ©cile ! Non moins hilarantes les scĂšnes lors de la rĂ©ception. Cruchot s'est fait une apparence de milliardaire excentrique avec son ensemble blanc et son chapeau. Il rĂ©ussit Ă  duper tout le monde sans difficultĂ©s depuis Boiselier jusqu'Ă  la veuve Lareine-Leroy. Bien servi par d'excellents partenaires Claude PiĂ©plu et Maria PacĂŽme, Fufu se dĂ©chaĂźne et donne Ă  son personnage une sorte de dĂ©lectation Ă  ridiculiser ces snobinards de la haute sociĂ©tĂ© qu'il mĂ©prise. - Votre yacht est magnifique. Quand pourrons-nous le visiter ?- Euh ! Pas encore, parce qu'on vient de refaire les peintures, et ça sĂšche trĂšs lentement...- Mais alors comment faites-vous ?- Eh ! Bien, je me tĂąche ! Mon tailleur est dĂ©bordĂ©, il m'envoie douze costumes par semaine, de Alors vous habitez la Nouvelle-OrlĂ©ans depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations
 Vous ĂȘtes dans le coton, je suppose ?- Non, je suis dans la J'ignorais qu'il y eut une diffĂ©rence ! C’est trĂšs intĂ©ressant !- Ah ! Si ! La ouate, le coton... Mais enfin, c’est technique, ça n’intĂ©resse pas les dames
- Moi tout m’intĂ©resse, surtout la Ce doit ĂȘtre une ville passionnante. Ces vieilles maisons de bois, ces ruelles sordides oĂč, dans des tripots affreusement mal famĂ©s, les indigĂšnes vont s’enivrer en jouant du trombone... Ce doit ĂȘtre hallucinant, prodigieux, dites ?- Écoutez ! C'est absolument indescriptible de dĂ©mence gĂ©niale ! Et lorsque Boiselier prĂ©sente Émilie Lareine-Leroy - Madame Lareine-Leroy... Notre pauvre Lareine-Leroy nous a quittĂ©s il y a six C'est une perte irremplaçable...- Et comment faites-vous depuis ?- J'essaie de survivre... Maria PacĂŽme joue ostensiblement la veuve joyeuse, d'oĂč l'effet comique obtenu lorsqu'elle prononce ces phrases. L'arrivĂ©e impromptue de l'adjudant Gerber oblige Cruchot Ă  se cacher avant de pouvoir quitter la rĂ©ception en douce. En jouant Ă  colin-maillard, Cruchot tĂąte le kĂ©pi de son chef et se hĂąte de prendre la fuite, il frĂŽle la catastrophe lorsqu'il bute dans Gerber en reculant, il improvise alors une danse en masquant son visage Ă  l'aide d'un disque vinyle une scĂšne irrĂ©sistible ! Ensuite, il se dissimule sous la robe et le voile d'une musulmane. C'est alors qu'un prince le prend pour une jeune fille qu'un pourvoyeur lui a procurĂ©e pour son harem. Cruchot repousse ses avances tant bien que mal avant que le prince, vexĂ©, ne finisse par le dĂ©masquer ! Ludovic s'enfuit mais tombe sur Émilie et danse avec elle pour se cacher de Gerber. Il lance Ă  Nicole À la maison ! », et Madame Lareine-Leroy croit que la phrase lui est destinĂ©e, qu'il s'agit d'un rendez-vous amoureux ! Peut-ĂȘtre moins restĂ©es gravĂ©es dans l'imaginaire collectif que les nudistes et la religieuse folle du volant, ces scĂšnes avec PiĂ©plu et PacĂŽme sont celles qui me font attribuer au film la note maximum. POINTS FAIBLES Les scĂšnes avec les jeunes oisifs constituent l'incontestable point faible du film. Ces adolescents attardĂ©s, ces fils Ă  papa, sont assez insupportables avec leurs plaisanteries douteuses qui ne font pas rire. Donc, la longue sĂ©quence du vol de la Mustang n'est guĂšre passionnante, et on peut en dire autant de la scĂšne en discothĂšque avec la chanson de Nicole, Do you, do you, Saint-Tropez ? » Le semblant d'intrigue sur le vol de tableau, les bandits d'opĂ©rette ne sont guĂšre attirants, et le dĂ©nouement d'un niveau Ă©quivalent. D'accord, l'intrigue est bon enfant, mais en arriver Ă  nous montrer les trois bandits ficelĂ©s clamer d'un air enthousiaste Oui, nous sommes coupables, oui Cruchot nous a eus, Cruchot c'est de la graine de gĂ©nĂ©ral !», voilĂ  qui dĂ©passe les limites et n'est pas drĂŽle du tout. ACCUEIL Le film rencontre un franc succĂšs, et mĂȘme un triomphe avec plus de sept millions d'entrĂ©es en France. Louis de FunĂšs s'exporte aussi trĂšs bien, notamment en Europe l'Espagne, l'Allemagne, et l'Italie lui rĂ©servent un trĂšs bon accueil. La lĂ©gende De FunĂšs commence, et n'est pas prĂȘte de s'interrompre. SYNTHÈSE Un classique dans la filmographie de Louis, et le meilleur de la sĂ©rie des Gendarme. LES SÉQUENCES CULTES Tiens toi, voilĂ  mes hommes! Vous ĂȘtes les branches, je suis le tronc. Partie de pĂ©tanque Le prĂ©nom de ta mĂšre ? Merci ma soeur Retour Ă  l'index 2. FANTÔMAS Production GAUMONT ScĂ©nario Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD, d'aprĂšs les romans de Pierre SOUVESTRE et Marcel ALLAIN. Adaptation Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD sur autorisation de Marcel ALLAIN Dialogues Jean HALAIN RĂ©alisation AndrĂ© HUNEBELLE Musique Michel MAGNE Un malfaiteur masquĂ© appelĂ© FantĂŽmas terrorise la population par la multiplicitĂ© de ses crimes. L'intrĂ©pide journaliste Fandor, qui ne croit pas Ă  son existence, est enlevĂ© par le bandit puis soupçonnĂ© d'ĂȘtre FantĂŽmas lui-mĂȘme. Le commissaire Juve, chargĂ© de neutraliser l'ennemi public numĂ©ro un, est soupçonnĂ© lui aussi, mais finit par faire alliance avec le journaliste pour pousser le criminel dans ses derniers retranchements. GENÈSE Le rĂ©alisateur AndrĂ© Hunebelle, qui avait travaillĂ© Ă  de multiples reprises avec Jean Marais, souhaitait que son acteur-fĂ©tiche joue un personnage apparaissant dans une sĂ©rie de films. Jean Cocteau, ami et plus si affinitĂ©s de Jean Marais, lui suggĂ©ra le personnage de FantĂŽmas. Outre les aspects attrayants de ce malfaiteur de fiction, la multitude des romans narrant ses aventures, Ɠuvres de Pierre Souvestre et Marcel Allain, Ă©tait de bon augure pour le commencement d'une sĂ©rie. Hunebelle songe Ă  reconstituer le tandem Jean Marais-Bourvil qu'il a dirigĂ© dans Le Capitan et Le Bossu en attribuant le rĂŽle du commissaire Juve Ă  Bourvil. Finalement, c'est Louis de FunĂšs, recommandĂ© par Alain PoirĂ©, qui hĂ©rite du rĂŽle. Il est Ă©vident que pour ce premier film de la saga, l'acteur principal sera Jean Marais, alors au sommet de sa carriĂšre. Louis de FunĂšs commence Ă  bĂ©nĂ©ficier d'une certaine notoriĂ©tĂ©, mais n'est pas encore l'acteur-roi du box-office qu'il ne va pas tarder Ă  devenir. Donc, Jean Marais, qui bĂ©nĂ©ficie d'un double rĂŽle, doit animer les nombreuses scĂšnes d'action et d'aventure, alors que Louis de FunĂšs se chargera des scĂšnes comiques, nettement moins nombreuses. La caractĂ©ristique de ce premier film est qu'il est plus orientĂ© vers l'action et vers l'imaginaire que vers la comĂ©die, et en cela il est celui qui est le moins Ă©loignĂ© des romans de Souvestre et Allain. Les personnages principaux sont les mĂȘmes FantĂŽmas, Fandor, Juve, HĂ©lĂšne, Lady Beltham. Leurs fonctions et caractĂšres ont cependant Ă©tĂ© modifiĂ©s, notamment pour Juve, qui n'avait rien de comique dans les romans, et pour HĂ©lĂšne, qui n'est pas la fille de FantĂŽmas dans les adaptations. Le rĂ©sultat, c'est un cocktail agrĂ©able d'aventure, de fantaisie, d'humour, et d'action. Il faut souligner le cĂŽtĂ© poĂ©tique de certaines scĂšnes, en particulier celles se dĂ©roulant dans le repaire de FantĂŽmas, avec les apparitions mystĂ©rieuses de Lady Beltham. Cet aspect sera largement abandonnĂ© dans les deux films suivants. NĂ©anmoins, pour tout fan de Louis de FunĂšs qui se respecte, ce premier film de la sĂ©rie est le moins intĂ©ressant des trois. Les deux suivants exploiteront beaucoup mieux le potentiel comique de cet acteur de gĂ©nie, alors qu'ici on ne le retrouve que de façon sporadique. RÉALISATEUR AprĂšs une carriĂšre de dĂ©corateur et de maĂźtre-verrier, AndrĂ© Hunebelle s'est fait connaĂźtre comme rĂ©alisateur de comĂ©dies souvent de sĂ©rie B, et de films de cape et d'Ă©pĂ©e. Il est parfois considĂ©rĂ© comme le metteur en scĂšne ayant tirĂ© Louis de FunĂšs de l'anonymat en lui confiant le premier rĂŽle de Taxi, roulotte et corrida. Il a beaucoup travaillĂ© avec Bourvil et Jean Marais, mais aussi avec Louis de FunĂšs, d'oĂč un choix de comĂ©diens finalement assez logique sur ce nouveau film. Jean Halain, qui Ă©crit les dialogues sur ses films, et deviendra par la suite scĂ©nariste pour Louis de FunĂšs, n'est autre que son fils. Le tournage se dĂ©roule sans histoires grĂące Ă  la bonne entente rĂ©gnant entre le rĂ©alisateur et ses comĂ©diens. Tout ce petit monde se connaĂźt depuis longtemps et s'apprĂ©cie. DÉCORS Un budget consĂ©quent a permis de nombreux tournages en extĂ©rieurs. Le film remplit parfaitement sa fonction de gĂ©nĂ©rateur de rĂȘve, et la variĂ©tĂ© des dĂ©cors apporte sa pierre Ă  cet Ă©difice, mĂȘme si elle n'atteint pas la qualitĂ© des productions de GĂ©rard Oury. Plusieurs scĂšnes sont tournĂ©es dans Paris dont celle du vol de bijoux Ă  la galerie ElysĂ©e-La BoĂ©tie et la Terrasse Martini, ce qui permet d'admirer de somptueuses vues des Champs-ÉlysĂ©es. La maison de Juve, elle, est situĂ©e dans le Val-d'Oise. C'est lors de la longue poursuite finale que les dĂ©cors naturels vont se succĂ©der Ă  une cadence Ă©levĂ©e. La ligne de train et le passage Ă  niveau sont situĂ©s Ă  Marolles-sur-Seine, en Seine-et-Marne. La Gironde est aussi au rendez-vous, puis les Bouches-du-RhĂŽne, et la Provence-CĂŽte-d'Azur pour le final au bord de l'eau... et sur la mer. Concernant les intĂ©rieurs, signalons le bon travail des dĂ©corateurs sur le repaire de FantĂŽmas, un chĂąteau Ă  grosses pierres et multiples chandeliers. Ce dĂ©cor est bien adaptĂ© Ă  l'aspect romanesque du film. GÉNÉRIQUE AprĂšs une sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique prĂ©sentant un forfait subtil de FantĂŽmas perpĂ©trĂ© dans une bijouterie en compagnie de Lady Beltham, le gĂ©nĂ©rique montre de gros plans sur la voiture promenant les deux complices au travers des rues de Paris. La musique de Michel Magne est une grande rĂ©ussite. Le thĂšme principal, restĂ© dans toutes les mĂ©moires, sera d'ailleurs rĂ©utilisĂ© sur les deux films suivants. Certains thĂšmes secondaires, prĂ©sents sur les scĂšnes se dĂ©roulant au chĂąteau de FantĂŽmas, rappellent par leur aspect majestueux la musique composĂ©e par le mĂȘme Michel Magne pour la saga des AngĂ©lique, marquise des anges avec Robert Hossein et MichĂšle Mercier. Michel Magne s'est suicidĂ© en 1984 Ă  l'Ăąge de 54 ans suite Ă  une dĂ©pression nerveuse engendrĂ©e par une faillite et un redressement judiciaire. En 2001, soit plus de 15 ans aprĂšs sa mort, son arrangeur et pianiste Raymond Alessandrini a reconstituĂ© en un seul enregistrement la musique du film. En effet, un incendie dans un studio, survenu en 1969, avait dĂ©truit la majeure partie des bandes enregistrĂ©es, et il n'existait pas de copie. SCÉNARIO Le scĂ©nario de Jean Halain et Pierre Foucaud fait la part belle Ă  Jean Marais, acteur principal sur ce premier film, mais Louis de FunĂšs peut nĂ©anmoins pleinement exprimer son talent, sa performance Ă©tant le principal vecteur de la rĂ©ussite du film. Le dangereux criminel masquĂ© FantĂŽmas multiplie les vols audacieux et constitue un dĂ©fi pour les pouvoirs publics et les forces de police. Le commissaire Juve, chargĂ© de cette dĂ©licate affaire, prononce une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e destinĂ©e Ă  rassurer la population. Il affirme que la tĂȘte de FantĂŽmas ne va pas tarder Ă  tomber et qu'il n'y a aucune raison de s'inquiĂ©ter. Le journaliste Fandor, grand reporter au quotidien d'informations gĂ©nĂ©rales Le Point du Jour, ne croit pas Ă  l'existence de FantĂŽmas, et accuse Juve d'utiliser la figure anonyme d'un criminel surnaturel pour masquer l'impuissance de la police face Ă  la recrudescence de la criminalitĂ©. Afin d'accroĂźtre les ventes du journal, il publie un reportage montĂ© de toutes piĂšces assorti d'une prĂ©tendue interview de FantĂŽmas oĂč il dĂ©peint le malfaiteur comme un mĂ©galomane aigri. OutrĂ© par ce faux reportage, le vĂ©ritable FantĂŽmas fait enlever le journaliste et le somme de rĂ©tablir la vĂ©ritĂ©. À dĂ©faut, le malheureux Fandor risque de mourir dans de terribles souffrances. Le reporter dĂ©couvre le repaire secret de FantĂŽmas qui ressemble fort Ă  un chĂąteau, et fait la connaissance de Lady Beltham, la compagne de son hĂŽte. Les deux amants se sont emparĂ©s de la fortune de Lord Beltham avant de le liquider. FantĂŽmas laisse 48 heures Ă  Fandor pour le prĂ©senter sous un jour plus favorable dans Le Point du Jour. Fandor s'Ă©vanouit, et Ă  son rĂ©veil il se trouve dans son appartement oĂč sa jeune fiancĂ©e HĂ©lĂšne surgit, folle d'inquiĂ©tude de ne pas l'avoir vu arriver comme tous les matins Ă  son bureau. Fandor croĂźt avoir rĂȘvĂ© et s'amuse de ce souvenir, jusqu'Ă  ce qu'une bosse sur la nuque et une lettre F majuscule tatouĂ©e sur sa poitrine lui fassent comprendre qu'il ne s'agissait nullement d'un cauchemar. Le commissaire Juve et son adjoint l'inspecteur Bertrand, indignĂ©s par l'article de Fandor, vont sonner Ă  la porte de ce dernier en se faisant passer pour FantĂŽmas, ce qui produit un quiproquo fatal Ă  Fandor Juve est persuadĂ© que le journaliste est en relations avec le criminel et qu'il est peut-ĂȘtre son complice. Mis en garde Ă  vue, Fandor refuse de parler et Juve se fatigue avant lui. Mais pendant ce temps, il ne peut publier l'article rectificatif ce dont se charge le directeur du journal FantĂŽmas y est dĂ©crit sous un jour encore plus dĂ©favorable. La rĂ©action du bandit ne se fait pas attendre dĂšs sa libĂ©ration, Fandor est enlevĂ© et ramenĂ© chez FantĂŽmas. Il essaie de faire comprendre qu'il n'est pour rien dans la publication de ce nouvel article, mais FantĂŽmas refuse de l'Ă©couter. Pour le punir, il lui apprend qu'il sait confectionner des masques imitant parfaitement la peau humaine, et des gants reconstituant les empreintes digitales de ses victimes. Il a l'intention d'utiliser ces moyens particuliers pour perdre Fandor aux yeux de tous en commettant les pires forfaits avec le visage du journaliste. Pendant ce temps, le commissaire Juve et le directeur du Point du Jour ont fait la paix, et dĂ©cident de s'unir pour dĂ©masquer FantĂŽmas. Ils lancent un dĂ©fi au criminel rĂ©ussir Ă  s'emparer de la collection de bijoux prĂ©sentĂ©e dans un dĂ©filĂ© de mannequins organisĂ© sur leur demande aux Champs-ÉlysĂ©es par la chambre syndicale des joailliers. Un dispositif policier spĂ©cial est dĂ©ployĂ©, vĂ©ritable piĂšge dans lequel le malfaiteur insaisissable ne doit pas manquer de tomber. Mais FantĂŽmas, qui porte le masque de Fandor, trompe la police en injectant depuis l'appartement du dessous un gaz soporifique dans la piĂšce oĂč se trouvent les bijoux et les policiers chargĂ©s de les surveiller. Il peut ainsi rafler des pierres prĂ©cieuses pour une valeur d'un milliard de francs. Le commissaire Juve ne tarde pas Ă  dĂ©couvrir le forfait et se lance Ă  la poursuite de son ennemi sur les toits de Paris. FantĂŽmas rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper en hĂ©licoptĂšre, mais aprĂšs avoir gĂ©nĂ©reusement laissĂ© voir les traits du masque de Fandor, ce qui accrĂ©dite auprĂšs de Juve et de l'opinion publique la thĂšse selon laquelle le criminel et le journaliste ne font qu'un. FantĂŽmas, qui a Ă©galement enlevĂ© et droguĂ© HĂ©lĂšne, envisage une idylle avec cette derniĂšre, ce qui n'est pas du goĂ»t de Fandor... ni de Lady Beltham, habilement prĂ©venue par Fandor. Justement, le reporter doit rester au chĂąteau en compagnie de Lady Beltham pendant que FantĂŽmas repart rĂ©gler ses comptes avec le commissaire Juve. L'odieux criminel commet une sĂ©rie de forfaits avec le visage et les empreintes digitales de Juve. Ce dernier est rapidement confondu par un portrait-robot et une avalanche de tĂ©moins. ArrĂȘtĂ© par un inspecteur Bertrand ravi de jouer enfin les premiers rĂŽles, le malheureux Juve est interrogĂ© et jetĂ© en prison sans mĂ©nagement ! La jalousie de Lady Beltham a produit son effet puisque Fandor et HĂ©lĂšne se retrouvent libres au sommet d'une montagne, avec une voiture Ă  proximitĂ©. En rĂ©alitĂ©, la criminelle a sabotĂ© la voiture pour se dĂ©barrasser de ces deux gĂȘneurs. Mais l'habiletĂ© de Fandor dans la conduite et une bonne dose de chance permettent aux deux fuyards de s'en sortir sans dommage. Fandor va aussitĂŽt trouver la police et tente de s'expliquer, mais Bertrand refuse de l'Ă©couter. PersuadĂ© de la complicitĂ© du journaliste avec Juve-FantĂŽmas, il rĂ©unit les deux malfaiteurs prĂ©sumĂ©s dans la mĂȘme cellule. FantĂŽmas, qui a l'intention de se livrer Ă  des expĂ©riences sur le cerveau humain, rĂ©ussit Ă  faire Ă©vader Juve et Fandor qu'il compte utiliser comme cobayes. Mais ses prisonniers provoquent un accident de voiture Ă  la suite duquel ils peuvent se lancer Ă  la poursuite du criminel en fuite. La course folle se termine sur la MĂ©diterranĂ©e aprĂšs avoir utilisĂ© tous les moyens de transport possibles moto, train de marchandises, voiture volĂ©e, et hĂ©licoptĂšre de la police, celle-ci ayant Ă©tĂ© convaincue par HĂ©lĂšne de l'innocence de Juve et de Fandor. Juve et Fandor se retrouvent impuissants face Ă  la plongĂ©e du sous-marin de FantĂŽmas, et ne peuvent que se faire ramener Ă  terre par HĂ©lĂšne, venue les secourir en canot pneumatique. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs interprĂšte le commissaire Juve, un policier nerveux et autoritaire obsĂ©dĂ© par son but le plus cher, l'arrestation de son ennemi FantĂŽmas. Alors que ce rĂŽle Ă©tait au dĂ©part celui d'un faire-valoir de Jean Marais, et qu'il n'a donc pas Ă©tĂ© aussi bien loti en nombre de scĂšnes que son prestigieux partenaire, il a connu un tel succĂšs auprĂšs du public qu'il est devenu a posteriori la vedette principale. Dans l'esprit du public, la sĂ©rie des FantĂŽmas est une sĂ©rie de Louis de FunĂšs, y compris ce premier film oĂč Marais Ă©tait la tĂȘte d'affiche. En toute logique, il y aura un rééquilibrage sur le second, avant que De FunĂšs ne prenne un net ascendant sur le troisiĂšme. Double rĂŽle pour Jean Marais, nĂ© Jean Villain-Marais, avec les personnages de FantĂŽmas et de Fandor. AprĂšs un dĂ©but de carriĂšre au théùtre et dans le cinĂ©ma d'auteur dramatique, l'Ă©gĂ©rie et amant de Jean Cocteau avait trouvĂ© un second souffle dans des films de cape et d'Ă©pĂ©e dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©s par AndrĂ© Hunebelle, oĂč il pouvait utiliser ses capacitĂ©s physiques lors de l'accomplissement de cascades. Rarement doublĂ©, il va continuer sur ce registre avec FantĂŽmas. On peut regretter ce rĂŽle double qui oblige Ă  de savants jeux de camĂ©ras lors des scĂšnes entre FantĂŽmas et Fandor, afin que le spectateur ne se rende pas compte que l'un des deux personnages n'est pas interprĂ©tĂ© par Jean Marais mais par une doublure. Et il faut une doublure pour chacun des deux personnages puisque la camĂ©ra montre tantĂŽt Fandor de face, tantĂŽt FantĂŽmas. Cependant, le seul personnage de FantĂŽmas n'aurait pas assurĂ© une prĂ©sence suffisante pour un acteur dotĂ© du rĂŽle principal, d'oĂč l'adjonction du personnage de Fandor Ă  l'actif de Jean Marais. L'inspecteur Bertrand est un policier plutĂŽt stupide Ă  la remorque de son chef le commissaire Juve. Jacques Dynam produit une composition tout Ă  fait satisfaisante, se montrant Ă  la hauteur de son prestigieux partenaire. Louis de FunĂšs apprĂ©ciait beaucoup cet acteur non seulement pour ses qualitĂ©s professionnelles, mais aussi pour sa discrĂ©tion et sa modestie. MylĂšne Demongeot interprĂšte HĂ©lĂšne, la jeune, blonde, et jolie fiancĂ©e de Fandor, photographe dans le mĂȘme journal que lui, ce qui leur permet de travailler ensemble. Bien que trĂšs Ă©prise, elle n'hĂ©site pas Ă  critiquer le travail du journaliste plus souvent qu'Ă  son tour, et ses rĂ©flexions iconoclastes sont parfois sources d'idĂ©es nouvelles pour le bouillant Fandor. Autre atout charme, mais au goĂ»t nettement plus vĂ©nĂ©neux, la troublante Lady Beltham dotĂ©e du corps et des traits de Marie-HĂ©lĂšne Arnaud. Excellente performance de cette actrice dans un rĂŽle pourtant assez rĂ©duit. Il est toujours agrĂ©able de retrouver Robert Dalban. Le roi du second rĂŽle a Ă©tĂ© bien servi ici puisqu'il est prĂ©sent dans de nombreuses scĂšnes, dans la peau du directeur du Point du Jour. On arrive ensuite aux tout petits rĂŽles, trĂšs nombreux, parmi lesquels on reconnaĂźt Anne-Marie Peysson dans son propre rĂŽle de speakerine lors de la premiĂšre scĂšne, AndrĂ©e Tainsy en habilleuse au cours du dĂ©filĂ© de mannequins, et les insĂ©parables Henri Attal et Dominique Zardi prĂ©sents dans les trois films de la saga en tant qu'hommes de main de FantĂŽmas. Les cascadeurs Yvan Chiffre et Jean Minisini jouent Ă©galement les subalternes du bandit masquĂ©, Rudy Lenoir le gardien-chef, Philippe Castelli un agent de police en faction pendant le dĂ©filĂ©, AndrĂ© Badin un employĂ© de la bijouterie, Jean-Louis Allibert le ministre lisant le journal. Plusieurs comĂ©diens apparaissent au cours de la scĂšne du portrait-robot en tant que tĂ©moins, parmi lesquels Gabrielle Doulcet, Georges Adet, et Jean Blancheur. Enfin, un acteur cĂ©lĂšbre n'apparaĂźt pas Ă  l'Ă©cran mais est nĂ©anmoins omniprĂ©sent. Il s'agit bien entendu de Raymond Pellegrin, la voix de FantĂŽmas. TEMPS FORTS Le film dĂ©marre trĂšs bien avec la prestation tĂ©lĂ©visĂ©e du commissaire Juve. Pour minimiser les actions de FantĂŽmas, il fait remarquer que le nombre de ses victimes est dĂ©risoire comparĂ© Ă  celui des accidents de la circulation ! alors que cette route du crime » est loin d'ĂȘtre coupĂ©e. Donc, les assassins du volant sont beaucoup plus dangereux que FantĂŽmas... L'effet comique de fin de scĂšne est produit par l'attaque vraisemblablement perpĂ©trĂ©e par un homme de FantĂŽmas contre un magasin oĂč les tĂ©lĂ©viseurs exposĂ©s en vitrine retransmettent l'interview de Juve-De FunĂšs par la speakerine Anne-Marie Peysson. Une bombe fait exploser les tĂ©lĂ©viseurs, mais parmi les dĂ©combres on trouve un appareil encore en fonctionnement bien que fortement inclinĂ© oĂč l'on voit Juve affirmer qu'il n'y a plus aucune raison de s'inquiĂ©ter » !. Autre bon moment de comique FunĂ©sien lorsque Juve, qui s'est dĂ©guisĂ© en clochard pour espionner en toute discrĂ©tion au bas de l'immeuble oĂč rĂ©side Fandor, est emmenĂ© au poste de police par des agents qui le prennent pour un vĂ©ritable sans-abri ! Extrait du dialogue - ArrĂȘtez, enfin ! Vous allez tout me faire rater !- Ah ! Voyez-vous ça ! On va tout faire rater ! Tu expliqueras ça au commissaire !- Mais, mais... Justement, c'est moi ! Je suis le commissaire Juve !- Ah ! Oui ! Et moi je suis le PrĂ©sident de la RĂ©publique ! Allez, viens ! Et le lendemain matin, Juve avec son adjoint Bertrand - Une nuit au poste, moi ! Vous vous rendez compte, une nuit au poste ! Enfin, heureusement que les journalistes n'en sauront rien...- C'est dommage que vous ayez oubliĂ© vos C'est intelligent, ça ! Vous ferez votre chemin, vous ! Mais, bougre d'imbĂ©cile, c'est en changeant de veste !- DĂźtes...- Ouiiii !- M'sieur le commissaire... Vous ne voyez pas qu'ils vous aient passĂ© Ă  tabac
