RT@adopte_chien: Floupy arrive de Guadeloupe. Floupy est un jeune chien qui aura tout à apprendre de la vie de famille. Et de la vie de chien ! Lelivre indique que l’amélioration du fait de faire correctement partie de l’ensemble peut entraîner une augmentation de la productivité de 20 à 50 fois. Je ne sais pas pour toi, mais j’aimerais avoir 20 à 50 fois plus de presque tout. C’est en partie pour ça que je lis le livre. En tant qu’ingénieur, je suis assez doué pour ElonMusk a fait remettre à l’ancien patron de Twitter Jack Dorsey une injonction à fournir toute une série de documents, dans le cadre de la bataille qu’il a lancée pour s’extirper de l Letout est plus que la somme des parties Premier Principe Systémique Quand je dis cette phrase au cours de mes formations à l’approche de Palo Alto, elle est souvent connue de mes stagiaires maisqu’entend-on vraiment par-là ? Avec quelques d’indications, j’espère vous éclairer davantage. Puisquela taille de l'espace des configurations potentielles est très vaste, le système pourrait effectuer des calculs en parallèle, en superpositions d'états, et donc bien plus rapidement qu'un algorithme traditionnel, en particulier pour tout ce qui concerne la factorisation des grands nombres et l'analyse de données. Faudelest encore tout jeune mais il a déjà une longue et belle carrière derrière lui. A tel point que le petit Prince du Raï est en passe de devenir le véritable Roi du Raï français. Faudel Bellula, est né le 6 juin 1978 dans le quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie. Ecoutant de la musique dès son plus jeune âge (Le raï par l'intermédiAIRe de ses parents et de sa grand . Malgré l’immense écart en termes de PIB par habitant, l’ampleur des disparités régionales observées en Inde n’est pas très différente de celles observées dans l’Union [européenne depuis les élargissements de 2004 et de 2007 qui ont creusé les différences socioéconomiques]. La région affichant le PIB le plus élevé par habitant en Inde a un niveau sept fois supérieur à celui des régions où il est le plus faible, contre un rapport de huit au sein de l’Union européenne. Les écarts entre les taux de croissance régionaux du PIB en Inde étaient très proches, entre 2000 et 2004, de ceux relevés dans l’Union européenne avec une variation de 1 à 13% [1]. » Une indispensable redistribution… En dépit de ces disparités, un certain nombre de mécanismes, liés à la répartition des compétences ou aux transferts, maintiennent tant bien que mal un minimum de cohésion dans le sous-continent. Dans la répartition des compétences entre le gouvernement central et les vingt-huit États et les sept territoires autonomes, la politique macroéconomique est gérée par le premier tandis que les États sont responsables de la santé publique, la santé, l’éducation, l’industrie, l’agriculture, la pêche, le droit foncier. Les gouvernements locaux exercent également certaines compétences parfois conjointement avec ces derniers pour certains pans de l’éducation, le logement, l’utilisation du territoire, la distribution d’électricité… La Constitution autorise aussi bien l’État central que les états à lever des taxes. Le gouvernement central effectue des transferts en direction de ces derniers pour les aider à accomplir leur mission. Les États et les territoires autonomes reçoivent en comparaison avec les États fédéraux de l’OCDE une part beaucoup plus grande des recettes fiscales totales 67% contre 27% pour la Belgique, 35% pour les États-Unis et 51% pour la Suisse. Cela s’explique en partie par le fait que les entreprises gérées par les États génèrent davantage de pertes alors que les entreprises détenues par le Centre sont plus performantes. Il ne faut pas déduire de ces chiffres que les États disposent d’une large marge de manœuvre car cette manne est réservée en grande partie au financement de dépenses telles que la sécurité sociale assurée dans les autres pays par l’État central. Les enveloppes transférées par le Centre sont déterminées par une savante combinaison de plusieurs critères censés à la fois garantir un caractère redistributif vers les États les plus pauvres et éviter de récompenser ceux qui échouent soit à générer des revenus fiscaux, soit à mettre en œuvre des politiques de planification familiale. Si ces formules réduisent de moitié l’inégalité dans la répartition des recettes fiscales, celle-ci reste deux fois plus importante que celle que l’on observe dans les pays de l’OCDE. Réduire encore les disparités relève du casse-tête car pour atteindre le degré d’inégalité du Canada, par exemple, le Centre devrait rediriger la moitié des fonds dont il dispose après les transferts, ce qui n’inciterait pas les bénéficiaires à fournir des efforts et mécontenterait davantage les contributeurs… Par ailleurs, cette fausse solution miracle ne réglerait pas des problèmes endémiques qui ont longtemps — et c’est encore parfois le cas aujourd’hui — miné l’efficacité de la politique de redistribution le taux d’intérêt rédhibitoire imposé aux bénéficiaires des prêts, l’impossibilité pour les États d’emprunter de l’argent sur les marchés à des taux moins élevés que ceux chargés par le gouvernement central et un taux d’utilisation de cette manne sous-optimale en raison de l’incompétence de l’administration locale, de la corruption ou d’un manque de projets convaincants [2]. Finalement, la situation des finances publiques finit de reléguer ce scénario au rang de pure utopie la crise a eu pour effet de porter le déficit public au-delà des 6% du PIB, soit le double du plafond que s’est fixé le gouvernement de Manmohan Singh. … mise sous tension par les évolutions sociodémographiques Partant des taux de fertilité actuels observés dans les différents États, on s’attend à ce que la population indienne augmente de 620 millions d’âmes d’ici à 2051. 60% seront dans le Madhya Pradesh, le Rajasthan, le Karnataka, le Mayarashtra, l’Uttar Pradesh et le Bihar. Avec des États aussi peuplés, mais aussi pauvres que ces deux derniers qui jouissent toutefois d’une grande influence politique en raison de leur taille, les demandes de transferts redistributifs seront exacerbées, ce qui ne sera pas sans créer des tensions avec les États plus prospères [3]. L’observation des disparités en matière de dynamique économique et démographique en ce début de millénaire confirme cette crainte. En effet, un certain nombre d’États très peuplés ont connu une faible croissance du PIB qui a plombé la moyenne indienne tandis que d’autres ont au contraire fait office de moteur. Les premiers, qui constituent en quelque sorte un frein, représentaient 37% de la population indienne et les seconds 32%. Entre eux, se situent les États dans une position intermédiaire. Le graphique positionne les vingt-deux principaux États pour lesquels la Central Statistical Organisation présente des données complètes par rapport à la moyenne indienne et en fonction de ces deux dimensions. Chaque bulle représente un État et son diamètre varie en fonction de la taille de sa population. Les États situés dans le quadrant supérieur gauche sont ceux qui tirent vers le bas le développement indien et constituent une menace pour sa cohésion sociale et territoriale. À l’inverse, ceux qui se trouvent dans le quadrant inférieur droit sont ceux dont la productivité et le revenu par tête progressent le plus rapidement [4]. Disparité éco-démographique en Inde, 2001-2006 Tout l’enjeu des prochaines décennies pour le gouvernement central consistera à travailler avec les autorités régionales pour accélérer leur décollage et éviter que le sous-continent ne plonge dans un déséquilibre qui l’enliserait dans les difficultés d’ordre politique, économique et social. … et une capture des fruits de la croissance [5] Le pouvoir d’achat indien équivaut à un huitième de celui d’un Européen. Les Roumains et les Bulgares qui sont les Européens les plus pauvres sont deux fois plus riches que les Indiens. Grâce à son décollage récent, l’Inde donne l’impression de rattraper progressivement son retard », mais la réalité est plus complexe, voire en contradiction avec ce sentiment. Depuis l’ouverture du pays par Deng Xiaoping en 1978, la Chine a sorti 400 millions de gens de la pauvreté et le revenu par tête y a été multiplié par sept. De son côté, depuis la libéralisation lancée en 1993, l’Inde ne récolte pas le même succès. Les inégalités salariales explosent. Les importants gains de productivité ne se sont pas traduits dans une progression des salaires réels de même ampleur — loin de là ! — et la croissance a été qualifiée de jobless », non génératrice d’emplois. L’emploi dans le secteur organisé a décéléré, voire décliné, tandis que la production était multipliée par trois entre 1993 et 2008 en roupies et prix constants. L’emploi s’est concentré surtout dans le secteur urbain inorganisé sous l’effet notamment de l’exode rural. Ce mouvement reflète une précarisation croissante 35% des pauvres ont un emploi et, partant, un rapport de force de plus en plus défavorable aux travailleurs. En matière de sécurité de l’emploi, la dualisation est de mise entre les centres urbains et les zones rurales dans lesquelles 75% de la main-d’œuvre sont concentrés 40% des travailleurs occupent un emploi régulier en ville contre seulement 7% à la campagne. Les travailleurs des villes » sont 15% à être couverts par un contrat de court terme, mais 35% des travailleurs des champs » le sont également. Finalement, ils sont respectivement 45% d’indépendants au sens large et 60%. À prix constants, les salaires ont certes augmenté depuis le début des années quatre-vingt, mais la tendance s’est inversée pour les travailleurs réguliers depuis la fin de la dernière décennie. Quant aux salaires ruraux des travailleurs précaires, ils ont progressé plus lentement depuis la fin du dernier millénaire dans dix des quinze plus grands États. Dans le Pendjab, la progression a même été de plus en plus négative. Les salaires sont les plus élevés dans les entreprises publiques mines, énergie, eau et… — de quoi faire rêver dans nos contrées — santé et éducation. Le salaire quotidien des travailleurs occasionnels n’atteint que la moitié de celui perçu par les travailleurs réguliers sauf dans le commerce, les hôtels, restaurants et cafés et certains secteurs manufacturiers — alimentation, textile—, mais cela se justifie par le déjà très faible niveau des salaires dans ces secteurs. Ces différences criantes s’expliquent en bonne partie par le niveau d’éducation. Ainsi, un universitaire touche cinq à sept fois plus qu’un peu qualifié. L’éducation ne paie qu’à partir du secondaire. Mais, quel que soit le niveau d’éducation, les travailleurs des villes gagnent davantage que les travailleurs des champs. Et dans le chef des employeurs, ce facteur éducatif joue beaucoup moins pour leurs travailleurs ponctuels. L’Inde n’échappe pas à la discrimination sociale dans la mesure où les castes ne sont pas rémunérées de manière égalitaire. Le double dualisme — travailleurs urbains, travailleurs ruraux ; emplois permanents, emplois précaires — se retrouve de manière accentuée dans les États les plus pauvres où, par ailleurs, le taux salarial est généralement inférieur à celui des États plus développés. Le fait que la population y soit moins qualifiée et éduquée et la segmentation sur le marché du travail plus prononcée ne sont sans doute pas étrangers à cela. Le salaire moyen des travailleurs précaires dans les zones rurales n’atteint ainsi pas 20% du salaire moyen des travailleurs permanents des villes. Le pourcentage pour toute l’Inde est de 25% et le Kerala fait figure de Danemark » indien avec un taux de 63%. Étrange paradoxe, le salaire urbain des travailleurs permanents est plus élevé dans les États pauvres. Au coude à coude avec les autres émergents C’est en 2003 que Jim O’Neill, un économiste de la banque d’affaires Goldman Sachs, se fit connaître en forgeant un concept qui allait marquer le reste de la décennie les BRIC. Il s’agit en réalité de l’acronyme du nom des quatre puissances réémergentes le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. À eux quatre, ils concentrent 40% de la population et 25% du PIB mondiaux. Partant de projections à long terme, Jim O’Neill établissait que, d’ici 2050, la hiérarchie des grandes puissances serait à ce point bouleversée qu’à l’exception des États-Unis et du Japon, les autres pays industrialisés qui font partie de l’Union européenne seraient éjectés hors du top-6 par les fameux BRIC. Le PIB chinois dépasserait même le PIB cumulé des trois poids lourds européens qui représentent 70% de la zone euro à la fin de la prochaine décennie et l’Inde l’imiterait vers 2030-2035. De quoi ébranler fortement les Européens qui se pensent inévitables dans les grands dossiers mondiaux ou leur donner un coup de fouet. Notons au passage qu’il faudrait au moins attendre la seconde moitié du siècle avant que ne s’amorce un début de convergence du pouvoir d’achat… Pourtant, les BRIC présentent des différences économiques structurelles telles qu’il est impossible de considérer ces pays comme un bloc homogène le Brésil est le grenier du monde, la Russie est tributaire de ses matières premières gaz, pétrole en premier lieu, la Chine a noué son destin au dynamisme économique de ses partenaires commerciaux et est considérée comme l’atelier du monde, l’Inde est le prestataire de services du monde et est davantage tournée vers la demande intérieure. Le degré de développement des relations économiques entre les quatre pays varie, mais une chose est certaine le commerce bilatéral est en pleine croissance du moins jusqu’à la crise économique, mais aucune donnée ne peut actuellement attester d’un éventuel renversement de tendance. Les différences se manifestent également dans leur présence dans les grandes institutions internationales. Seule la Russie a le droit de siéger au G8, mais tous participent au G20 qui a connu une impulsion nouvelle avec les sommets de Washington 15 novembre, de Londres 2 avril et de Pittsburgh 24‑25 septembre qui rassemblent les vingt plus grandes puissances économiques mondiales afin de réformer l’architecture financière mondiale. Des tensions émaillent également les relations entre les quatre grands Russie et Chine sont en concurrence pour s’imposer comme partenaire privilégié des Occidentaux bien que les deux pays mènent la fronde contre l’hégémonie du dollar comme monnaie de réserve, Inde et Chine n’ont toujours pas résolu certains différends dans la fixation de leurs frontières. A contrario, Inde et Brésil ont été historiquement les leaders du mouvement des non-alignés. Malgré toutes ces différences, les BRIC ont tenu leur premier sommet officiel au lendemain de l’Organisation de coopération de Shanghai. Le talon d’Achille de l’Inde pourrait devenir sa force lui permettant de prendre la tête de la bande si elle parvient à allier croissance démographique et croissance économique durable, alors le dynamisme de sa population s’avérera un atout imparable. Celle-ci sera synonyme d’une taille de marché croissante qu’alimentera une forte demande intérieure et par conséquent, cela attirera les investissements directs étrangers et multipliera les joint-ventures souvent à l’origine du transfert de technologies. Mais aussi, comme sa main-d’œuvre sera moins vieille que celle des autres pays, sa jeune force de travail sera source de compétitivité. Conclusions Peu avant le soixante-troisième anniversaire de l’Inde en août 2009, Manmohan Singh s’est engagé au nom de son gouvernement à mettre tout en œuvre pour retourner à un rythme de croissance de 9% par an. Maintenir ce taux contrebalancera les rapides évolutions démographiques, atténuera les tensions entre États riches et pauvres, et permettra de mener une politique de redistribution efficace et de fournir un emploi aux dix millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Mais, Singh devra également s’attaquer à des problèmes plus fondamentaux. Selon le classement des pays effectués par le World Economic Forum, l’Inde qui se trouve à la quarante-neuvième place sur cent trente-trois ne parvient pas à décoller tandis que la Chine est passée de la trente-quatrième place il y a deux ans à la vingt-neuvième place. Si les scores enregistrés en matière d’environnement entrepreneurial et de marchés financiers sont plutôt honorables, ils révèlent quelles ont été les priorités des dernières années. À l’avenir, il faudra renforcer les infrastructures jugées défaillantes, l’administration inefficace, lutter contre le fléau de la corruption et prêter l’attention qu’ils méritent à la santé et à l’enseignement fondamental pour lesquels l’Inde se trouve en centième position. Si le gouvernement a pris des engagements allant dans la bonne direction, certaines intentions en apparence louables ne font que susciter un malaise. Le gouvernement veut éradiquer les bidonvilles en cinq ans en concrétisant un plan de construction de soixante-deux millions de maisons. Bien. Mais, l’objectif ultime est de revendre les terrains ainsi récupérés au secteur privé et les observateurs estiment que le plan quinquennal manquera sa cible [6]. Pour lutter contre la pauvreté, l’Inde devrait imiter la Chine qui a l’ambition de compléter son plan de relance par un vaste projet de mise en place d’un système de protection sociale. Une vraie révolution. Les pouvoirs publics doivent aussi veiller à mettre de l’ordre dans les secteurs d’activité largement désorganisés et où la loi de la jungle fait figure de norme sociale. On ne peut s’empêcher de conclure sans évoquer un aspect particulier de l’Inde sur la scène internationale. La posture de l’Inde dans les négociations sur les accords environnementaux qui prendront le relais du protocole de Kyoto en dira également long sur la volonté du pays de prendre sa part de responsabilité dans la conduite du monde. Aujourd’hui, l’Inde mène la fronde contre l’intégration des pays du Sud dans l’accord post-Kyoto car elle considère que le respect d’obligations en matière d’émissions de gaz à effet de serre entraverait son développement. Certes, on ne peut leur reprocher de croître et d’élever leur niveau de vie, mais d’autre part, vu la taille du pays 18% de la population mondiale en 2050, fermer les yeux sur la question climatique mènerait l’humanité tout entière dans une impasse. Ce pays, qui a pourtant été témoin et victime de la catastrophe de Bophal il y a vingt-cinq ans, est, une fois n’est pas coutume, au sommet d’un classement international celui qui répertorie les sites les plus dangereux car pollués huit villes indiennes se trouvent dans le top 25 ! Cela est révélateur de l’important travail de conscientisation de masse » auquel les Indiens ne pourront se soustraire et les pays les plus riches et en premier lieu l’Union européenne devront les y aider en leur proposant des alternatives attrayantes le principe de développement durable associant croissance économique, progrès social et sauvegarde de l’environnement et en acceptant de leur transférer des technologies qui les mettraient sur la voie de la transition vers une économie faible en carbone, le défi de la communauté internationale pour ce XXIe siècle. 1Il est généralement admis, dans les diverses sciences traitant des comportements collectifs complexes, qu’il existe des différences fondamentales entre le niveau de l’individu et celui du collectif Knorr, 1981 ; Calhoun et al., 2007. C’est pourquoi il semble logique de présumer qu’il existe deux niveaux d’analyse le niveau micro qui se concentre sur les individus et le niveau macro qui se concentre sur le collectif. Cette distinction est à l’origine de la formulation de presque toutes les questions soulevées par la théorie sociale visant à trouver la bonne voie qui mène d’un niveau à l’autre la recherche doit-elle partir du micro ou du macro ? Le niveau macro est-il un simple agrégat ou une nouvelle entité sui generis ? Comment certaines caractéristiques du niveau macro émergent-elles des interactions du niveau micro Boudon, 1981 ? Peut-on rapprocher » ces deux niveaux par une autre théorie qui les engloberait Bourdieu, 1972 ; Giddens, 1984 ? Peut-on imaginer un niveau intermédiaire ? Et ainsi de suite. Cette série de questions ne se limite pas aux théories sociales traitant de l’être humain, mais peut se rapporter à tous les ensembles d’organismes vivants non humains nuées d’oiseaux, essaims d’insectes sociaux en particulier, Axelrod, 1984 ; Moussaid et al., 2009, ainsi qu’à la notion même d’organisme quelle est la relation entre les cellules et le corps ? Dawkins, 1982 ? Ces mêmes questions ont été posées dans le cadre d’un grand nombre de phénomènes comme les processus mentaux Minsky, 1988 ou les entités artificielles vivant in silico les modèles multi-agents, par exemple Epstein et Axtell, 1996 [1]. 2Bien que cette division en niveaux ait joué un rôle considérable dans la structuration de nombreux programmes de recherche en sciences naturelles et sociales, elle a également occulté le phénomène central que ces sciences visaient à expliquer comment suivre des associations plus fortes, plus vastes et plus durables ? En partant du postulat qu’il existe deux niveaux, ces sciences ont résolu trop rapidement les questions qu’elles auraient dû laisser ouvertes à l’étude. Qu’est-ce qu’un élément ? Qu’est ce qu’un ensemble ? Y a-t-il vraiment une différence entre les deux ? Qu’entend-on par entité collective durable ? 3Dans cet article, nous étudierons comment les traces numériques laissées par les acteurs dans les bases de données nouvellement disponibles pourraient modifier la nature même de ces questions sur l’origine de l’organisation sociale. Notre objectif est de tester une théorie sociale alternative développée par Gabriel Tarde 1843-1904 à l’aube de la sociologie et qui n’a jamais eu la chance de se développer en raison du manque d’outils empiriques adéquats Tarde, 1903 ; Clark, 2011 [1969] ; Milet, 1970 ; Candea, 2010. Au lieu de commencer par se dire que la question vraiment essentielle est de trouver comment les décisions individuelles contribuent aux actes collectifs », nous souhaitons suivre la suggestion de Tarde et ne pas poser cette question afin de nous concentrer sur un sujet différent peut-on définir ce qu’est un ordre social durable sans présumer qu’il existe deux niveaux Latour, 2006 ? Pour souligner le contraste, nous allons prétendre qu’il y a davantage de complexité dans l’élément que dans l’ensemble, ou, pour être un peu plus provocant, que le tout est toujours plus petit que ses parties ». Nous appelons ce postulat l’approche par un niveau » A-1 par opposition à l’approche par deux niveaux » A-2. 4Un tel postulat n’est intéressant que s’il crée une différence empirique dans le traitement des données. C’est pourquoi nous tenterons de démontrer deux points Certaines nouvelles techniques numériques, et surtout certains outils offerts par l’analyse des réseaux, permettraient de suivre et visualiser le phénomène social d’une façon qui rend l’approche A-1 un peu plus logique que l’ il est possible d’expliquer les caractéristiques plus durables de l’ordre social en apprenant à naviguer au travers de monades » entrecroisées au lieu d’alterner entre les deux niveaux de l’individuel et du collectif. Notons que, par la suite, l’adjectif social » ne se référera pas aux seuls acteurs humains, mais sera étendu à toutes les entités traitées conjointement. Pour démontrer notre raisonnement, nous procéderons de la manière suivante nous commencerons par utiliser la notion de profil pour donner une idée générale de notre analyse section 1 ; ensuite, nous expliquerons en quoi notre approche est différente de l’idée de structures produites par l’interaction entre acteurs réduits à leur taille atomique section 2 ; et enfin comment la notion de structure devrait céder la place à celle de circulation d’ensembles conçus différemment section 3. Les dernières sections offrent une description visuelle de l’ ensemble » qui s’avère bien plus petit que ses constituants section 4 et suggèrent une approche à la navigation à travers les données, différente de celle associée à l’idée de modélisation section 5.Comment les profils numériques modifient les relations élément/ensemble5L’essentiel de notre analyse s’appuie sur la manière dont les profils désormais disponibles sur de nombreuses plates-formes numériques modifient la définition même de ce que sont les individus – et, à partir de là, comment nous devrions traiter les ensembles. En surfant sur des plates-formes telles que Flickr™, ou MySpace™, nous avons tous fait l’expérience de naviguer d’un page html à l’autre, passant des individus aux groupes, sans jamais rencontrer rien que ne ressemble à un saut de niveau. C’est cette expérience, si typique du Web que nous voulons utiliser comme base pour repenser la théorie sociale, car, grâce à elle, la navigation A-1 est devenue une expérience commune qui pourrait se résumer en une phrase pour identifier un acteur, il faut déployer son réseau. 