 Regard Ă©loquent de Juve... Lorsque Juve et Bertrand tapent Ă  la porte de Fandor et se prĂ©sentent sous l'identitĂ© de FantĂŽmas - Mais vous m'aviez laissĂ© 48 heures pour l'exĂ©cution !- Ah ! Oui ? Ici le commissaire Juve ! Ouvrez immĂ©diatement !- Commissaire ! Vous m'avez bien eu !- Alors, FantĂŽmas vous a laissĂ© 48 heures pour l'exĂ©cution de qui ? Ou l'exĂ©cution de quoi ? Alors comme ça, on fait des cachotteries Ă  la police, on est en relations avec FantĂŽmas... On va t'interroger mon gaillard ! L'interrogatoire qui dĂ©coule de l'arrestation de Fandor est une des scĂšnes les plus intĂ©ressantes tant elle est rĂ©vĂ©latrice des ressorts du comique de Louis. Juve essaie de faire craquer Fandor en le privant de manger, allant jusqu'Ă  se restaurer copieusement devant lui et lui faire humer la nourriture, et jusqu'Ă  lui promettre qu'il mangera lorsqu'il aura parlĂ©. Mais Fandor garde un calme olympien, estimant que 48 heures de diĂšte n'ont jamais fait de mal Ă  personne. On a alors l'impression qu'il suffirait d'un rien pour que l'on prenne l'interrogatoire au sĂ©rieux et que l'on n'ait plus du tout envie de rire. Mais ce rien ne se produit pas grĂące Ă  l'immense talent de De FunĂšs qui savait flirter avec l'odieux sans jamais l'atteindre. Finalement, c'est Juve qui s'embrouille dans les rĂ©ponses de Fandor et commence Ă  bafouiller. Vient alors un grand classique FunĂ©sien, l'exercice de mauvaise foi caractĂ©risĂ©e. Alors que Fandor reste calme, frais, et rose, et que lui-mĂȘme perd visiblement le contrĂŽle de ses nerfs, Juve dĂ©clare Écoutez ! Visiblement, cet homme est Ă©puisĂ©, il ne peut plus suivre un raisonnement logique, nous reprendrons l'interrogatoire demain ! » Passons maintenant au sommet du film constituĂ© par la tentative parfaitement rĂ©ussie de FantĂŽmas pour discrĂ©diter le commissaire Juve, faire croire qu'il est FantĂŽmas. Les premiers soupçons de l'inspecteur Bertrand se manifestent lors de la sĂ©ance du portrait-robot. Inexorablement, c'est le visage de Juve qui prend forme sur l'Ă©cran, pendant qu'un tĂ©moin s'exclame Tout Ă  fait cette expression de brute dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e ! ». Juve met fin Ă  la sĂ©ance assez brutalement, et demande Ă  Bertrand si les tĂ©moins ont Ă©tĂ© recrutĂ©s Ă  l'asile de fous. Furieux, il dĂ©clare que cette petite plaisanterie » comportera des suites. PerturbĂ©, il dĂ©cide d'aller se coucher. ArrivĂ© dans sa petite maison de banlieue, il est dĂ©rangĂ© par une voiture en panne qui pĂ©tarade et a recours aux boules QuiĂšs pour rĂ©ussir Ă  trouver le sommeil. Pendant ce temps, l'inspecteur Bertrand qui assure la permanence de nuit apprend qu'un hold-up vient d'avoir lieu dans une salle de jeux. Il essaie de joindre le commissaire, mais Juve n'entend pas la sonnerie du tĂ©lĂ©phone Ă  cause de ses boules dans les oreilles. Bertrand finit par se rendre chez lui, escalade le mur puisque personne ne rĂ©pond, et trouve son chef tranquillement installĂ©, en train de dĂ©jeuner au lit. Juve et Bertrand arrivent sur les lieux du hold-up, et aussitĂŽt, tous les tĂ©moins, dupĂ©s par le masque de Juve que FantĂŽmas avait employĂ©, dĂ©signent le commissaire comme Ă©tant l'agresseur. Il faut voir l'inspecteur Bertrand interroger Juve sans mĂ©nagement, imitant les mĂ©thodes se son mentor, mais aux dĂ©pens de ce dernier - Si vous Ă©tiez chez vous, pourquoi n'avez-vous pas entendu la sonnerie du tĂ©lĂ©phone ?- Je vous l'ai dit, j'avais mes boules QuiĂšs, Ă  cause du bruit de On n'entend pas le tĂ©lĂ©phone, mais on entend les moteurs...- Mais je vous ai expliquĂ© !- DĂźtes donc ! On ne se relĂšverait pas plutĂŽt la nuit, pour jouer les malfaiteurs ? Les fausses empreintes de Juve vont achever le malheureux commissaire - Alors, les empreintes ?- Ce sont les vĂŽtres !- Ah ! Ben alors, je dois ĂȘtre FantĂŽmas ! C'est mathĂ©matique ! Je n'y avais pas pensĂ© mais je suis FantĂŽmas !... On voit que l'essentiel des points forts sont procurĂ©s par Louis de FunĂšs. On peut aussi citer les scĂšnes dans le chĂąteau de FantĂŽmas pour leur cĂŽtĂ© romanesque affirmĂ©, renforcĂ© par la musique de Michel Magne. Les apparitions de Lady Beltham sont particuliĂšrement envoĂ»tantes. Cet aspect, issu des romans de Souvestre et Allain, est trĂšs dĂ©veloppĂ© dans ce premier film, mais sera plus ou moins abandonnĂ© par la suite. POINTS FAIBLES Abordons sans complexe le cas de Jean Marais. Certes, il est beau et charismatique, trĂšs Ă©lĂ©gant, se dĂ©brouille encore bien sur les cascades malgrĂ© l'arrivĂ©e de la cinquantaine, mais son jeu d'acteur manque de naturel ; il est visible qu'il joue la comĂ©die. En fait, Jean Marais n'a jamais compris qu'il n'Ă©tait plus au théùtre mais au cinĂ©ma, et que le cinĂ©ma requiert un jeu diffĂ©rent du théùtre. Ou bien, s'il l'avait compris, n'a-t-il pas Ă©tĂ© capable de se mettre dans la peau d'un vĂ©ritable acteur de cinĂ©ma. Le reproche de manque de naturel peut aussi ĂȘtre formulĂ© Ă  l'encontre de sa partenaire MylĂšne Demongeot. Sur toutes les scĂšnes entre leurs deux personnages, qui sont Ă©videmment nombreuses, on ne peut s'empĂȘcher de penser que l'on est dans un film tant ils manquent tous deux de spontanĂ©itĂ©. Du coup, le contraste est grand avec leurs pendants policiers, tant le jeu du duo De FunĂšs-Dynam est parfait en tous points. Quelques dĂ©tails sont incohĂ©rents. Il est difficile de croire que FantĂŽmas puisse retenir sa respiration pendant les longues minutes oĂč il fait main-basse sur les bijoux de l'exposition. D'autant plus qu'il prend tout son temps pour installer sa carte dans un Ă©crin, ce qui ne cadre guĂšre avec l'attitude d'un homme pressĂ© de reprendre sa respiration. Pourquoi les scĂ©naristes n'ont-ils pas affublĂ© le malfaiteur d'un mini masque Ă  gaz ? VoilĂ  qui aurait Ă©tĂ© l'idĂ©al pour Ă©chapper au gaz soporifique. Le spectateur ne peut que trouver Ă©trange qu'un bandit aussi bien organisĂ© et aussi pointu du point de vue technologique que FantĂŽmas ait nĂ©gligĂ© ce dĂ©tail. Une sĂ©quence est carrĂ©ment absurde lorsqu'on nous montre le gĂ©nie du mal mettre un masque de FantĂŽmas sur le masque de Fandor il est bien Ă©vident qu'en rĂ©alitĂ©, il aurait d'abord enlevĂ© le masque de Fandor avant de remettre le sien. N'oublions pas le gros reproche Ă  formuler contre le scĂ©nario la poursuite finale est interminable, et finit donc par ĂȘtre languissante. Certes, c'est une constante des trois films de la sĂ©rie que de rĂ©server la fin soit aux scĂšnes de poursuite, soit aux acrobaties de Jean Marais, mais dans ce premier volume, trop, c'est trop ! Un regard critique remarquera aussi la facilitĂ© dĂ©concertante avec laquelle tout ce joli monde se retrouve lors de cette poursuite, depuis HĂ©lĂšne qui comme par hasard repĂšre la voiture de FantĂŽmas depuis un hĂ©licoptĂšre, jusqu'Ă  la plage que Juve et Fandor atteignent probablement grĂące Ă  leur instinct lĂ©gendaire aprĂšs avoir perdu la trace de leur ennemi jurĂ©... ACCUEIL C'est Marcel Allain, le seul des deux auteurs des romans encore en vie, qui se montre le plus sceptique, et mĂȘme déçu, notamment par le scĂ©nario, bien qu'aprĂšs coup satisfait par le succĂšs populaire du film. Car 4 millions et demi de spectateurs assistent Ă  ce cocktail savoureux d'aventures et d'humour. Le succĂšs se prolonge Ă  l'Ă©tranger, en particulier en Espagne et en Russie. Avec Le Corniaud et Le Gendarme de Saint-Tropez, FantĂŽmas est l'un des trois films qui ont propulsĂ© Louis de FunĂšs au premier rang des stars de la scĂšne comique française, aprĂšs tant d'annĂ©es de disette et de demi-succĂšs. Il est Ă©videmment inutile de chercher la popularitĂ© ailleurs que dans le grand public. Pour la plupart des cinĂ©astes auto-proclamĂ©s sĂ©rieux, c'est-Ă -dire ceux qui donnent dans les films d'auteur Ă  l'audience inversement proportionnelle Ă  la somme des critiques positives rĂ©coltĂ©es dans les revues et journaux intellectuels, ce genre de cinĂ©ma est trop commercial », ce qui dans leur bouche est dĂ©jĂ  un gros mot, et une tare congĂ©nitale. SYNTHÈSE Bon dĂ©marrage pour la sĂ©rie des FantĂŽmas, qui s'amĂ©liorera encore par la suite dans le style comĂ©die policiĂšre. LES SÉQUENCES CULTES Vous ĂȘtes lĂ  depuis longtemps? Admettons ce mensonge! Tout Ă  fait cette expression de brute dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e Qu'est-ce que c'est que ce barbu? Au nom de la loi, ouvrez! Retour Ă  l'index 3. LE CORNIAUD Production Robert DORFMAN Les Films Corona ScĂ©nario GĂ©rard OURY Adaptation GĂ©rard OURY et Marcel JULLIAN Dialogues Georges TABET, AndrĂ© TABET RĂ©alisation GĂ©rard OURY Musique Georges DELERUE LĂ©opold Saroyan, un entrepreneur en import-export liĂ© au syndicat du crime, a dissimulĂ© dans une Cadillac le produit d'un hold-up, constituĂ© de trois cents kilos d'or, de pierres prĂ©cieuses dont le fameux You-Kun-Kun », le plus gros diamant du Monde, ainsi que d'une Ă©norme quantitĂ© d'hĂ©roĂŻne. La voiture doit ĂȘtre acheminĂ©e de Naples Ă  Bordeaux oĂč elle sera embarquĂ©e sur un bateau Ă  destination de New-York. Saroyan dĂ©cide de la confier Ă  Antoine MarĂ©chal, un reprĂ©sentant de commerce naĂŻf dont il a embouti la deux-chevaux alors qu'il partait en vacances en Italie. Sous prĂ©texte de dĂ©dommagement, il lui offre d'effectuer ce beau voyage en voiture de luxe, persuadĂ© que la figure honnĂȘte et le casier judiciaire vierge de MarĂ©chal constituent le meilleur des passeports pour franchir la douane. Par prudence, il se propose de suivre la Cadillac Ă  distance. L'opĂ©ration est rapidement compliquĂ©e par les gaffes de MarĂ©chal et les tentatives de vol perpĂ©trĂ©es par Mickey, dit Le BĂšgue », un truand rival dĂ©sireux de s'approprier la prĂ©cieuse cargaison. GENÈSE Lorsque GĂ©rard Oury dĂ©cide, aprĂšs divers tĂątonnements, d'orienter sa carriĂšre de cinĂ©aste vers la comĂ©die, il engage naturellement Bourvil, alors au sommet de sa popularitĂ©, pour interprĂ©ter le rĂŽle principal du corniaud » qui va donner son nom au film. Au dĂ©part, Bourvil est donc incontestablement la vedette numĂ©ro une. Louis de FunĂšs, en pleine ascension, est retenu pour incarner l'entrepreneur liĂ© aux milieux criminels. De FunĂšs n'a pas encore la notoriĂ©tĂ© de Bourvil ; d'ailleurs, son cachet sera trois fois moins Ă©levĂ© que celui de l'acteur normand. Afin de mĂ©nager la susceptibilitĂ© de Louis de FunĂšs, des scĂšnes seront ajoutĂ©es pour que la prĂ©sence Ă  l'Ă©cran de chacun des interprĂštes principaux ne soit pas trop dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Une des caractĂ©ristiques du film est que, hormis les premiĂšres sĂ©quences et la scĂšne finale, les deux acteurs principaux ne sont jamais ensemble. Le Corniaud, comme la plupart des films de GĂ©rard Oury Ă  partir de cette Ă©poque, va ĂȘtre une production Ă  gros budget, fait inhabituel pour un film comique, avec une majoritĂ© de scĂšnes tournĂ©es en dĂ©cors naturels permettant notamment d'admirer les merveilles de l'architecture et des paysages italiens. RÉALISATEUR GĂ©rard Oury a dĂ©butĂ© au cinĂ©ma en tant qu'acteur, sans succĂšs Ă©norme. En 1958, il co-Ă©crit le scĂ©nario d'un film d'AndrĂ© Cayatte, Le miroir Ă  deux faces, un drame opposant MichĂšle Morgan, qui va devenir son Ă©pouse suite Ă  cette rencontre, Ă  Bourvil. L'immense Bourvil y dĂ©montre tout son talent dans le rĂŽle d'un Français moyen mesquin, un rustre qui a sciemment choisi une femme laide pour ne pas ĂȘtre trompĂ© », et ne supporte pas que cette derniĂšre entreprenne une opĂ©ration de chirurgie esthĂ©tique pour devenir belle. AprĂšs cet essai encourageant, il se lance dans la rĂ©alisation Ă  l'aube des annĂ©es 60. Ses deux premiers films passent totalement inaperçus, mais le troisiĂšme, intitulĂ© Le crime ne paie pas, est un film composĂ© de quatre sketches et rencontre enfin le succĂšs. Louis de FunĂšs, interprĂšte d'un des sketches, remarque le tempĂ©rament enjouĂ© d'Oury sur le plateau et lui conseille alors d'orienter sa carriĂšre vers la mise en scĂšne de comĂ©dies. Oury est sceptique pour lui, ce n'est pas parce que l'on rit beaucoup sur les tournages que l'on va devenir forcĂ©ment un bon rĂ©alisateur de films comiques. Pourtant, il finira par suivre le conseil de Fufu. C'est tout naturellement qu'Oury fait appel Ă  Bourvil et Ă  Louis de FunĂšs pour participer Ă  l'aventure du Corniaud, qui n'est pas sans danger car le budget Ă©levĂ© du film ne permet pas l'Ă©chec. Oury est persuadĂ© qu'avec de tels acteurs, l'Ă©chec est impossible, et les faits lui donneront raison. DÉCORS Adepte des films Ă  grand spectacle, GĂ©rard Oury se donne les moyens de ses ambitions. La majeure partie des scĂšnes sont tournĂ©es dans des dĂ©cors naturels, le plus souvent magnifiques. La premiĂšre scĂšne, la lĂ©gendaire rencontre entre la bolide de Saroyan et la malheureuse deux-chevaux de MarĂ©chal, est filmĂ©e place Sainte-GeneviĂšve Ă  Paris. Ensuite, les trois-quarts du film se dĂ©roulent en Italie. MarĂ©chal rĂ©ceptionne la Cadillac Ă  Naples sur fond de VĂ©suve, puis s'enfonce dans des petites rues populeuses oĂč il est contraint d'avancer au pas, entourĂ© d'une horde de piĂ©tons. Cette scĂšne donne l'impression d'assister Ă  un documentaire, avec des passants sincĂšrement intriguĂ©s aux mines inquiĂštes, voire hostiles, face Ă  la camĂ©ra qui les filme ; ces images Ă©tant habilement alternĂ©es avec des plans sur Antoine et sa voiture. Puis c'est Rome, oĂč MarĂ©chal va faire une longue escale. La ville Ă©ternelle nous est montrĂ©e sans retenue, avec bien entendu le ColisĂ©e, mais aussi des petites Ă©glises beaucoup plus modestes. AprĂšs la course-poursuite, la scĂšne de bagarre entre les hommes de Saroyan et ceux de La Souris » est tournĂ©e Ă  la Villa d'Este, situĂ©e dans la ville de Tivoli, prĂšs de Rome. Plusieurs sĂ©quences se dĂ©roulent parmi les magnifiques jets d'eau de ce chef-d'Ɠuvre de l'architecture italienne du seiziĂšme siĂšcle. Également cĂ©lĂšbre pour l'amĂ©nagement de ses jardins, la Villa d'Este a Ă©tĂ© admise au patrimoine mondial de l'UNESCO au cours de l'annĂ©e 2001. La remontĂ©e vers le Nord se poursuit avec des passages en Toscane et par la fameuse Tour de Pise. Par contre, la scĂšne du bain de minuit d'Ursula, censĂ©e se dĂ©rouler en Italie, a Ă©tĂ© filmĂ©e sur la plage de Saint-RaphaĂ«l. C'est le poste de douane de Menton qui a servi de cadre Ă  la fouille des voitures de Saroyan et MarĂ©chal, avant l'arrivĂ©e sur les routes de France et l'escale Ă  Carcassonne. Le rendez-vous entre Saroyan et la fausse Souris » permet de montrer les remparts sous toutes les coutures, puis le film se termine Ă  Bordeaux, sauf qu'une partie de cette scĂšne a Ă©tĂ© tournĂ©e au Havre... Le lien matĂ©riel entre tous ces lieux n'est autre que la Cadillac De Ville blanche conduite par MarĂ©chal. Cette superbe voiture, dotĂ©e du tĂ©lĂ©phone, joue au petit Poucet avec sa prĂ©cieuse cargaison, ce qui lui permettra Ă©videmment de franchir la frontiĂšre sans encombre. GÉNÉRIQUE Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but ne constitue pas une entame particuliĂšrement accrocheuse des vues de Paris sont accompagnĂ©es d'une musique de Georges Delerue d'une banalitĂ© affligeante. Le film a Ă©tĂ© tournĂ© en 1964, mais la musique du gĂ©nĂ©rique, dĂ©suĂšte, ressemble Ă  ce qu'on entendait dans les annĂ©es 50 et mĂȘme 40. En dehors du gĂ©nĂ©rique, la musique alterne le chaud et le froid dĂ©ceptions lors des scĂšnes pseudo-sentimentales mielleuses entre MarĂ©chal et ses conquĂȘtes qui voisinent avec quelques thĂšmes sympathiques, Ă  l'image de celui associĂ© Ă  Mickey ». Le bilan global n'est quand mĂȘme pas fameux. Il semble qu'on aurait facilement pu faire mieux. Le gĂ©nĂ©rique final n'apporte aucune amĂ©lioration. Il reprend la musique initiale sur un triste fondu au noir. SCÉNARIO Avec les dĂ©cors et le jeu des acteurs, le scĂ©nario est l'un des points forts du film. Ce sera une des caractĂ©ristiques des Ɠuvres d'Oury que de s'appuyer sur des scĂ©narios bien travaillĂ©s. LĂ©opold Saroyan, chef d'entreprise nerveux et autoritaire, est de mĂšche avec le syndicat du crime amĂ©ricain. Au cƓur du mois d'aoĂ»t, sa grosse voiture emboutit celle d'Antoine MarĂ©chal, un modeste reprĂ©sentant de commerce, au volant d'une deux-chevaux. Remarquons la singularitĂ© du personnage de MarĂ©chal a-t-on dĂ©jĂ  vu souvent des reprĂ©sentants rouler en deux-chevaux ? MarĂ©chal est consternĂ© car il s'apprĂȘtait Ă  partir en vacances en Italie L'Italie en deux-chevaux, bon courage !, et l'accident a complĂštement dĂ©truit son vĂ©hicule. Mais Saroyan, pressĂ© et arrogant, lui suggĂšre de devenir un piĂ©ton, ou de prendre l'avion pour aller en Italie, lui laisse sa carte, et s'en va sans autre forme de procĂšs. Le lendemain, Saroyan convoque MarĂ©chal Ă  son domicile et lui explique l'avoir trouvĂ© trĂšs sympathique. Il lui propose de l'envoyer Ă  ses frais Ă  Naples afin de ramener Ă  Bordeaux la Cadillac d'un ami amĂ©ricain rappelĂ© en urgence aux États-Unis, ce qui permettra Ă  son hĂŽte de traverser l'Italie en voiture de luxe pendant une quinzaine de jours. Saroyan a-t-il eu des remords ? Pas du tout ! En rĂ©alitĂ©, la Cadillac est bourrĂ©e de cocaĂŻne, d'or, et de pierres prĂ©cieuses volĂ©es, et le casier judiciaire vierge de MarĂ©chal, tout comme son allure de parfait honnĂȘte homme, doivent lui permettre de passer la frontiĂšre sans que sa voiture soit fouillĂ©e par les douaniers. Afin de rassurer ses associĂ©s dans le crime, inquiets de voir toute leur fortune Ă  la merci d'un tel naĂŻf, Saroyan leur annonce qu'il suivra la Cadillac Ă  distance pendant tout le trajet. La conduite de la Cadillac dĂ©concerte MarĂ©chal, habituĂ© Ă  sa deux-chevaux. DĂšs sa prise en main Ă  Naples, il emboutit les pare-chocs avant et arriĂšre Ă  l'insu de Saroyan. Il emmĂšne discrĂštement la voiture chez un garagiste. Ce dernier dĂ©couvre l'or dissimulĂ© dans les pare-chocs, qu'il remplace par des neufs volĂ©s sur une autre Cadillac, afin de conserver le mĂ©tal prĂ©cieux. Lors du passage Ă  Rome, Le BĂšgue », dit aussi La Souris » ou Mickey », un rival de Saroyan, s'empare de la Cadillac Ă  la tombĂ©e de la nuit. Par chance, Saroyan le voit et une course-poursuite s'engage entre les deux bandes rivales Ă  l'issue de laquelle Saroyan rĂ©ussit Ă  rĂ©cupĂ©rer la voiture. L'incident n'est pas sans dommage puisqu'une balle perdue s'enfonce dans les ailes de la Cadillac, permettant Ă  l'hĂ©roĂŻne qui y Ă©tait dissimulĂ©e de s'Ă©chapper sous les yeux consternĂ©s de LĂ©opold. La Souris » ne renonce pas. Il sĂ©duit Ursula, une jeune auto-stoppeuse allemande qui voyage avec MarĂ©chal, afin de se faire prĂ©senter Ă  ce dernier et de lui voler la Cadillac dĂšs la premiĂšre occasion. Il a pris soin de mettre Saroyan hors-course, immobilisĂ© par du sucre dans le carburateur de sa voiture. LĂ©opold dĂ©cide de prĂ©venir MarĂ©chal du danger, tĂ©lĂ©phone, et tombe sur l'Allemande avec qui il s'explique tant bien que mal. Ursula sabote la batterie de la Cadillac pendant que Mickey » se dĂ©barrasse d'Antoine, qui chute dans la mer depuis une falaise. Saroyan, qui a rĂ©parĂ© son automobile, surprend La Souris » au moment oĂč il essayait de faire dĂ©marrer la Cadillac, mais son ennemi se fait emmener par deux motards de la police afin de lui Ă©chapper. MarĂ©chal, sorti du bain, fait installer une batterie neuve et jette l'ancienne dans la mer, sans savoir qu'elle est remplie de bijoux. MarĂ©chal comprend qu'il a Ă©tĂ© bernĂ© lorsqu'il passe la frontiĂšre. Saroyan a dĂ©cidĂ© de la franchir avant lui pour l'attendre de l'autre cĂŽtĂ©, mais a Ă©tĂ© retenu par la police, prĂ©venue de l'affaire par un informateur. La fouille de sa voiture prend du temps, et il se retrouve nez-Ă -nez avec MarĂ©chal. Il fait semblant de ne pas le connaĂźtre, mais les policiers ne sont pas dupes. Ils relĂąchent LĂ©opold et fouillent la voiture d'Antoine. Évidemment, les policiers ne trouvent rien dans la Cadillac, mais MarĂ©chal, qui a tout compris, a la ferme intention de s'expliquer avec Saroyan lorsqu'il recevra l'aide de Martial, un ami, gendarme Ă  Carcassonne. AprĂšs s'ĂȘtre dĂ©barrassĂ© de La Souris » en jouant au gangster chevronnĂ©, il rĂ©ussit Ă  capturer les hommes de main de Saroyan, ainsi que deux policiers qu'il prend pour des hommes du BĂšgue » grĂące Ă  Martial et Ă  sa brigade. Tout ce joli monde se retrouve Ă  l'arrivĂ©e Ă  Bordeaux en compagnie du commissaire qui a arrĂȘtĂ© Mickey ». MarĂ©chal dĂ©couvre le You-Kun-Kun, le plus gros diamant du Monde, cachĂ© dans le klaxon de la Cadillac, et le remet au commissaire. Peu convaincu de son innocence, le policier l'arrĂȘte et notre cher Antoine se retrouve en compagnie de LĂ©opold Ă  l'arriĂšre de la voiture. Menottes au poignet, les deux hommes s'expliquent Saroyan promet Ă  sa victime de le sortir de cette mauvaise passe et lui propose un placement de l'argent qu'il va toucher de la compagnie d'assurances pour avoir retrouvĂ© le You-Kun-Kun. DISTRIBUTION Louis de FunĂšs fait son numĂ©ro habituel dans le rĂŽle de LĂ©opold Saroyan, cet homme d'affaires liĂ© au Milieu, il est vrai parfaitement adaptĂ© Ă  son personnage. Le succĂšs du film sera dĂ» aussi bien Ă  sa performance qu'Ă  celle de son partenaire, ce qui n'Ă©tait pas forcĂ©ment prĂ©vu au dĂ©part. C'est un des trois rĂŽles, avec ceux de Ludovic Cruchot dans Le Gendarme de Saint-Tropez et du commissaire Juve dans FantĂŽmas, qui assoiront dĂ©finitivement sa popularitĂ©. Bourvil interprĂšte le reprĂ©sentant en layette Antoine MarĂ©chal. Écrire qu'il est trĂšs bon, parfait, et mĂȘme plus-que-parfait, est inutile car ce formidable comĂ©dien l'Ă©tait toujours. Ses effets comiques basĂ©s sur la naĂŻvetĂ© Ă©taient parfaitement complĂ©mentaires de ceux de Louis de FunĂšs, basĂ©s sur l'agressivitĂ©. Le concept dominant/dominĂ©, persĂ©cuteur/persĂ©cutĂ© est toujours efficace, et sera repris dans la plupart des films et scĂ©narios de entre autres Francis Veber L'emmerdeur, La chĂšvre, etc. Venantino Venantini incarne Mickey », dit La Souris », dit Le BĂšgue », le chef du gang rival de Saroyan. Tout aussi dĂ©nuĂ© de scrupules que son adversaire, il est plus du genre jeune premier », n'hĂ©sitant pas Ă  utiliser son attrait de bellĂątre italien auprĂšs des femmes afin de parvenir Ă  ses fins. Henri GenĂšs, c'est Martial, le brave gendarme ami d'Antoine. GenĂšs parle avec l'accent mĂ©ridional et roule les r » comme tout natif de Carcassonne qui se respecte. On comprend donc que ce rĂŽle lui ait Ă©tĂ© confiĂ©... Alida Chelli interprĂšte Gina, une manucure italienne dont MarĂ©chal fait la connaissance Ă  son hĂŽtel de Rome. FiancĂ©e Ă  un coiffeur sicilien trĂšs jaloux, elle utilise l'attrait d'Antoine pour sa personne afin de jouer avec les nerfs de son ami. DĂ©sespĂ©rĂ©e par sa conduite, elle propose Ă  MarĂ©chal de partir avec lui, mais arrĂȘte sa voiture Ă  la sortie de Rome pour retourner avec son amoureux. Beba Loncar compose une jolie Ă©tudiante allemande prĂ©nommĂ©e