6Prenons un exemple simple. Nous avons tous préparé un jour un rendez-vous en cherchant sur Internet le nom de la personne que nous allions bientôt rencontrer. Si, par exemple, nous cherchons sur Internet le curriculum vitae d’un chercheur dont nous n’avons jamais entendu parler, nous obtiendrons une liste d’éléments vagues au premier abord. Disons que nous venons d’apprendre qu’ Hervé C. » est maintenant professeur d’économie à Sciences Po ». Au début de la recherche, ce n’est rien de plus qu’un nom propre. Puis, nous découvrons qu’il a un doctorat de Penn University », qu’il a écrit sur les comportements de vote parmi les actionnaires d’entreprise », qu’il a démontré un théorème sur l’irrationalité de l’agrégation », etc. Si nous parcourons la liste des caractéristiques, la définition s’étendra jusqu’à ce que, paradoxalement, elle précise de mieux en mieux de qui il s’agit. Très vite, comme dans le jeu du portrait, nous allons zoomer sur un nom et un seul, pour atteindre le résultat unique Hervé C. ». Qui est cet acteur ? Réponse ce réseau. Ce qui n’était d’abord qu’une chaîne de mots sans signification, sans contenu, un simple point, possède désormais un contenu, c’est-à-dire un réseau que résume un seul nom propre parfaitement spécifié. Cette série de caractères – le réseau – peut maintenant s’entendre comme une enveloppe – l’acteur – qui renferme son contenu en une formule abrégée. 7Dans l’exemple, une entité est simplement définie par la liste non exhaustive des données qui lui sont attachées. Pour utiliser la terminologie de la théorie de l’Acteur-Réseau, un acteur est défini par son réseau Law et Hassard, 1999. Ce réseau ne constitue pas un second niveau ajouté à celui de l’individu, mais est exactement le même niveau, déployé différemment. En passant de l’acteur à son réseau, nous restons au sein de A-1 Law, 2004.Figure 1Détail du profil » du mot clé self-organisation »Détail du profil » du mot clé self-organisation »Note Le réseau de la figure 1 a été dessiné en prenant comme nœuds tous les mots clés, les auteurs, les références et les adresses des articles qui utilisent le mot clé self-organisation » sur le Web of Science© entre 2006 et 2010. La taille des nœuds et des étiquettes est proportionnelle au nombre d’articles dans lesquels un auteur, une institution, une référence ou un mot clé lien entre deux nœuds est créé chaque fois que les deux entités apparaissent dans le même article. Les liens sont pondérés en fonction de la fréquence de la co-occurrence entre les positionner les nœuds dans l’espace, nous avons utilisé l’algorithme ForceAtlas 2 Jacomy, 2011 implémenté dans le logiciel Gephi Cet algorithme assigne une force de répulsion aux nœuds et une force d’attraction aux liens pour obtenir une situation d’équilibre dans laquelle les nœuds fortement liés tendent à apparaître proches les uns des autres. Le nœud correspondant à self-organisation » a été effacé par souci de lisibilité par définition il était connecté à tous les nœuds du graphique.Toutes les images sont disponibles en haute définition sur fait de se déplacer facilement d’un profil à un autre indique déjà clairement que les théories sociales partant des deux approches A-1 et A-2 ne se rapportent pas à différents domaines de la réalité, mais à différentes manières de naviguer parmi les données Franzosi, 2004 ; Michel et al., 2011. Spécifique » et général », individu » et collectif », acteur » et système » ne constituent pas des réalités substantielles mais des termes provisoires qui dépendent plutôt de la facilité avec laquelle nous naviguons entre les profils et parvenons à les englober par un nom propre. Plus la navigation est difficile, plus sera grande la tentation de les traiter selon l’approche par deux niveaux A-2. Tant qu’il est difficile d’accéder à la liste de tous les articles d’une sous-catégorie telle que votes de la super-majorité », on est tenté de la définir comme un ensemble » dont l’individu professeur nommé Hervé C. » ne serait qu’un membre » – c’est justement ce que fait la notion de paradigme scientifique » au sens de Thomas Kuhn voir ci-dessous. Même chose s’il n’existe pas de bon site internet listant tous les universitaires de l’université appelée Sciences Po ». Dans ce cas, on sera tenté de dire qu’il existe une entité définie de manière générale – une personne morale », par exemple – dont le nom propre est Sciences Po », qui existe dans une indépendance relative par rapport à tous les acteurs qui définissent le contenu de son enveloppe. C’est là qu’entre en scène l’analyse des deux niveaux un pour les composants, un autre pour l’ensemble. La tentation sera dès lors irrésistible de regarder le niveau dit de la structure » pour définir des caractéristiques générales, et le niveau des individus si l’on veut étudier ce qu’ils ont de particulier. Et pourtant, cette distribution des rôles entre niveaux n’est que l’effet du type de technologie utilisée pour naviguer à travers les 2Exemple typique d’interface numérique montrant un mélange de données agrégées et distinctsExemple typique d’interface numérique montrant un mélange de données agrégées et distinctsNote La figure 2 montre un exemple typique de navigation dans un paysage de données complexe. La capture d’écran montre les données agrégées en haut, les statistiques à droite et les blogs individuels en bas à gauche, avec les mots surlignés l’exemple provient de la plate-forme Linkscape© par Linkfluence©. Ce type de superposition, en rendant visuellement cohérentes les deux extrémités de tant de théories sociales, aide à reconsidérer l’idée tardienne selon laquelle micro et macro constituent un artéfact de la manière dont les données sont les images sont disponibles en haute définition sur meilleure preuve que ces deux niveaux ne correspondent à aucun véritable domaine ontologique est qu’ils commencent à disparaître, pour être littéralement redistribués chaque fois qu’on modifie ou qu’on améliore la qualité d’accès aux fichiers de données, permettant ainsi à l’observateur de définir n’importe quel acteur par son réseau et vice versa. C’est exactement ce que subissent les notions mêmes d’ individu » et d’ ensemble », grâce à la remarquable extension des outils numériques. L’expérience de plus en plus commune aujourd’hui de naviguer d’un élément à un ensemble peut pousser les chercheurs à accorder moins d’importance à ces deux extrémités provisoires. Au lieu de devoir choisir, et donc sauter de l’élément à l’ensemble, du niveau micro au niveau macro, on occupe toutes sortes d’autres positions, en réorganisant constamment la manière dont les profils sont interconnectés et entrecroisés. Ce phénomène est bien connu non seulement par la théorie de l’acteur-réseau, mais aussi par les chercheurs travaillant sur l’analyse de réseaux White, 2008. Évidemment, nous ne prétendons pas que les profils numériques seraient si complets et si rapidement accessibles qu’ils auraient déjà dissous les deux niveaux, mais seulement qu’ils les ont suffisamment redistribués pour montrer que l’analyse par niveaux n’est pas le seul moyen de traiter la navigation dans les données. 10Pour résumer cette première section, nous affirmerons que si nous avons pris l’habitude de traiter différemment une entité et son contexte, c’est seulement par manque d’accès à la liste de ses propriétés. Au minimum, les profils numériques disponibles posent à la théorie sociale de nouvelles questions qui ne peuvent pas être abordées dans le cadre d’une opposition entre l’approche par l’élément et celle par l’ isoler des monades » entrecroisées11Après avoir donné un avant-goût de notre analyse, passons à ses aspects plus opératoires et techniques. Dans l’approche par deux niveaux A-2, la procédure la plus courante pour distinguer les macrostructures des microrelations consiste à établir un premier niveau d’entités distinctes, puis à leur donner quelques règles d’interaction et d’observer enfin si la dynamique de ces interactions permet de voir apparaître un second niveau, celui du collectif. Ce second niveau aurait généré suffisamment de nouvelles propriétés pour mériter le titre de structure, c’est-à-dire une autre entité pour laquelle il serait possible de dire qu’elle est plus que la somme de ses composants ». C’est le cas dans la plupart des modèles de comportements collectifs, qu’il s’agisse d’atomes, de gaz, de molécules, d’insectes, d’essaims, de marchés, de foules, d’États, de vie artificielle, etc. voir Moussaid et al., 2009, par exemple. La force explicative et la simple beauté de ces modèles sont liées à un tel minimax obtenir la structure la plus durable et la plus solide à partir de l’ensemble de règles le plus petit possible. 12Il faut souligner ici que, depuis le dix-septième siècle, ce modèle a toujours été établi par contraste avec un autre modèle, apparemment totalement opposé, qui met, quant à lui, au début une entité sui generis – par exemple un corps, un organe, un super-organisme, une fourmilière, une ruche, une société, un État, etc. – afin, ensuite, d’en définir les composants » distincts selon leurs rôles » et leurs fonctions ». Cette alternative est souvent appelée holiste » ou organiciste » Weick, 1995. Bien que les deux visions diffèrent généralement dans les conséquences politiques que l’on peut en tirer Hirshmann, 1980, elles ne sont pour nous que deux façons différentes de traiter le phénomène social par le biais de la même approche A-2. Les deux approches reposent sur des techniques de collecte de données quasi identiques. Leur principale différence réside dans l’ordre chronologique par lequel elles listent les deux concepts du micro au macro pour la première, du macro au micro pour la seconde. Ce que la seconde prend comme point de départ, la première le prend comme but final. 13Prenons le premier cas comme point de départ, puisque c’est le plus fréquemment utilisé de nos jours. Pour définir le premier niveau, le concepteur du modèle doit imaginer des entités indivisibles, distinctes et dotées d’aussi peu de caractéristiques que possible ; ensuite, il conçoit des règles d’interaction entre ces entités atomiques – toujours, aussi simples que possible ; puis, il observe comment ces interactions, après nombre de fluctuations, se stabilisent suffisamment pour mériter le nom de structure ; et enfin, il vérifie si cette structure est suffisamment solide pour remplacer le tout » que leurs adversaires – les théoriciens holistiques ou organicistes – prétendent antérieurs ou supérieurs aux parties » Wilson, 1975. 14Ces stratégies de recherches sont utilisées, par exemple, par les éthologistes pour reproduire la géométrie hautement complexe de la fourmilière avec seulement quelques règles d’interaction entre des fourmis aveugles et considérées comme des acteurs interchangeables dans le but de prouver qu’une fourmilière n’est pas un super-organisme Pasteels et Deneubourg, 1987 ; Moussaid et al., 2009 ; Kuong et al., 2011. Cette stratégie mène également aux fascinants modèles de marchés où, sans le coup de pouce de la main invisible », la simple interaction entre des individus égoïstes, mais calculateurs, aboutit à une répartition des ressources plus équitable que celle qu’un État aurait pu générer. C’est aussi le cas des gènes égoïstes » coordonnant des parties du corps pour un résultat qu’aucun organe supérieur à une cellule n’aurait pu dicter Kupiec et Sonigo, 2000. Cela arrive également lorsque des sociologues cartographient les schémas de ségrégation d’une ville à l’aide des deux seules règles d’attraction et répulsion entre individus voisins Schelling, 1971 ; Grauwin et al., 2009. 15Cette approche A-2 permet de reproduire et de prévoir la dynamique de certains phénomènes collectifs dans lesquels le comportement des individus peut être décrit de manière satisfaisante à partir de quelques règles et paramètres simples. Prenons pour exemple le public d’un stade faisant la Ola ! ». Cette vague humaine peut être expliquée en caractérisant les réactions des individus par trois états enthousiaste, actif et passif Farkas, 2002. En calculant les probabilités de transition entre ces états, les scientifiques peuvent prédire la taille, la forme, la vitesse et la stabilité de la Ola ! » naissante. Ils pourraient même prédire la manifestation d’une telle vague en fonction du nombre d’initiateurs pour déclencher une Ola ! », il faut une masse critique d’initiateurs. Lorsqu’une poignée de paramètres suffit à stimuler la dynamique d’un système, on peut décrire les individus comme des atomes Barabasi, 2003 ; Cho, 2009. Cette approche s’est avérée utile pour comprendre les caractéristiques de files d’attente, d’embouteillages, de mouvements de foule, etc. 16Mais les humains ne passent pas leur temps dans des files d’attente, des embouteillages ou des mouvements de foule ! Il serait dommage de limiter la portée de la quantification de la théorie sociale à ces quelques comportements. Le problème de l’approche atomiste » est qu’elle se révèle incapable de comprendre les dynamiques collectives plus complexes. Plusieurs causes ont été avancées pour expliquer ce problème par exemple que le comportement humain ne peut généralement pas être prédit par des règles qui seraient indépendantes du contexte, règles qui sont néanmoins nécessaires à l’écriture d’un algorithme Flyvjberg, 2001. Cependant, la véritable explication, selon nous, est que l’approche A-2 part d’une vision trop restreinte du social pourquoi présumer qu’il existe d’abord des agents simples, puis des interactions, puis une structure complexe – ou le contraire ? Pourquoi distinguer des instants successifs – dans quelque ordre que ce soit ? 