Ursula. Naturelle et naturiste, Ursula ne dispose pas de gros moyens financiers, visite l'Italie en auto-stop, et couche dans les campings. MarĂ©chal l'emmĂšne avec lui dĂšs la sortie de Rome en remplacement de Gina. Serviable et courageuse, elle va lui rendre de grands services avant de le quitter, fatiguĂ©e par les dangers encourus. Jacques FerriĂšre et Jean Droze jouent les hommes de main de Saroyan, souvent prĂ©sentĂ©s comme ses secrĂ©taires ». De curieux secrĂ©taires avec la main toujours Ă  la portĂ©e d'une arme Ă  feu... Comme Ă  son habitude avec ceux placĂ©s sous son autoritĂ©, De FunĂšs les traite sans mĂ©nagement, bien que cet aspect soit ici moins dĂ©veloppĂ© que dans nombre de ses films. Lando Buzzanca n'est autre que le coiffeur sicilien jaloux de sa fiancĂ©e, la douce Gina. Avec ses petites moustaches, sa taille modeste, et son attitude nerveuse et colĂ©rique, il reprĂ©sente l'archĂ©type de l'italien moyen tel qu'on le dĂ©crit dans beaucoup de films français... ou autres. Saro Uzzi interprĂšte Tagliella, le garagiste napolitain qui s'empare de l'or dĂ©couvert dans les pare-chocs de la Cadillac. Lui aussi reprĂ©sente une caricature de petit artisan du Sud de l'Italie tant par son attitude que par son physique. L'athlĂšte qui roule des mĂ©caniques sous la douche devant les yeux Ă©bahis de De FunĂšs est Robert Duranton. Lutteur et catcheur professionnel, il a Ă©galement Ă©tĂ© Ă©lu Monsieur Europe » en 1953, et a parfois tenu de petits rĂŽles au cinĂ©ma, toujours dans des registres de costauds. Pierre Roussel joue le maĂźtre d'hĂŽtel Mario Costa qui espionne Saroyan pour le compte de La Souris ». ArrĂȘtĂ© par la police pour recel, c'est lui qui balance » l'affaire de la Cadillac aux forces de l'ordre. On arrive ensuite aux tous petits rĂŽles avec Guy Grosso et Michel Modo en douaniers, Henri Virlogeux, Jean Meyer, et Jacques Eyser, les associĂ©s de Saroyan, Bob Leriche et Guy Delorme, les complices de Mickey », Annie ClaparĂšde dans le rĂŽle de Suzanne, la serveuse du bar de Carcassonne, et Germaine de France, la vieille dame qui chante sur les remparts. TEMPS FORTS Le film accumule une succession de situations comiques irrĂ©sistibles dont on ne citera que les plus marquantes. On dĂ©marre fort avec la scĂšne de l'accident, devenue si cĂ©lĂšbre qu'elle sera utilisĂ©e bien plus tard pour une publicitĂ© tĂ©lĂ©visĂ©e en faveur d'une compagnie d'assurances. Si on regarde avec attention, on se rend compte que Bourvil tire sur le volant pour finaliser l'effondrement total de la deux-chevaux. MarĂ©chal est convoquĂ© chez Saroyan, et ce dernier lui assĂšne de but en blanc un Vous m'avez Ă©tĂ© tout de suite sympathique » en totale contradiction avec son attitude hautaine de la veille. Le repas qui suit, en compagnie des associĂ©s de LĂ©opold, produit sur eux un effet dĂ©sastreux. Non seulement Antoine, totalement ivre, parle fiĂšrement de sa rĂ©ussite dans la layette », mais il rĂ©torque Ă  un invitĂ© qui lui suggĂ©rait d'emmener Les Promenades dans Rome de Stendhal, qualifiĂ© de merveilleux guide » pour visiter l'Italie Mais j'ai dĂ©jĂ  le Michelin ! » Autre sĂ©quence trĂšs drĂŽle lorsque Saroyan, croyant MarĂ©chal dans les bras de Gina, dĂ©cide d'aller vĂ©rifier le chargement de la Cadillac. Le problĂšme, c'est que MarĂ©chal descend au garage alors qu'il se trouve en pleine inspection. Antoine ne trouve pas les clefs de la voiture, puisque LĂ©opold les a empruntĂ©es. Il entend un bruit et demande Y'a quelqu'un ? ». LĂ©opold, cachĂ© sous la Cadillac, rĂ©pond Non, y'a personne ». Et Bourvil Ah ? Bon ! ». Saroyan s'amuse Ă  faire tournoyer la Cadillac et son occupant dans les airs sur le levier du garage. Sur le point d'ĂȘtre reconnu, il est contraint de mettre un masque de soudeur et fait redescendre la voiture au moment oĂč MarĂ©chal s'apprĂȘtait Ă  descendre Ă  l'aide d'une Ă©chelle. Ce passage montre le grand professionnalisme de Bourvil dont on voit trĂšs bien qu'il n'est pas doublĂ© lorsqu'il tombe de l'Ă©chelle et atterrit dans la Cadillac. Et pourtant, cette cascade Ă©tait fort dangereuse. Les poursuites et bagarres Ă  la suite du vol de la Cadillac par les hommes de La Souris » comportent quelques passages trĂšs amusants, dont une hilarante mĂ©prise de Saroyan alors qu'il marche Ă  reculons, revolver Ă  la main, guettant l'ennemi, il vient buter contre le doigt pointĂ© en avant d'une statue et croit se retrouver sous la menace d'une arme collĂ©e contre son dos par un homme de La Souris » ! AprĂšs la rĂ©cupĂ©ration de la voiture, il s'agit de la rĂ©parer avant le petit matin afin que MarĂ©chal ne s'aperçoive de rien. Saroyan la conduit en pleine nuit dans un petit garage de campagne. Il est tellement pressĂ© qu'il effectue lui-mĂȘme les rĂ©parations sous les yeux Ă©bahis du garagiste et de son fils. Cette scĂšne sans dialogues, hommage au film Les Temps Modernes de Chaplin, se dĂ©roule au son de La Danza, une enlevĂ©e tarentelle napolitaine de Gioacchino Rossini, ici dans la rutilante orchestration d'Ottorino Respighi pour son ballet La Boutique fantasque. De FunĂšs procĂšde aux rĂ©parations avec enthousiasme, et calque ses gestes sur le rythme de la musique. Ses mimiques particuliĂšrement expressives dĂ©montrent Ă  quel point il aurait pu ĂȘtre un grand acteur de cinĂ©ma muet. Un autre trĂšs bon moment est offert par la scĂšne du culturiste sous la douche. Il s'agit d'une des sĂ©quences qui ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es sur demande de Louis de FunĂšs. DĂ©sireux d'ĂȘtre traitĂ© Ă  Ă©galitĂ© avec son partenaire, il s'est rendu compte Ă  la lecture du scĂ©nario que le compte n'y Ă©tait pas. Il va trouver Oury et lui montre le script. Des petites pastilles rouges ont Ă©tĂ© collĂ©es pour chaque scĂšne avec Bourvil, et des pastilles bleues pour chaque scĂšne avec lui-mĂȘme. Il fait remarquer Ă  GĂ©rard Oury que les pastilles rouges sont beaucoup plus nombreuses que les pastilles bleues, ce sont le metteur en scĂšne ne peut que convenir. Oury se creuse la tĂȘte pour rĂ©tablir un certain Ă©quilibre, qui ne sera pas complet puisque Bourvil restera incontestablement l'acteur le plus prĂ©sent sur ce film. Cette scĂšne de la douche, le soir passĂ© au camping, est donc une nouvelle sĂ©quence sans dialogue destinĂ©e Ă  mettre Fufu en valeur. Le culturiste adopte une attitude mĂ©prisante et fait fonctionner sa puissante musculature sous l'air Ă©bahi de Saroyan qui n'en revient pas. LĂ©opold finit par mettre fin au spectacle, et une fois seul se regarde dans la glace en essayant d'imiter le malabar ! Mais ses muscles ne rĂ©agissent pas aussi bien que ceux du modĂšle, et il prĂ©fĂšre arrĂȘter l'expĂ©rience, avec un geste de dĂ©pit envers son ventre... RentrĂ© sous sa tente, le malheureux Saroyan n'est pas au bout de ses peines puisque MarĂ©chal, qui s'est endormi en attendant qu'Ursula vienne le rejoindre, va faire des siennes. Il se tourne et se retourne dans son lit tout en rĂȘvant de la belle Allemande. Et ce qui devait arriver ne manque pas de se produire il finit par rouler hors de sa tente et atterrit contre celle de Saroyan, glisse une main a l'intĂ©rieur, et, toujours endormi, se met Ă  tripoter LĂ©opold en demandant Ursula ! Encore un peu d'huile ? ». AprĂšs cette nuit Ă©prouvante, nouvelle indigestion de sucre pour la voiture de Saroyan dont le propriĂ©taire assiste avec effroi au dĂ©part du Corniaud » en compagnie d'Ursula et de La Souris ». Une des scĂšnes les plus drĂŽles du film a lieu sous la forme de l'appel tĂ©lĂ©phonique destinĂ© Ă  prĂ©venir MarĂ©chal Saroyan tombe sur Ursula et se prĂ©sente comme un ami, Ein freund of Herr Antoine MarĂ©chal ». Voici quelques extraits du dialogue He ist en danger ! Because der man, der beau garçon, ist ein zalopard, ein gross zalopard, qui veut barboter... Euh ! I beg your pardon ! Qui veut voliren la Cadillac ! Et si vous nicht interveniren, MarĂ©chal Kaput ! » Il est probable que le nom de MarĂ©chal a Ă©tĂ© choisi spĂ©cialement en vue de cette rĂ©plique. La rencontre entre Saroyan, ses hommes, et Mickey », pendant qu'Ursula aide MarĂ©chal Ă  sortir de son bain, comporte un nouveau temps fort basĂ© sur du comique visuel les mimiques de Louis de FunĂšs pour illustrer la discrĂ©tion du pistolet nanti d'un silencieux sont irrĂ©sistibles. La mauvaise foi a toujours Ă©tĂ© un atout de choix dans le comique de Fufu. Une parfaite illustration nous en est donnĂ©e au cours de la rencontre MarĂ©chal-Saroyan au poste de douane, avec le culot de LĂ©opold Saroyan - Ecoutez, Monsieur, je n'ai pas le plaisir de vous MarĂ©chal !- Ce n'est pas moi !- Mais c'est moi. Il faut que je vous dise, il m'en est arrivĂ© des...- Ah ! Ça suffit ! En voilĂ  assez ! N'insistez pas !- Bon ! Vous devez avoir raison. J'ai dĂ» me tromper. Excusez-moi ! Le passage oĂč Bourvil se montre le plus drĂŽle est probablement celui oĂč, une fois la frontiĂšre passĂ©e, il a compris que Saroyan s'est payĂ© sa tĂȘte, et qu'il doit Ă  tout prix se dĂ©barrasser de La Souris ». Il compose alors un personnage de dur. Au son d'un air d'accordĂ©on qui Ă©voque les titis des faubourgs parisiens, il se met Ă  parler en argot, prend Mickey » de haut, et le traite de pauv' cave ». Et ça marche ! Extraits choisis - T'as voulu me foutre dans le bain, mais je sais nager... Vise un peu Les ailes un hĂ©ros, pas d'hĂ©roĂŻne ! Pousse ta viande ! La batterie, tu peux visiter y'a peau de balle ! Les pare-chocs c'est pas de l'or, c'est de la bonne ferraille !- Je... je... ne... ne savais pas que tu Ă©tais au Pauv' cave ! T'as pas compris que cette bagnole-lĂ , c'est du bidon... La conclusion est Ă©galement excellente, avec Saroyan qui montre ses menottes Ă  MarĂ©chal et lui affirme qu'il peut avoir confiance en lui, puis le fameux rire de nos hĂ©ros lorsqu’Antoine s'Ă©tonne du placement d'argent suggĂ©rĂ© tous bas Ă  l'oreille par son acolyte. POINTS FAIBLES Quelques passages moins rĂ©ussis, voire languissants, lors des interminables problĂšmes de cƓur de MarĂ©chal. SĂ©duit par la belle manucure Gina, il accepte de la prendre avec lui, mais elle ne tardera pas Ă  retourner avec son fiancĂ©. Amoureux d'Ursula, il jubile lorsque cette derniĂšre promet de le rejoindre sous sa tente aprĂšs son bain de minuit, mais va veiller pour rien. Entretemps, Ursula a fait la connaissance du BĂšgue... tout cela est longuet. Certaines rĂ©pliques ne sont pas tellement drĂŽles tant l'effet comique est Ă©culĂ©. Ainsi, lors du premier contact entre Antoine et Ursula - Je m'appelle Ursula... nom allemand incomprĂ©hensible- Vous m'Ă©pelez ?- Mais vous aussi, vous mĂ© plait beaucoup !- Moi, c'est Antoine tout court !- Alors, en avant, Monsieur Toucourt ! On pouvait trouver mieux que cet humour de style almanach Vermot... On remarque quelques erreurs grossiĂšres dans les dĂ©tails de la mise en scĂšne lorsque le garagiste napolitain est filmĂ© en train de voler le pare-chocs d'une Cadillac identique Ă  celle de MarĂ©chal, on ne devrait pas voir ses outils posĂ©s au-dessous puisque c'est dans la rue qu'il perpĂštre ce forfait et non dans son garage. Beaucoup plus gĂȘnant, et mĂȘme ridicule le trou rond qu'une balle de revolver est censĂ©e avoir causĂ© sur le pare-brise de la voiture de Saroyan, et que LĂ©opold va utiliser pour faire passer le canon de son fusil afin de tirer dans les pneus de la Cadillac lors de la scĂšne de poursuite. A-t-on dĂ©jĂ  vu une balle faire un trou dans une vitre sans la faire Ă©clater ? ACCUEIL Le film rĂ©alise un triomphe avec 11 740 000 entrĂ©es, ce qui reprĂ©sente plus d'un Français sur cinq ! C'est un de ceux qui ont le plus contribuĂ© Ă  asseoir la popularitĂ© de Louis de FunĂšs. Dans ces conditions, la poursuite de l'association De FunĂšs-Bourvil sous l'Ă©gide de GĂ©rard Oury va de soi, et sera encore plus fructueuse commercialement parlant sur le film suivant, un certain La Grande Vadrouille... Si certains succĂšs commerciaux laissent circonspects, on peut penser que pour ce film, le public ne s'est pas trompĂ© car Le Corniaud est incontestablement une comĂ©die de grande qualitĂ©. SYNTHÈSE Association de deux grands acteurs pour un excellent divertissement dont les effets comiques restent intacts prĂšs de 50 ans aprĂšs sa sortie. LES SÉQUENCES CULTES Ma voiture a eu un lĂ©ger accident hier La douche MarĂ©chal Kaput Je suis pas si kounkoun que j'en ai l'air alors Louis de FunĂšs et Bourvil sur le tournage du Corniaud Retour Ă  l'index 4. FANTÔMAS SE DÉCHAÎNE Production GAUMONT ScĂ©nario Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD d'aprĂšs les romans de Pierre SOUVESTRE et Marcel ALLAIN. Adaptation Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD sur autorisation de Marcel ALLAIN Dialogues Jean HALAIN RĂ©alisation AndrĂ© HUNEBELLE Musique Michel MAGNE Alors que le commissaire Juve vient d'ĂȘtre dĂ©corĂ© pour avoir mis hors d'Ă©tat de nuire l'ennemi public numĂ©ro un FantĂŽmas, ce malfaiteur masquĂ© refait surface il enlĂšve le professeur Marchand, un savant spĂ©cialiste des rayons tĂ©lĂ©pathiques. Le but du criminel est de maĂźtriser la volontĂ© des humains afin d'en faire des robots Ă  ses ordres. Le journaliste Fandor, autre ennemi intime de FantĂŽmas, est persuadĂ© que le monstre va tenter d'enlever le professeur Lefebvre, un savant dont les travaux sont complĂ©mentaires de ceux du professeur Marchand. Il dĂ©cide de prendre la place de Marchand dans le rapide pour Rome oĂč le savant doit se rendre Ă  un congrĂšs scientifique international. Ce piĂšge doit permettre la capture du cĂ©lĂšbre bandit, mais les choses seront-elles aussi faciles que prĂ©vu ? GENÈSE AprĂšs le succĂšs du premier film FantĂŽmas, une suite est naturellement mise en route. Acte logique puisque le but initial Ă©tait d'entreprendre une saga relatĂ©e dans une sĂ©rie de films. La suite avait Ă©tĂ© Ă©crite pour Jean Marais sans Louis de FunĂšs, mais le succĂšs phĂ©nomĂ©nal de ce dernier dans Le Gendarme de Saint-Tropez et plus encore Le Corniaud va amener Hunebelle et Halain Ă  changer leur fusil d'Ă©paule. Le scĂ©nario va donc intĂ©grer le commissaire Juve, incarnĂ© par le trĂšs populaire Louis de FunĂšs. Preuve de l'influence grandissante de ce dernier il rĂ©ussira mĂȘme Ă  faire engager son fils Olivier pour un rĂŽle non nĂ©gligeable. RĂ©sultats les mĂȘmes acteurs principaux vont se retrouver pour notre plus grand bonheur, mais avec quelques modifications importantes. La plus Ă©vidente est due Ă  la trajectoire ascendante de Louis de FunĂšs, il est cette fois-ci Ă  Ă©galitĂ© avec Jean Marais qui suit le chemin inverse en commençant Ă  dĂ©cliner. Avec la cinquantaine, les cascades deviennent plus difficiles Ă  effectuer... Autre nouveautĂ© notoire, l'arrivĂ©e des thĂšmes de l'espionnage, des agents secrets, et des gadgets dans la lignĂ©e du succĂšs de James Bond. C'est De FunĂšs-Juve qui apporte ces Ă©lĂ©ments neufs, accentuant ainsi l'importance croissante du comique sur la sĂ©rie. Le surgissement du thĂšme de l'espionnage s'accompagne du dĂ©clin, voire de la disparition, des aspects romanesques, ce nouveau film s'avĂ©rant trĂšs terre-Ă -terre. Seules les scĂšnes d'Ă©vasion du repaire de FantĂŽmas conservent un brin de poĂ©sie, probablement grĂące Ă  la musique de Michel Magne. Le spectateur ne perd rien au change, il va au contraire y gagner tant ce film truffĂ© de gadgets gĂ©niaux et de formidables scĂšnes comiques du grand De FunĂšs, au moins autant dĂ©chaĂźnĂ© » que FantĂŽmas, reste un des tous meilleurs films de notre Fufu. RÉALISATEUR On ne change pas une Ă©quipe qui gagne, donc Hunebelle est aux commandes, assistĂ© de Jacques Besnard comme rĂ©alisateur de la seconde Ă©quipe. Jean Halain et Pierre Foucaud se chargent du scĂ©nario, de l'adaptation, et des dialogues. Avant sa sortie, le titre du film est dĂ©finitivement adoptĂ©, aprĂšs que les titres FantĂŽmas revient et La Vengeance de FantĂŽmas aient Ă©tĂ© envisagĂ©s. Finalement, c'est le titre le plus accrocheur qui est retenu. DÉCORS Cette suite reprend la recette de l'original avec bon nombre de dĂ©cors naturels qui apportent un plus incontestable. Ainsi la centrale nuclĂ©aire de Chinon, la premiĂšre mise en service en France, voit se dĂ©rouler la scĂšne oĂč FantĂŽmas enlĂšve le professeur Marchand. On reconnaĂźt la cĂ©lĂšbre boule de 55 mĂštres de diamĂštre dans laquelle est installĂ© le savant ce rĂ©acteur A1 a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 1973, et depuis 1986 le site abrite un musĂ©e de l'atome. La camionnette Centre de la recherche scientifique » est un bon vieux tub CitroĂ«n immatriculĂ© dans le 37, confirmant le lieu du tournage, Chinon Ă©tant une sous-prĂ©fecture du dĂ©partement de l'Indre-et-Loire. Les autres scĂšnes de la partie française du tournage ont Ă©tĂ© filmĂ©es Ă  Paris, puis la transition est assurĂ©e par les scĂšnes de train, Ă©videmment tournĂ©es en studio. La majeure partie du film se dĂ©roule Ă  Rome. Des vues magnifiques de la ville Ă©ternelle nous sont gĂ©nĂ©reusement offertes, ce qui rappelle les bons souvenirs du Corniaud. Il faut saluer le travail du dĂ©corateur Max Douy, auteur du repaire immergĂ© de FantĂŽmas. Max Douy sera par la suite dĂ©corateur sur un film de la saga des James Bond, en l'espĂšce Moonraker. Le vulcanologue Haroun Tazieff apporte son concours puisque les images du VĂ©suve en Ă©ruption, visibles lors de la scĂšne finale d'Ă©vasion, sont extraites d'un de ses films documentaires, Les Rendez-vous du Diable. Les cascades sont nombreuses, et pour une fois, Jean Marais est doublĂ© lors de la scĂšne finale. Evidemment, on ne le voyait guĂšre sauter en chute libre d'un avion, surtout Ă  prĂšs de cinquante ans... C'est le cĂ©lĂšbre Gil Delamare qui le remplace, alors que Louis de FunĂšs est doublĂ© par Henri Violin. On distingue nettement les traits de la doublure, et surtout ses cheveux plus fournis que ceux de Louis. La scĂšne est filmĂ©e par le camĂ©raman-homme volant Jean-Jacques Dubourg. GÉNÉRIQUE Au contraire du premier film, il n'y a pas de sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique. C'est une animation avec les figurines de Juve et de FantĂŽmas qui tient lieu de gĂ©nĂ©rique, sur une musique de Michel Magne diffĂ©rente du thĂšme principal bien connu. L'animation constitue un rĂ©sumĂ© de la poursuite finale de FantĂŽmas, et la musique est beaucoup plus ludique que pour l'opus prĂ©cĂ©dent. L'intĂ©rĂȘt de ce gĂ©nĂ©rique est donc de plonger le spectateur dans l'ambiance du premier film, ce qui permet un enchaĂźnement parfait avec la suite. On retrouvera le thĂšme FantĂŽmas » en fin d'Ă©pisode lorsque les hĂ©ros auront Ă©tĂ© capturĂ©s par le malfaiteur. SCÉNARIO Le scĂ©nario de Jean Halain et Pierre Foucaud est celui qui Ă©quilibre le plus parfaitement les scĂšnes Marais et les scĂšnes de FunĂšs. Il faut saluer l'inventivitĂ© dĂ©ployĂ©e, en particulier pour les multiples gadgets du commissaire Juve, hilarants mais nĂ©anmoins efficaces. Bien conçu et sans temps morts, ce script est une splendide rĂ©ussite sur laquelle De FunĂšs peut allĂšgrement surfer pour nous offrir un formidable festival burlesque. Le commissaire Juve est dĂ©corĂ© de la LĂ©gion d'Honneur pour avoir permis Ă  la France d'ĂȘtre dĂ©barrassĂ©e de l'odieux criminel masquĂ© FantĂŽmas. Le policier tient Ă  associer Ă  cette rĂ©compense ses amis journalistes Fandor et HĂ©lĂšne qui l'ont aidĂ© Ă  pousser le malfaiteur dans ses derniers retranchements. Pendant la cĂ©rĂ©monie, Juve reçoit un carton de fĂ©licitations signĂ©... FantĂŽmas. Peu aprĂšs, le professeur Marchand, un scientifique spĂ©cialiste de l'hypnose, est enlevĂ© alors qu'il travaillait dans son laboratoire. Tous les tĂ©moins de l'Ă©vĂ©nement sont tuĂ©s, et Fandor s'attire l'hostilitĂ© du commissaire Juve en affirmant que FantĂŽmas est l'auteur du rapt. Le malfaiteur masquĂ© ne tarde pas Ă  confirmer la nouvelle lors d'une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e pirate oĂč il affirme qu'il sera bientĂŽt le maĂźtre du monde. FantĂŽmas semble dĂ©terminĂ© Ă  forcer les savants Ă  mettre au point un appareil d'ondes tĂ©lĂ©pathiques capable de rĂ©duire n'importe quel humain Ă  l'esclavage en annihilant toute volontĂ©. Un autre scientifique, le professeur Lefebvre, affirme haut et fort que le professeur Marchand ne pourra aboutir dans ses recherches sans le rĂ©sultat de ses travaux en cours. HĂ©lĂšne fait remarquer Ă  Fandor que FantĂŽmas ne va pas tarder Ă  enlever le professeur Lefebvre. La rĂ©flexion de sa fiancĂ©e conduit Fandor Ă  concevoir un plan audacieux il persuade Lefebvre de le laisser prendre sa place dans le train pour Rome oĂč le savant doit se rendre pour un congrĂšs scientifique. Le secret des masques de FantĂŽmas a Ă©tĂ© percĂ©, et provoquer le bandit avec ses propres armes amuse Fandor. HĂ©lĂšne joue de son charme pour persuader l'inspecteur Bertrand de ne pas rĂ©vĂ©ler ce plan au commissaire Juve qui ne pourrait que refuser toute idĂ©e ne venant pas de lui. Juve est d'autant plus irritable qu'il vient d'ĂȘtre vertement rĂ©primandĂ© par le ministre. Il est sommĂ© de rĂ©viser ses mĂ©thodes et inculque Ă  ses hommes les nouveaux prĂ©ceptes l'heure des agents secrets et des gadgets a sonnĂ©. Le commissaire prĂ©sente ses inventions Ă  ses subalternes en vue de la grande offensive de FantĂŽmas prĂ©vue pour le voyage Ă  Rome. DĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre, Fandor prend le train de nuit pour Rome accompagnĂ© d'HĂ©lĂšne et de Michou, le petit frĂšre de cette derniĂšre qui vient d'ĂȘtre renvoyĂ© de son pensionnat. Michou tape Ă  la machine dans le compartiment de Fandor, Ă©videmment voisin de celui du prĂ©tendu professeur Lefebvre, ceci dans le but de persuader Juve que Fandor s'y trouve. En fait, le reporter est en train de se montrer Ă  tous sous les traits de Lefebvre, espĂ©rant attirer les hommes de FantĂŽmas. Fandor reprend son identitĂ© lorsque le professeur Lefebvre » est censĂ© aller dormir, ce qui lui permet d'aller dĂźner sans masque en compagnie d'HĂ©lĂšne. Mais Juve s'introduit chez le savant, il trouve bien entendu le compartiment vide et croit que le professeur a Ă©tĂ© enlevĂ© par FantĂŽmas. L'inspecteur Bertrand tente de lui dire la vĂ©ritĂ©, mais Juve ne l'Ă©coute pas. PersuadĂ© que FantĂŽmas a pris la place de Fandor, il se prĂ©cipite sur le journaliste pour lui enlever son masque avant d'ĂȘtre assommĂ© par HĂ©lĂšne, qui ne l'avait pas reconnu sous son dĂ©guisement de serveur. A Rome, Juve est mis au courant et approuve le plan de Fandor. FantĂŽmas veut enlever Lefebvre pendant le congrĂšs scientifique et a mis son masque afin de le remplacer sans que personne ne s'inquiĂšte. Évidemment, il tombe sur Fandor qui ne se laisse pas faire. HĂ©las ! Le malfaiteur parvient Ă  s'Ă©chapper grĂące Ă  une ruse, et en profite pour enlever HĂ©lĂšne et Michou. Il parvient mĂȘme Ă  s'emparer du vĂ©ritable professeur Lefebvre, arrivĂ© Ă  Rome pour rĂ©gler ses comptes avec Fandor qui selon lui a mal jouĂ© son rĂŽle en le faisant passer pour un illuminĂ© convaincu de