17Une telle segmentation est particulièrement étrange quand il devient si facile de collecter beaucoup d’informations sur chaque entité distincte prise dans ses connexions avec d’autres afin d’en extraire le profil élargi. Si la complexité des éléments distincts peut être étudiée et traitée, pourquoi serait-il nécessaire de dépouiller d’abord ces éléments de toutes leurs caractéristiques ? Pourquoi les modèles devraient-ils fonctionner de manière classique en ajoutant des règles d’interactions simples entre des atomes maintenant dépossédés du réseau de propriétés qu’ils possédaient auparavant ? Et pourquoi la complexité devrait-elle être le résultat d’un ensemble calculé, alors qu’elle était là dès le départ ? Ce qui apparaissait comme du bon sens avec une certaine technologie de collecte de données pourrait cesser de l’être maintenant que les profils sont si facilement accessibles. 18Dans l’approche A-1, en revanche, les éléments ne peuvent être considérés, au sens strict, comme interagissant les uns avec les autres ils sont l’un et l’autre à la fois, ou, mieux, ils se possèdent l’un l’autre, puisque chaque entrée de la liste qui caractérise une entité peut aussi être une entrée de la liste caractérisant une autre entité Tarde, 1903, 1999 [1895]. En d’autres termes, l’association n’intervient pas après que des entités ont été définies par quelques propriétés, mais constitue ce qui caractérise les entités en premier lieu Dewey, 2010. On peut même prétendre que la notion d’ interaction » en tant que rencontre entre éléments distincts est la conséquence du fait que l’on possède des informations limitées sur les attributs qui définissent ces éléments Latour, 2010. 19Mais existe-il une alternative à la logique qui différencie atomes, interactions et ensembles comme des séquences successives, quels qu’en soient l’ordre et la chronologie ? Une alternative qui n’obligerait pas l’observateur à passer du niveau micro au niveau macro comme l’exige l’approche A-2, mais qui resterait, comme le réclame la théorie de l’acteur réseau, totalement plane » ? 20Il nous semble que l’alternative à la structure atome-interaction serait ce que Gabriel Tarde appelait, en référence à Leibniz, une monade » Tarde, 1999 [1895]. Une monade n’est pas une partie de l’ensemble, mais un point de vue sur toutes les autres entités prises conjointement et non pas saisies à la façon d’une totalité. Bien que les historiens de la philosophie débattent encore de ce qu’est une monade pour Leibniz et ce qu’a vraiment voulu dire Tarde Milet, 1970 ; Candea, 2010, nous prétendons que cette notion quelque peu exotique pourrait être rendue pleinement opérationnelle par la navigation à travers les profils numériques que nous venons d’esquisser. 21Notre argument repose sur la pratique d’un lent apprentissage de ce qu’ est » une entité quand on ajoute de plus en plus d’éléments à son profil. Au début, l’entité n’est qu’un point dans notre exemple, elle n’est qu’un nom propre Hervé C. », une entrée sur laquelle on clique sur l’écran d’un ordinateur puis elle se remplit » avec de plus en plus d’éléments qui la précisent jusqu’à ce que l’observateur considère qu’il en sait suffisamment et qu’il commence à associer le nom propre de l’entité à la liste tout entière. Que s’est-il passé ? Nous avons défini une monade, c’est-à-dire un point de vue très spécifique – telle ou telle entité – à partir de toutes les autres entités présentes dans l’ensemble de données. Le principe de cette navigation est qu’elle ne commence pas avec des éléments interchangeables – comme avec l’approche A-2 – mais individualise une entité en déployant ses caractéristiques. Plus la liste des éléments s’accroît, plus le point de vue sur cette monade particulière se précise. Il commence par un point, et il se termine pour l’instant en monade, avec un intérieur englobé par une enveloppe. Si l’on devait poursuivre la recherche indéfiniment, le monde entier », comme disait Leibniz, serait saisi » ou reflété » par ce point de vue idiosyncratique. 22Comme nous l’avons vu, l’intérêt crucial de cette notion de monade – si on met de côté sa métaphysique exotique – est qu’elle est pleinement réversible, un aspect qu’il était impossible de mettre en œuvre avant l’accès aux médias numériques. Chacun des éléments utilisés pour définir l’entité est lui-même modifié en devenant un élément de cette entité. Dans notre exemple, bien qu’être professeur à Sciences Po » définisse qui est Hervé C. », lorsqu’on passe en quelques clics à Sciences Po » nous réalisons que cela est devenu un corps académique légèrement différent maintenant qu’il est capable d’attirer un mathématicien » et un économiste réputé de l’étranger » comme doyen des affaires académiques ». Sciences Po » aussi a été individualisée et elle ne peut en aucune façon être prise pour un élément du contexte » à l’intérieur duquel Hervé C. » devrait être situé ». En d’autres termes, selon la façon dont on navigue sur son profil, Sciences Po » est également une monade. 23Le côté rafraîchissant de cette nouvelle habitude de circuler est qu’on n’a jamais à identifier une entité comme partie d’un tout », puisqu’il n’y a pas de tout. En effet, dans l’approche A-1, il n’y a, au sens strict du terme, aucun atome isolé les profils sont totalement déployés au travers de leurs attributs, ni aucun tout chaque tout est la liste des acteurs qui le composent. L’expérience de naviguer parmi les profils disponibles sur des plates-formes numériques est telle que, lorsqu’on passe d’une entité – la substance – à son réseau – ses attributs –, on ne passe pas du particulier au général, mais du particulier à d’autres particuliers. 24En d’autres termes, tant la notion de contexte » que celle d’ élément » peuvent être considérées comme des artefacts dus à l’usage de certains outils de navigation Hagerstrand, 1953 ; Garfinkel, 2002 ; Latour, 2006. Élargissez la liste des entrées, facilitez la navigation, visualisez correctement l’ intérieur » de chaque monade et vous pourriez bien ne pas avoir besoin du tout du schéma structure-atome-interaction ou de la répartition entre acteurs et système. Vous passerez de monades en monades, sans jamais quitter le niveau des particuliers et pourtant, vous ne rencontrerez pas le moindre élément de taille atomique, sauf au premier clic, lorsque vous commencerez vos recherches sur un élément et n’obtiendrez qu’un point vide. 25À présent, notre hypothèse de travail devrait être plus claire il doit être possible de passer d’un particulier à un autre en obtenant en chemin des ensembles partiels et sans jamais recourir à aucun des trois concepts qui composent l’approche A-2 il n’existe pas d’élément distinct ; ils n’interagissent pas ; il n’y a pas de tout supérieur aux parties. Une conclusion aussi radicale s’explique en partie par la nouvelle disponibilité de données qui permettent aux entités d’être distinguées par la liste non exhaustive des attributs qui les composent. C’est ce qu’on veut dire par une monade, un point de vue, ou, plus exactement, un genre de navigation qui compose une entité au travers d’autres entités et, par ce biais, les singularise toutes successivement – toutes » étant une liste ouverte dont la taille et la précision dépendent de recherches complémentaires et jamais de l’irruption soudaine d’un niveau supérieur. 26En d’autres termes, les données peuvent être traitées par deux procédures de navigation opposées une qui repose sur une série de sauts de l’atome à l’interaction puis à la structure – et vice versa, et l’autre qui repose sur le principe monadologique. Introduit dans la théorie sociale par Tarde par le biais de moyens littéraires, puis abandonné en raison du manque de moyens empiriques pour la mettre en œuvre, ce principe pourrait connaître une seconde vie grâce aux nouvelles techniques de navigation et de visualisation numériques disponibles Candea, 2010. 27Pour résumer cette deuxième section, il est important de souligner que nous sommes parfaitement conscients qu’une telle définition reste très tributaire de la qualité et de la quantité d’informations ainsi que des techniques de visualisation à notre disposition. Souvenons-nous que notre analyse est strictement limitée au processus de recherches dans les bases de données numériques et que nous ne tenons pas compte de la manière dont ces éléments sont collectés dans la vraie vie ». Nous admettons qu’identifier des monades ne sera pas toujours faisable. Pour la plupart des entités, le profilage sera impossible pour un certain nombre de raisons nos techniques d’observation sont trop rudimentaires pour suivre chaque entité individuellement – c’est souvent le cas avec les fourmis d’une fourmilière, les cellules d’un organe, des acteurs humais dans un sondage de grande échelle ;les entités sont vraiment interchangeables puisqu’il n’y a aucun moyen, même avec les outils de suivi les plus sophistiqués, de les différencier entre elles – ce sera le cas d’atomes dans un gaz Jensen, 2001 ;même s’il était possible de les différencier, la plupart de ces informations devraient être effacées ou gardées secrètes pour des raisons d’éthique – c’est généralement le cas des appels téléphoniques, réseaux sociaux, fichiers médicaux, etc. ;bien qu’elles se revendiquent transparentes et égalitaires, la plupart des bases de données actuelles sont pleines d’inégalités de statuts et la plupart dépendent de définitions plutôt grossières du monde affirmons simplement que chaque fois qu’il est possible de recourir aux profils, le principe monadologique se révélera fructueux. La raison pour laquelle nous insistons tant sur cet aspect est qu’il suit un autre des raisonnements de Tarde qui stipule que l’approche A-1 n’a pas du tout à être limitée aux acteurs humains. Chaque fois qu’un chercheur a réussi, par le biais d’une stratégie de recherche habile, à isoler des profils particuliers d’agents – babouins Strum et Fedigan, 2000, bactéries Stewart et al., 2004, publications scientifiques Chavalarias et Cointet 2006, réseaux sociaux White, 2008, corporations Stark et Vedres 2006, pour citer quelques exemples qui ont fourni des résultats remarquables – la portée de l’approche A-2 s’est considérablement affaiblie. Ainsi, les premiers primatologues considéraient les babouins comme vivant à l’intérieur » d’une structure sociale très rigide dominée exclusivement par les mâles, jusqu’à ce que des techniques plus avancées d’individualisation permettent de cartographier la contribution de tous les individus superposés, révélant les qualités sociales remarquables des femelles babouins Strum, 1995. C’est la raison pour laquelle nous sommes convaincus que la procédure de navigation A-1 apportera une alternative utile dans la collecte et l’organisation de bases de passer du méta-répartiteur »28Après avoir montré comment la notion de monade peut modifier la distribution des rôles entre éléments de taille atomique et interactions, nous devons étudier comment elle peut se substituer à la notion de structure – que cette dernière apparaisse avant les interactions comme dans les théories holistes, ou à la fin, comme dans les théories individualistes. Avons-nous vraiment besoin de ce niveau pour comprendre le comportement collectif maintenant qu’il est devenu plus simple d’accéder à des profils élargis et superposés ? 29Le problème vient du point de départ utilisé dans l’approche A-2 pour formuler cette question. Dans sa version la plus classique, elle repose sur la présomption que les comportements collectifs sont déterminés à partir d’un point central qui demeure une constante, quel que soit le nom qu’on lui donne au fil de l’histoire intellectuelle providence, super-organisme, État, organe politique, sélection naturelle, etc. Pour rester neutre, on l’appellera un méta-répartiteur. Cette idée est si profondément ancrée que même ceux qui contestent son existence ne peuvent s’empêcher de la prendre comme point de départ. C’est parce qu’ils se sentent obligés de discuter l’existence de ce méta-répartiteur que nombre de scientifiques, lorsqu’ils élaborent leurs modèles, définissent la question de la manière suivante comment se fait-il que les individus puissent créer un ordre sans l’existence d’aucun répartiteur ? » 30Par exemple, comment les fourmis, sans aucun super-organisme et en l’absence de planification centralisée du type esprit de la fourmilière », sont-elles néanmoins capables de construire des nids aussi fonctionnels Wilson, 1971 ; Kuong et al., 2011 ; comment le public d’un stade peut-il si bien coordonner les mouvements d’une Ola ! » sans aucun élément centralisateur donnant le signal ou des instructions pour lancer le processus de la vague Farkas, 2002 ; comment un vol d’oiseaux, les éléments égoïstes et calculateurs d’un marché, et ainsi de suite, peuvent-ils faire preuve d’ordre sans qu’un ordre soit donné ? La fourmi ne voit pas la globalité du nid ; le fan de football ne contrôle pas le mouvement de la Ola ! » ; aucun oiseau n’a de vision du vol tout entier, aucun gène n’anticipe le phénotype qu’il finit par produire, aucun agent économique n’entrevoit la globalité du marché, etc. Et pourtant, les gens semblent s’étonner qu’au final, il existe des structures et des ordres. D’où l’objectif annoncé des théories sociales de comprendre qu’un tel exploit soit possible en l’absence » de répartiteur central. Dans tous ces programmes de recherches, l’approche A-2 distingue d’un côté un méta-répartiteur qui pourrait en théorie » obtenir le même résultat mais qui est dans les faits absent et, d’un autre coté, la surprenante capacité de chaque élément de taille atomique à obéir » à l’ordre d’un maître inexistant. N’est-ce pas quasiment un miracle ? C’en est un en effet… 31Quoique cette approche semble de bon sens, nous pensons que c’est elle qui a acculé de nombreux programmes de recherches dans une impasse. Elle implique en effet que la structure émergeant des interactions entre les éléments atomiques devrait, au final, imiter ce que le répartiteur absent était censé faire à savoir, créer des règles de comportement et donner des ordres aux éléments. Comme nous le verrons, cette définition place les analystes face à un dilemme, les contraignant simultanément à dire que la structure fait le même travail que le répartiteur mythique et pourtant que c’est totalement différent puisque le répartiteur n’existe pas ! Le résultat net et paradoxal est de rendre le paradigme qui fait passer du niveau micro au macro impossible à différencier de son prétendu opposant, qui va du macro au micro. S’il n’y a pas de répartiteur, pourquoi demander à une structure émergente qu’elle remplisse les mêmes fonctions que ce fantôme ? L’existence subliminale d’un méta-répartiteur – même lorsqu’il est dit ne pas exister – paralyse les théories sociales dans leur recherche du bon moyen de définir le phénomène clé du social. C’est le fantôme qui effraie la recherche, encore plus sûrement que le mythe d’un individu conçu comme un atome Tarde, 1999 [1895]. 32De la même façon que l’approche A-2 prend l’élément individuel pour un atome, et donc passe à côté du profil qui l’individualise comme nous avons vu dans la section 2, l’approche A-2 passe encore plus sûrement à côté de la définition de ce qu’est une totalité en définissant la structure comme l’équivalent fonctionnel du tout » absent. Si les monades ne sont pas des atomes, elles n’entrent pas » non plus dans » ou ne finissent pas par former » des structures. 33Cette analyse perd son apparence de radicalité lorsqu’on prend en compte, une fois de plus, l’expérience pratique consistant à naviguer dans les fichiers de données. Lorsqu’on dit, par exemple, que des fourmis, en interagissant, produisent involontairement une fourmilière sans » être elles-mêmes conscientes du plan d’ensemble », nous avons involontairement confondu deux points de vue différents celui de la fourmi et celui de l’éthologue. C’est ce qui explique la déconnexion quand on dit que les fourmis, par le biais de leurs interactions aveugles, engendrent » la structure émergente du nid. À proprement parler, elles n’engendrent rien de la sorte – l’information concernant le nid qu’elles construisent est juste une autre monade, un nid individualisé défini par les fourmis qui vivent à l’intérieur. Ce que nous appelons la structure émergente du nid » est une question qui concerne l’observateur humain mais pas les fourmis elles-mêmes. Alors qu’en se basant sur l’approche A-2, il semble qu’il existe une voie qui mène du premier niveau au second, cette voie n’est rien qu’une connexion virtuelle due au fantôme du répartiteur central et au fait que les scientifiques oublient qu’ils observent la situation à partir de deux points de vue sans aucun lien pratique entre eux les fourmis ne s’intéressent pas aux liens-atomiques-entre-fourmis-aveugles-mais-néanmoins-capables-de-résoudre-le-problème-de-l’ordre-social-global ». Si nous voulions tenir compte de leur expérience de la globalité, les fourmis devraient pouvoir s’intéresser à un phénomène entièrement différent de celui de l’objectif fantôme désigné par l’approche A-2 – là réside le grand intérêt du concept de la stigmergie » Theraulaz et Bonabeau, 1999. 34Il serait encore moins scientifique de demander aux fourmis de résoudre cette question anthropocentrique puisque celle-ci a peu de sens, même pour des humains Garfinkel, 2002 ! Les êtres humains devraient eux aussi pouvoir bénéficier d’une expérience différente de la totalité. Il en va pour les hommes comme pour les fourmis – ou toute autre entité pour qui, en fonction des profils numériques disponibles, le principe monadologique peut être appliqué. Aucune de ces entités ne tente de résoudre la question des structures émergentes, pas plus les fourmis que les autres. Toutes sont activement occupées à quelque chose de totalement différent puisque chaque monade, par définition, possède sa propre vision spécifique du tout ». Ce qui était une connexion fictive pour les fourmis l’est aussi pour les humains. 35Naviguer à travers les profils distincts implique que nous devons tenir compte d’autant de totalités qu’il y a d’entités, et que nous n’essayons pas de définir un lien entre des atomes aveugles et des structures émergentes. L’approche A-1 devrait livrer une expérience différente des totalités, exactement comme elle change la définition de ce qu’est un agent individuel. D’après nous, les techniques numériques rognent les deux extrémités de ce que les théories sociales considèrent comme leur ancrage indispensable, en donnant ainsi l’occasion d’illustrer d’autres visions de l’ordre social. Et pourtant, il est difficile de se défaire de l’impression que les éléments humains sont vraiment différents et devraient être traités différemment des autres entités. Ils sont en effet différents mais pas nécessairement pour la raison généralement avancée par ceux qui veulent appliquer les méthodes quantitatives des sciences naturelles aux sociétés humaines. Les êtres humains diffèrent car ils sont souvent eux-mêmes pourvus de nombreux instruments pour collecter, compiler, représenter ou même calculer le tout » dans lequel on dit qu’ils évoluent Desrosières, 1993. C’est l’aspect essentiel de l’ethnométhodologie Garfinkel, 2007. C’est un principe important des science studies ainsi que l’argument central de la théorie de l’acteur-réseau, selon lequel les instruments pratiques qui permettent à un acteur de voir la société tout entière » devraient être pris en compte pour toute expérience de l’ordre social Law, 2004 ; Latour, 2006. Ce vaste programme de recherches a été adopté en physique Galison, 2003, biologie Landeker, 2007, comptabilité Power, 1995, économie Callon, 1998, ainsi qu’en cartographie Jacob, 1992, géographie Glenny et Thrift, 2009 et même en sociologie Foucault, 1997. Chaque fois, il est possible de démontrer que les instruments fournissent une vision à la fois vaste et limitée de l’ensemble, que nous avons appelé, pour cette raison, oligoptique par opposition à panoptique Latour et Hermant, 1998. C’est là le type de stigmergie » pertinente pour les acteurs humains. 36L’existence de ces oligoptiques est typique des sociétés humaines et justifie que, lorsqu’on réfère aux associations entre humains, il soit pertinent de parler de totalités. Néanmoins, il faut prendre en compte de nombreux types de totalités » pour rendre compte de l’étrange obsession des monades humaines pour décrire leurs propres interactions et pour stabiliser, simplifier et standardiser leurs connexions entrecroisées voir section 5. Ceci a peu de rapport avec le fait de passer d’un niveau à un autre, comme suggéré par l’approche A-2. C’est une chose de dire que, contrairement aux agents humains, les fourmis ou oiseaux, cellules, atomes ne bénéficient pas de ces technologies intellectuelles » pour construire des ensembles partiels. C’en est une complètement différente de prétendre qu’il existe un second niveau, celui d’un tout » qui serait commun à la fois aux fourmis et aux hommes. Les deux arguments ne découlent pas du tout l’un de l’autre. 37Pour saisir ce qui n’en reste pas moins une véritable différence entre les sociétés d’humains et les autres surtout les collectifs ayant un fort développement scientifique et technique, disons que les monades sont mieux définies par une approche que nous appellerons A-1,5. Par cette expression nous voulons dire que a même si chaque monade possède sa propre version du tout, il existe une série d’instruments intellectuels et techniques pour favoriser le chevauchement de différentes définitions distinctes de cet ensemble, sans que ces diverses définitions parviennent à s’agréger suffisamment pour créer un second niveau qui les unifierait toutes et b que cela explique l’impression qu’il y a plus » dans les actions collectives que ce qui existe dans les atomes individuels. Cette expression d’une approche A-1,5 n’est qu’un moyen de rappeler au lecteur notre thèse générale les deux extrémités auxquelles tant de théories sociales se trouvent accrochées – l’acteur et le système – ont perdu une grande partie de leur solidité avec le principe monadologique qui procure une autre expérience de la navigation à travers les données numériques. 38La conclusion de cette troisième section est qu’une autre expérience d’ être à l’intérieur d’un tout » devrait être explorée, qu’elle a peu de rapport avec le fait d’ être la partie » au sein d’une structure », que celle-ci soit pensée sous la forme d’un super-organisme sui generis ou d’un niveau naviguer à travers le chevauchement des monades39Après avoir recouru aux outils numériques pour tester les définitions alternatives d’atome, interactions et structures proposés par Tarde, nous sommes mieux équipés pour voir si la notion de chevauchement des monades parvient à nous représenter les données de façon cohérente. Nous affirmons que la plupart des objections levées contre les approches A-1 et A-1,5 et particulièrement contre le retour imprévu de Tarde reposent sur un manque d’outils efficaces de visualisation. En leur absence, même s’il existe une alternative théorique à l’approche A-2, celle-ci continue à sembler la seule solution acceptable. Pour montrer qu’il est possible de s’en passer, nous allons recourir à l’exemple des paradigmes scientifiques. Leur étude bénéficie aujourd’hui d’un niveau de qualité et d’une masse d’informations sans égal dans d’autres domaines du comportement collectif puisque presque chaque mot écrit par chaque auteur dans chaque publication citée dans n’importe quel texte postérieur est accessible en quelques clics sous forme numérique Grauwin et al., 2009 ; Grauwin, 2011 ; Grauwin, 2012 ; Cointet, 2009. De plus, cet exemple a été au cœur de nombreuses études de sociologie des sciences Merton, 1973 et constitue l’exemple favori de Tarde… On pourrait même prétendre qu’avant l’avènement des outils numériques, la littérature scientifique était le seul domaine dans lequel la quantité et la qualité des informations était semblable à celle qui constitue aujourd’hui la norme pour toutes sortes de profils distincts – une idée féconde qui n’a pas échappé aux fondateurs de Google Brin et Page, 1998. 40Poursuivons notre navigation à travers les profils pour répondre à la question suivante Que signifie faire “partie” d’un paradigme P ? » Selon le principe monadologique, le point de départ a peu d’importance puisque, en partant de n’importe quelle entité, nous finirons par visiter la liste de tous ses attributs saisie à partir de son point de vue spécifique nous pouvons commencer par un scientifique, un papier, un mot clé, une institution ou une méthode expérimentale, selon notre envie. Commençons, par le cas de l’ auto-organisation » à partir des mots clés et des citations des articles de ce domaine Grauwin, 2011.Figure 3Mot clé self-organisation » en tant que tout » partielMot clé self-organisation » en tant que tout » partielNote Le mot clé self-organisation » en tant que tout » est le résultat de l’intersection d’éléments qui sont bien plus riches que le mot clé lui-même. Pour obtenir cette figure, nous avons employé la même procédure utilisée dans la figure 1, mais en nous limitant aux 18 articles publiés en 1991 et laissons de côté les références des articles. Pour souligner l’idée d’ intersection », les attributs des trois monades » articles sont montrés entourés d’une les images sont disponibles en haute définition sur problème, à présent, consiste à cartographier autant de touts » qu’il y a de parties, c’est-à-dire de monades. Au lieu de diviser le travail entre des atomes, puis des interactions enfin des structures, nous allons définir des intersections de monades à chaque fois que les attributs d’une liste se retrouvent dans la liste d’une autre entité figure 3. Au lieu de suivre la stratégie de recherches habituelle passer des interactions simples à des structures plus complexes », nous allons la prendre à contre-pied commencer avec des chevauchements complexes de monades et définir les quelques caractéristiques qu’elles partagent ». 