l'existence des Martiens. DĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements, Juve est pris pour un dĂ©sĂ©quilibrĂ© et internĂ© en hĂŽpital psychiatrique avant d'en ĂȘtre sorti par son adjoint. FantĂŽmas laisse partir HĂ©lĂšne, mais garde Michou en otage pour la faire agir selon ses dĂ©sirs. IntriguĂ©s par la longue absence d'HĂ©lĂšne et par son comportement, Juve et Fandor l'espionnent et dĂ©couvrent qu'elle est invitĂ©e Ă  un bal masquĂ© par un certain marquis de Rostelli, en fait FantĂŽmas. MalgrĂ© le renfort d'Interpol et l'utilisation de dĂ©guisements et de gadgets, Juve ne parvient pas Ă  s'emparer de FantĂŽmas. Au contraire, c'est le bandit qui enlĂšve Fandor, HĂ©lĂšne, Juve, et Bertrand, les endort, et les conduit dans son repaire. FantĂŽmas voudrait qu'HĂ©lĂšne devienne sa compagne en remplacement de Lady Beltham qui a disparu. Elle devra accepter sa proposition pour sauver son frĂšre, ainsi que Fandor, Juve, et Bertrand, d'une sinistre expĂ©rience scientifique. Le gĂ©nie du mal se propose de tenter de faire vivre la tĂȘte de ses prisonniers sĂ©parĂ©e de leur corps, et le seul moyen pour HĂ©lĂšne d'arrĂȘter cette expĂ©rience est d'accepter de devenir sa compagne ! Le criminel masquĂ© ignore que Marchand et Lefebvre ont mis au point en secret un appareil projecteur d'ondes tĂ©lĂ©pathiques. AprĂšs que Fandor, Bertrand, et Juve se soient libĂ©rĂ©s grĂące Ă  un gadget du commissaire, les cigares-pistolets, nos amis dĂ©livrent HĂ©lĂšne et Michou. Ils s'apprĂȘtent Ă  utiliser l'arme nouvelle contre FantĂŽmas, mais ce dernier rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper. À l'issue d'une folle course-poursuite, FantĂŽmas sĂšme Juve et Fandor grĂące Ă  une voiture volante ! Ses ennemis tentent de le rattraper en avion, mais finissent par tomber en parachute, et assistent impuissants Ă  la fuite inexorable du criminel. DISTRIBUTION Tous les principaux acteurs du premier film sont au rendez-vous pour cette suite. Louis de FunĂšs reprend son rĂŽle du commissaire Juve, ce policier dĂ©terminĂ© Ă  arrĂȘter FantĂŽmas coĂ»te que coĂ»te. Pour y parvenir, il va cette fois-ci multiplier les gadgets destinĂ©s Ă  tromper l'ennemi, sur injonction du ministre, qui l'a sommĂ© de rĂ©viser ses mĂ©thodes. Jean Marais va se dĂ©multiplier de façon Ă©tonnante avec pas moins de six rĂŽles FantĂŽmas, Fandor, le professeur Lefebvre, Fandor dĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre, FantĂŽmas dĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre, et le marquis de Rostelli. Ceci malgrĂ© une prĂ©sence moindre que sur le film prĂ©cĂ©dent, succĂšs de Louis de FunĂšs oblige. L'inspecteur Bertrand est toujours interprĂ©tĂ© par Jacques Dynam. Son personnage n'a guĂšre Ă©voluĂ©. Tout juste apprend-t-on qu'il est amoureux d'HĂ©lĂšne, qui en profite pour le manipuler Ă  sa guise Ă  l'insu du commissaire Juve. MylĂšne Demongeot conserve son personnage d'HĂ©lĂšne, qui joue un rĂŽle capital dans cette histoire en raison de l'attirance qu'il exerce sur le criminel masquĂ©. Elle est flanquĂ©e d'un petit frĂšre du genre enfant terrible, interprĂ©tĂ© par Olivier de FunĂšs, seul acteur relativement important qui n'Ă©tait pas prĂ©sent sur FantĂŽmas. Le fils de Louis, qui fait ses dĂ©buts Ă  l'Ă©cran, n'Ă©tait guĂšre attirĂ© par la comĂ©die, mais par l'aviation. C'est son pĂšre qui va essayer de l'orienter sur le cinĂ©ma, avant tout par peur qu'il ne devienne pilote de ligne Ă  la merci des accidents d'avion ! MalgrĂ© un intĂ©ressant travail d'acteur, Olivier ne fera pas plus de quelques films et mĂšnera par la suite une carriĂšre de pilote dans l'aviation militaire. Pour en terminer avec les acteurs rĂ©currents, citons encore Robert Dalban en directeur de journal, mais cette fois-ci pour une brĂšve apparition, Henri Attal et Dominique Zardi, les principaux hommes de main de FantĂŽmas, le cascadeur Yvan Chiffre lui aussi employĂ© par FantĂŽmas, et le dĂ©sopilant Philippe Castelli dans le rĂŽle de l'inspecteur en retard. Le professeur Marchand est incarnĂ© par Albert Dagnant, et la dame qui patiente devant les toilettes du train par Florence Blot. HabituĂ© des films de Louis, Max Montavon interprĂšte le surveillant de la pension. On retrouve Jacques Marin en agent de la police ferroviaire italienne. Plusieurs acteurs jouent les inspecteurs du service de Juve Christian Tomas, Michel Dupleix, Antoine Marin celui qui a l'esprit un peu lent..., Roger Lumont, Bob Lerich. Idem pour les hommes de main de FantĂŽmas hormis ceux dĂ©jĂ  citĂ©s, on peut voir Antoine Baud, AndrĂ© Cagnard, Pierre Palfray, et Eric Vasberg en faux huissier. Le ministre qui dĂ©core Juve est interprĂ©tĂ© par Robert Le BĂ©al, le prĂ©sident du congrĂšs scientifique par Piero Tordi, et le directeur de la clinique psychiatrique par Jean Michaud. Et comme il se doit, Raymond Pellegrin reste la voix de FantĂŽmas. TEMPS FORTS DĂšs la premiĂšre scĂšne, Louis de FunĂšs commence son festival, et montre une nouvelle fois qu'il aurait fait un excellent acteur de films muets. La cĂ©rĂ©monie de remise de la LĂ©gion d'Honneur comporte l'inĂ©vitable discours du ministre Lors des moments difficiles de son histoire, la France a toujours trouvĂ© le grand homme de la situation Bayard, Bonaparte, Jeanne d'Arc !. » De FunĂšs n'a pas besoin de parler pour exprimer ses sentiments, et on voit Ă  quel point la comparaison entre lui et ces hĂ©ros de l'histoire de France le ravit. Mais la suite n'est pas du mĂȘme acabit... Un petit fonctionnaire, ne payant pas de mine, un Français moyen, banal, d'apparence insignifiante, se dresse devant l'ennemi et le pousse jusque dans sa taniĂšre c'est ça, la France ! » La façon unique dont le visage de Louis se dĂ©compose lorsque le ministre dĂ©crit son personnage comme un terne Français moyen constitue le premier grand moment du film. Et l'expression change du tout au tout Ă  la fin de la phrase, nettement plus flatteuse. La rĂ©apparition de FantĂŽmas en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision suscite l'ire du ministre et la confusion de Juve. Le commissaire essaie d'expliquer en bafouillant que si sa dĂ©coration paraĂźt indigne, il se laissera dĂ©choir. Mais peu importe pour le ministre, ce qui compte est la mise hors d'Ă©tat de nuire du criminel. Extrait de la conversation - Nous manquons de crĂ©dits...- À l'heure oĂč pour FantĂŽmas, la tĂȘte d'un savant vaut tout l'or du monde, Ă  vous de montrer qu'Ă  la tĂȘte de notre police, le cerveau d'un commissaire vaut plus que des milliards ! Vous en avez un, alors sachez vous en servir, et rĂ©visez vos mĂ©thodes ! Juve transmet les nouvelles orientations Ă  ses hommes lors d'un conseil de guerre en vue du voyage du professeur Lefebvre Ă  Rome Il faut rĂ©viser vos mĂ©thodes ! C'est fini l'Ă©poque du hold-up hebdomadaire et des gorilles de papa ! Nous sommes Ă  l'heure des agents secrets et des gadgets ! De quoi auriez-vous l'air si FantĂŽmas Ă©tait arrĂȘtĂ© par un zĂ©ro-zĂ©ro quelconque, hein ? Je vous le demande, de quoi auriez-vous l'air ?... » A cette occasion, le commissaire prĂ©sente les gadgets de son invention une gabardine truquĂ©e munie d'un faux bras articulĂ© permet de garder une main en rĂ©serve pour abattre un adversaire qui vous menace de son arme tout en ayant apparemment les deux mains en l'air, les cigares-pistolets seront tout aussi utiles comme le prouvera la fin du film... mais Juve n'a pas tout prĂ©sentĂ© lors de ce briefing la jambe de bois-mitraillette utilisĂ©e avec succĂšs lors du bal masquĂ© apporte un agrĂ©ment d'autant plus rĂ©jouissant qu'il est inattendu. La rĂ©union s'achĂšve par une ultime recommandation de Juve - N'oubliez pas les ruses dont ce monstre a Ă©tĂ© capable ! GrĂące Ă  des masques dont nous connaissons aujourd'hui le secret, il a pu commettre ses forfaits non seulement sous les traits du journaliste Fandor, mais aussi avec mon visage. Vous voyez, on pourrait croire que c'est moi ! Alors, soyez prudents et contrĂŽlez toujours qui est qui !- Comment ça, qui est qui ?- Qui est qui ! Enfin, qui est qui, quoi ! La partie intermĂ©diaire du film, c'est-Ă -dire le voyage en train, est elle aussi riche en trĂšs bonnes sĂ©quences. Louis de FunĂšs est mĂ©connaissable dĂ©guisĂ© en officier italien distinguĂ© dotĂ© d'une moustache et de beaux cheveux noirs. Son Ă©tonnante transformation en serveur, grĂące au retournement de sa veste - au sens propre du terme - et de sa casquette, a lieu dans les toilettes. La scĂšne est d'autant plus hilarante qu'il brĂ»le la politesse Ă  une passagĂšre titillĂ©e par un besoin pressant. La femme est stupĂ©faite de voir ressortir un homme diffĂ©rent de celui qu'elle avait vu entrer, et pendant qu'elle le regarde intriguĂ©e, quelqu'un lui prend sa place ! ExcĂ©dĂ©e, la dame se rend dans la voiture suivante, mais lĂ  aussi les toilettes sont occupĂ©es les hommes de FantĂŽmas prennent leurs instructions par talkie-walkie et ne sont pas pressĂ©s de terminer. Nouveau changement de voiture et la malchance continue puisque Juve et trois de ses hommes viennent de se rĂ©fugier en catastrophe dans les toilettes pour Ă©viter de se trouver nez-Ă -nez avec HĂ©lĂšne et Fandor. Lorsqu'ils ressortent, la passagĂšre est d'abord surprise par ces quatre hommes enfermĂ©s dans les toilettes, puis les regarde d'un air entendu, croyant visiblement avoir affaire Ă  des individus de mƓurs spĂ©ciales ! Autre trĂšs bon moment avec les dĂ©ambulations de Juve dĂ©guisĂ© en serveur scandant DeuxiĂšme service ! » de couloirs en couloirs avant d'arriver devant le compartiment du savant. Le pauvre Juve tombe sur Fandor dĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre et en train d'embrasser HĂ©lĂšne. Le commissaire croit qu'HĂ©lĂšne trompe Fandor avec ce vieillard de LefĂšvre et se trouve pris d'un accĂšs de misogynie ! Le sĂ©jour Ă  Rome va se rĂ©vĂ©ler tout aussi comique. Juve et Bertrand se dĂ©guisent en religieux pour surveiller Fandor grimĂ© en Lefebvre. Le commissaire rĂ©primande son adjoint, coupable de regarder de maniĂšre Ă©quivoque une belle passante, attitude peu compatible avec sa tenue de vicaire. Puis il subit l'assaut d'un couple d'italiens qui, se rĂ©fĂ©rant Ă  son costume de curĂ©, lui demande de baptiser le dernier-nĂ© de la famille ! Arrive alors le congrĂšs. Fandor-Lefebvre prĂ©sente Juve, qui ne le quitte pas d'une semelle, comme son secrĂ©taire. Ledit secrĂ©taire est Ă©quipĂ© de sa gabardine truquĂ©e. Premier problĂšme, il est incapable d'applaudir lors de l'hommage rendu au professeur Marchand et se contente de taper des deux mains - la fausse et une vraie - sur la table. Second problĂšme lorsqu'il est pris d'une envie de se moucher il ne peut rĂ©sister et, au grand Ă©tonnement de Fandor, utilise sa deuxiĂšme vraie main dissimulĂ©e qu'il sort par un interstice de sa gabardine ! Lorsque FantĂŽmas dĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre intervient, Juve le prend pour Fandor et le laisse partir. Ce n'est que lorsqu'il voit le vrai Fandor qu'il rĂ©agit, prenant ce dernier pour FantĂŽmas dĂ©guisĂ© en Lefebvre avant que le journaliste ne le dĂ©trompe. Le commissaire essaie de se rattraper, mais en croyant mettre la main sur FantĂŽmas dĂ©guisĂ© en Lefebvre, il tombe en fait sur le vrai professeur fraĂźchement arrivĂ© de Paris. Lorsqu'il se rend compte de son erreur, il ne peut qu'assister, impuissant, Ă  l'enlĂšvement de Lefebvre par les hommes de FantĂŽmas, puisqu'il est lui-mĂȘme entre les mains de policiers italiens intriguĂ©s par son comportement excitĂ©. Incapable de s'expliquer de maniĂšre cohĂ©rente, Juve est pris pour un dĂ©ment par des carabiniers dubitatifs devant la dĂ©couverte de son faux bras. Et voilĂ  comment le commissaire se retrouve dans une clinica psychiatrica » ! Cette scĂšne de la clinique est vĂ©ritablement jubilatoire Juve donne des explications vĂ©ridiques mais trĂšs embrouillĂ©es, ce qui renforce la conviction des mĂ©decins sur la dĂ©faillance de sa santĂ© mentale. Extraits de la conversation - Le vrai professeur Lefebvre Ă©tait restĂ© Ă  Paris, donc on n'en parle plus !- On n'en parle Le premier faux professeur Lefebvre, donc Fandor, tombe sur le deuxiĂšme faux professeur Lefebvre, donc FantĂŽmas, et c'est la bagarre !- Oui, la Je suis poursuivi. Tout Ă  coup, je me retourne et j'abats deux tueurs avec ma troisiĂšme main !- Votre troisiĂšme main ?- Oui, ma main qui est sur le ventre !- Bien sĂ»r ! Sa main sur le ventre...- Et c'est Ă  ce moment-lĂ  que je me suis donnĂ© un coup sur la Un coup sur la tĂȘte. Tiens ! Tiens !...- Je poursuis FantĂŽmas et soudain, je vois trois professeurs Lefebvre le vrai venait d'arriver !- Évidemment !- Je saute sur le professeur Lefebvre en croyant que c'Ă©tait le faux, mais c'Ă©tait vraiment le vrai ! Et voilĂ  comment Ă  Rome, le premier policier de France se retrouve chez les fous ! Victime du devoir ! La scĂšne s'achĂšve de maniĂšre tout aussi drĂŽle avec la ruse employĂ©e par les mĂ©decins le directeur de la clinique fait irruption et rĂ©primande ses subordonnĂ©s Monsieur le commissaire, je suis confusionnĂ© ! Tous les renseignements me prouvent que ce monsieur est vraiment le premier policier de France. Maladroits que vous ĂȘtes ! Venez, monsieur le commissaire, ma voiture vous attend. Non, par ici. VoilĂ ... » Et le malheureux Juve est enfermĂ© dans une cellule capitonnĂ©e ! La mĂ©prise se termine grĂące Ă  l'intervention de l'inspecteur Bertrand. Conversation entre les deux hommes dans la voiture qui les ramĂšne Ă  l'hĂŽtel - Moi, le premier policier de France, passer pour un fou !- Vous savez, m'sieur le commissaire, Ă  notre Ă©poque, il vaut mieux passer pour un fou que pour un imbĂ©cile !- Eh ! Bien, vous, vous ne risquez pas la camisole ! Et ce n'est pas fini, avec les micros que Juve installe dans la chambre d'HĂ©lĂšne Ă  son retour Ă  l'hĂŽtel, elle ne peut avouer la vĂ©ritĂ© Ă  son fiancĂ© au sujet de FantĂŽmas puisque ce dernier retient son petit frĂšre en otage. Alors elle ruse, mais de maniĂšre maladroite. Fandor s'impatiente, exige de savoir oĂč elle est allĂ©e pendant sa disparition. La belle HĂ©lĂšne lui rĂ©pond alors Ecoute ! Si tu voulais le savoir, tu n'avais qu'Ă  me faire suivre par ton crĂ©tin, ton abruti de commissaire Juve ! » Juve sursaute en Ă©coutant cette conversation dans le pommeau de la douche oĂč est dissimulĂ© son rĂ©cepteur. Bertrand veut savoir ce que Fandor et HĂ©lĂšne racontent, mais Juve, dĂ©pitĂ©, rĂ©pond Qu'est-ce qu'ils disent, qu'est-ce qu'ils disent... ça vous regarde, ce qu'ils disent ?... » Beaucoup plus que le dĂ©guisement de Fandor, banal avec son haut-de-forme, c'est celui du commissaire qui retient l'attention lors du bal masquĂ©. Juve a revĂȘtu une splendide tenue de pirate avec bandeau et jambe de bois. En fait, le bandeau est amovible et la jambe de bois cache une mitraillette qui va permettre d'Ă©liminer un groupe de tueurs. Cette jambe de bois-mitraillette a Ă©tĂ© trĂšs apprĂ©ciĂ©e par Marcel Allain qui l'a jugĂ©e tout Ă  fait dans la lignĂ©e de ses romans. HĂ©las ! FantĂŽmas ne s'en laisse pas compter il Ă©lectrocute les hommes d'Interpol venus en renfort et capture nos hĂ©ros. La situation semble dĂ©sespĂ©rĂ©e pour Fandor, sa fiancĂ©e, et les policiers, retenus prisonniers dans le repaire du monstre, mais Juve n'a pas dit son dernier mot. La perspective de voir sa tĂȘte sĂ©parĂ©e de son corps le galvanise et il dĂ©cide de rĂ©agir. Comment le commissaire va-t-il s'en sortir, attachĂ© Ă  sa potence tout comme Fandor et Bertrand ? Tout simplement en offrant des cigares-pistolets aux sbires de FantĂŽmas sous prĂ©texte de dernier plaisir accordĂ© Ă  une future victime de la science un cigare pour lui, et un Ă  chacun des deux gardes. Juste avant que le tir ne se dĂ©clenche, Juve incite les deux gardes Ă  se regarder les coups partent et les deux hommes s'entretuent avec leurs cigares respectifs ! Quant au garde de faction Ă  l'entrĂ©e, le cigare de Juve se charge de lui. Cette avalanche de rire presque continue n'empĂȘche pas d'apprĂ©cier le gadget trĂšs jamesbondien » de la DS blanche volante qui stupĂ©fie Juve et Fandor. Cette voiture-avion est devenue un des symboles les plus emblĂ©matiques de la sĂ©rie des FantĂŽmas. POINTS FAIBLES Le jeu de Jean Marais et de MylĂšne Demongeot n'est toujours pas parfait. Sans doute Jean Marais a-t-il voulu trop en faire en multipliant les personnages ; autant celui de FantĂŽmas dĂ©guisĂ© en professeur Lefebvre est rĂ©ussi on distingue fort bien la diffĂ©rence avec les autres grĂące aux yeux exorbitĂ©s du malfaiteur, et bien entendu la voix de Raymond Pellegrin, autant Fandor-Lefebvre et Lefebvre lui-mĂȘme sont ratĂ©s. L'aspect vieillard dĂ©bonnaire du professeur, son cĂŽtĂ© savant-qui-aime-s'amuser, style Einstein qui tire la langue, ont Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©s, et dans ces circonstances on sait que Jean Marais ne se prive pas pour en rajouter... La poursuite finale est encore le trĂšs relatif point faible du film. TrĂšs relatif car elle a Ă©tĂ© heureusement Ă©courtĂ©e par rapport au premier film, et elle se termine de façon spectaculaire avec la voiture volante, gadget beaucoup plus marquant que le sous-marin de poche vu un an plus tĂŽt. Une anomalie de scĂ©nario est particuliĂšrement flagrante pourquoi les savants prisonniers n'ont-ils pas utilisĂ© immĂ©diatement leur appareil d'ondes tĂ©lĂ©pathiques pour se libĂ©rer ? Il est Ă©vident qu'aucun garde, ni mĂȘme FantĂŽmas, n'aurait pu rĂ©sister. Alors, pourquoi attendre que Fandor et Juve arrivent ? Sans doute parce que sinon, il n'y aurait pas eu de film... On peut aussi faire remarquer que le scĂ©nario Ă©tait viciĂ© dĂšs le dĂ©part FantĂŽmas, qui n'est pas idiot, ne pouvait que comprendre la vanitĂ© de son projet À partir du moment oĂč ses prisonniers auraient achevĂ© l'appareil, il Ă©tait Ă©vident qu'ils ne pourraient que l'utiliser contre lui. ACCUEIL Comme tous les films de Louis de FunĂšs Ă  cette Ă©poque, le film rencontre un trĂšs beau succĂšs, et mĂȘme un triomphe avec un total dĂ©passant les 4 millions de spectateurs. Le succĂšs Ă  l'Ă©tranger est Ă©galement au rendez-vous. Tout comme le premier film de la sĂ©rie, le deuxiĂšme s'exporte trĂšs bien en Espagne oĂč il frĂŽle les 3 millions d’entrĂ©es, en Italie, et bien entendu en Russie. SYNTHÈSE Un festival de scĂšnes comiques irrĂ©sistibles pour ce deuxiĂšme des trois films de la sĂ©rie, sans conteste le meilleur. LES SÉQUENCES CULTES Un petit fonctionnaire ne payant pas de mine Vous auriez l'air de j'en foutre ! Pour ceux qui ont l'esprit un peu lent ! N'ayons l'air de rien, nous sommes ici incognito Soudain je me retourne et j'avale deux tueurs avec ma troisiĂšme mai ! Retour Ă  l'index Captures et sĂ©quences cultes rĂ©alisĂ©es par Steed3003 Saga Louis de FunĂšs 3 - La confirmation 1966/1973 - 4Ăšme partie 1. Jo – 1971 2. La folie des grandeurs – 1971 3. Les aventures de Rabbi Jacob – 1973 1. JO Production LĂ©o FUCHS, distribuĂ© par la MGMScĂ©nario Claude MAGNIER et Jacques VILFRID, d'aprĂšs The Gazebo, piĂšce d'Alec et Myra COPPELAdaptation Jacques VILFRID, Jean GIRAULTDialogues Jacques VILFRIDRĂ©alisation Jean GIRAULTMusique Raymond LEFÈVRE Un auteur de théùtre dĂ©cide de se dĂ©barrasser du maĂźtre-chanteur dont il est victime. Il fait venir l'homme chez lui mais renonce Ă  son projet de meurtre avant qu'un coup du sort ne le conduise Ă  abattre accidentellement le malfaiteur. AprĂšs avoir enterrĂ© le corps dans son jardin, il apprend que le vĂ©ritable maĂźtre-chanteur vient d'ĂȘtre retrouvĂ© mort ailleurs ! Une catastrophe arrivant rarement seule, l'inconnu enseveli Ă  la hĂąte ne tarde pas Ă  refaire surface... GENÈSE Jo est l'adaptation d'une piĂšce de théùtre inconnue en France et appelĂ©e The Gazebo, et qui fut Ă©galement l'objet d'une premiĂšre adaptation amĂ©ricaine rĂ©alisĂ©e par George Marshall en 1959 avec Glenn Ford et Debbie Reynolds - sous le titre français Un mort rĂ©calcitrant. Fait rarissime, le film porte le nom d'une "ArlĂ©sienne", soit un personnage dont on entend beaucoup parler mais qu'on ne verra jamais. MalgrĂ© son traitement de boulevard trĂšs français, le sujet se rapproche davantage d'un humour macabre typiquement british ; le scĂ©nario apparaĂźt proche d'un des films les plus "dĂ©calĂ©s" d'Alfred Hitchcock, Mais qui a tuĂ© Harry ? oĂč un cadavre est sans cesse enterrĂ©, dĂ©terrĂ©, dĂ©placĂ©... Jo n'est d'ailleurs pas l'unique production Ă  jouer sur ce terrain on peut aussi citer le I See England, I See France, I See Maddie's Netherworld de Clair de Lune. Autre singularitĂ©, le personnage incarnĂ© par Louis de FunĂšs tue quelqu'un. On avait dĂ©jĂ  vu Louis abattre quelques gangsters dans FantĂŽmas se dĂ©chaĂźne, mais c'Ă©tait dans le cadre des fonctions du commissaire Juve. Comme il Ă©tait difficilement envisageable de le montrer en train d'abattre un homme comme si de rien n’était, mĂȘme s'il ne s'agissait que d'un ignoble maĂźtre-chanteur, l'astuce du scĂ©nario a Ă©tĂ© de concocter un Antoine Brisebard dĂ©cidĂ© Ă  tuer M. Jo mais incapable de le faire lorsqu'il se retrouve face Ă  lui. La crapule est alors victime d'un accident le coup de feu part seul lorsque Brisebard, qui a renoncĂ© Ă  tirer, jette son revolver Ă  terre par dĂ©pit. L'anecdote est intĂ©ressante car les personnages interprĂ©tĂ©s par De FunĂšs ne sont gĂ©nĂ©ralement guĂšre recommandables, et on pouvait donc tout Ă  fait envisager de voir Brisebard assassiner Jo. Mais le comique d'agressivitĂ© de Louis est au fond assez bon enfant, dans le registre du bouffon demeurant sympathique malgrĂ© une mentalitĂ© et des agissements exĂ©crables. Ces caractĂ©ristiques se seraient mal accommodĂ©es d'un homicide commis de sang-froid. De surcroĂźt, Louis de FunĂšs joue dans Jo un personnage beaucoup moins dĂ©sagrĂ©able que dans beaucoup d'autres films. Il reste dans la lignĂ©e du changement de son image opĂ©rĂ©e avec les films de Serge Korber. Ce n'est pas un hasard si, tout comme dans L'Homme-orchestre, il interprĂšte Ă  nouveau un artiste, en l'espĂšce un auteur de théùtre de boulevard. RÉALISATEUR Louis de FunĂšs ne prend aucun risque en travaillant avec Jean Girault, son complice sur la sĂ©rie des Gendarme. Girault constitue son Ă©quipe habituelle avec Jacques Vilfrid comme coscĂ©nariste et adaptateur, Tony Aboyantz pour assistant, et Raymond LefĂšvre Ă  la musique. DÉCORS La quasi-totalitĂ© de l'action se dĂ©roule chez les Brisebard, ce qui ne saurait surprendre avec un scĂ©nario adaptĂ© d'une piĂšce de théùtre. Les rares scĂšnes d'extĂ©rieur ont Ă©tĂ© tournĂ©es dans la campagne en Île-de-France, et les scĂšnes d'intĂ©rieur dans les studios Franstudio Ă  Saint-Maurice. Les dĂ©cors sont de Sydney Bettex, Moser Versailles a conçu et rĂ©alisĂ© le jardin et la gloriette, Jacques Doubinski les Ă©lĂ©ments de cuisine. GÉNÉRIQUE Contrairement Ă  ses habitudes, Jean Girault ne propose pas de sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique. La durĂ©e rĂ©duite du film une