42Il est vrai qu’en proposant une telle navigation nous nous éloignons du rêve de simulation et de prédiction pour explorer une nouvelle voie, celle de la description où la valeur ajoutée n’est plus le pouvoir de prédiction, mais le passage progressif des chevauchements confus à des mises au point successives d’ensembles provisoires. Au lieu d’essayer de simuler et prédire l’ordre social, nous préférons suivre les traces laissées par le mouvement des acteurs afin de produire une base de données suffisamment riche Grauwin, 2011. En d’autres termes, l’exploration de données n’est pas le résultat d’une pratique scientifique similaire à la simulation au lieu de se demander comment les structures globales émergent des interactions locales, nous nous proposons d’illustrer un outil de navigation qui guide l’attention de l’observateur depuis des chevauchements confus vers les quelques éléments qui voyagent d’une monade à l’autre, un peu à la manière des normes et des standards dans les systèmes techniques Gleenie et Thrift, 2009. 43Avant de se plaindre que tout ceci est trop déroutant, il convient de se rappeler combien il était déroutant, au début, de devoir définir une structure générale par exemple le paradigme de l’auto-organisation », pour ensuite montrer que la plupart des cas particuliers ne rentrent pas » dans cette structure générale. Thomas Kuhn, le premier à introduire la notion de paradigme, savait bien à quel point cette notion était branlante, et chaque scientifique sait combien il est difficile de définir précisément le domaine dans lequel il ou elle travaille. Est-il possible de rendre justice à une expérience aussi commune en passant de la prédiction et la simulation à la description et à l’exploration de données ? Notre approche suggère une manière de naviguer à travers les paysages des données d’un point de vue monadologique, ce qui permettrait de saisir la richesse des associations tout en restant fidèle à la complexité des acteurs. 44C’est là que la question de visualisation devient si cruciale peut-on concevoir un espace dans lequel des monades idiosyncratiques pourraient être projetées et qui révélerait ceux de leurs attributs qui se superposent sans crainte de perdre leurs spécificités ? Pour étudier cette possibilité, nous devons prendre en compte deux pratiques communes en matière d’exploitation des données. 45La première pratique consiste en ce geste souvent inconscient que nous faisons tous en encerclant une liste de caractéristiques une forme souvent appelée patate » ! et décidons de considérer tous ces éléments comme plus ou moins similaires » et pouvant partager le même nom peu importe ici que ce soit fait en observant simplement ces données en gros ou par le biais de calculs de correspondances extrêmement sophistiqués. Notre but est de pouvoir tracer un tel cercle sans quitter l’approche A-1 puisque le tout n’est pas la structure à laquelle les éléments sont censés appartenir comme dans l’approche A-2 mais une autre monade tout aussi spécifique que celles qui la composent » voir la définition de Sciences Po » dans la section 1. Le fait de tracer un cercle n’est rien d’autre que la reconnaissance de la limite extérieure de la monade – dont l’enveloppe, ne l’oublions pas, est définie par la liste de tous ses attributs distinctifs – et non pas la délimitation du rôle » qu’elle jouerait » à l’intérieur » de la structure ». On pourrait aussi dire que dans une approche A-1, les limites des monades devraient être définies par l’extrémité provisoire de l’expansion de leur contenu, et non par l’ajout d’une catégorie venant d’ailleurs. 46La seconde expérience pratique consiste à noter que de nombreux mouvements peuvent désormais s’effectuer à l’ordinateur qu’il n’était pas possible de réaliser sur papier une caractéristique qui rend la rédaction d’articles sur le sujet très délicate !. La projection de monades qui s’entrecroisent cesse d’être aussi confuse s’il est possible de les faire apparaître successivement et de montrer comment chacune d’elles contribue au chevauchement voir le film qui s’y rapporte Comme nous l’avons dit plus haut, c’est cette nouvelle capacité de navigation qui a rendu les deux extrémités usuelles de l’agent individuel » et de la structure » moins pertinentes que la superposition d’acteurs-réseaux explorés en succession voir figure 3. 47Si nous prenons en compte l’expérience de la navigation numérique, qu’advient-il de la notion de tout » ? Lorsque nous surfons sur un écran, zoomant en avant ou en arrière, changeant les règles de projection, compilant et ventilant selon différentes variables, ce qui ressort est ce qui reste constant au travers des changements de perspectives Gibson, 1986. C’est là notre ensemble » au sens de l’approche A-1. Comme on s’y attendait, sa taille s’est considérablement réduite ! Au lieu d’être une structure plus complexe que ses composants distincts, elle est devenue un ensemble plus simple d’attributs dont la composition interne est en perpétuel changement. Le tout est désormais beaucoup plus petit que la somme de ses éléments. Faire partie d’un ensemble n’est plus pénétrer » à l’intérieur d’une entité supérieure ni obéir » à un méta-répartiteur que ce répartiteur soit une personne morale, une société sui generis, ou une structure émergente. Pour quelque monade que ce soit, c’est partager une part d’elle-même avec d’autres monades sans qu’aucune d’elles n’y perde son identité multiple. 48En résumé, nous nous trouvons face à deux idées contradictoires de ce qu’est l’analyse de phénomènes collectifs complexes. Dans l’approche A-2, il est possible de construire un modèle à condition de commencer par de simples atomes qui interagissent selon des règles simples, et de tester si une structure stable apparaît au final. Dans l’approche A-1, on commence, au contraire, par des acteurs-réseaux extrêmement complexes qui n’ interagissent » pas vraiment, mais qui se superposent plutôt l’un l’autre. Ensuite, on extrait de ces superpositions les attributs que certains partagent. Si les techniques de navigation que nous proposons fonctionnent – et c’est un très grand si » – nous serons parvenus à cartographier un phénomène collectif sans jamais tenir compte ni des composants individuels ni de la structure. Dans ce cas-là, nous aurons justifié le concept que Tarde ne pouvait démontrer du fait de l’absence de données numériques disponibles…Apprendre à visualiser des totalités partielles »49Que signifie suivre un phénomène collectif dans une procédure de navigation conforme à l’approche A-1 ? Quand un observateur transforme rapidement un point sur lequel il clique en une monade pleinement définie par la liste de ses attributs, il a déjà à faire avec un phénomène collectif mais pas au sens que le mot collectif possède dans l’approche A-2. L’observateur en effet collecte des articles successifs et les encercle dans ce qui est devenu le nom propre d’une monade spécifique. Dans ce cas, il a bien à faire avec un collectif de type A-1, ou mieux, à une activité de collecte cette activité, c’est cette monade qui regroupe, assemble, spécifie, saisie, englobe, enveloppe ces attributs d’une façon unique. 50Donc, alors que dans l’approche A-2, certains éléments sont destinés à jouer le rôle de parties » tandis que d’autres sont appelés des touts », dans l’approche A-1, nous ne tenons compte d’aucune différence de dimension entre les entités. Dans l’exemple ci-dessus, on peut suivre n’importe quel fil comme point de départ pour définir un paradigme un chercheur, un papier, une université, un concept ou un mot clé. Chacun d’eux est autant une partie » qu’un tout », c’est-à-dire une monade ou un acteur-réseau. En d’autres termes, chaque entité peut avoir son propre curriculum vitae, ou sa propre trajectoire au travers des attributs successifs. 51Le fait que, dans une approche A-1 toutes les entités ont le même statut ne signifie pas qu’elles soient identiques. Il est fréquent, lorsqu’on surfe à travers des fichiers de données, de rencontrer plus souvent certaines entités que d’autres. Par exemple, dans la section 1, nous avons dit que Sciences Po » entrait dans le profil ou le curriculum vitae d’ Hervé C. ». Selon nos données, cependant, nous voyons que cet attribut apparaît aussi dans les profils de Dominique B. » et Pierre-André R. », etc. Nous savons que cette répétition ne signifie pas que c’est une structure » dont ces trois chercheurs seraient simplement membres, même s’il est tentant de raccourcir cette liste en énonçant les faits de cette manière, et donc en retombant dans l’approche A-2. Ce que nous voulons, c’est demeurer tout au long dans les approches A-1 ou A-1,5. 52Pour comprendre pourquoi nous devons résister à la tentation de raccourcir les séries de répétitions en les traitant comme des structures émergentes, il faut considérer que chaque fois que Sciences-Po » apparaît dans le profil d’une autre monade, il est répété avec des variations. Comme nous l’avons dit dans la section 1, chaque fois qu’une entité est associée à une nouvelle monade, l’entité se distingue par le biais des associations précédentes regroupées par cette monade. Le Sciences Po » d’ Hervé C. » est autant modifiée par le fait d’être le Sciences Po t » de Dominique B. ». Par conséquent, nous avons à présent un nouveau fichier composé de la répétition des mêmes caractéristiques plus les variations qu’elles ont subies dans chacune des monades qui le composent. Un tel fichier est ce que les spécialistes des sciences sociales appellent une institution », une organisation », ou, plus simplement, un groupe ». 53Ce nouveau point doit être abordé avec de grandes précautions car, dans l’approche A-2, il a été confondu avec celui de la structure considéré comme une entité d’un niveau supérieur, apparue mystérieusement suite à des interactions au niveau inférieur. Émergeant à un autre niveau, les structures sont dites indépendantes des interactions qui les ont créées et pourtant capables de leur envoyer des ordres, de définir des fonctions, d’attribuer des rôles aux éléments » à la manière d’un méta-répartiteur. C’est cette confusion qui a créé l’idée d’une personne morale » dont les humains ne seraient que de simples membres » provisoires. Plus d’un discours émouvant a été prononcé par des responsables sur le contraste entre, par exemple, la structure durable » de l’université et le rapide renouvellement de ses occupants éphémères et passagers – une approche A-2 par excellence… 54Dans l’approche A-1, les institutions ne ressemblent en rien aux structures, elles sont juste une certaine trajectoire à travers les données, trajectoire qui débute à un point d’entrée différent de la base de données au lieu de demander quelles institutions apparaissent dans le profil d’un individu donné, nous demandons quels individus apparaissent dans le profil d’une institution. C’est la même matrice mais pas la même navigation les totalités » ne sont rien de plus que d’autres moyens de traiter les profils entrecroisés. C’est ce type de navigation auquel Tarde a donné le nom ambigu d’ imitation » et ce type de dissémination qu’il a appelé rayons imitatifs » Tarde, 1903 ; Sperber, 1996. Si nous avons raison, l’ imitation » pour lui n’est pas avant tout un phénomène psychologique, mais la prise de conscience que les monades partagent des caractéristiques modifiées par chaque partage, et dont le résultat est une liste composée du même » élément répété différemment Deleuze, 1968. 55Il n’y a donc pas de distinction notable, réelle, ontologique entre les concepts d’individus, de groupes ou d’institutions. La seule différence dans ce que nous appelons institutions est la monade qui revient le plus souvent dans la base de données – et sa détection est empirique dépendant entièrement de la qualité de la base de données. Dans l’exemple que nous avons utilisé au début de ce papier, la seule chose qui distingue Sciences Po » d’ Hervé C. » est le fait que la première pourrait apparaître plus fréquemment que le second… Si dans le fichier de données, un élément est cité plus souvent, alors c’est une organisation, c’est-à-dire ce qui est distribué au travers d’une multiplicité de monades sans être elle-même plus complexe qu’aucune d’elles – un peu à la manière d’une norme ou d’un standard. Si Hervé C. était cité plus souvent que son école, il serait cette institution… 56Si cette différence purement quantitative paraît trop radicale, c’est que nous tirons la très simple conséquence que tous les termes comme organisations » ou participants » comme tous les autres termes que nous avons utilisés dans ce papier – éléments », ensembles », individus », structure », membres », monades » – ne sont que des moyens de naviguer dans les données. Distinguer, collecter, regrouper, et coordonner sont autant de pistes laissées par les moteurs de recherche à travers les profils constitués d’attributs résumés par des noms servant de raccourcis. Comme Tarde l’a si remarquablement décrit, tous ces termes canoniques de la théorie sociale étant simplement l’enregistrement de différences quantitatives dans l’étendue relative des attributs Tarde, 1903 ; Latour, 2010. 57Cette définition de ce que c’est qu’un groupe ou une association pourrait résoudre un problème épineux qui a grandement empêché que l’on se concentre sur le principal phénomène du social – et pourrait aussi aider à visualiser l’approche A-1. Les théories venues de l’approche A-2 reposent souvent sur l’idée contradictoire que le niveau macro est composé d’entités virtuelles mais stables tandis que le niveau micro est composé d’entités réelles mais transitoires. Paradoxalement, on considère que le plus durable existe virtuellement, tandis que ce qui existe vraiment » semble temporaire… Ce type de définition étrange explique le mystère entourant les phénomènes collectifs, qu’il s’agisse des cellules d’un corps Riboli-Sasco, 2010, des fourmis d’une fourmilière ou d’acteurs d’une société Karsenti, 2006. 58Dans l’approche A-1, au contraire, il n’y a aucune ambiguïté concernant le fait que les profils qui durent sont composés d’attributs qui ne durent pas Debaise, 2008. Si ce processus paraît mystérieux, c’est seulement parce que nous nous trompons sur la différence qu’il s’agit expliquer nous croyons qu’il s’agit d’expliquer celle entre le virtuel et le réel, le macro et le micro, le général et le particulier, alors qu’il faut détecter la différence entre ce qui est transmis d’une monade à l’autre, d’une part, et, d’autre part, la légère transformation subie par ce qui est transmis. Si Sciences Po » perdure, ce n’est pas parce qu’elle est supérieure ni même différente des monades qui la composent. C’est parce qu’elle est répétée avec des variations d’une monade à l’autre suffisamment répétée pour être identifiée comme étant la même ; suffisamment variée pour être transposée plus loin dans le temps et l’espace. Loin d’exister à un niveau supérieur et virtuel, ce que nous appelons institutions », organisations » ou groupes » n’est que l’effort des monades pour rendre certaines de leurs caractéristiques suffisamment flexibles pour être traduites par de nombreuses autres monades, et en même temps s’avérer suffisamment stables pour être reconnues comme leurs transformations figure 4 a et b. Le travail nécessaire pour définir les frontières d’une entité et lui assigner un nom propre fait partie de cet effort, de même que le travail de préservation de la continuité de ces noms et de ces 4 a et bÉvolution progressive du tout » défini par le mot clé self-organisation » de 1990 à 2009Évolution progressive du tout » défini par le mot clé self-organisation » de 1990 à 2009Note a Pour chaque tranche de cinq ans, nous avons choisi les dix auteurs les plus productifs et les dix références et mots clés les plus utilisés. Les auteurs, mots clés ou références sont reliés à la tranche de cinq ans dans laquelle ils apparaissent. La figure montre que, bien que la plupart des entités auteurs, mots clés ou références changent avec le temps, chaque tranche hérite quelque chose de son prédécesseur. Par exemple, dans les années 1990, les scientifiques connectaient leur définition d’auto-assemblage à travers les neural networks », tandis que dans les années 2000, growth » et nanostructures » deviennent un lien plus opération est totalement réversible, comme montré dans la figure 4 b qui prend l’exemple de l’auteur J. M. Lehn un prix Nobel en chimie. En procédant exactement de la même manière que dans la figure 4 a, nous montrons que, tandis que J. M. Lehn reste lié au fil des années à Supramolecular Chemistry » et Complexes », ses collaborateurs ont changé. Il en va de même pour ses principaux centres d’intérêts, passant de Double Helix » et Ligands » dans les années 1990 à self-assembly » dans les années deux figures montrent aussi que la flèche du temps n’est pas forcément linéaire ce qui se traduirait dans une suite linéaire des cercles rouges, mais plutôt circulaire, car plusieurs éléments reviennent au fil des ans, produisant une attraction entre la première tranche de cinq ans et la les images sont disponibles en haute définition sur fois de plus, nous devons comprendre qu’encercler un ensemble de caractéristiques ne signifie pas qu’une structure prend le dessus, mais simplement que la limite de la monade a été atteinte et soulignée. À l’intérieur de ce cercle, tout pourrait changer avec le temps par exemple, le domaine de l’ auto-organisation » à l’instant zéro peut être constitué de mots clés, d’auteurs et des concepts A, B, C, puis, après quelques répliques, il pourrait se transformer pour inclure X, Y, et Z. Chaque article composant les profils successifs d’ auto-organisation » pourrait changer, de même que le nom ce que nous appelons aujourd’hui auto-organisation » était quelque chose d’entièrement différent il y a quelques décennies. Ce qui compte, c’est que le changement soit suffisamment progressif pour préserver la continuité. Tout peut changer, mais pas d’un seul coup. Nous ne devons pas avoir à dire et pourtant, c’est le même paradigme de l’auto-organisation » comme si, par ces changements, quelque chose, la structure, était resté identique même virtuellement. Nous devrions dire regardez, au contraire, comme il est différent ; mais grâce à la manière dont les participants ont imbriqué leurs définitions, chaque modification a hérité quelque chose de son prédécesseur au travers d’un canal qui peut être défini en cliquant sur le profil de ce participant ». Encore une fois, une navigation différente génère une définition différente de ce qui est collectif, c’est-à-dire une entité collectée. Au sens strict du terme, nous ne devrions plus parler de phénomènes collectifs par opposition à des phénomènes individuels, mais seulement d’autant de façons différentes de collecter des cet article, nous avons saisi l’occasion offerte par la soudaine prolifération de bases de données numériques pour revisiter l’ancienne théorie sociale proposée par Gabriel Tarde, avant que soient disponibles un grand nombre d’outils statistiques et avant le retranchement de bien des théories sociales dans l’approche A-2. C’est parce que ces bases de données répandent l’expérience de définir un acteur susceptible par le réseau de ses attributs qu’il existe une chance d’échapper à la distinction individu/structure. Les monades dissolvent le dilemme, et redéfinissent la notion de totalité en la resituant comme étant l’héritage réciproque des entités qui s’entrecroisent. 61Nous sommes bien conscients que ces bases de données sont pleines de défauts, qu’elles incarnent elles-mêmes une définition plutôt grossière de la société, qu’elles sont marquées par de fortes asymétries de pouvoir, et surtout, qu’elles ne caractérisent qu’un instant éphémère dans la traçabilité des liens sociaux. Nous sommes aussi douloureusement conscients des contraintes sévères de l’analyse des réseaux et des limites des outils de visualisation disponibles aujourd’hui. Mais il serait dommage de manquer cette occasion d’explorer une alternative aussi fondamentale qui pourrait ainsi attirer les sciences sociales sur le terrain empirique et quantitatif, sans renoncer pour autant à se focaliser sur les particularités. Notes [1] Cet article est une traduction modifiée de How Digital Navigation May Modify Social Theory » avec Pablo Jensen, Tommaso Venturini, Sebastian Grauwin et Dominique Boullier, British Journal of Sociology, 63, 4, 2012, pp. 591-615. Dans un univers commercial en pleine effervescence comme celui dans lequel nous vivons, il est plus important que jamais pour les importateurs de pouvoir compter sur le classement tarifaire de leurs marchandises importées et d’être en mesure de réagir rapidement en cas de conflit avec l’Agence des services frontaliers du Canada l’ASFC sur une question de classement, car une décision défavorable peut avoir une incidence importante sur la chaîne d’approvisionnement et la rentabilité des entreprises. On dit souvent que le classement tarifaire relève davantage de l’art que de la science. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les décisions récentes rendues dans l’affaire RBP Imports Inc c. Président de l’Agence des services frontaliers du Canada1. Dans cette affaire, RBP Imports Inc. RBP avait interjeté appel d’une révision effectuée par l’ASFC à la suite d’un audit. Les marchandises en cause étaient des composantes de garde-corps en aluminium emballées individuellement, notamment des traverses supérieures et inférieures, des poteaux, des piquets, des barrières, des équerres, des épars et des entretoises. Ces marchandises sont conçues pour être combinées et former des garde-corps qui sont fixés à des constructions résidentielles et commerciales par des entrepreneurs ou par les consommateurs sur le marché du bricolage. Les audits de classification de l’ASFC et leur incidence sur les obligations en matière de droits de douane RBP avait importé les marchandises en les classant sous la position no de l’Annexe du Tarif des douanes à titre de barres et profilés en aluminium ». Au cours d’un audit, l’ASFC a constaté que les marchandises avaient été mal classées et qu’elles auraient dû être importées selon la position no en tant que constructions et parties de constructions ponts et éléments de ponts, tours, pylônes, piliers, colonnes, charpentes, toitures, portes et fenêtres et leurs cadres, chambranles et seuils, balustrades, par exemple, en aluminium, à l’exception des constructions préfabriquées du no tôles, barres, profilés, tubes et similaires, en aluminium, préparés en vue de leur utilisation dans la construction ». Le code tarifaire utilisé par RBP pour importer les marchandises était NPF et exonérée de droits », alors que le numéro tarifaire jugé correct par l’ASFC donnait lieu à un taux de droits NPF de 6,5 %. Par suite de la décision rendue à l’issue de l’audit, RBP aurait été tenue, en vertu de la Loi sur les douanes, de corriger rétroactivement pendant quatre ans à compter de la date de la décision de l’ASFC ses déclarations en douane pour toutes les importations de marchandises visées, et de payer des droits supplémentaires de 6,5 % ainsi que des intérêts et la TPS sur la valeur en douane de ces importations. Comme les marchandises en question étaient des produits d’aluminium, il fallait aussi tenir compte du Décret imposant une surtaxe aux États-Unis acier et aluminium2 applicable à certaines marchandises en provenance des États-Unis importées après le 1er juillet 2018. En l’espèce, une surtaxe de 10 % s’appliquait aussi aux deux numéros tarifaires en question, de sorte que RBP ne pouvait pas obtenir de remise de la surtaxe en utilisant un numéro tarifaire plutôt qu’un autre3. Par contre, si la surtaxe s’était appliquée au numéro tarifaire jugé exact par l’ASFC sans s’appliquer au numéro tarifaire utilisé par RBP pour importer les marchandises, RBP aurait été tenue de faire le paiement ou, le cas échéant, aurait pu demander une remise de la surtaxe de 10 % en plus des droits de 6,5 % déjà imposés par l’ASFC. Importance des notes explicatives Le Tribunal canadien du commerce extérieur le Tribunal a tranché en faveur de RBP dans une décision qui était en partie fondée sur son interprétation des Notes explicatives du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises les Notes explicatives4 applicables à la position no Premièrement, le Tribunal a conclu que la position no comprenait trois catégories distinctes, à savoir 1 les constructions, 2 les parties de constructions et 3 les pièces préparées en vue de leur utilisation dans la construction. Les notes explicatives pertinentes prévoient notamment