heure vingt minutes est sans doute la cause de ce choix. La conception visuelle du gĂ©nĂ©rique est banale, avec de simples dessins, et c'est surtout la musique de Raymond LefĂšvre qui retient l'attention. Nerveux et imaginatif, ce thĂšme sera d'ailleurs repris pour le gĂ©nĂ©rique de fin d'un Ă©pisode de la sĂ©rie Kaamelott dĂ©diĂ© Ă  Louis de FunĂšs qui fut toujours un modĂšle pour Alexandre Astier, le crĂ©ateur de la sĂ©rie. Le gĂ©nĂ©rique de fin du film, lui, reprend le thĂšme principal et des dessins sur le modĂšle du gĂ©nĂ©rique initial. SCÉNARIO Beaucoup d'action malgrĂ© la durĂ©e rĂ©duite car le film ne comporte aucun temps mort. On retrouve donc les caractĂ©ristiques traditionnelles des De FunĂšs adaptĂ©s de piĂšces de théùtre. Antoine Brisebard est un auteur de théùtre Ă  succĂšs, spĂ©cialisĂ© dans la comĂ©die, et mariĂ© Ă  la ravissante Sylvie, une actrice cĂ©lĂšbre qui joue dans ses piĂšces. Bien installĂ©s dans leur tranquille pavillon Ă  la campagne, nos tourtereaux ont tout pour vivre heureux. Malheureusement, Brisebard est victime d'un maĂźtre-chanteur dont les exigences sont de plus en plus exorbitantes. Au bout du rouleau, Antoine dĂ©cide de se dĂ©barrasser dĂ©finitivement de son ennemi. Sous prĂ©texte d'Ă©crire une piĂšce policiĂšre, il demande Ă  son ami avocat maĂźtre Colas quelques conseils sur le moyen de commettre le crime parfait, et rĂ©pĂšte la scĂšne avec lui, provoquant l'effroi de Mathilde, la bonne des Brisebard, qui croit que son patron vient de tuer quelqu'un. MaĂźtre Colas n'est pas convaincu par le scĂ©nario Ă©laborĂ© par son ami. Le fait que le public ne connaĂźtra pas le motif du chantage lui paraĂźt incohĂ©rent et il Ă©met l'hypothĂšse que le personnage de la piĂšce va finir sur l'Ă©chafaud. Évidemment, Antoine ne l'entend pas de cette oreille et note scrupuleusement les conseils prodiguĂ©s par l'avocat en vue de l'exĂ©cution de son plan. En particulier, il comprend que le meilleur moyen de rĂ©ussir le crime parfait est de faire disparaĂźtre dĂ©finitivement le cadavre. L'action se dĂ©roule le jour de la Saint-Antoine, et Sylvie lui offre pour cadeau... une gloriette Gazebo en anglais, titre original de la piĂšce dont est adaptĂ© le film acquise dans le Puy-de-DĂŽme pour 250 000 francs et destinĂ© Ă  trĂŽner dans le jardin ! Furieux de cette dĂ©pense d'autant plus inutile qu'il a l'intention de vendre la maison, il manque de s'Ă©trangler lorsque le maçon M. Tonelotti lui apprend que les fondations vont doubler le prix initial. Mais Antoine change d'avis lorsque Tonelotti lui affirme que les fondations resteront solides pour deux cents ans. Que voilĂ  une belle opportunitĂ© de faire disparaĂźtre pour toujours un cadavre encombrant ! Il appelle M. Jo et lui demande de venir chercher l'argent le soir mĂȘme. En effet, les fondations du kiosque ont Ă©tĂ© creusĂ©es dans la journĂ©e et le ciment doit ĂȘtre coulĂ© le lendemain matin. Sylvie sera au théùtre pour interprĂ©ter une de ses piĂšces et il a donnĂ© sa soirĂ©e Ă  la bonne tout est pour le mieux. Tout ne se dĂ©roule pas comme prĂ©vu car M. Tonelotti, venu inspecter le travail de ses ouvriers, dĂ©couvre le trou creusĂ© par Antoine en vue d'y placer le cadavre, le rebouche, et emporte la pelle avec lui, ce qui oblige Brisebard Ă  recommencer son ouvrage avec une mini pelle pour enfants. Lorsque Jo arrive, il lĂšve les mains en l'air face au revolver de Brisebard, mais ce dernier, pris de sueurs froides, totalement tĂ©tanisĂ©, s'avĂšre incapable de tirer, et prĂ©fĂšre continuer Ă  payer. Il jette son arme Ă  terre, mais un coup part et Jo s'effondre Antoine vient de tuer le maĂźtre-chanteur sans le vouloir ! C'est Ă  ce moment que Mathilde survient et Ă©clate de rire, croyant qu'il s'agit Ă  nouveau d'une rĂ©pĂ©tition avec maĂźtre Colas. Antoine s'assure qu'elle part au cinĂ©ma pour de bon puis entreprend d'envelopper le corps de la victime dans... le rideau de la douche ! A peine a-t-il achevĂ© sa tĂąche que surviennent les Grunder, acheteurs potentiels de la maison, qu'ils viennent visiter en compagnie de l'intermĂ©diaire, une certaine madame Cramusel. Riche industriel britannique, M. Grunder veut s'installer Ă  la campagne pour soigner en toute discrĂ©tion son Ă©pouse alcoolique. Brisebard a Ă©videmment d'autres chats Ă  fouetter et demande Ă  ses visiteurs de repasser une autre fois au grand dam de Mme Cramusel. Il peut alors enterrer le cadavre comme prĂ©vu dans les fondations du kiosque. Trois jours plus tard, les Brisebard donnent une rĂ©ception pour fĂȘter l'inauguration de la gloriette. Entre deux coupes de champagne, Antoine reçoit la visite de l'inspecteur Ducros, un policier qui l'interroge au sujet de M. Jo. Apprenant que les autoritĂ©s ont dĂ©couvert son nom dans le carnet secret de M. Jo, Brisebard est contraint d'avouer Ă  l'inspecteur les motifs du chantage sa femme Sylvie n'est autre que la fille d'un dangereux gangster, meurtrier de cinq personnes. Si le fait Ă©tait rĂ©vĂ©lĂ©, la carriĂšre de Sylvie serait irrĂ©mĂ©diablement compromise. Antoine est stupĂ©fait lorsque Ducros lui apprend que Jo a Ă©tĂ© retrouvĂ© mort... Ă  son domicile de Bagnolet ! Il se demande qui il a bien pu tuer, et dĂšs le dĂ©part de l'inspecteur, tĂ©lĂ©phone Ă  tous ses amis de peur d'avoir occis l'un d'entre eux, peut-ĂȘtre venu le voir Ă  l'improviste le soir du drame. Le malheureux Brisebard regrette amĂšrement de ne pas avoir regardĂ© le visage de sa victime... Un autre problĂšme est survenu avec l'effondrement du plancher de la gloriette, victime de l'attraction du jour, des Espagnols danseurs de Flamenco et peu avares en claquettes. La nuit venue, un orage Ă©clate et la foudre achĂšve de mettre Ă  nu le cadavre. Brisebard se prĂ©cipite dans la remise pour prĂ©parer du ciment lorsqu'il reçoit la visite de deux malfaiteurs qui l'accusent d'avoir assassinĂ© leur ami Riri et d'avoir gardĂ© les 42 millions qu'il transportait dans sa mallette. Ils s'apprĂȘtent Ă  torturer Antoine pour le faire parler lorsqu'ils dĂ©couvrent les restes de Riri sous la gloriette et s'emparent de l'argent tout en s'excusant auprĂšs du maĂźtre des lieux pour avoir doutĂ© de son honnĂȘtetĂ© » ! et en le remerciant d'avoir fait le travail Ă  leur place » ! Brisebard camoufle le cadavre comme il peut en confectionnant une statue. Le lendemain matin, Sylvie est stupĂ©faite de dĂ©couvrir cette statue et conçoit quelques doutes au sujet de la santĂ© mentale de son Ă©poux. L'inspecteur Ducros revient en compagnie de deux adjoints. Il explique le fin mot de l'affaire Riri Ă©tait un mauvais garçon que Jo employait pour procĂ©der aux encaissements Ă  sa place. Il soupçonne les Brisebard d'avoir assassinĂ© Riri en croyant tuer Jo et commence Ă  fouiller la maison. Mme Brisebard finit par dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© et dĂ©cide de lutter avec son mari qui lui a donnĂ© une belle preuve d'amour en la protĂ©geant ainsi. La statue se brise en mille morceaux, et il s'agit alors de trouver une nouvelle cachette pour le macchabĂ©e. Une pendule, puis une malle, sont successivement utilisĂ©es au nez et Ă  la barbe des policiers qui cherchent partout sauf au bon endroit. Finalement, les deux visiteurs nocturnes de Brisebard sont retrouvĂ©s morts en des endroits divers, et la police en dĂ©duit que ce sont eux qui avaient assassinĂ© Jo avant qu'il ne se rende chez les Brisebard. L'inspecteur Ducros prĂ©sente ses excuses au couple et lĂšve l'ancre. Antoine aimerait bien en faire autant pour se dĂ©barrasser du cadavre lors d'une croisiĂšre, mais le diamĂštre des hublots s'avĂšre insuffisant. Toujours imaginatif, Antoine trouve la solution il place les restes de M. Jo dans une voiture qu'il prĂ©cipite dans un ravin... juste Ă  cĂŽtĂ© de l'endroit choisi par l'inspecteur Ducros pour dĂ©jeuner en plein air pendant son jour de repos ! Ducros dĂ©couvre Brisebard lorsque ce dernier cherche Ă  se rendre compte du rĂ©sultat, et se lance Ă  sa poursuite. DISTRIBUTION C'est un Louis de FunĂšs en pleine forme que l'on retrouve en auteur de piĂšces de théùtre Ă  succĂšs. Le trĂšs nerveux Antoine Brisebard est vraiment un personnage idĂ©al pour le jeu de notre comique prĂ©fĂ©rĂ©. Louis peut dĂ©velopper ses gags Ă  sa maniĂšre inimitable pendant toute la durĂ©e du film puisqu'il est prĂ©sent sans interruption du dĂ©but Ă  la fin. Claude Gensac est dĂ©sormais l'Ă©pouse de Louis de FunĂšs Ă  l'Ă©cran. On se s'Ă©tonnera donc pas de la voir Ă  l'Ɠuvre dans le rĂŽle de Sylvie Granuda, Ă©pouse Brisebard, comĂ©dienne de théùtre et actrice fĂ©tiche de son mari, qui Ă©crit ses piĂšces spĂ©cialement pour elle. L'inspecteur Ducros, l'as de la police qui arrĂȘte tous les coupables, bĂ©nĂ©ficie de l'interprĂ©tation comme toujours exceptionnelle de Bernard Blier. De FunĂšs et lui sont cette fois-ci bel et bien face-Ă -face, tout comme dans Le grand restaurant, aprĂšs avoir Ă©galement participĂ© tous deux aux Bons vivants quelques annĂ©es plus tĂŽt, mais dans des sketches diffĂ©rents. Preuve que Louis de FunĂšs Ă©tait le maĂźtre absolu du tournage, la plupart des acteurs font partie de ses fidĂšles. À commencer par Michel Galabru, l'adjudant Gerber des Gendarme, que l'on dĂ©couvre en artisan-maçon peu douĂ© les fondations de la gloriette qui devaient durer deux ans n'ont pas tenu trois jours... Guy TrĂ©jean, un ancien de Pouic-Pouic, tient le rĂŽle de maĂźtre Colas, l'avocat et ami d'Antoine, et Christiane Muller le mĂȘme rĂŽle de domestique qu'elle avait dans Les Grandes Vacances. C'est justement dans ce film que Louis avait dĂ©jĂ  croisĂ© Ferdy Mayne, acteur germano-britannique qui dĂ©cĂšdera en 1998 de la maladie de Parkinson ; il joue ici un industriel mariĂ© Ă  une femme joyeusement alcoolique, interprĂ©tĂ©e par une autre vieille connaissance de Louis Yvonne Clech, qui avait Ă©tĂ© son Ă©pouse dans FaĂźtes sauter la banque. Florence Blot est l'inĂ©narrable Mme Cramusel qui fait visiter la maison aux Grinder. On ne sait pas s'il s'agit d'une amie des Grunder, d'une voisine serviable, ou si elle travaille pour une agence immobiliĂšre, toujours est-il qu'elle tient visiblement Ă  ce que la transaction aboutisse... Du cĂŽtĂ© des truands, c'est un trio hautement FunĂ©sien qui est aux commandes avec les duettistes Dominique Zardi Leduc et Henri Attal Grand Louis, ainsi que Jean Droze, que l'on ne peut identifier dans le noir puis sous le rideau de la douche, mais a tenu le rĂŽle de Riri. Et les forces de l'ordre ? Hormis Bernard Blier, c'est Jacques Marin qui donne vie Ă  Andrieu et Carlo Nell Ă  Plumerel. Paul PrĂ©boist, pour qui il y avait toujours une place dans les films de Louis, c'est le brigadier qui ramĂšne la malle des Brisebard. Son frĂšre Jacques PrĂ©boist fait office d'autre gendarme. Quant Ă  la jolie Micheline Luccioni, elle est Ă©patante en amie de Sylvie ; la pauvre Françoise, en pleurs suite au dĂ©part de son mari du domicile conjugal, a vite fait de se consoler avec MaĂźtre Colas aprĂšs avoir bu quelques bons verres de vin rouge... TEMPS FORTS Pour ceux qui prĂ©fĂšrent les films Ă  grand spectacle tournĂ©s en dĂ©cors naturels, Jo ne sera pas leur De FunĂšs prĂ©fĂ©rĂ©. En revanche, si l'on s'en tient au burlesque et Ă  la performance pure, ce film est incontestablement un must de son acteur principal qui sublime un festival ininterrompu de gags et de situations comiques dĂ©lirantes. Commençons fort avec la meilleure scĂšne du film, cette conversation entre Antoine et Sylvie - Sais-tu oĂč est passĂ© le rideau de la douche ? celui dont Antoine s'est servi pour envelopper le cadavre C'est toi qui l'a enlevĂ© ?- Non... Ah ! Oui ! Je l'ai À qui ?- Eh bien ! Je l'ai donnĂ©... je l'ai donnĂ© Ă  un À un pauvre ?- Oui... Il est passĂ©... Il cherchait des vĂȘtements Alors tu lui as donnĂ© le rideau de la douche ?- Oui ! Comme il pleuvait, je me suis dit...- Tu t'es dit ?- Je me suis dit... que ça pourrait lui servir d'impermĂ©able. Il se l'est mis sur la tĂȘte et il est parti comme ça, en claudiquant... Beaucoup d'autres moments forts peuvent ĂȘtre rĂ©sumĂ©s par leurs dialogues Brisebard et M. Tonelotti, alors qu'Antoine attendait M. Jo pour le tuer et le faire disparaĂźtre sous les fondations de la gloriette - Je me suis habillĂ© pour aller voir vos merveilleuses fondations !- Ah ! C'est curieux, on a eu la mĂȘme idĂ©e... Mais figurez-vous que je viens de dĂ©couvrir quelque chose de pas trĂšs Quoi donc ?- Figurez-vous qu'on a creusĂ© un trou dans mon trou !- Dans quel trou ?- Dans mon propre trou. Et pas n'importe quel trou. C'est bien simple, on pourrait y faire tenir un bonhomme Mais qui a bien pu faire ça ?- Je ne sais Peut-ĂȘtre un de vos ouvriers, pour se dĂ©tendre ?- Pour se dĂ©tendre ? En tous cas, j'ai passĂ© un quart d'heure pour le Reboucher quoi ?- Le Quel trou ?- Le trou qu'il y avait dans mon trou !- Mais pourquoi vous avez fait ça ?
 Donnez-moi la pelle !- Non ! C'est ma pelle, je la garde ! Prise de contact entre Brisebard et l'inspecteur Ducros - Connaissez-vous Monsieur Jo ?- Qui ?- MONSIEUR JO !- Monsieur Jo... Non... Je ne vois pas... Attendez, je cherche...- Eh bien ! Cherchez mieux ! La tĂȘte de De FunĂšs lorsqu'il fait semblant de chercher ! AprĂšs sa confession Ă  l'inspecteur, Antoine s'inquiĂšte de savoir si les noms des victimes de M. Jo seront publiĂ©s dans les journaux - Non. Sauf un !- Lequel ?- Celui de l' Parce qu'il a Ă©tĂ© assassinĂ© ?- Oui !- Mais vous n'en ĂȘtes pas sĂ»r ?- On l'a retrouvĂ© mort, Ă©tendu sur la carpette !- Quoi ? OĂč ça ?- Chez lui, Ă  Bagnolet !- Mais c'est pas ici ?- Non. Allez, au revoir, et ne vous inquiĂ©tez pas ! Je m'y connais en assassins vous n'avez pas le physique !- Mais qui est-ce que j'ai bien pu fourrer sous le kiosque ? Toute la sĂ©quence qui suit est hilarante, avec Brisebard qui s'inquiĂšte dĂšs qu'il entend parler d'une personne disparue Antoine, Sylvie, et son amie Françoise - Qu'est-ce qui se passe ?- Son mari a quittĂ© le domicile Quand ça ?- Mardi Mardi soir ? Mais il faut le retrouver !- Mais je l'ai retrouvĂ©. Je l'ai fait surprendre en flagrant dĂ©lit d' Quand ?- Hier soir !- Ah ! Ben alors, ça va trĂšs bien ! Et Bigeard, qu'est-ce qu'il devenu, Bigeard ?- Voyons, Antoine, il est mort il y a deux ans !- Alors, c’est trĂšs bien !- DĂ©cidĂ©ment, ton mari a un sens de l'humour assez particulier, moi j’aime mieux m'en aller... Au tĂ©lĂ©phone AllĂŽ ! Tata ? C'est Toitoine ! Comment va tonton ? Il est au lit avec quarante de fiĂšvre ? Alors, tant mieux ! » Apprenant qu'un ouvrier plombier devait passer chez lui mardi soir, Antoine croit qu'il s'agit de sa victime Qu'est-ce qui pouvait l'arriver de pire ? Un brave ouvrier plombier qui venait faire des heures supplĂ©mentaires pour nourrir sa famille... AllĂŽ ? Madame Bouiller ? L'ouvrier plombier qui devait venir mardi soir, il avait des enfants ? Six ? Mon Dieu, c'est horrible ! Comment ? Il n'a pas pu venir ? Vous en ĂȘtes sĂ»re ? Il est Ă  cĂŽtĂ© de vous ? Alors, embrassez-le pour moi, Madame Bouiller ! TrĂšs fort ! Et vous aussi, je vous embrasse, Madame Bouiller ! Comment ? Non, je vais trĂšs bien ! » Alors qu'il s'est dĂ©cidĂ© Ă  vendre la maison aux Grunder, Brisebard apprend avec stupĂ©faction que ses acquĂ©reurs veulent faire sauter le kiosque Ă  la dynamite et Ă  la place creuser une piscine ! Sylvie ne comprend pas son revirement mais la foudre va se charger de rĂ©gler le problĂšme en rendant caduque la cachette sous la gloriette. La nouvelle cachette est donc une statue. Sylvie est stupĂ©faite en la dĂ©couvrant, d'autant plus que son mari prĂ©tend qu'il s'agit du portrait de sa grand-mĂšre quand elle avait seize ans ! Elle songe sĂ©rieusement Ă  faire examiner Antoine par un mĂ©decin. Le lendemain, Antoine et maĂźtre Colas - Que penses-tu de l'histoire de Monsieur Jo ?- Je pense que c'est d'une banalitĂ©, un fait divers comme on en lit tous les jours dans les journaux !- Je ne crois pas, sinon l'inspecteur Ducros ne serait pas sur le L'inspecteur Ducros, mais c'est pas un tĂ©nor. C'est pas un tĂ©nor ! Ducros vient d'entrer dans la piĂšce dans le dos de Brisebard. MaĂźtre Colas l'a vu et essaie de tendre la perche Ă  son ami - Ducros ? Il arrĂȘte tous les coupables !- Ducros, c'est une musculature. Tout est lĂ  il montre ses bras, et lĂ  il montre sa tĂȘte, il n'y a rien !- Ducros ? C'est un type remarquable !- Moi, je le connais mieux que toi. Nous sommes allĂ©s Ă  l'Ă©cole ensemble, et on se tutoie avec Ducros. Moi je lui dis tu » ! Ducros, ironique, embraye en donnant une tape dans le dos de Brisebard - Salut, Antoine, comment vas-tu ?- Monsieur l'inspecteur ! Comment allez-vous ?- Ben, alors ? On se tutoie plus ?- Comment vas-vois ?... Comment vas-toi ? Euh !... Comment vas-tu ? Lorsque Sylvie comprend ce qui s'est passĂ©, elle s'Ă©vanouit. Ducros questionne - Qu'est-ce qu'elle a ?- Je vais ĂȘtre papa !- C'est pour quand ?- C'est pour quand quoi ?- Le bĂ©bĂ© !- Je ne sais pas, moi six mois, huit mois, douze mois... On n'est pas pressĂ©s ! La scĂšne du reprĂ©sentant qui entre de force chez les Brisebard, qui plus est au mauvais moment, met le feu et crie Au feu » parce qu'il est incapable de se servir de son extincteur de dĂ©monstration est Ă©galement trĂšs amusante. AprĂšs que tout le monde se soit prĂ©cipitĂ© pour Ă©teindre l'incendie avec de l'eau, il envoie par mĂ©garde la neige carbonique sur le visage de l'inspecteur Ducros ! Les Brisebard finissent par placer le cadavre dans une malle qu'ils chargent dans la camionnette de Tonelotti, mais celui-ci choisit ce moment pour dĂ©marrer sans crier gare. ComplĂštement ivre, il conduit en zigzags et la malle tombe sur le bitume. A leur retour chez eux, Antoine et Sylvie trouvent les gendarmes - Ah, M. Brisebard ! Cette malle est bien Ă  vous ?- Non !- Mais si ! Regardez, il y a votre nom Ă©crit sur l'Ă©tiquette...- Ah ! Oui...- Elle Ă©tait tom... Elle avait chu sur la route, alors nous nous sommes permis de vous la rapporter... POINTS FAIBLES Pas vraiment de points faibles dans ce film au rythme constant. Peut-ĂȘtre les scĂšnes oĂč Antoine et Sylvie cherchent Ă  dissimuler le macchabĂ©e sont-elles un rien trop longues. On peut aussi ĂȘtre surpris par les propos de Sylvie qui affirme trouver le kiosque affreux ». Mais alors pourquoi en a-t-elle fait l'acquisition ?... ACCUEIL Sans doute encore déçu par les films de Serge Korber, le public n’a pas fait un triomphe Ă  Jo, qui ne dĂ©passe pas les deux millions et demi d’entrĂ©es en France. Ce score est Ă©videmment dĂ©cevant pour Louis de FunĂšs, habituĂ© Ă  une moyenne de l’ordre du double. On rencontre sur le net des explications toutes trouvĂ©es de la part de prĂ©tendus experts en cinĂ©ma le film serait Ă  oublier », rĂ©servĂ© aux seuls fans de Louis de FunĂšs... il y a un aspect vĂ©ridique dans cette explication que le film soit Ă  oublier est ridicule, mais qu’il soit avant tout destinĂ© aux fans n’est pas totalement faux les fans sont Ă©videmment plus connaisseurs que le grand public, et savent apprĂ©cier Ă  leur juste valeur les meilleurs films de leurs idoles. Tout le contraire du grand public, car si on analyse la filmographie de Louis, on constate que ce sont comme par hasard la sĂ©rie des Gendarme, Le Corniaud, et La Grande Vadrouille, films souvent intĂ©ressants mais tout de mĂȘme parmi les plus franchouillards » de De FunĂšs, qui ont connu les plus grand succĂšs au box-office, donc ont su attirer le grand public en sus des fans de base
 SYNTHÈSE MalgrĂ© ses 57 ans, superbe performance de Louis de FunĂšs, bien secondĂ© par Bernard Blier et Claude Gensac. LES SÉQUENCES CULTES Allo Tata, c'est Toitoine ! Et vive le Puy de DĂŽme ! Tu lui as donnĂ© le rideau de la douche ? Ducros, c'est pas un tĂ©nor ! Mets les pieds dedans ! Retour Ă  l'index 2. LA FOLIE DES GRANDEURS Production GAUMONT et coproduction europĂ©enneScĂ©nario GĂ©rard OURY, d'aprĂšs Victor HUGO Ruy BlasAdaptation GĂ©rard OURY, DaniĂšle THOMPSON, Marcel JULLIANDialogues GĂ©rard OURY, DaniĂšle THOMPSON, Marcel JULLIANRĂ©alisation GĂ©rard OURYMusique Michel POLNAREFF Au 17Ăšme siĂšcle en Espagne, la reine Marie-Anne de Neubourg fait dĂ©choir de ses fonctions le malhonnĂȘte Don Salluste de Bazan, ministre des finances et de la police. DĂ©sireux de se venger, Salluste Ă©labore un plan machiavĂ©lique basĂ© sur l'amour que Blaze, son valet, porte Ă  la reine. Il fait prisonnier son neveu CĂ©sar, devenu malfaiteur, et le vend comme esclave en Afrique, puis fait passer Blaze pour CĂ©sar, et le prĂ©sente Ă  la cour comme un neveu qui revient des AmĂ©riques ». Son but est de faire surprendre CĂ©sar dans le lit de la reine afin que le roi Charles II rĂ©pudie cette derniĂšre. GENÈSE La voie nouvelle et la modernisation de son image proposĂ©es par le rĂ©alisateur Serge Korber s'avĂšrant ĂȘtre des Ă©checs sur le plan commercial, Louis de FunĂšs en tire les consĂ©quences logiques et se recentre sur les fondamentaux qui ont fait son succĂšs. Une nouvelle collaboration avec GĂ©rard Oury semble prometteuse, les deux premiĂšres s'Ă©tant soldĂ©es par un total de plus de 20 millions de spectateurs. Le scĂ©nario proposĂ© par Oury est une adaptation de la piĂšce de théùtre de Victor Hugo Ruy Blas. Certes, le drame se retrouve transformĂ© en comĂ©die, mais la relative libertĂ© de l'adaptation n'empĂȘche pas Oury de suivre l'essentiel de la trame de l'histoire originale, de conserver la plupart des personnages sous le mĂȘme nom, et certaines rĂ©pliques cĂ©lĂšbres telles le fameux Bon appĂ©tit, messieurs ! » Incontestablement, Oury a vu juste en adaptant le rĂŽle de Salluste pour Louis de FunĂšs. Il n'a mĂȘme pas eu besoin de trop forcer le trait tellement ce personnage Ă©tait fort antipathique dans la piĂšce de Victor Hugo... La Folie des Grandeurs devait rĂ©unir une nouvelle fois Bourvil et Louis de FunĂšs, mais la mort du gĂ©nial comĂ©dien normand met fin Ă  ce projet. Sur suggestion de sa compagne Simone Signoret, Yves Montand va remplacer Bourvil, et le rĂŽle de Blaze se trouver profondĂ©ment remaniĂ© car il s'agit de l'adapter Ă  la personnalitĂ© et Ă  la façon de jouer de Montand, toutes deux trĂšs diffĂ©rentes de celles de Bourvil. RÉALISATEUR On ne prĂ©sente plus GĂ©rard Oury, entrĂ© au panthĂ©on des metteurs en scĂšne français de comĂ©die et des pourvoyeurs en films Ă  gros succĂšs commercial, ce qui va souvent de pair. L'Ă©quipe mise en place par Oury pour ce troisiĂšme film avec Louis est inchangĂ©e le rĂ©alisateur travaille avec sa fille DaniĂšle Thompson et avec Marcel Jullian pour adapter au mieux l'Ɠuvre de Victor Hugo. DÉCORS Le budget Ă©levĂ© a permis de tourner les extĂ©rieurs en Espagne, dans les principales villes telles Madrid, Barcelone, SĂ©ville, et ailleurs Grenade, TolĂšde, le dĂ©sert de Tabernas... VoilĂ  qui constitue Ă©videmment un atout car les dĂ©cors sont typiquement espagnols et confĂšrent Ă  l'ensemble un aspect de vĂ©ritĂ© incontestable. L'Espagne se trouvait alors sous la dictature de droite du gĂ©nĂ©ral Franco, ce qui faillit provoquer le report, voire l'annulation du tournage. En effet, l'homme de gauche Montand a menacĂ© de boycotter l'Espagne si le Caudillo faisait exĂ©cuter des indĂ©pendantistes basques condamnĂ©s Ă  mort. Finalement, la peine de mort a Ă©tĂ© commuĂ©e en peines de prison et tout est rentrĂ© dans l'ordre. Les scĂšnes d'intĂ©rieur ont Ă©tĂ© tournĂ©es en France, au studio Franstudio de Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne. GÉNÉRIQUE GĂ©rard Oury, jusqu'alors traditionaliste en matiĂšre de gĂ©nĂ©rique, va cette fois-ci Ă©voluer en mĂȘlant conservatisme et innovation. Conservatisme avec le maintien de l'absence d'une sĂ©quence prĂ©-gĂ©nĂ©rique, Ă  l'Ă©poque oĂč le procĂ©dĂ© est devenu courant. Innovation avec le choix de Michel Polnareff comme compositeur. Polnareff, dit l'Amiral », est alors au sommet de sa popularitĂ©, un des maĂźtres de la variĂ©tĂ© française grĂące Ă  des succĂšs comme La PoupĂ©e qui fait non ou Tous les bateaux, tous les oiseaux. A l'opposĂ© des trĂšs classiques compositions de Georges Delerue pour Le Corniaud et La Grande Vadrouille, Polnareff produit une musique en dĂ©calage avec l'Ă©poque du film puisqu'elle relĂšve plutĂŽt du style Ennio Morricone-western spaghetti. Le rĂ©sultat est excellent. La musique de La Folie des Grandeurs ne s'oublie pas... Le thĂšme principal accompagne un gĂ©nĂ©rique de dĂ©but montrant la course du carrosse de Don Salluste, bien gardĂ© par ses cavaliers, au travers d'une Espagne dĂ©sertique. Il est repris pour le gĂ©nĂ©rique de fin sur les images de Blaze s'enfuyant afin d'Ă©chapper aux assauts de Doña Juana. SCÉNARIO Adapter au cinĂ©ma une piĂšce de théùtre du rĂ©pertoire classique, qui plus est lorsqu'un drame est transformĂ© en comĂ©die, n'est pas chose facile. Le trio Oury-Thompson-Jullian dĂ©montre une nouvelle fois son talent et produit un scĂ©nario solide et consistant. Don Salluste est ministre des finances du royaume d'Espagne, Ă  la fin du Siglo de Oro. ProtĂ©gĂ© par ses fĂ©roces cavaliers noirs, il sillonne les campagnes pour prĂ©lever les impĂŽts, payĂ©s par les seuls paysans, pour la plupart trĂšs pauvres. ArrivĂ© dans un village, il s'Ă©tonne de la baisse des recettes fiscales, ne se satisfait pas de l'explication fournie, Ă  savoir une mauvaise rĂ©colte, et suggĂšre qu'au contraire il aurait fallu payer le double. Des murmures de mĂ©contentement se font entendre dans la foule, peu encline Ă  satisfaire la demande d'acclamations de l'impopulaire ministre. Blaze, le valet de Salluste, est d'autant plus scandalisĂ© par ces pratiques qu'il sait que son maĂźtre dĂ©tourne Ă  son profit une partie de l'argent rĂ©coltĂ©. Il dĂ©cide d'agir et suggĂšre aux villageois de suivre le carrosse, qui serait moins solide qu'il n'en a l'air. Les paysans ne se font pas prier, et le vĂ©hicule ne tarde pas Ă  semer des piĂšces d'or grĂące Ă  quelques coups de pied de Blaze donnĂ©s au bon endroit... Surpris par l'attitude des villageois, Salluste interroge Blaze et ce dernier rĂ©pond qu'ils suivent le carrosse pour l'acclamer, mais lorsque le ministre chute sur le chemin, victime des modifications » apportĂ©es par son valet, il manque d'ĂȘtre trucidĂ© par la foule en colĂšre. SauvĂ© par le brave Blaze, il le remercie par l'octroi de coups de pied au derriĂšre. RentrĂ© Ă  Madrid, Don Salluste surprend Blaze en train d'envoyer des fleurs Ă  la reine, puis de lui chanter une sĂ©rĂ©nade. Son domestique amoureux de la reine ! Le lendemain matin, Monseigneur » se rĂ©veille de fort mauvaise humeur suite au concert nocturne qu'il a subi sans pouvoir l'arrĂȘter. PrĂ©venu d'une visite imminente de la reine, il a tout juste le temps de revĂȘtir sa toison d'or avant l'arrivĂ©e de la souveraine. Le malheureux Salluste a du mal Ă  comprendre ce que dit la reine, une charmante bavaroise blonde, ce jour-lĂ  trĂšs en colĂšre. Il finit par apprendre la terrible vĂ©ritĂ© une des demoiselles d'honneur de la Teutonne a eu un enfant dont il serait le pĂšre, et Ă  titre de sanction, il est dĂ©chu, rĂ©voquĂ©, et perd tous ses biens. Ses suppliques restent sans effet et toutes ses affaires sont saisies illico presto. Salluste jure de se venger et ne tarde pas Ă  avoir une idĂ©e. Il charge un domestique de retrouver Don CĂ©sar, un de ses neveux qui est devenu bandit de grand chemin. Les deux hommes se rencontrent dans le dĂ©sert et Salluste suggĂšre Ă  CĂ©sar de se rĂ©habiliter il lui propose de faire croire qu'il revient d'AmĂ©rique afin de rĂ©cupĂ©rer les honneurs et sa fortune. Trop prĂ©somptueux, Don Salluste a le tort de rĂ©vĂ©ler la suite de son plan, en l'espĂšce de demander Ă  CĂ©sar de sĂ©duire la reine pour que le roi les surprenne ensemble, rĂ©pudie son Ă©pouse, et le rappelle, lui Salluste, au pouvoir. Face au refus catĂ©gorique de son neveu, Salluste le fait capturer par ses hommes et le vend comme esclave aux Barbaresques » avant de tenter sa chance auprĂšs de Blaze. AprĂšs un premier Ă©chec, le ministre dĂ©chu met tous les atouts de son cĂŽtĂ© il va utiliser l'amour sincĂšre de Blaze pour la reine, il lui fait miroiter un passage Ă©tincelant d'une modeste condition de valet Ă  celle d'un noble de haut rang, devenue possible en prenant la place de son neveu CĂ©sar, et ne lui rĂ©vĂšle pas la seconde partie de son plan ; la naĂŻvetĂ© de Blaze fait le reste. Le lendemain, Don Salluste doit rendre sa Toison d'Or au roi, et a l'intention d’en profiter pour lui prĂ©senter le faux CĂ©sar. Devenu mĂ©fiant face Ă  l'assaut de gĂ©nĂ©rositĂ© suspect de son maĂźtre, Blaze le quitte avant l'arrivĂ©e du roi, mais en tentant de trouver la sortie du palais, se perd dans les innombrables couloirs et finit par surprendre un complot fomentĂ© par des nobles contre la vie du roi... et donc de la reine qui se trouvera Ă  cĂŽtĂ© de son mari. Les comploteurs ont cachĂ© une bombe Ă  retardement dans le coussin sur lequel Salluste doit dĂ©poser la Toison d'Or pour la remettre au roi. Blaze parvient Ă  trouver la salle du trĂŽne avant l'explosion de la bombe et sauve la vie du couple royal. Le roi ordonne Ă  Salluste de se retirer dans un couvent, mais adoube son neveu » comme remplaçant. DĂ©masquĂ© par Blaze, le chef des conjurĂ©s est envoyĂ© aux Barbaresques, et Salluste part en exil satisfait de voir que son plan se dĂ©roule comme prĂ©vu. Quelques mois plus tard, Blaze est devenu ministre des finances Ă  la place de Salluste, et mĂšne une politique progressiste adoubĂ©e par le roi qui ne pense qu'Ă  la chasse, mais fortement contestĂ©e par les nobles, en particulier ceux qui avaient complotĂ© contre le roi. En effet, le faux Don CĂ©sar leur fait payer des impĂŽts ce qui n'Ă©tait plus arrivĂ© depuis des siĂšcles en vertu des privilĂšges octroyĂ©s Ă  la noblesse. Les amours entre Blaze et la reine ne progressent guĂšre du fait de la timiditĂ© de l'ancien valet. Un jour, il finit par se confier Ă  la belle bavaroise, mais Ă  la suite d'un quiproquo, c'est la sĂ©vĂšre et revĂȘche Doña Juana - la "duĂšgne" de la reine - qui Ă©coute la dĂ©claration d'amour de CĂ©sar en lieu et place de la reine, et s'en trouve fort satisfaite car elle est amoureuse en secret du beau CĂ©sar. Alors que Salluste dĂ©cide de faire son retour, il apprend que les nobles s'apprĂȘtent Ă  assassiner le trop rĂ©formateur Don CĂ©sar. Le forfait doit avoir lieu le jour son anniversaire par le truchement d'un gĂąteau empoisonnĂ©. Afin de mener sa machination Ă  terme, Salluste sauve Blaze, puis le fait prisonnier et envoie une lettre anonyme au roi lui annonçant que la reine le trompe avec Don CĂ©sar. Un perroquet parlant est chargĂ© de donner Ă  la reine un rendez-vous d'amour de la part de Don CĂ©sar, mais l'oiseau se trompe de fenĂȘtre et dĂ©livre le message Ă  une Doña Juana ravie de constater que CĂ©sar tient ses promesses. Salluste en est quitte pour donner lui-mĂȘme le rendez-vous Ă  la reine en imitant la voix du perroquet puis celle de Don CĂ©sar. Bien entendu, la lettre anonyme adressĂ©e au roi mentionnait le lieu et l'heure du rendez-vous. Le piĂšge est donc au point, mais l'arrivĂ©e de Doña Juana au rendez-vous d'amour survient avant celle de la reine et va compliquer la situation. Sans compter que le vrai CĂ©sar, Ă©vadĂ© des Barbaresques, fait un retour inopinĂ©... CĂ©sar dĂ©livre le valet et les deux hommes comprennent vite les ressorts de la machination. Blaze se dĂ©barrasse de la fougueuse Doña Juana en lui faisant boire le somnifĂšre que Salluste lui destinait. L'ignoble Don Salluste accueille la reine en l’endormant avec un narcotique, et la met au lit avec Blaze qui fait semblant de dormir. Pendant que Salluste accueille un roi trĂšs remontĂ©, CĂ©sar se charge de rapatrier la reine au palais, et c'est Doña Juana, toujours endormie, qui la remplace dans le lit avec Blaze. Salluste est interloquĂ© par la prĂ©sence de la vieille » en lieu et place de la reine alors que le roi Ă©clate de rire face Ă  cette idylle inattendue. SommĂ© par le roi d'Ă©pouser Doña Juana, Blaze prĂ©fĂšre ĂȘtre envoyĂ© aux Barbaresques en compagnie de Salluste... et des nobles qui ont Ă©tĂ© vendus aprĂšs la tentative d'assassinat sur sa personne. Doña Juana surgit alors pour chercher Blaze, qui se libĂšre de ses liens et s'enfuit dans le dĂ©sert. DISTRIBUTION Avec le rĂŽle de Don Salluste, Louis de FunĂšs peut composer un de ces personnages haut placĂ©s odieux, aussi serviles envers les puissants que sans pitiĂ© avec les humbles. Ceci sans entamer son capital de sympathie. J'avoue mĂȘme avoir Ă©tĂ© déçu de constater l'Ă©chec de la machination ourdie par Salluste... C'est le talent unique de De FunĂšs qui s'exprime, capable de transformer n'importe quelle crapule en personnage qu'on apprĂ©cie. Yves Montand est son nouveau partenaire, association qui paraĂźt moins naturelle pour Fufu que celle avec Bourvil, mais qui fonctionne finalement bien. Montand joue un Blaze devenu Don CĂ©sar probablement plus charmeur que le personnage qu'aurait pu incarner Bourvil, mais conserve sa naĂŻvetĂ©, parfaitement adaptĂ©e au comĂ©dien normand disparu, ce qui n'Ă©tait pas forcĂ©ment Ă©vident pour un acteur comme lui Montand n'Ă©tait pas spĂ©cialement coutumier des rĂŽles de candides... Alice Sapritch Ă©tait Ă©videmment l'actrice idoine pour le personnage de Doña Juana, surnommĂ©e La Vieille » par Salluste. Louis de FunĂšs n'a pas du tout apprĂ©ciĂ© la personnalitĂ© de Madame Sapritch, probablement trop mondaine et m'as-tu-vu pour lui qui apprĂ©ciait avant tout la simplicitĂ© et la modestie de comĂ©diens tels Grosso, Modo, ou Jacques Dynam. On ne la reverra plus sur les films de Louis... Oury ne laissant rien au hasard, la stripteaseuse Sophia Palladium a Ă©tĂ© engagĂ©e pour donner des conseils Ă  Sapritch sur la scĂšne du dĂ©shabillage coquin et lui servir de doublure. On peut remarquer que la taille de Doña Juana mincit brusquement dĂšs lors que l'on ne voit plus son visage lors de cette sĂ©quence mĂ©morable de striptease. Et pour cause... La reine est interprĂ©tĂ©e par la comĂ©dienne allemande Karin Schubert, coproduction oblige. Il s'agit d'un personnage romantique assez naĂŻf, et mĂȘme niais, comme le fait remarquer Salluste Ă  son valet Vous ĂȘtes idiot, elle aussi... ». AprĂšs une carriĂšre assez rĂ©ussie dans les annĂ©es 70, Karin Schubert voit les propositions se rarĂ©fier Ă  l'aube de la quarantaine et se retrouve contrainte de tourner dans des films pornographiques afin de trouver l'argent nĂ©cessaire pour faire soigner son fils devenu toxicomane. La belle ayant encore bien du charme, le succĂšs est considĂ©rable, ce qui lui permet d'obtenir des Ă©moluments trĂšs supĂ©rieurs Ă  ceux octroyĂ©s dans ce milieu. En 1994, aprĂšs neuf annĂ©es passĂ©es sur les plateaux de films X, Karin arrĂȘte dĂ©finitivement et sombre dans la dĂ©pression. Elle est internĂ©e en hĂŽpital psychiatrique en 1996 suite Ă  plusieurs tentatives de suicide. Son Ă©poux le roi est incarnĂ© par l'acteur argentin Alberto Mendoza ; il s'agit d'un rĂŽle fort secondaire, plus en retrait que celui attribuĂ© Ă  certains nobles. Ainsi, Venantino Venantini, que l'on a vu sur plusieurs productions françaises et qui a dĂ©jĂ  rencontrĂ© De FunĂšs sur Le Corniaud oĂč il jouait Le BĂšgue » et sur Le Grand Restaurant, interprĂšte le marquis Del Basto, un des conjurĂ©s. Le marquis de Priego, un autre comploteur, est incarnĂ© par Don Jaime de Mora y Aragon, un authentique noble, frĂšre de la reine des Belges Fabiola, l'Ă©pouse du roi Baudoin. Cette carriĂšre cinĂ©matographique a fait scandale, beaucoup d'aristocrates n'apprĂ©ciant pas qu'un membre de la famille royale mĂšne une carriĂšre de saltimbanque ». Les autres rĂŽles de seigneurs » sont beaucoup moins dĂ©veloppĂ©s avec Antonio Pica Los MontĂšs, Joaquin Solis Sandoval, et Eduardo Fajardo Cortega. MĂȘme remarque concernant Giuseppe, le fournisseur de la machine infernale destinĂ©e au roi, jouĂ© par LĂ©opoldo Trieste. Paul PrĂ©boist, c'est le muet, et probablement l'acteur le plus souvent prĂ©sent sur les films de Louis. Son compĂšre le borgne est incarnĂ© par Salvatore Borgese, d'ailleurs doublĂ© par... Roger Carel ! Gabriele Tinti, le vrai Don CĂ©sar, n'est pas un inconnu non plus pour Louis qui l'avait croisĂ© sur le tournage du Gendarme de Saint-Tropez dans un petit rĂŽle. ClĂ©ment Michu joue le valet bĂšgue de Salluste, FrĂ©dĂ©ric Norbert le page, La Polaca la danseuse de flamenco, et Robert Le BĂ©al le chambellan. Le reste de la distribution est composĂ© de trĂšs petits rĂŽles attribuĂ©s Ă  des acteurs inconnus. TEMPS FORTS Il s'agit probablement du film oĂč Louis de FunĂšs a le plus exploitĂ© le registre de la parfaite crapule demeurant sympathique. Les meilleures scĂšnes sont justement celles oĂč il Ă©tale cette canaillerie et cette absence totale de scrupules de la maniĂšre la plus caricaturale. Et c'est parti pour une longue Ă©numĂ©ration ! DĂšs la premiĂšre scĂšne, Salluste, hilarant avec sa cape verte et noire et son chapeau noir agrĂ©mentĂ© de deux boules vertes dans le style bilboquet, est déçu par la baisse du produit des impĂŽts et refuse l'explication de la mauvaise rĂ©colte - Cette annĂ©e, la rĂ©colte a Ă©tĂ© trĂšs mauvaise, alors il faut payer le double ! murmures de mĂ©contentement parmi les paysans- Mais, Monseigneur, nos gens sont terriblement pauvres et...- C'est normal ! Les riches, c'est fait pour ĂȘtre trĂšs riches, et les pauvres pour ĂȘtre trĂšs pauvres. VoilĂ  ! Avant de partir, déçu par l'attitude des villageois - Et mon enthousiasme ? Et mes acclamations ?- Viva Don Salluste ! Viva notre bienfaiteur ! sans enthousiasme aucun...- Viva notre grand ami !- Viva notre grand ami ! toujours aussi mollement- OlĂ© !- OlĂ© !- C'est pas... oui, enfin ça ira comme ça... AprĂšs avoir quittĂ© le village - Les villageois, Monseigneur ! Ils vous acclament !- Ils m'acclament ? J'aurais dĂ» leur en prendre le triple... AprĂšs avoir dĂ©couvert la vĂ©ritĂ© au sujet de ces prĂ©tendues acclamations, notre ami Salluste commence par remercier Blaze qui le sauve de la vindicte des paysans avant de lui donner quelques coups de pied bien sentis Blaze ! Ah ! Mon bon Blaze ! Merci, mon bon Blaze ! Qu'il est bon, ce Blaze !... Il remonte sur le carrosse Dites donc ! Ils m'acclamaient pas ! Ils m'acclamaient pas ! coups de pied au derriĂšre Ils m'acclamaient pas ! » RentrĂ© Ă  Madrid, Salluste rumine sur l'ingratitude du peuple pendant que son valet l'aide Ă  faire sa toilette. La scĂšne du foulard qui lui nettoie l'intĂ©rieur du crĂąne en sortant par les deux oreilles est rendue trĂšs drĂŽle par la qualitĂ© du trucage. Sorti de son baquet, Don Salluste demande Ă  son serviteur - Et maintenant, Blaze, flattez-moi !- Monseigneur est le plus grand de tous les grands d'Espagne !- C'est pas une flatterie, ça, c'est vrai !- J'avais bien pensĂ© Ă  autre chose, mais je n'ose pas...- Si, si, osez ! Allez-y, osez !- Monseigneur est... beau. De FunĂšs se prĂ©cipite devant un miroir et se regarde attentivement - Vous pensez rĂ©ellement ce que vous dĂźtes ?- Ben... Je flatte... MĂ©morable aussi le rĂ©veil de Don Salluste au son des piĂšces d'or, dans une scĂšne typique du comique de GĂ©rard Oury - C'est l'or ! Il est l'or de se rĂ©veiller ! Monseignor ! Il est huit or !- Il en manque une !- Vous ĂȘtes sor ?- Tout Ă  fait sor !- Ah ! Bon, ça alors ! De FunĂšs vaut le coup d'Ɠil en chemise et bonnet de nuit. Furieux de constater la haute taille de son domestique, il lui intime l'ordre de se tenir courbĂ© pour ne pas ĂȘtre plus grand que lui ! Situation Ă  peine exagĂ©rĂ©e puisque dans la rĂ©alitĂ©, on a appris aprĂšs sa destitution et son exĂ©cution que le dictateur roumain Ceaucescu exigeait que ses domestiques soient tous plus petits que lui ! StupĂ©fait d'apprendre sa destitution, et surtout son motif, le pauvre Salluste ne sait plus quoi inventer pour inflĂ©chir la position de la reine La reine Vous refusez de reconnaĂźtre enfant de Mademoiselle d'honneur ? La demoiselle d'honneur Ya ! Ya ! SĂ©duite et abandonnĂ©e, il m'a ! Salluste Je ne peux pas le reconnaĂźtre, je ne l'ai jamais vu ! Elle ment ! Elle ment en Allemand ! MajestĂ©, cet enfant est un faux tĂ©moin ! 
 C'est une kolossale konspirazion !... Bon, alors c'est d'accord, je reconnais mes torts ! Je reconnais cet enfant, les enfants des autres, les vĂŽtres si vous voulez... Et cela se termine par un lucide Qu'est-ce que je vais devenir ? Je suis ministre, je ne sais rien faire ! » Autre Ă©lĂ©ment comique visuel purement Ouryesque », l'Ăąne qui campe obstinĂ©ment sous une cascade avec Salluste sur le dos, et le chapeau de son maĂźtre qui, sous l'effet de l'eau, se dĂ©forme et prend l'apparence du bicorne de NapolĂ©on pendant que son propriĂ©taire adopte la posture de l'Empereur, main droite sur le ventre ! Rappelons seulement que l'Empereur ne naĂźtrait pas avant un bon siĂšcle Dans la mĂȘme veine, ne pas manquer la robe que porte le ministre dĂ©chu pour pouvoir contacter Blaze dans une taverne mal famĂ©e sans ĂȘtre lynchĂ© par la foule en liesse depuis la destitution du tyran. En effet, mannequins Ă  son effigie livrĂ©s aux flammes sont au programme des rĂ©jouissances. Mieux vaut donc pour Salluste circuler incognito en se dĂ©guisant en femme... L'originalitĂ© du vĂȘtement rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  pivoter sur lui-mĂȘme pour pouvoir circuler dans les passages Ă©troits ce que sa largeur naturelle ne permettrait pas. Tout le dĂ©guisement de Louis de FunĂšs est d'ailleurs hautement comique, depuis sa perruque immense jusqu'Ă  ses mantilles. Quand on connaĂźt les capacitĂ©s Ă©tonnantes de De FunĂšs pour singer les vieilles femmes, on sait que l'on va assister Ă  un grand moment. La dame » entreprend de berner cet idiot de valet en lui prĂ©disant l'avenir dans les lignes de la main Vous n'ĂȘtes pas beau, elle est belle. Vous n'avez pas un sou, elle est trĂšs riche. Vous ĂȘtes idiot, elle aussi. Vous ĂȘtes un valet, c'est la reine ! » Vite convaincu par l'espoir insensĂ© de concrĂ©tiser enfin son amour, Blaze conduit son maĂźtre dans sa mansarde - Mais c'est affreux, chez vous ! Comment peut-on vivre dans un gourbi pareil ?- C'est ici que Monseigneur loge ses domestiques...- Ah ? C'est joli ! C’est trĂšs joli ! Vous ĂȘtes bien ici ! - Et mentir, savez-vous mentir ? C'est trĂšs utile Ă  la cour... DĂźtes-moi un gros mensonge, mais alors un trĂšs gros, pour voir si je vous crois ou si je ne vous crois pas !- Hier matin, dans les basques du costume vert de Monseigneur, j'ai trouvĂ© trois cent mille ducats !- Hein ! Et oĂč sont-ils ?- Sous ma paillasse ! Salluste met en piĂšces la paillasse, Ă©videmment vide -Voleur ! Vous m'avez volĂ© !-Non, Monseigneur ! Je vous ai menti ! Le lendemain au palais, alors que Blaze vĂȘtu en Don CĂ©sar » demande pardon Ă  un quidam qu'il a bousculĂ© par mĂ©garde Ne vous excusez pas ! Ce sont les pauvres qui s'excusent ! Quand on est riche, on est dĂ©sagrĂ©able ! » Hormis la tentative d'attentat, la restitution de la Toison d'Or ne se passe pas trop mal, mais Salluste a du mal Ă  accepter certains propos tenus par le roi - Don Salluste ! Vous vous retirerez au couvent de San Ignacio Salluste mime des priĂšres oĂč vous ferez vƓu de chastetĂ© toujours des priĂšres et de pauvretĂ© !- Ah non Sire ! Pas de pauvretĂ© ! La derniĂšre partie du film est centrĂ©e sur la machination. Salluste rencontre quelques difficultĂ©s avec le perroquet chargĂ© de transmettre Ă  la reine un message de rendez-vous coquin attribuĂ© Ă  Blaze-Don CĂ©sar. Le volatile rĂ©calcitrant se trompe de fenĂȘtre et va dĂ©biter son C'est CĂ©sarrrr qui m'envoie ! » chez Doña Juana ! Le monseigneur dĂ©chu en est quitte pour imiter la voix de l'oiseau qui refuse de dire Ă  nouveau son texte face Ă  la reine Ich bin envoyĂ© parrrrr Don CĂ©sarrrrr ! » Puis, se faisant passer pour CĂ©sar lui-mĂȘme, cachĂ© dans le lierre grimpant - Come retrouver mich demain soir, auberge de la Cabeza negra ?- Ein rendez-vous ? Das ist ein gross folie !- Nein, pĂ©titĂ© folies ! il manque de tomber- Don CĂ©sar, vous souffrez ?- Nein ! Ich bin confortable ! Je peux compter sur vous ?- Compter ?- Ya, compter ! Ein, Zwei, Drei !...- Ya ! Je viendrai ! A demain, Don CĂ©sar !- Auf wiedersehen ! Les scĂšnes situĂ©es Ă  l'auberge de la Cabeza negra sont aussi fort drĂŽles, Ă©videmment grĂące au striptease de Sapritch, renforcĂ©s par quelques bonnes sĂ©quences de comique FunĂ©sien ». Ainsi, lorsque Salluste dĂ©couvre son vrai neveu Ă  la place du faux - Mais ce n'est pas le bon, ça, c'est CĂ©sar, mon neveu !- Ben alors, si c'est votre neveu, c'est bien le bon !