ce qui suit Indépendamment des ouvrages énumérés dans le libellé même de la position, celle-ci comprend notamment […] des clôtures et garde-corps montés ». Le Tribunal a conclu dans une décision rendue le 2 mai 2017 que les garde-corps montés » faisaient partie des autres produits » visés par la position no indépendamment » des trois catégories en question de la position no Il n’a pas tenu compte du fait que le passage précité indiquait dans les termes les plus nets que la liste de produits cités était visée par la position no indépendamment » des 1 constructions et 2 parties de constructions uniquement. Le Tribunal a estimé qu’en utilisant l’adjectif montés » pour qualifier les garde-corps, le législateur avait l’intention d’exclure de la position no les pièces » de garde-corps les garde-corps démontés. Enfin, le Tribunal a rejeté, au motif qu’il ne permettait pas de trancher l’appel, l’argument que les marchandises étaient des pièces préparées en vue de leur utilisation dans la construction » au sens de la troisième catégorie de la position no L’ASFC a ensuite interjeté appel devant la Cour d’appel fédérale la CAF. À la CAF, la norme de contrôle applicable aux décisions du Tribunal est celle de la décision raisonnable. La Cour suprême du Canada a confirmé que cette norme tient dûment compte de l’expertise du Tribunal et du caractère technique et complexe du classement tarifaire5. Le 20 septembre 2018, la CAF a estimé que l’interprétation que le Tribunal avait faite des notes explicatives n’était pas raisonnable parce que le Tribunal avait en fait réécrit la note explicative »6. En conséquence de cette interprétation, le Tribunal n’avait jamais examiné, autrement que pour décrire les observations sur ce point comme ayant “une valeur limitée” et n’étant “pas déterminantes”, l’application de la troisième catégorie de la position no ». La Cour a renvoyé l’affaire au Tribunal pour qu’il examine l’application possible de la troisième catégorie de la position no Le Tribunal a réexaminé l’appel de RBP et, dans une décision datée du 11 février 20197, a estimé que, pour que les marchandises en cause puissent être considérées comme comprises dans le troisième volet de la position no elles devaient être préparées en vue de leur utilisation dans une construction; il ne suffisait pas que les marchandises soient préparées en vue de leur utilisation dans une partie de la construction. Le Tribunal a conclu que, même si les marchandises en cause étaient des pièces préparées en vue de leur utilisation dans une construction, les garde-corps montés n’étaient pas des constructions en soi, mais des parties de construction. Les marchandises en cause ne pouvaient donc pas être classées dans la position no en tant que pièces préparées en vue de leur utilisation dans la construction ». Le Tribunal a infirmé la nouvelle décision rendue par l’ASFC quant au classement des marchandises, et l’appel de RBP a finalement été accueilli. Quelles sont les incidences de cette décision sur les importateurs? Comme elle a obtenu gain de cause à la suite de son appel, RBP sera remboursée des droits et des taxes supplémentaires établis par l’ASFC à la suite de l’audit, plus les intérêts. De plus, elle aura désormais la certitude que le classement de ses marchandises importées est le bon. Les importateurs peuvent notamment obtenir un classement sûr tout en évitant de se lancer dans des contestations sans fin en demandant à l’ASFC de rendre une décision exécutoire sur le classement tarifaire. L’ASFC rendra une décision en matière de classement si certains critères sont respectés et si l’importateur est en mesure de démontrer le bien-fondé de son argument que le classement demandé est le bon. Cela étant, les décisions rendues par l’ASFC en matière de classement tarifaire peuvent être portées en appel si l’importateur qui a fait la demande n’est pas satisfait de la décision. Le président de l’ASFC est le premier palier d’appel. Les appels qui sont interjetés devant lui sont traités par la Direction des recours de l’ASFC, qui procède à un examen indépendant de la décision rendue par l’agent des décisions. Si l’importateur n’est pas satisfait de la décision du Président, il peut exercer d’autres recours devant le Tribunal, qui tient alors une audience. Appel peut être interjeté des décisions du Tribunal devant la CAF sur des questions de droit. Les entreprises œuvrant dans la vente internationale de marchandises, en particulier celles qui ont des chaînes d’approvisionnement complexes et de nombreux fournisseurs, devraient mettre en œuvre des procédures détaillées de conformité douanière si elles ne l’ont pas déjà fait et/ou procéder régulièrement à des examens internes de classification pour vérifier si des incertitudes persistent. Ce n’est qu’alors que des mesures appropriées pourront être prises pour régler les problèmes de conformité douanière. 1 AP-2016-017 2 DORS/2018-152. 3 Une remise du montant de la surtaxe peut être accordée, mais cette remise dépend de la description des marchandises et non du classement tarifaire. 4 Les Notes sont publiées par l’Organisation mondiale des douanes et sont incorporées par renvoi dans le Tarif des douanes. 5 Igloo Vikski Inc., 2016 CSC 38. 6 Canada Procureur général c. RBP Imports Inc., 2018 CAF 167. 7 AP-2016-017R. français arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liés à votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liés à votre recherche the sum of the parts the sum of its partsthe sum of their parts the sum of our parts Tout simplement parce que la somme des parties additionnées produit toujours plus que chaque partie séparément. Simply because the sum of the parts adds up always more than any part separately. Le total est bien plus que la somme des parties. We believe that you will find that the result is truly more than the sum of the parts. Un tout pourrait être bien plus que la somme des parties. Il comprenait très bien l'histoire du tout plus grand que la somme des parties. He knew exactly what it meant... about the whole being greater than the sum of its parts. J'ai commencé à observer mes camarades, me demandant s'ils étaient plus ou moins que la somme des parties. I started looking at people I'd known since elementary school... trying to figure out if they were more or less than the sum of their parts. Nos efforts et nos initiatives ne doivent pas se concurrencer et se nuire mutuellement; le tout doit être plus grand que la somme des parties. Our efforts and initiatives should not compete and detract from one another but be greater than the sum of their parts. Le résultat en qualité, facilité, créativité et gain de temps dépasse la somme des parties. The result in qualities such as convenience, creativity, divisibility and time savings is greater than the sum of its parts. Selon certains, le tout dépasserait largement la somme des parties. Autrement dit, le tout est différent de la somme des parties. Bref, le tout est plus grand que la somme des parties. En aucune façon, la somme des parties ne pourra reconstituer l'animal vivant. There is no way that the sum of the parts will ever be able to reconstitute the live animal. La totalité est plus que la somme des parties. Une telle évaluation demandait que l'on regarde la somme des parties - il n'y avait pas de données objectives permettant d'arriver à des conclusions. So assessment required looking at the sum of the parts - there was no objective data available for drawing conclusions. Ce dernier peut également apporter davantage de valeur ajoutée européenne en débouchant sur un résultat final supérieur à la somme des parties. The latter can also enhance European added-value, where the final result is more than the sum of the parts. En recherche clinique, nous devons tirer parti du principe selon lequel "le tout est plus grand que la somme des parties". In clinical research, we must capitalize on the principle that "the whole is greater than the sum of its parts". Disons simplement que pour lui La totalité est un peu moins que la somme des parties. Let's just say, in his case, that the total is somewhat less than the sum of the parts. En travaillant ensemble pour atteindre un objectif commun, nous obtiendrons un résultat supérieur à la somme des parties. By working together for a common objective, the result will be superior to the sum of its parts. Le concept superorganic » implique qu'une communauté ou une société transcende les individus humains; la totalité est plus grande que la somme des parties. The concept "superorganic" implies that a community or society transcends individual humans; the whole is greater than the sum of its parts. Dans un monde interconnecté, le tout est bien plus grand que la somme des parties. In an increasingly interconnected world, the whole is much greater than the sum of its parts. La totalité vaut plus que la somme des parties. Aucun résultat pour cette recherche. Résultats 222. Exacts 222. Temps écoulé 294 ms. Documents Solutions entreprise Conjugaison Synonymes Correcteur Aide & A propos de Reverso Mots fréquents 1-300, 301-600, 601-900Expressions courtes fréquentes 1-400, 401-800, 801-1200Expressions longues fréquentes 1-400, 401-800, 801-1200 Skip to content ApprocheFormationSupervisionCollectifIndividuelA proposArticlesContact Le tout est plus que la somme des parties Le tout est plus que la somme des partiesPremier Principe SystémiqueQuand je dis cette phrase au cours de mes formations à l’approche de Palo Alto, elle est souvent connue de mes stagiaires mais…qu’entend-on vraiment par-là ?… Avec quelques d’indications, j’espère vous éclairer davantage. Ce principe systémique est essentiel dans l’approche de Palo Alto. D’un point de vue interactionnel, tout ce qui se passe entre les individus est considéré comme un système. Ainsi lorsqu’une difficulté de management survient dans une équipe, cette approche va analyser la situation au travers des modèles pattern d’interactions qui y ont lieu. Elle prend ainsi en compte la dynamique des interactions récurrentes dans le système à considérer. Quand tout fonctionne, ce qui est le cas dans le principe énoncé en titre, c’est la même chose. Nous prenons en compte l’ensemble du système, soit le tout ». Cet ensemble comprend certes des parties différentes, mais également ce qu’il y a entre les parties, soit les interactions et les retombées de ces interactions. Et c’est là que nous dépassons la simple notion d’addition la somme » car ces interactions créent une organisation spécifique. Ce système, cette organisation, permet alors de faire apparaitre des qualités qui ne s’expriment pas quand les parties sont seules. Au final, ensemble, les parties en interaction créent des qualités, des propriétés qui n’existent pas au sein des parties elles-mêmes. En cas de problèmes relationnels, ces notions interviennent également. Les parties en présence créent un tout » qui ne fonctionne pas, qui brule son énergie, qui ne coopère plus. Prendre chaque partie individuellement ne résoudra pas le problème. L’approche systémique va au contraire travailler à comprendre le problème comme résultant des interactions à l’œuvre. Puis elle va dénouer les fonctionnements en vue de réorganiser les actions, les interactions. Remettre en place des interactions inhabituelles permet ainsi d’obtenir de nouvelles qualités émergentes qui ne soient plus problématiques. Notre expérience nous montre, à chacune de nos interventions qu’il est beaucoup plus facile de changer les interactions entre les parties que les parties elle-même. En d’autres termes, nous agissons plus facilement sur les relations entre les personnes que de tenter de modifier des caractères ou des personnalités. A bientôt pour un autre sujet autour de l’approche systémique. Olivier Millet2022-06-01T220324+0200 Partager cet article Related Posts Page load link Privacy Overview This website uses cookies to improve your experience while you navigate through the website. Out of these, the cookies that are categorized as necessary are stored on your browser as they are essential for the working of basic functionalities of the website. We also use third-party cookies that help us analyze and understand how you use this website. These cookies will be stored in your browser only with your consent. You also have the option to opt-out of these cookies. But opting out of some of these cookies may affect your browsing experience. Necessary cookies are absolutely essential for the website to function properly. This category only includes cookies that ensures basic functionalities and security features of the website. These cookies do not store any personal information. 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le tout est plus que la somme des parties