- Non ! Je l'ai vendu aux Barbaresques, j'ai touchĂ© l'argent des Barbaresques, j'ai tout dĂ©pensĂ©, il ne me reste plus rien ! Le numĂ©ro de De FunĂšs, devenu muet lorsqu'il dĂ©couvre la Vieille » couchĂ©e avec Blaze Ă  la place de la reine, est un des derniers nombreux sommets du film, avec l'Ă©pilogue et ses joyeuses retrouvailles aux Barbaresques oĂč Salluste semble avoir perdu la raison En tous cas, on ne va pas moisir longtemps ici. J'ai un petit plan pour tous nous Ă©vader. Nous rentrons Ă  Madrid, nous conspirons, le roi rĂ©pudie la reine, la vieille Ă©pouse le perroquet, CĂ©sar devient roi, je l'Ă©pouse, et me voilĂ  reine ! » C'est alors que la vieille » surgit, Ă  la poursuite de CĂ©sar... Parmi ce festival de l'acteur principal, les autres comĂ©diens arrivent Ă  glisser quelques agrĂ©ables moments d'humour. Ainsi, Montand, lorsque Blaze se dĂ©lecte d'entendre la reine hurler en allemand Raus ! Schnell ! Quelle jolie langue ! » Le serment des conjurĂ©s, parodie des Trois mousquetaires, n'est pas mal non plus leur devise est explicite quant Ă  leur mentalitĂ© puisqu'il s'agit de Un pour tous, chacun pour soi » ! POINTS FAIBLES Entre l'exil de Salluste et son retour, les scĂšnes sans Louis de FunĂšs sont interminables l'arrivĂ©e de CĂ©sar aux Barbaresques, son Ă©vasion, la collecte des impĂŽts, les amourettes entre Blaze et la reine, la dĂ©claration d'amour de Blaze Ă  Doña Juana sont nĂ©cessaires pour le bon dĂ©roulement de l'action, et il Ă©tait sans doute difficile de faire autrement que de grouper ces sĂ©quences en un seul bloc, mais treize minutes sans Louis de FunĂšs, c'est quand mĂȘme un peu trop... Heureusement, Fufu est prĂ©sent quasiment sans interruption pendant tout le reste du film. ACCUEIL Encore un trĂšs beau succĂšs pour De FunĂšs avec cinq millions et demi d'entrĂ©es en France, et de jolis scores au niveau europĂ©en. La coproduction franco-germano-italo-espagnole a pu aider, renforçant les moyens financiers et l'attrait du film chez nos voisins europĂ©ens grĂące Ă  la prĂ©sence d'acteurs internationaux. SYNTHÈSE Une splendide rĂ©ussite et un incontournable de plus pour Louis de FunĂšs. LES SÉQUENCES CULTES Y'a pas assez de mousse ! Flattez-moi . Monseignor, il est l'or, l'or de se rĂ©veiller . Elle ment en allemand ! J'ai un petit plan pour tous nous Ă©vader. Retour Ă  l'index 3. LES AVENTURES DE RABBI JACOB Production GĂ©rard BEYTOUT SociĂ©tĂ© Nouvelle de CinĂ©matographieScĂ©nario GĂ©rard OURYAdaptation GĂ©rard OURY, Danielle THOMPSONDialogues GĂ©rard OURY, Danielle THOMPSON, Josy EISENBERG, Roberto de LEONARDISRĂ©alisation GĂ©rard OURYMusique Vladimir COSMA Victor Pivert, industriel autoritaire, conservateur, et xĂ©nophobe, est retardĂ© par un accident de voiture alors qu'il rentrait Ă  Paris pour assister au mariage de sa fille aprĂšs quelques jours de vacances passĂ©s en Normandie. En cherchant du secours, il se retrouve mĂȘlĂ© Ă  un rĂšglement de comptes entre le chef de l'opposition d'un pays arabe et des tueurs Ă  la solde de son gouvernement. Poursuivi par les malfaiteurs au mĂȘme titre que le leader rĂ©volutionnaire avec lequel il a rĂ©ussi Ă  s'Ă©chapper, un concours de circonstances pousse Pivert, ainsi que son compagnon, Ă  trouver refuge au sein de la communautĂ© juive. Les deux hommes, trĂšs permĂ©ables aux prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites, sont contraints de dĂ©ambuler parmi les Juifs de la rue des Rosiers, dĂ©guisĂ©s en rabbins, et ne sont pas au bout de leurs surprises... GENÈSE Pour la quatriĂšme et derniĂšre collaboration entre Louis de FunĂšs et GĂ©rard Oury, le cinĂ©aste imagine une histoire se dĂ©roulant au sein de la communautĂ© juive, et en particulier des Juifs pratiquants traditionalistes. Oury, lui-mĂȘme petit-fils de rabbin, souhaite donner un vrai sujet au film aprĂšs avoir rĂ©alisĂ© des comĂ©dies purement orientĂ©es vers la distraction. Les aventures de Rabbi Jacob sont une belle rĂ©ussite dans la mesure oĂč GĂ©rard Oury va rĂ©ussir Ă  incorporer des thĂšmes dits sĂ©rieux, comme le racisme et l'antisĂ©mitisme, tout en conservant un potentiel comique explosif qui s'exprime sans retenue du dĂ©but Ă  la fin du film. Et effet, la comĂ©die est pĂ©tillante, tout aussi drĂŽle que les prĂ©cĂ©dentes rĂ©alisations d'Oury, mais cette fois-ci elle est basĂ©e sur des sujets qui font rĂ©flĂ©chir. Louis de FunĂšs va Ă©normĂ©ment travailler son personnage, qui lui est bien entendu totalement Ă©tranger. Il confiera plus tard Ce film m'a dĂ©crassĂ© l'Ăąme, parce que j'avais de bonnes petites idĂ©es contre... silence. Il doit m'en rester encore !... » Lors de la prĂ©paration du tournage, Louis de FunĂšs va rĂ©pĂ©ter une scĂšne dans une synagogue avec son dĂ©guisement de rabbin et croise un rabbin vĂ©ritable qui l'interpelle Je vous connais. Je vous ai dĂ©jĂ  vu... Je ne me rappelle plus oĂč je vous ai dĂ©jĂ  vu... Oh ! Ça y est. Je sais ! De FunĂšs croit avoir Ă©tĂ© reconnu en tant qu'acteur... Je vous ai vu dans une autre synagogue ! » Deux semaines avant la sortie du film Ă©clate la guerre du Kippour entre IsraĂ«l et ses voisins arabes. Une polĂ©mique prend naissance sur l'opportunitĂ© de reporter la sortie en salles. Finalement, la date est maintenue, et cela va engendrer un fait divers dramatique l'Ă©pouse de Georges Cravenne, militante pro-palestinienne mentalement perturbĂ©e, dĂ©tourne un avion Paris-Tunis le jour de la sortie du film et menace de le faire sauter si le film, qu'elle juge outranciĂšrement pro-israĂ©lien, n'est pas interdit. Alors que l'avion fait escale Ă  Marignane pour se ravitailler en carburant, la police donne l'assaut, Madame Cravenne est tuĂ©e par balles par les ancĂȘtres du RAID. Involontairement, son geste aura surtout servi Ă  donner une publicitĂ© gratuite au film qu'elle avait honni... Cet Ă©pisode n'entravera pas la carriĂšre de son mari qui deviendra deux ans plus tard le crĂ©ateur des trophĂ©es des CĂ©sar. RÉALISATEUR C'est donc la derniĂšre rĂ©alisation de GĂ©rard Oury avec Louis de FunĂšs. Une cinquiĂšme sera envisagĂ©e pour un film qui devait s'appeler Le Crocodile qui devait dĂ©crire les mĂ©saventures d'un dictateur latino-amĂ©ricain, mais le double infarctus qui va terrasser De FunĂšs en 1973 mettra un terme Ă  ce projet. Les deux hommes resteront brouillĂ©s Ă  la suite de ce projet avortĂ© sans que la cause rĂ©elle de la rupture soit connue. AprĂšs tout, Louis se serait bien passĂ© de ses problĂšmes cardiaques, il n'y avait donc lĂ  aucun motif de fĂącherie entre les deux hommes. Oury fait appel Ă  Josy Eisenberg pour la mise en scĂšne des traditions de la communautĂ© juive, ainsi que les dialogues. Comme d'habitude, sa fille DaniĂšle Thompson le seconde pour l'Ă©criture et l'adaptation Jullian est toutefois absent, et ce trio est renforcĂ© par un quatriĂšme larron, Roberto de LĂ©onardis. DÉCORS Le gĂ©nĂ©rique et la premiĂšre scĂšne ont Ă©tĂ© tournĂ©s Ă  New-York, ce qui permet d'admirer Ă  plusieurs reprises les fameuses Twin Towers du World Trade Center qui Ă©taient flambant neuves Ă  l'Ă©poque, et ont Ă©tĂ© dĂ©truites le 11 septembre 2001 par des avions de ligne dĂ©tournĂ©s par des kamikazes intĂ©gristes islamiques. La scĂšne du dĂ©part de Rabbi Jacob a Ă©tĂ© tournĂ©e dans le quartier populaire de Brooklyn, le plus peuplĂ© de New-York. Le reste du film se dĂ©roule en France, et les extĂ©rieurs ont Ă©tĂ© filmĂ©s Ă  Paris ou dans ses environs. L'enlĂšvement de Slimane a Ă©tĂ© tournĂ© Ă  la brasserie Les Deux Magots dans le quartier de Saint-Germain-des-PrĂ©s. Ce passage est bien entendu inspirĂ© par l'enlĂšvement du chef de l'opposition marocaine Ben Barka Ă  la brasserie Lipp en 1965. Un des tueurs de FarĂšs y fait clairement allusion On ne va pas l'enlever en plein Paris, chef, ça a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait ! » D'autres sĂ©quences ont eu pour cadre l'aĂ©roport d'Orly, l'autoroute A13, et divers lieux de la capitale dont l'Ă©glise Saint-Louis des Invalides. Une des scĂšnes les plus connues, celle de la poursuite Ă  moto derriĂšre la DS de Pivert, se dĂ©roule rue de Rivoli en direction des Invalides. Les scĂšnes rurales ont Ă©tĂ© filmĂ©es dans de petits villages tels Merruy-sur-Yonne ou Fromaineville, et, pour la scĂšne du mariage mixte, devant l'Ă©glise de Montjavoult dans l'Oise. En revanche, la rue des Rosiers a Ă©tĂ© reconstituĂ©e Ă ... Saint-Denis dans le 9-3 ». Curieux choix que celui d'une terre que les mauvaises langues qualifient d'Arabe » pour servir de dĂ©cor Ă  un des plus cĂ©lĂšbres fiefs juifs de France... Le tournage en studios a Ă©tĂ© inhabituellement long pour un film d'Oury huit semaines passĂ©es aux studios de Billancourt, en raison notamment des longues scĂšnes de cascades dans l'usine de chewing-gum. GÉNÉRIQUE Excellente idĂ©e de confier la bande musicale Ă  Vladimir Cosma. Ce compositeur talentueux et prolifique a pleinement rempli son contrat avec un thĂšme entraĂźnant dont tout le monde se souvient. AprĂšs le choix de Polnareff sur La Folie des grandeurs, on peut mesurer l'Ă©volution extrĂȘmement positive de la musique lors des deux derniers De FunĂšs-Oury par rapport au Corniaud et Ă  La Grande vadrouille et leurs thĂšmes dĂ©suets. Satisfaction aussi avec les thĂšmes secondaires, jusqu'Ă  la petite musique associĂ©e Ă  chaque intervention du commissaire AndrĂ©ani, qui souligne par son ton malicieux la stupiditĂ© du policier incarnĂ© par Claude PiĂ©plu. On ressortira aussi la qualitĂ© de la musique folklorique juive entendue Ă  l'occasion de la danse de Rabbi Jacob-De FunĂšs, encore une mĂ©lodie endiablĂ©e mĂ©morable. Question visuel, les vues de New-York du gĂ©nĂ©rique d'ouverture ne se regardent plus de la mĂȘme maniĂšre depuis le 11 septembre 2001 en raison du contraste entre le ton lĂ©ger de la comĂ©die d'Oury et la gravitĂ© de ce qui se produira tard en ces mĂȘmes lieux, qu'on ne pouvait soupçonner Ă  l'Ă©poque du tournage tellement cela Ă©tait inconcevable. Le thĂšme du gĂ©nĂ©rique de dĂ©but est repris pour le gĂ©nĂ©rique de fin sans innovation particuliĂšre. SCÉNARIO On retrouve la rĂ©ussite habituelle des scĂ©narios de GĂ©rard Oury avec en plus les thĂšmes du racisme, de l'antisĂ©mitisme, et de la nĂ©cessaire paix entre Arabes et IsraĂ©liens, traitĂ©s de maniĂšre bon enfant sans tomber dans le ton donneur de leçons ». Le patriarche new-yorkais Rabbi Jacob quitte sa famille pour se rendre Ă  Paris en compagnie d'un autre rabbin Ă  la bar-mitzvah » la communion de son petit-neveu David, issu de la branche française de la famille. Pendant ce temps, l'industriel Victor Pivert s'efforce de se faufiler parmi les embouteillages qui sĂ©vissent sur les routes normandes encombrĂ©es par les retours de vacances pour arriver Ă  temps Ă  Paris oĂč sa fille va se marier le lendemain avec le fils d'un gĂ©nĂ©ral. Nerveux et colĂ©rique, Pivert a pris la place de son chauffeur Salomon et se montre trĂšs imprudent au volant de sa DS noire surmontĂ©e de son bateau, le Germaine II. Alors que Pivert se plaint de l'excĂšs d'Ă©trangers dont les voitures seraient trop polluantes, Salomon insinue qu'il est peut-ĂȘtre un peu raciste, ce qui provoque un dĂ©menti outragĂ© de son patron. Pourtant, la vue d'un mariage entre un homme Blanc et une femme Noire le scandalise au plus haut point. Le malheureux Pivert n'est pas au bout de ses surprises puisque son chauffeur lui apprend qu'il est Juif ! StupĂ©fait, il lui rĂ©pond Écoutez, ça ne fait rien, je vous garde quand mĂȘme ! » Impatiente de le voir revenir, son Ă©pouse Germaine l'appelle sur le tĂ©lĂ©phone de sa voiture. Salomon, en voulant Ă©couter ce que dit son patron qui est en train de demander Ă  sa femme si elle Ă©tait au courant de la judĂ©itĂ© de leur employĂ©, a un moment d'inattention qui provoque un accident la DS se retrouve dans un lac, Ă  l'envers sur le Germaine II flottant sur l'eau ! ExcĂ©dĂ© par les exigences croissantes de son patron, Salomon prĂ©texte l'interdiction pour les Juifs de travailler le samedi pour refuser d'obĂ©ir Ă  ses ordres, ce qui provoque son licenciement illico presto. Pivert se retrouve torse nu sur une route solitaire de campagne en pleine nuit, Ă  la recherche d'un hypothĂ©tique secours. Il se dirige vers une usine de chewing-gum sans savoir qu'elle est occupĂ©e par des membres des services secrets d'un pays arabe. Ces derniers viennent d'enlever Mohammed Larbi Slimane, le leader de l'opposition rĂ©volutionnaire, et sont en train de le juger pour traĂźtrise Ă  leur gouvernement » lorsque Pivert les dĂ©couvre, alors que lui-mĂȘme est recouvert de pĂąte Ă  chewing-gum verte aprĂšs ĂȘtre tombĂ© accidentellement dans une cuve. ÉpouvantĂ© par ces rĂšglements de comptes entre moricauds », il se rĂ©fugie dans un atelier voisin et tente d'appeler la police. Sans le savoir, il tombe sur les malfaiteurs et narre son aventure Ă  leur chef FarĂšs qu'il prend pour le commissaire ! FarĂšs s'empresse de se lancer Ă  la poursuite de Pivert pour Ă©liminer ce tĂ©moin gĂȘnant, mais Victor arrive Ă  les semer provisoirement en les faisant chuter Ă  leur tour dans la cuve de pĂąte Ă  chewing-gum. Il n'est pas le seul Ă  s'enfuir puisque Slimane rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper. Les deux hommes se retrouvent sur le bateau de Pivert d'oĂč Slimane abat deux tueurs Ă  coups de revolver. Les gendarmes, prĂ©venus de la prĂ©sence de Pivert par Salomon qui dĂ©sirait envoyer du secours Ă  son ancien patron, arrivent sur les lieux au moment de l'Ă©change de coups de feu et croient que l'industriel en est l'auteur. Et voilĂ  comment le malheureux Victor Pivert se retrouve recherchĂ© par toutes les polices de France ! AprĂšs avoir extirpĂ© la DS et le bateau du lac, Slimane dĂ©cide de garder Pivert en otage au cas oĂč les choses tourneraient mal au cours de sa tentative de retour dans son pays oĂč ses partisans viennent de se lancer Ă  l'assaut du pouvoir. Il oblige son prisonnier Ă  faire croire Ă  sa femme qu'il prend l'avion avec une femme » lorsque son Ă©pouse se rĂ©vĂšle jalouse et insistante au tĂ©lĂ©phone. ArrivĂ©s Ă  Orly, les fuyards sont pourchassĂ©s tant par la police française que par les barbouzes arabes. AcculĂ©s, ils se rĂ©fugient dans les toilettes et assomment deux rabbins afin de leur voler leurs vĂȘtements et leur raser la barbe. Ainsi dĂ©guisĂ©s, ils Ă©chappent Ă  FarĂšs, mais rencontrent la famille de Rabbi Jacob venue attendre ce dernier Ă  l'aĂ©roport. La plupart des Schmoll n'ont jamais vu leur lointain parent, Ă©migrĂ© aux États-Unis depuis des annĂ©es. Seule sa belle-sƓur, ĂągĂ©e, sourde, et Ă  moitiĂ© aveugle, croit reconnaĂźtre Jacob en voyant Pivert dĂ©guisĂ©, et c'est le dĂ©but d'un quiproquo bien utile pour nos deux fugitifs. RĂ©fugiĂ©s au sein de la communautĂ© des Juifs traditionalistes de la rue des Rosiers, ils s'y trouvent provisoirement Ă  l'abri de la police et des tueurs. Salomon reconnaĂźt immĂ©diatement son ancien patron et ironise sur cet antisĂ©mite dĂ©guisĂ© en Juif. NĂ©anmoins, il accepte de jouer le jeu et de protĂ©ger Pivert et Slimane en Ă©change d'une promesse de rĂ©engagement assortie du doublement de son salaire. HĂ©las ! Pivert tĂ©lĂ©phone Ă  sa femme et lui indique oĂč il se trouve sans savoir que les tueurs ont investi le cabinet dentaire de son Ă©pouse. Ainsi, les malfaiteurs s'empressent de partir rue des Rosiers. À la suite d'un malentendu, Salomon manque de faire lyncher le commissaire AndrĂ©ani, chargĂ© de l'enquĂȘte pour la France, et ses deux adjoints, qu'il a pris pour le trio d'assassins arabes. Un nouveau quiproquo, et les malfaiteurs, croyant enlever Pivert et Slimane, s'emparent du vĂ©ritable Rabbi Jacob et de son accompagnateur qui, Ă©tonnĂ©s de n'avoir vu personne les accueillir Ă  Orly, ont fini par arriver rue des Rosiers par leurs propres moyens. Salomon prĂȘte une moto Ă  Pivert et Slimane, et les deux hommes prennent la fuite. Pivert aperçoit sa voiture qui roule devant lui et la prend en chasse. Il ne sait pas que c'est FarĂšs et ses hommes qui l'ont empruntĂ©e » et qui s'apprĂȘtent Ă  tuer les deux rabbins, aprĂšs avoir dĂ©couvert leur mĂ©prise. Slimane et Pivert rejoignent la DS arrĂȘtĂ©e Ă  un feu rouge Ă  la grande satisfaction de FarĂšs. Le fĂ©roce malfaiteur est bien dĂ©cidĂ© de se dĂ©barrasser de Slimane et des trois tĂ©moins gĂȘnants, mais Pivert parvient Ă  gagner du temps, puis le tĂ©lĂ©phone sonne et un ministre français leur apprend que Slimane est devenu PrĂ©sident de la RĂ©publique dans son pays suite Ă  la rĂ©ussite du coup d'Ă©tat lancĂ© par ses partisans. FarĂšs s'incline et demande pardon alors que Victor se hĂąte pour assister au mariage de sa fille. Il arrive Ă  l'Ă©glise avec deux heures de retard face aux parents du fiancĂ© trĂšs Ă©nervĂ©s. Le mariage n'a pas lieu puisque Slimane et la fille de Pivert ont le coup de foudre. Ils partent tous les deux dans l'hĂ©licoptĂšre du ministre, ce qui rĂ©jouit Pivert, flattĂ© que sa fille se marie avec un PrĂ©sident de la RĂ©publique. Rabbi Jacob invite Victor Pivert pour la soirĂ©e de fĂȘte consĂ©cutive Ă  la bar-mitzvah » de son petit-neveu. Alors que Pivert, devenu plus tolĂ©rant, confesse qu'il n'est pas Juif, Salomon lui rĂ©pond ça ne fait rien, Monsieur, on vous garde quand mĂȘme ! » DISTRIBUTION Louis de FunĂšs accomplit une nouvelle performance remarquable dans ce rĂŽle de Victor Pivert, industriel raciste contraint de se dĂ©guiser en rabbin. Son perfectionniste l'a conduit Ă  rĂ©pĂ©ter longuement son rĂŽle dans lequel il s'est investi Ă  fond, selon ses habitudes. Il suffit de voir la scĂšne de danse folklorique, oĂč il est contre toute attente trĂšs Ă  l'aise, pour se rendre compte du travail accompli et du talent exceptionnel de l'acteur, une nouvelle fois Ă©clatant. Le partenaire principal de Fufu n'est autre que Claude Giraud. Bien connu pour ses rĂŽles dans des sĂ©ries telles que Les Compagnons de JĂ©hu, Les Rois Maudits, ou Matthias Sandorf, il a participĂ© Ă©galement Ă  la saga cinĂ©matographique des AngĂ©lique oĂč il incarnait un des multiples amants malheureux de la belle Marquise des Anges ». Ici, le teint de Giraud a Ă©tĂ© foncĂ© pour incarner Mohamed Larbi Slimane, le cĂ©lĂšbre leader rĂ©volutionnaire d'un pays arabe, Ă©videmment antisioniste de choc. Henri Guybet incarne Salomon, le chauffeur de Victor Pivert. Acteur peu connu Ă  l'Ă©poque, ce film a lancĂ© sa carriĂšre puisque par la suite, il est devenu un des acteurs comiques les plus populaires des annĂ©es 70 et 80, jouant notamment dans des films de Lautner ou dans la sĂ©rie des 7Ăšme compagnie de Robert Lamoureux. Guybet, auteur d'une performance remarquable, a racontĂ© comment il a Ă©tĂ© engagĂ© sur ce film Oury l'a appelĂ© et lui a demandĂ© s'il Ă©tait juif ; il a rĂ©pondu Non, mais pour un film, je peux le devenir... » Il a Ă©galement affirmĂ© avoir Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ© sur le tournage par Louis de FunĂšs, en particulier par le professionnalisme avec lequel il avait assurĂ© la scĂšne de danse folklorique juive. Le tueur arabe FarĂšs est interprĂ©tĂ© par l'acteur... italien Renzo Montagnani, excellent de bout en bout. Il est dĂ©cĂ©dĂ© en 1997. Suzy Delair compose une Germaine Pivert expansive et casse-pieds, tout Ă  fait dans la lignĂ©e des personnages qu'elle a eu l'habitude d'interprĂ©ter au cours de sa carriĂšre. NĂ©e Suzanne Delaire en 1917, actrice et chanteuse populaire, elle a composĂ© des rĂŽles dans le style titi parisien », des femmes truculentes, pleines de gouaille, et fortement enquiquineuses, notamment dans des films de son compagnon d'alors Henri-Georges Clouzot, comme L'assassin habite au 21. Son rĂŽle dans Quai des orfĂšvres, adaptation d'un roman de SA Steeman oĂč elle joue une femme du peuple rĂ©actionnaire face Ă  son mari, intellectuel de gauche interprĂ©tĂ© par le tout jeune Bernard Blier, Ă©tait excellent. CĂŽtĂ© chanson, elle connut un succĂšs certain avec une composition de Francis Lopez, Avec son tralala que l'on entend d'ailleurs dans ce dernier film. Claude PiĂ©plu interprĂšte le commissaire AndrĂ©ani, taillĂ© sur mesure pour un grand classique du cinĂ©ma et des sĂ©ries, le policier stupide et gaffeur. Miou-Miou, c'est Antoinette, la fille des Pivert, fort déçue par le retard de ses parents le jour de son mariage, et Xavier GĂ©lin son fiancĂ©. Fils de gĂ©nĂ©ral assez pincĂ©, son rĂŽle n'est guĂšre valorisant. Xavier GĂ©lin Ă©tait le fils de Daniel, et est dĂ©cĂ©dĂ© d'un cancer Ă  l'Ăąge de 50 ans. Jacques François est lui aussi prĂ©sent, dans un uniforme de gĂ©nĂ©ral qui lui sied si bien, en tant que pĂšre du fiancĂ©, alors que son Ă©pouse est interprĂ©tĂ©e par Denise PĂ©ronne. Passons aux personnages de la CommunautĂ©, tous interprĂ©tĂ©s, en dehors de Salomon, par des actrices et acteurs Juifs. Marcel Dalio incarne le vĂ©ritable Rabbi Jacob, et Janet Brandt, actrice amĂ©ricaine, sa belle-sƓur TzipĂ©. L'humoriste bien connu Popeck joue le rĂŽle de MoĂŻshe Schmoll, alors que le petit David se retrouve sous les traits de Lionel Spielman. Denise Provence, nĂ©e Denise Levy, c'est Esther Schmoll. On reconnaĂźt Dominique Zardi en cuisinier de L'Etoile de Kiev. Cet acteur a Ă©tĂ© vu dans de multiples petits rĂŽles dans les comĂ©dies des annĂ©es 70 Ă  90. Enfin, il faut souligner la bonne performance de Micheline Kahn dans le rĂŽle pour le moins ingrat d'Hannah, la fiancĂ©e imposĂ©e Ă  Slimane par Grand-MĂšre TzipĂ©. Micheline Kahn est dĂ©cĂ©dĂ©e en 1994 Ă  l'Ăąge de 44 ans. Du cĂŽtĂ© des autoritĂ©s françaises, AndrĂ© Falcon endosse son traditionnel costume de haut-fonctionnaire, en l'espĂšce un personnage de ministre, lui-mĂȘme conseillĂ© par le non moins connu Philippe Brigaud, acteur omniprĂ©sent dans le cinĂ©ma français des annĂ©es 70 Ă  90 dans des petits rĂŽles. Le culturiste Robert Duranton, dĂ©jĂ  vu dans Le Corniaud, laisse tomber les douches pour l'uniforme de CRS. En l'espace de deux films Oury-De FunĂšs, les spectateurs n'auront jamais entendu le son de sa voix... Roger Riffard, AndrĂ© Penvern, et Michel Duplaix jouent les inspecteurs de police, Jean-Jacques Moreau et Michel Fortin les motards de la station-service, ClĂ©ment Michu le gendarme devant l'Ă©glise, et Philippe Lemaire le gendarme qui signale l'identitĂ© de Pivert Ă  la police parisienne. Parmi les tout petits rĂŽles, on ressortira GĂ©rard Darmon et Malek Kateb, les hommes de main de FarĂšs, Alix Mahieux, la patiente de Mme Pivert, Annick Roux, l'hĂŽtesse au sol, Michel Robin en curĂ©, l'humoriste Olivier Lejeune en copain ironique du fiancĂ© d'Antoinette, Paul Mercey en automobiliste mĂ©content, et Maria Gabriella Maione, interprĂšte de la secrĂ©taire de Mme Pivert. TEMPS FORTS La description du personnage de Pivert, dans les premiĂšres scĂšnes ou apparaĂźt Louis de FunĂšs, anime tout le dĂ©but du film. Notre ami Pivert apprend que l'embouteillage survenu dans le village qu'il traverse est dĂ» Ă  un mariage. Quelle n'est pas sa stupĂ©faction lorsqu'il constate que le mariĂ© est Blanc et son Ă©pouse Noire ! On peut s'Ă©tonner de la rĂ©action du gendarme Ă  qui il fait part de son Ă©tonnement. Il est Ă©vident que GĂ©rard Oury a voulu entourer son personnage d'antiracistes convaincus aux fins de faire paraĂźtre son attitude raciste comme incongrue, peu commune et dĂ©placĂ©e. Sans cĂ©der particuliĂšrement aux clichĂ©s, on peut penser que dans la France de 1972, le gendarme aurait eu peu de chances de rĂ©pondre Et alors ? » Ă  la remarque de Pivert sur le mariage mixte, mais de fortes probabilitĂ©s d'abonder dans le sens de son interlocuteur... Cette scĂšne se conclut fort bien avec le pot d'Ă©chappement qui noircit le visage de Pivert. Alors qu'il veut regagner sa voiture, il cherche Ă  se frayer un chemin parmi les invitĂ©s du mariage et scande Laissez-moi passer, je marie ma fille ! » Une invitĂ©e de couleur lui assĂšne alors Ah ! C'Ă©tait votre fille ? Mes fĂ©licitations ! » Et Pivert, le visage couvert de suie, qui rĂ©torque Mais non, ce n'est pas ma fille, la mariĂ©e elle est noire ! » On retrouve Victor peu aprĂšs dans sa voiture, en train de se dĂ©maquiller » et d'ironiser sur ce mariage en compagnie de son chauffeur - Vous avez vu, Salomon, ils ont des voitures, maintenant ! Ils ont des Rolls blanches, les Noirs !- En tous cas, ce n'est pas Ă  Monsieur que cela risque d'arriver !- Quoi donc ?- Que Mademoiselle Ă©pouse un Noir !- Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?- Que Monsieur est peut-ĂȘtre un peu Raciste ! Moi, Salomon, raciste !... Enfin, Dieu merci, Antoinette Ă©pouse un français bien blanc. Bien blanc ! Il est mĂȘme un peu pĂąlot, vous ne trouvez pas ?- Avec son cheveu sur la langue...- Il a un cheveu mais il est riche ! Riche comme moi, et catholique comme tout le monde !- Pas comme tout le monde, Monsieur ! Parce que moi, par exemple, je suis juif !- Comment, Salomon, vous ĂȘtes Juif ?- Oui. Et mon grand-oncle qui arrive de New-York, il est rabbin !- Mais il n’est pas Juif ?- Pas toute votre famille ?- Oh ! LĂ  ! LĂ  ! Enfin, ça ne fait rien, je vous garde quand mĂȘme... Ce dialogue d'anthologie, peut-ĂȘtre la meilleure scĂšne du film, est doublement intĂ©ressant. D'une part car il est trĂšs typique de l'attitude des gens les plus racistes qui gĂ©nĂ©ralement nient farouchement l'ĂȘtre. Du genre je ne suis pas raciste, mais... » D'autre part, il faut voir la tĂȘte que fait Louis de FunĂšs lorsqu'il apprend que Salomon est juif. Avant de demander confirmation Salomon, vous ĂȘtes Juif ? », on a l'impression que l'image se fige quelques instants, que le temps s'arrĂȘte, et ceci en raison de la tĂȘte effarĂ©e que prend De FunĂšs. L'expression malicieusement amusĂ©e d'Henri Guybet durant toute la conversation joue aussi beaucoup dans le ton comique de la scĂšne. Toujours dans le registre Pivert-racisme et expressions tordantes de Louis de FunĂšs, celle qu'il prend lorsqu'il voit son chauffeur mettre sa kippa et chanter des chants religieux est tout aussi hilarante. MĂȘme remarque lorsqu'il dĂ©couvre les rĂšglements de compte entre MaghrĂ©bins dans l'usine de chewing-gum Mais qu'est-ce que c'est que ces patacouĂšques ? » Un peu plus tard, lorsqu'il parle au tĂ©lĂ©phone Ă  FarĂšs, croyant avoir affaire au commissaire - J'ai eu un accident de voiture et je cherchais du secours lorsque je suis tombĂ© sur une bande de moricauds en train de s'entretuer. Vous savez, des moricauds, avec des figures marron-jaune, beurk ! Enfin, des moricauds, quoi !...- Ces moricauds, vous les avez vus ?- Ah, mais, je pense bien ! Et surtout leur chef ! Il s'appelle FarĂšs. Je vous donne son signalement gros, huileux, frisottĂ©, avec de tout petits yeux cruels qui passent au travers de ses lunettes noires. Oh ! Une vraie tĂȘte d'assassin ! Vous comprenez, Monsieur le commissaire, qu'ils rĂšglent leurs comptes entre eux, trĂšs bien ! Moins y'en aura... mais pas chez nous, Monsieur le commissaire, pas chez nous ! On se rend compte Ă  quel point Oury a accĂ©dĂ© aux dĂ©sirs de De FunĂšs qui lui avait demandĂ© GĂ©rard, Ă©cris-moi un beau rĂŽle de salopard ! » au fur et Ă  mesure que l'on dĂ©couvre les traits de caractĂšre de Victor Pivert. Non seulement il est raciste et antisĂ©mite, mais c'est un patron rĂ©actionnaire endurci qui rĂ©agit ainsi lorsqu'il apprend que son usine s'est mise en grĂšve Je leur interdis de faire grĂšve ! Ecoutez, vous faĂźtes comme d'habitude, vous promettez tout, et moi je ne donne rien ! » Et plus tard, en voiture avec un Slimane idĂ©aliste, presque lyrique - Mais alors, tout le monde est contre vous ?- Non ! Le peuple est avec moi. Et on ne peut pas mentir Ă©ternellement au peuple !- Mais si on peut ! On peut trĂšs bien ! Moi, Ă  mon usine, je lui mens toute la journĂ©e, au peuple ! Mais il aime qu'on lui mente, le peuple ! Le peuple, pfffttt ! Donc, le personnage de Pivert n'a rien Ă  envier du point de vue ignominie Ă  celui de Don Salluste dans La Folie des Grandeurs, le De FunĂšs-Oury prĂ©cĂ©dent. C'est devenu presque un poncif tellement le fait a Ă©tĂ© dit et redit, mais il faut vraiment souligner Ă  quel point c'est extraordinaire que Louis de FunĂšs n'ait jamais Ă©tĂ© antipathique alors qu'il jouait des personnages aussi odieux. Et ceci, il Ă©tait le seul Ă  pouvoir le faire. Les scĂšnes dans l'usine, avec Fufu est ses partenaires enduits de chewing-gum, sont fort drĂŽles. De FunĂšs a racontĂ© Ă  quel point le tournage fut difficile, il a dĂ» passer des journĂ©es enduit de glucose, produit utilisĂ© pour simuler le chewing-gum. Le pire, ce furent les scĂšnes de fuite tournĂ©es en extĂ©rieur car les mouches et autres bestioles volantes, attirĂ©es par le glucose, ne lui ont laissĂ© aucun rĂ©pit tout comme aux autres acteurs passĂ©s par lĂ . Anecdote de tournage Les bulles qui sortent des chaussures de Pivert, ainsi que celle qui gonfle sur sa tĂȘte, ont Ă©tĂ© produites par... des prĂ©servatifs ! Autre passage trĂšs amusant lorsque Pivert est contraint, sous la menace de Slimane, de dĂ©clarer par tĂ©lĂ©phone Ă  sa femme qu'il part en avion avec une autre femme. DĂ©contenancĂ© par la demande de son Ă©pouse qui exige de connaĂźtre le nom de sa rivale, il improvise en citant HĂ©lĂšne Leduc, une femme de 65 ans ! Hormis le fait non soulignĂ© que Leduc et Pivert sont naturellement faits pour s'entendre, Pivert affirme ĂȘtre amoureux d'elle parce qu'elle chante pendant des heures dans son bain en lui grattant le dos et en lui disant qu'il est beau, qu'il est un athlĂšte, qu'il mesure un mĂštre quatre-vingt ! Pivert semble ĂȘtre heureux de cette invention, heureux d'en profiter pour rĂ©gler ses comptes avec sa turbulente Ă©pouse, heureux d'avoir, pour une fois, raccrochĂ© le premier. AprĂšs une premiĂšre partie axĂ©e sur le racisme et l'esprit rĂ©actionnaire de Pivert, vient le temps de son sĂ©jour forcĂ© au sein de la communautĂ© juive. Il dĂ©marre fort dĂšs la rencontre Ă  l'aĂ©roport avec l'Ă©pisode des noms de fourrure dĂ© fous rires », avec l'accent yiddish... que Grand-mĂšre TzipĂ© entend lui faire prononcer pour s'exercer Ă  parler un bon français ; en effet, elle trouve qu'il a pris l'accent amĂ©ricain - ironique quand on sait que Janet Brandt, son interprĂšte, est une amĂ©ricaine pur sucre... Rabbi Jacob s'exĂ©cute LĂ© visonn » et LĂ© rat misquĂ© » sont restĂ©s dans toutes les mĂ©moires... Le fameux Cher LĂ©vy » prononcĂ© en guise de discours de bienvenue Ă  la vue d'une affiche publicitaire pour les jeans LĂ©vi-Strauss est un amusant clin d'Ɠil relatif Ă  la frĂ©quence de ce nom chez les Juifs, le Durand de chez eux, en quelque sorte... C'est mon chauffir ! Il m'a reconni, qu'est-ce que je vais fire ? » s'inquiĂšte le malheureux Pivert lorsque Salomon l'interpelle. Mais il trouve vite la parade - Mon patron m'a flanquĂ© Ă  la porte parce que je refusais de travailler le samedi. Qu'est-ce que vous feriez Ă  ma place, Rabbi Jacob ?- DĂ©mandĂ©-lui dĂ© tĂ© rĂ©engager, il tĂ© dira oui, dĂ©mandĂ©-lui dĂ© tĂ© augmenter, il tĂ© dira oui !- De me doubler ?- Il tĂ© dira oui !- De me tripler ?- Il tĂ© dira non ! Mme Schmoll n'a aucune peine Ă  trouver une fiancĂ©e pour Rabbi Zeligman » autrement dit Slimane une vrai rousse comme il les aime... mais physiquement pas Ă  son goĂ»t, et qui passe son temps Ă  sourire bĂȘtement. Rabbi Jacob » en profite pour se venger de Slimane il prend un malin plaisir Ă  adouber cette satanĂ©e fiancĂ©e dont son acolyte ne veut Ă  aucun prix. Puisque Rabbi Jacob sait trĂšs bien danser » selon Salomon, le malheureux Pivert est contraint de s'exĂ©cuter, entourĂ© de danseurs folkloriques juifs ! Moment d'anthologie tellement De FunĂšs a bien prĂ©parĂ© la scĂšne et la joue remarquablement bien ; il est vrai qu'il a toujours Ă©tĂ© un bon danseur... De pire en pire, voilĂ  la communion du petit David, et lors de cette scĂšne dans la synagogue, un rabbin invite Rabbi Jacob » Ă  lire la Torah ! Évidemment, Pivert n'est guĂšre familiarisĂ© avec l'hĂ©breu, mais Slimane lui fait remarquer que ça se lit de la droite vers la gauche, comme l'arabe ». Qu'Ă  cela ne tienne, Rabbi Jacob va laisser lĂ© grand honneur » Ă  Rabbi Zeligman ». C'est lui qui va la lire, l'hĂ©brĂ© ! » L'aventure chez les Juifs se termine avec une poignĂ©e de main toute symbolique entre Salomon, l'Ă©minent reprĂ©sentant de la communautĂ© juive, et Slimane, le leader anti-sioniste du monde arabe, aprĂšs que Pivert ait fait remarquer les ressemblances de sonoritĂ©s entre Slimane » et Salomon », suggĂ©rĂ© qu'ils devaient ĂȘtre quelque peu cousins, et que lesdits cousins » aient Ă©changĂ© amabilitĂ©s et remerciements. La fin du film voit la transformation de Pivert, que sa dĂ©couverte de l'univers des juifs a rendu beaucoup plus tolĂ©rant. Les meilleurs moments peuvent ĂȘtre rĂ©sumĂ©s par ces quelques extraits de dialogues Pivert Je suis cachĂ© chez des amis juifs !Mme Pivert Tu as des amis juifs, toi ?Pivert Parfaitement ! J'ai des amis juifs ! Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Salomon Votre commissaire, c'Ă©tait FarĂšs !Pivert C'Ă©tait FarĂšs ? C'est effarant ! Pivert Je ne connais mĂȘme pas votre nom, M. FarĂšs... Ecoutez, plutĂŽt que de me tuer comme ça dans la voiture, vous me laissez aller au mariage de ma fille, et demain, vous m'envoyez une lettre piĂ©gĂ©e. Alors, je prends mon petit-dĂ©jeuner, et puis tout Ă  coup, on sonne Ă  la porte...FarĂšs Qui est-ce ?Pivert Une lettre piĂ©gĂ©e ! Qu'est-ce que je fais ? Je l'ouvre ?FarĂšs Non !Pivert Si, je l'ouvre ! Plus de Pivert, plus de Slimane, plus de FarĂšs !... Rabbi Jacob le vrai Je vous invite Ă  notre fĂȘte, ce VoilĂ  ! Il faut que je me confesse je ne suis pas juif !Salomon ça ne fait rien, Monsieur ! On vous garde quand mĂȘme ! POINTS FAIBLES Nous sommes en 1972. Dans ce film, on remarque que Louis de FunĂšs commence Ă  faire vieux. Certes, il n'est pas encore affaibli comme dans les films suivants qui seront tournĂ©s aprĂšs sa crise cardiaque, mais il n'est quand mĂȘme plus au sommet de sa forme physique comme au cƓur des annĂ©es 60. On peut reprocher au film d'ĂȘtre loin de dĂ©marrer sur les chapeaux de roues, avec de bien longues et pas trĂšs emballantes scĂšnes tournĂ©es Ă  New-York. Quelques sĂ©quences ne sont guĂšre rĂ©ussies Ă  l'image de la rencontre avec la jeune femme rousse Ă  Orly le pistolet qui tire du chewing-gum, on a dĂ©jĂ  vu mieux. La tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale du film est certes antiraciste, mais la vision qu'il donne des juifs est parfois gĂȘnante ils sont prĂ©sentĂ©s comme de grands enfants un peu niais. L'image donnĂ©e d'eux est sympathique, bon enfant, mais sans doute trop. Le film abuse des clichĂ©s. Quelqu'un qui ne connaĂźt pas du tout les juifs pourra croire que cette communautĂ© est superficielle et passe son temps Ă  s'amuser et Ă  danser dans des fĂȘtes interminables. On peut aussi reprocher Ă  Oury d'avoir choisi semble-t-il dĂ©libĂ©rĂ©ment des acteurs ayant le physique des juifs tels qu'ils sont dĂ©crits, par exemple, dans les caricatures antisĂ©mites de l'entre-deux-guerres. Or, les juifs sont trĂšs divers ils n'ont pas tous une tenue vestimentaire communautaire, ni un physique particulier. MĂȘme si le parti-pris du scĂ©nario Ă©tait de se dĂ©rouler au sein d'une communautĂ© particuliĂšre, le rĂ©alisateur a beaucoup trop forcĂ© sur le trait. ACCUEIL J'avais Ă  peine 8 ans lorsque je suis allĂ© voir Les aventures de Rabbi Jacob, et je me souviens encore de la longueur de la file d'attente aux guichets... En effet, le film fut une magnifique rĂ©ussite commerciale avec 7 300 000 spectateurs, soit le meilleur score de l'annĂ©e 1973. Pour la premiĂšre fois avec un De FunĂšs, les critiques dits intellectuels » salueront encore timidement le sujet abordĂ©. Il faut un dĂ©but Ă  tout... SYNTHÈSE Une splendide rĂ©ussite mĂȘlant sujet sĂ©rieux et comique de grande qualitĂ©, et la fin de la collaboration Oury-Louis de FunĂšs que des rĂ©ussites incontestables Ă  leur actif. LES SÉQUENCES CULTES C'est ça les français ! Une vraie tĂȘte d'assassin ! Je me fous des deux ! Il te dira voui ! Rabbi Jacob, il va danser ! Retour Ă  l'index Captures et sĂ©quences cultes rĂ©alisĂ©es par Steed3003 Saga Louis de FunĂšs 3 - La confirmation 1966/1973 2Ăšme partie Saga Louis de FunĂšs 3 - La confirmation 1966/1973 1Ăšre partie Saga Louis de FunĂšs 1 - Une lente ascension jusqu'en 1964 2Ăšme partie Saga Louis de FunĂšs 1 - Une lente ascension jusqu'en 1964 1Ăšre partie Movies Anywhere Broderskab 2009 Film complet avec sous-titres anglais HD 4K En ligne Best Free Movie Broderskab 2009 Film complet avec sous-titres anglais HD 4K En ligne Inclination je suis William Lopez. Je veux vous lier Comment rechercher le cinĂ©mathĂšque complet en ligne Librement Lancement acadĂ©mique du QG 123movies [DVD-français] Broderskab 2009 Apostiller le cinĂ©mathĂšque en ligne spontanĂ©ment Dailymotion [Broderskab] Google Drive / [DvdRip-FR / français-Subs] Broderskab! 2009 Spectacle complet Apostiller en ligne Pas d'inscription 123 Films En ligne !! 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 Apostiller Broderskab 2009 Movie WEB-DL Il s'agit d'un occupĂ© avertissement sans dĂ©lire d'un service de streaming, tel que Netflix, Amazon Video, Hulu, Crunchyroll, Discovery GO, BBC iPlayer, etc. cinĂ©mathĂšque ou jeu tĂ©lĂ©visĂ© tĂ©lĂ©chargĂ© via un site Web de uniformisation en ligne, comme iTunes. Le rĂ©glage est terminĂ© bon dans le passĂ© ils ne sont pas rĂ©-encodĂ©s. Les flux vidĂ©o ou et audio AC3 / Broderskab 2009 C sont ordinairement portion d'iTunes ou d'Amazon Video et croupe remux dans un nourrice MKV sans Ă©changer la qualitĂ©. - MIRROR Link TĂ©lĂ©charger le cinĂ©mathĂšque Broderskab 2009 L'un des impacts les revers superbes de l'industrie du streaming de films a Ă©tĂ© sur l'industrie du DVD, qui a strictement rencontrĂ© sa Ă©loignement dĂšs la popularisation de la couche de levier en ligne. La montĂ©e du streaming multimĂ©dia a provoquĂ© la dĂ©luge de nombreuses sociĂ©tĂ©s de location de DVD telles que Blockbuster. En juillet 2015, un entrefilet de l'Ă©poque supplĂ©mentaire de York a publiĂ© un entrefilet comme sur les services DVD de Netflixs. Il a dĂ©clarĂ© que Netflix poursuivait ses installations de DVD dĂšs 5,3 millions d'abonnĂ©s, ce qui reprĂ©sente une baisse importante par accointance Ă  l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. de Puis leurs installations de streaming comptent 65 millions de Accumulation Lors d'un visite glouton de mars 2016 Ă©valuant l'impact du streaming de films sur la location de films DVD reçue, il a Ă©tĂ© constatĂ© que les rĂ©pondants ne achetaient revers Identiquement identique Oncques de films DVD, car le streaming a consenti le dessus sur le marchĂ©. Regardez Movie Bad Boys pour revers de vivacitĂ©, les tĂ©lĂ©spectateurs n'ont pas trouvĂ© le rĂ©glage du cinĂ©mathĂšque pour jaillir de maniĂšre mobile entre le DVD et le streaming en ligne. Les problĂšmes qui, selon les rĂ©pondants, devaient se dĂ©velopper dĂšs la Ă©noncĂ© en continu des films comprenaient des Ă©preuves de transposition ou de rembobinage rapide, itou que des Ă©preuves de recherche. L'article souligne que la dĂ©finition de la Ă©noncĂ© en continu de films en tant qu'industrie ne sera pas accompagnĂ©e d'une couche dans le Climat car les revenus publicitaires continuent de monter en flĂšche sur douze mois dans toute l'industrie, ce qui incite Ă  dĂ©finir la production de Domestique Regardez Broderskab 2009 Spectacle en ligne Les dĂ©chirures Blu-ray ou Bluray sont encodĂ©es nettement du musique Blu-ray en 1080p ou 720p Accompagnant la source du Album et utilisent le codec x264. Ils peuvent ĂȘtre portion de disques BD25 ou BD50 ou Blu-ray UHD Ă  des rĂ©solutions supĂ©rieures. Les BDRips proviennent d'un musique Blu-ray et sont codĂ©s en une rĂ©ponse dĂ©gradĂ©e Ă  fuir de sa source c'est-Ă -dire 1080p Ă  720p / 576p / 480p. Un BRRip est une vidĂ©o dĂ©jĂ  encodĂ©e avec une rĂ©ponse HD gĂ©nĂ©ralement 1080p qui est croupe transcodĂ©e en rĂ©solution SD. Apostiller Breakthrough 2019 Movie BD / BRRip dans la rĂ©ponse DVDRip semble Davantage peu importe, car l'encodage provient d'une source de rĂ©glage supĂ©rieure. Les BRRips ne sont pas accompagnĂ©s d'une rĂ©ponse HD Ă  une rĂ©ponse SD toutefois que les BDRips peuvent aller de 2160p Ă  1080p, etc. tant qu'ils descendent en rĂ©ponse au musique source. Apostiller Breakthrough 2019 Movie FullBDRip n'est pas un transcodage et peut Ă©voluer vers le bas pour l'encodage, mais BRRip peut non accompagnĂ© aller jusqu'Ă  la mesure des rĂ©solutions SD lors de leur Encodage Les BD / BRRips dans les rĂ©solutions DVDRip peuvent rĂ©viser entre les codecs XviD ou x264 gĂ©nĂ©ralement 700 Mo et 1,5 Go itou que les DVD5 ou DVD9 revers grands 4,5 Go ou 8,4 Go, la taille varie en occupation de la mesure et du rĂ©glage des versions, mais le supĂ©rieur la taille revers ils utilisent le codec x264. 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N'oubliez pas de laisser un policier et de solder pour votre liminaire tĂ©moignage aprĂšs bien visitĂ© ce site Web. To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video Komedie / Krimi / DobrodruĆŸnĂœ / Fantasy Francie / ItĂĄlie, 1964, 105 min AlternativnĂ­ 100 min HrajĂ­ Jean Marais, Louis de FunĂšs, MylĂšne Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, Marie-HĂ©lĂšne Arnaud, Christian Toma, Michel Duplaix, AndrĂ©e Tainsy, Hugues Wanner, Henri Attal, Pierre Collet, Henri GuĂ©gan, Rudy Lenoir, Jean Minisini, Bernard Musson, Dominique Zardi, Georges Adet, Jean-Louis Allibert, Marc Arian, AndrĂ© Badin, Charles Bayard, Jean Blancheur, Jean-Paul Blonday, Philippe Castelli, Michel Charrel, Yvan Chiffre, Henri Coutet, Gabrielle Doulcet, AndrĂ© Dumas, Marius Gaidon, AndrĂ© Hunebelle, Raymond Pellegrin, Daniel Lecourtois, Louisette Rousseau vĂ­ce dalĆĄĂ­ profese Fantomas, zĂĄhadnĂœ netvor s ocelovou tváƙí terorizuje PaĆ™Ă­ĆŸ. O jeho skutečnĂ© existenci jsou vĆĄak stĂĄle pochybnosti, neboĆ„ ho dosud nikdo na vlastnĂ­ oči nespatƙil. PrvnĂ­m hostem tajuplnĂ©ho Fantomasova palĂĄce se nedobrovolně stane novináƙ Fandor, kterĂœ napsal o netvorovi senzačnĂ­ člĂĄnek. Fantomas potrestĂĄ tuto troufalost osobitě vezme na sebe Fandorovu podobu a spĂĄchĂĄ fantastickou loupeĆŸ. Později si nasadĂ­ i masku komisaƙe Juvea, kterĂœ se neĂșspěơně jiĆŸ dlouho snaĆŸĂ­ Fantomase dopadnout. Intersonic Fantomas, zĂĄhadnĂœ netvor s ocelovou tváƙí terorizuje PaĆ™Ă­ĆŸ. O jeho skutečnĂ© existenci jsou vĆĄak stĂĄle pochybnosti, neboĆ„ ho dosud nikdo na vlastnĂ­ oči nespatƙil. PrvnĂ­m hostem tajuplnĂ©ho Fantomasova palĂĄce se nedobrovolně stane novináƙ Fandor, kterĂœ napsal o netvorovi senzačnĂ­ člĂĄnek. Fantomas potrestĂĄ tuto troufalost osobitě vezme na sebe Fandorovu podobu a spĂĄchĂĄ fantastickou loupeĆŸ. Později si nasadĂ­ i masku komisaƙe Juvea, kterĂœ se neĂșspěơně jiĆŸ dlouho snaĆŸĂ­ Fantomase dopadnout. Intersonic vĂ­ce Pƙehled Recenze ZajĂ­mavosti Videa Galerie HrajĂ­ OceněnĂ­ OST FilmotĂ©ka Diskuze Dever Soundtrack Michel Magne 1 - ThĂšme de FantĂŽmas ,2 - FantĂŽmas s'Ă©chappe ,3 - Ma ChĂšre HĂ©lĂšne ,4 - Fandor Au CimetiĂšre ,5 - Juve S'explique ,6 - FantĂŽmas Aux Grandes Orgues ,7 - Une DS Dans Le Ciel ,8 - Rome ,9 - FantĂŽmas Se DĂ©chaĂźne 10 - FantĂŽmas Contre Scotland Yard 11 - Un Pendu Dans La Chambre 12 - Ma ChĂšre HĂ©lĂšne version 2 13 - Lord Mac Rashley 14 - OĂč Est Le Bien? OĂč Est Le Mal? 15 - OpĂ©ration Artaban 16 - Le Lit 17 - MystĂšre Dans Les Douves 18 - Farandole Interpole 19 - Une Ombre Dans La Nuit 20 - FantĂŽmas Flirte 21 - Bienvenue Chez FantĂŽmas 22 - Fandor Se DĂ©chaĂźne 23 - L'ultime Ă©vasion Renton ScĂ©náƙ Jean Halain, Pierre Foucaud .. VĂœtečnĂĄ blĂĄznivĂĄ kriminĂĄlnĂ­ podĂ­vanĂĄ s jednĂ­m z nejlepĆĄĂ­ch padouchĆŻ vĆĄech dob. Celou sĂ©rii hodnotĂ­m velmi nadprĆŻměrně, sice po těch letech a mnoha reprĂ­zĂĄch jejĂ­ kvalita v očích některĂœch určitě klesĂĄ, ale tahle trilogie si ty hvězdičky zasluhuje! PrvnĂ­ dĂ­l nenĂ­ jeĆĄtě plně postaven na komice Louis De Funes, neboĆ„ hlavnĂ­ několikaroli zde mĂĄ jeĆĄtě Jean Marais.. 93%. Lima Klasika, kterĂ© zub času vĆŻbec neuĆĄkodil. A kdyĆŸ, tak jenom troĆĄku o Je totiĆŸ fakt, ĆŸe některĂ© scĂ©ny se dnes jevĂ­ troĆĄku naivnĂ­ a divĂĄk odkojenĂœ akčnĂ­mi trhĂĄky poslednĂ­ch let se asi bude nudit. OvĆĄem ti, co rĂĄdi nostalgicky zavzpomĂ­najĂ­ na ta lĂ©ta, kdy seděli v totĂĄlně narvanĂ©m kině a krĂĄlovsky se bavil pƙi Fantomasově pronĂĄsledovĂĄnĂ­, si toho zĂĄhadnĂ©ho zloducha asi rĂĄdi zopakujĂ­. A jĂĄ patƙím mezi ně o V tom pƙípadě nenĂ­ co dodat, pouze popƙát BON APETIT. PS NejvĂ­c jsem Fantomasovi zĂĄviděl tu ponorku o Radyo Kdysi jedna z nejoblĂ­benějĆĄĂ­ch filmovĂœch sĂ©riĂ­ s tajuplnĂœm Fantomasem a kaĆĄparovskĂœm komisaƙem Juvem De Funes dnes pĆŻsobĂ­ mĂ­sty uĆŸ mĂ­rně trapně. FrancouzskĂœ humor starĂœ 40 let hold doba značně poznamenala a dneĆĄnĂ­ generace se smějĂ­ spĂ­ĆĄe obhroublĂœm a nevkusnĂœm vtipĆŻm, kterĂ© naopak za dalĆĄĂ­ch 40 let budou vzbuzovat negativnĂ­ emoce u dalĆĄĂ­ generace. Malarkey Rozjezd FunĂ©sovi kariĂ©ry pƙímo z ostra a spolu s jednou z největĆĄĂ­ch francouzskĂœch legend Jeanem Maraisem. Maraise nemĂĄm moc rĂĄd i kdyĆŸ Fantomase a jeho druhou roli zahrĂĄl obstojně mohl bych se moĆŸnĂĄ shodnout s FunĂ©sem, jelikoĆŸ se s nĂ­m taky moc rĂĄd neměl a nejspĂ­ĆĄ to bylo tĂ­m, ĆŸe neměli společnĂ©ho prakticky nic jak uvedl v rozhovoru pro Re-Flex jeho jeden z největĆĄĂ­ch pƙítelĆŻ Michel Galabru. Pro pƙíběh to moĆŸnĂĄ je jen dobƙe jelikoĆŸ tu proti sobě stojĂ­ jako prakticky nepƙátelĂ© Komisaƙ Juve versus Fantomas. Zase fakt je, ĆŸe bez FunĂ©se by sledovĂĄnĂ­ bylo jako dostat drĂĄtem do oka, otravnĂ© a ĂșpěnlivĂ©. V ĂșvodnĂ­ scĂ©ně, v nĂ­ĆŸ jde Fantomas Jean Marais v pƙestrojenĂ­ za lorda Sheltona do klenotnictvĂ­ Van Cleef & Arpels, aby tu ukradl diamantovĂ© ĆĄperky, se v roli ƙeditele podniku objevuje skutečnĂœ potomek zakladatelĆŻ, Pierre Arpels. cheyene Ke konci filmu ƙíkĂĄ komisaƙ Juve Louis de FunĂšs, ĆŸe dƙíve uměl plavat, ale uĆŸ to zapomněl. FunĂšs skutečně neuměl plavat naučit se plavat bylo jeho poslednĂ­m pƙánĂ­m, ale pƙed smrtĂ­ to jiĆŸ bohuĆŸel nestihl. noelcoward73 Ve větĆĄině scĂ©n hrĂĄl Fantomase Jean Marais. V pƙípadě, ĆŸe se v jednom obraze objevili jak Fantomas, tak Fandor, byl pod ĆĄedou maskou Christian Toma, kterĂœ jinak hrĂĄl ve filmu jednoho z policejnĂ­ch inspektorĆŻ. Pluto_petr 85% HodnocenĂ­28 572 Fanklub133 golfista POMO kleopatra Cival Douglas Houdini kOCOUR don corleone Lima Tetsuo Na DVD od Magic Box Na DVD od DVD Hit Na DVD od Intersonic Na Blu-ray od Magic Box Fantomas 2022 Francie, AkčnĂ­ / Krimi / Horor HrajĂ­ Guillaume Campanacci FantĂŽmas 1980 seriĂĄl Francie, Horor / Thriller / MysteriĂłznĂ­ ReĆŸie Claude Chabrol HrajĂ­ Helmut Berger, Jacques Dufilho Fantomas kontra Scotland Yard 1967 Francie / ItĂĄlie, Komedie / DobrodruĆŸnĂœ / Krimi ReĆŸie AndrĂ© Hunebelle HrajĂ­ Jean Marais, Louis de FunĂšs Fantomas se zlobĂ­ 1965 Francie / ItĂĄlie, Komedie / DobrodruĆŸnĂœ / Krimi ReĆŸie AndrĂ© Hunebelle HrajĂ­ Jean Marais, Louis de FunĂšs FantĂŽmas 1947 Francie, Krimi / MysteriĂłznĂ­ ReĆŸie Jean Sacha HrajĂ­ AndrĂ© Le Gall, Simone Signoret FantĂŽmas 1932 Francie, Krimi / Thriller ReĆŸie PĂĄl Fejös HrajĂ­ Jean Worms, Roger Karl Fantomas 1920 USA, Drama / MysteriĂłznĂ­ ReĆŸie Edward Sedgwick HrajĂ­ Edna Murphy, Johnnie Walker policie, zloděj, novináƙi, krĂĄdeĆŸ, neo-noir, PaĆ™Ă­ĆŸ, eurospy, ponorky, vrtulnĂ­k, zĂĄměna identit, ĆĄperky

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